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Kostas Charitos tome 6 sur 14
EAN : 9782757836941
353 pages
Points (03/10/2013)
3.52/5   247 notes
Résumé :
À Athènes, plusieurs membres de l'élite financière sont décapités, et l'assassin couvre la ville de tracts exhortant les Grecs à ne pas payer leur dette aux banques. Le pays s'enfonce dans la crise : les salaires fondent, les commerçants ruinés se défenestrent... Le commissaire Charitos doit au plus vite confondre ce " Robin des banques ", que la population exaspérée commence à prendre en sympathie.

« Nous sommes au bord de la folie. »

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Critiques, Analyses et Avis (61) Voir plus Ajouter une critique
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A Athènes, quatre hommes liés au monde de la finance sont décapités au sabre. En même temps, des tracts circulent dans toute la ville, incitant les athéniens à ne plus rembourser leurs trop nombreux crédits. Les banquiers s'affolent et menacent, les politiciens s'insurgent, la brigade anti-terrorisme crie au terrorisme, la population est à deux doigts d'applaudir et le commissaire Charitos doit chercher le ou les meurtriers.

Premier tome d'une trilogie où Petros Markaris nous emmène au coeur de la crise grecque, au moment du premier plan d'austérité imposé par l'union européenne. Les conséquences sont immédiates : allongement du temps de travail, baisse des salaires, suppression des primes, crédits coupés, fermeture des petits commerces, suicides en série, etc. Même le brave commissaire Charitos voit s'envoler ses treizième et quatorzième mois et sa retraite s'éloigner tandis qu'il regarde d'un oeil affligé son cardiologue de gendre s'évertuer à joindre les deux bouts avec difficulté. Dans une ville dont les légendaires embouteillages sont aggravés par les manifestations de retraités, fonctionnaires, chômeurs et autres floués de la crise, le policier recherche un tueur qui s'attaque aux pontes de la finance et un ''Robin des banques'' qui incite à la cessation de paiement des crédits.
Avec une pointe d'humour et de cynisme, Markaris prend le prétexte de cette enquête pour raconter un pays en crise où, comme partout, les petits trinquent pour les gros bonnets et paient au centuple la gestion économique effroyable de dirigeants inconséquents et souvent corrompus. Une belle leçon d'économie.
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Crise économique en Grèce, un polar qui fait perdre la tête aux banquiers !

À Athènes, le commissaire Charitos vient de marier sa fille. On l'appelle pour une enquête, un banquier vient d'être proprement décapité !

Les retraités voient leur pension réduite, le salaire des policiers est coupé et ils devront rester cinq ans de plus au boulot, les perspectives d'emploi pour les jeunes sont faibles, la situation n'est pas facile. Mais pendant ce temps, les riches et les banques… Décapiter les banquiers devient peut-être alors un fantasme collectif ! (Mais un coup d'épée dans l'eau, car supprimer des banquiers ne tue pas les banques…)

Un roman policier plein d'ironie, qui dénonce avec humour les restrictions imposées aux Grecs par les instances internationales. Un sain défoulement pour les Hellènes et un moyen de comprendre un peu leur situation pour les autres.
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Les têtes tombent à Athènes, et pas n'importe lesquelles : les victimes ont pour point commun d'être des professionnels du secteur financier : ancien directeur de la banque centrale, responsable du recouvrement de dettes, responsable d'agence de notation, chaque décapitation à l'épée étant accompagnée d'une simple feuille A4 signée d'un D. L'équipe du commissaire Charitos est sur les dents, malheureusement cornaquée par la brigade anti-terroriste, avec à sa tête, Stathakos imbu de sa personne et persuadé de boucler l'affaire en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire.

Liquidations à la grecque est le premier opus d'une tétralogie écrite pendant et dans le contexte de la crise en Grèce (Petros Markaris ayant écrit de nombreuses enquêtes policières avec Charitos comme héros récurrent).
Au delà d'une bonne intrigue policière, ce roman policier offre une très bonne occasion de découvrir de l'intérieur les conséquences de la crise économique en Grèce : commissaire et collaborateurs égrainent leurs dialogues de nombreuses références aux coupes dans leurs salaires, aux suppressions de primes ou de 13ème mois et autre allongement de carrière pour obtenir au final, des retraites qui fondent à vue d'oeil...
Il en faut donc, de l'humour et du recul pour, malgré ce contexte, s'accrocher à une enquête qui prend des tournures de règlement de compte et d'éradication des grands financiers responsables tout désignés de la crise grecque; il faut également beaucoup d'amour dans la famille de Charitos, pour permettre à sa famille, grâce à beaucoup de solidarité, de débrouille et de sacrifices, de ne pas se déliter, se déchirer ou dégringoler socialement.
Une belle découverte, avec un personnage bourru et très proche de sa famille, humain pourvu d'un humour caustique et philosophe quand il le faut.
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Un ancien banquier très habile mais retraité, un certain Gigilamoroso, vient de se faire décapiter à l'épée, telle Anne Boleyn.

Pardon, c'est pas le bon nom… Comment tu dis ? Zizimenculos ? Non plus… Ces noms grecs, je ne m'y ferai jamais, moi…

Ah, voilà ! Zissimopoulos, Nikitas de son prénom. Et le premier qui me chante ♫ Nikitas Jolie fleur de Java ♪ s'en prendra une dans la figure ! Par contre, je n'ai rien contre Sir Elton John

♫ Oh Nikita You will never know anything about my home ♪

Si je chante, c'est parce que j'ai le coeur léger ! Imaginez que dans ce polar grec, on décapite des banquiers… Pour une fois que les victimes ne me sont pas sympathiques mais le criminel oui… Des envies folles de l'embrasser, cet assassin même si ce n'est politiquement pas correct et que de toute façon, le mal est déjà fait, la crise est là.

Première incursion dans le petit monde de la police athénienne menée par le commissaire Kostas Charitos et pour une première, c'est plus que réussi.

Non seulement j'apprécie le commissaire (qui n'est pas un alcoolique bourré de blessures secrètes) mais aussi sa petite famille, dont son épouse Adriani, qui, malgré le fait qu'elle n'intervienne pas souvent, laisse un souvenir impérissable à la lectrice que je suis.

Si les membres de son équipe ont des noms assez difficiles à retenir pour la belge que je suis, leurs portraits sont esquissés en peu de mots, mais comme il y a des romans qui précèdent celui-ci, je suppose qu'ils sont plus détaillés dans ceux-là. Malgré tout, ils m'ont fait bonne impression, les inspecteurs Dermitestivale et… Pardon… Dermitzakis et Vlassopoulos (seuls les cavaliers comprendront mon jeu de mot).

Autre personnage dans cette enquête sur les banquiers qui perdent la tête, c'est la Grèce, ses embouteillages, sa chaleur, ses manifestations, sa grogne, ses emprunts et, personnage tout aussi important qui gravite dans ces pages, c'est cette bonne vieille crise financière de 2008 ! Oui, celle-là même qui a mis les banques à genoux (pas longtemps) et a vidé les poches de certains.

Intégrant à son enquête des explications sur certaines opérations banquières, l'auteur n'en fait pas trop et jamais cela ne devient indigeste, tout comme les revendications des Grecs, leurs ras-le-bol, leurs râleries, le tout est incorporé au récit de manière naturelle et le lecteur se rend compte alors de ce que certains ont enduré puisque nous nous trouvons de l'autre côté du miroir.

Véritable coup de projecteur, la crise est mise en lumière par un Grec, sans pour autant exonérer son pays et ses compatriotes de leurs fautes. Avec un certain cynisme et un cynisme certains, il n'a pas peur de mettre des nez dans leur caca.

Pour cette enquête, un personnage comme le commissaire Kostas Charitos était celui qui nous fallait : comme nous, il n'y connait pas grand-chose à cette crise financière et aux noms barbares de certains produits, tout comme les autres, il tire le diable par la queue, peste sur les supérieurs et leurs conneries, en a marre des magouilles politiciennes et voudrait faire son job de la meilleure manière qui soit.

Un roman noir éclairant la lanterne sur la crise financière, une enquête captivante, des assassinés peu sympathiques et une foultitude de personnages désabusés, bougons, fâchés, râleurs et qui paient les conneries de leurs gouvernements et les leurs aussi.

Un roman noir que j'ai eu du mal à lâcher et maintenant, je compte bien retrouver un autre jour le commissaire Kostas pour la suite de ses aventures, et le prologue aussi.

Un roman noir qui permet aussi à un Grec de dire par écrit ce que bien de ses concitoyens ont dit à voix haute ou à voix basse. Mais on n'écoute pas toujours les petites gens alors que ce sont eux les plus pénalisés.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Que ce soit dans le justicier d'Athènes, ou dans liquidations à la grecque, le commissaire Kostas Charitos est confrontés à des questions qui outre celles que lui pose l'enquête, empoisonne sa vie quotidienne comme celle de tous les citoyens grecs depuis qu'ils sont dans l'oeil du cyclone de la crise financière.

Les manifestations quotidiennes bloquent les rues d'Athènes dans lesquelles il est pratiquement impossible de circuler :
« Les forces anti-émeutes ont dressé un barrage, une anguille ne passerait pas.»

Les services publics, dont la police voient leurs moyens réduits à la portion congrue, à tel point que les agents essaient de trouver des expédients :
«Tu déclares ouvertement que tu va ponctionner les boites de nuit, Apostolakis ?»
La consommation intérieure s'effondre, à la fois du fait des salaires de plus en plus bas, mais aussi des normes qui doivent s'appliquer et contraignent une activité qui ne peut se permettre le luxe de les appliquer :
« C'est là qu'on achète la marchandise, d'où qu'elle vienne, le plus souvent sans facture, et les autorités ferment les yeux. Les clients sont pauvres, on vend à bas prix et on gagne son pain quotidien. Mais avec les nouvelles mesures, ils veulent faire de nous des Européens, Greek Type.»
«Et voilà l'Etat qui réclame des factures et veut que je paie la TVA. Quelle facture et quelle TVA je vais demander pour de la contrebande ?»

La purge s'applique aussi aux salaires des fonctionnaires qu'aux retraites :
«Ils ont réduit de quinze pour cent ma pension de résistant. Je toucahis quatre cent cinquante euros qui sont devenus trois cent quatre-vingt-trois euros. Quand tu penses que je suis l'un de ceux que les Allemands insultent parce qu'ils ont pris leur retraite à quarante-cinq ans à taux plie ? Ma retraite, je l'ai eue à cinquante-quatre ans. Jusqu'alors j'ai vécu dans la clandestinité ou déporté à Makronissos ou Aï-Stratis, je me suis fait tabasser dans les geoles de la sureté, là où nous nous sommes connus.»

Ses perspectives de promotion au grade de Sous-Directeur, et la retraite qui va avec sont toujours agités par son chef comme une promesse soumise à conditions :
«Ton seul espoir de partir à la retraite avec le grade de sous-directeur, c'est que je devienne chef de la police. Si c'est un autre (...) Et vu qu'ils taillent dans les retraites, tu l'auras dans l'os.»

Kostas Charitos et sa femme, Adriani, sont inquiets de l'avenir de leur fille, Katerina, marié à un médecin, Phanis. Malgré son niveau d'études, elle n'a toujours pas de travail fixe.

L'enquête s'attache à faire le lien entre des crimes de banquiers décapités et les relations que des présumés suspects (débiteurs, expulsés, licenciés) ont entretenus avec les établissements bancaires des victimes. Elle se complique lorsque les murs d'Athènes se couvrent d'affichettes enjoignant les Grecs à ne plus rembourser leurs emprunts bancaires.

De façon classique, c'est Kostas Charitos, lui le flic en dehors du système qui va se jouer de la guerre entre les services de police, obnubilés par des dogmes gouvernementaux et la peur du scandale médiatique, et trouver le coupable.
Guikas veut devenir chef de la police, Stathakos est persuadé de l'existence d'une piste terroriste, le Ministre est prêt à tout accepter tout, à condition qu'il en sorte valorisé.

Kostas Charitos agit, non pas à la manière d'un héros, mais comme un honnête citoyen las des forfanteries des politiques. Un peu à la manière des Grecs qui vivent un quotidien qu'ils organisent tant bine que mal en s'accommodant des contraintes de toutes sortes qui leur tombent dessus.

Pour faire tomber la pression, et décompresser, Charitos a recours à un expédient sympathique, il retourne au vocabulaire en consultant son dictionnaire favori, le Dimitriakos qui lui apprend à regarder les choses sous un angle différent, en un mot à réfléchir différemment, avec sa propre intelligence, sans être pollué par des parasites entre lui et la réalité.
Moments savoureux où il se lit à voix haute les définitions d'emprunt, de banquier ou d'usurier pour comprendre.

Petros Markaris nous rappelle aussi que la Grèce est un pays de migrants. Ses enfants l'abandonnent pour les USA, l'Angleterre ou d'autres pays européens ; reviennent une fois fortune faite se jouant des solidarités nationales, ce qui explique pour partie le délitement de la société grecque.

Polar, mais aussi analyse lucide de la crise financière liée à la multiplication des produits dérivés toxiques, à la domiciliations de société écrans dans les paradis fiscaux, ayant conduit les banques à provoquer la panique financière que l'on sait.
Dénonciation d'une société rongée par les renoncements, la corruption et le laxisme, Liquidations à la Grecque est loin du modèle traditionnel du roman policier.
Kostas agit sans réagir aux contraintes de plus en plus fortes sur l'exercice de son métier. Il trace son chemin, louvoyant entre les obstacles, laissant dire et faire les soutiens d'un système aux abois. Il ne cède en rien aux honneurs, aux faux-semblants, aux apparences mais reste d'une prudence héritée des années de dictature des colonels. il a appris à relativiser. Son chef, Guikas le connait et sait comment lui parler :
«Ecoute Kostas, il y a dans le pays deux sortes de fouteurs de merde : ceux qui cassent et ceux qui gouvernent. Toi le flic, avec lequel es-tu ?
Avec ceux qui gouvernent dis-je à contrecoeur.»

Liquidations à la grecque est aussi une ballade dans les rues d'Athènes avec leurs noms évocateurs, Omonia, Syntagma, Pireos, Evelpidon, Eleftherias, Mitropoleos, Ypsilantou, Monastiriki, Sokratous, Ermou, Patissios, Panormou, Paraskevi.

Et comme d'habitude, Kostas Charitos est entouré de la même équipe, Koula, la secrétaire de Guikas, Dermitzakis et Vlassopoulos les inspecteurs, Stavropoulos, le médecin légiste.

A lire.









Lien : http://desecrits.blog.lemond..
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critiques presse (2)
LePoint
08 avril 2013
Son dernier polar justement, Liquidations à la grecque, on l'a pris comme une balle en pleine tête. Parce qu'il nous plonge au coeur de la crise qui ravage l'Europe, dans cette Grèce à genoux qui va relever le menton avec ce livre qui réalise ce qui doit être le fantasme n° 1 en Grèce.
Lire la critique sur le site : LePoint
Actualitte
20 décembre 2012
Impliqué et immersif, ce roman fait sourire, avec le rictus de cette réalité qui rattrape
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (40) Voir plus Ajouter une citation
- On voit bien que vous êtes un homme, monsieur Charitos. [Les politiciens] ne touchent pas seulement aux retraites. Ils nous font travailler quarante ans, nous les femmes, avant d'arriver à la retraite retaillée. Après quarante ans de boulot, je vais me marier, avoir des enfants, les nourrir, les élever? Vous savez quelle montagne j'ai devant moi? J'aimerais mieux escalader les Alpes ou l'Himalaya.
Je réponds, embarrassé :
- Qu'est-ce que je peux dire? Tu as raison.
- Et tout ça au nom de l'égalité des hommes et des femmes! Quelle égalité? Que les hommes tombent enceints et on parlera d'égalité. Vous avez déjà vu un homme enceint? [...] Maintenant, soi-disant, l'homme et la femme portent tout ensemble, et les femmes ont la grossesse, la maternité et l'allaitement en prime.
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— Mais dis-moi, pourquoi tu gardes allumé ce machin qui nous soûle (le GPS), puisque tu ne l’écoutes pas ? [...]

— Toute la journée j’entends les uns et les autres raconter leurs salades. Quand ce n’est pas Guikas qui me dit ce que je dois faire, c’est le ministre. Cette fille-là est la seule qui me dit ce que je dois faire et que je peux envoyer paître. Ça me remonte le moral. Celui qui s’installe dans un boulot a besoin d’un GPS pour se défouler. Tu comprends ?
(p. 56)
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La journée suivante commence par la distribution. Arrivé au bureau avec deux sacs de dragées, je passe à tous les étages en offrir aux collègues.
Les vœux et les remerciements sont cordiaux, mais un peu brefs, genre « respectons la coutume vite fait, on a d’autres chats à fouetter ». Les chats, en l’occurrence, sont les spéculations intensives auxquelles nous nous livrons, serrant les fesses en vue des restrictions qui nous privent du quatorzième mois de salaire et du treizième en partie.
Je bénis le ciel d’avoir pu assurer les études et la thèse de Katérina avec les quatorze. Pour la suite, je fais confiance aux talents d’Adriani, qui sait toujours se débrouiller avec ce qui tombe dans son porte-monnaie. C’est elle qui a insisté pour que je me colle sur le dos les traites de la Seat en pleine crise économique.
L’ambiance au bureau rappelle un peu celle de 2014, sous la dictature, lorsque les Turcs ont envahi Chypre. Les rumeurs se déchaînent et chacun dit n’importe quoi. Quelqu’un affirme qu’on va nous sucrer tout le treizième mois, un autre qu’on nous prendra seulement la moitié de la prime de Noël, un troisième qu’on perdra seulement cinq pour cent des primes de Noël, de Pâques et du congé annuel…
Et moi qui devrais distribuer des condoléances au lieu de dragées, moi qui viens de payer une réception de mariage avec musique live, quand on s’apprête à ratiboiser nos salaires.
– Tout ça, c’est un coup des Allemands soutient Kalliopoulos de la Brigade antiterroriste. C’est eux qui tirent les ficelles dans l’Union européenne et ils font pression pour qu’elle nous mette la corde au cou.
– Arrêtez vos conneries, lance derrière moi la voix de Stathakos, son chef.
Debout devant la porte, il jette un regard furieux sur ses subordonnés.
– Ils ont bon dos, les Allemands. C’est nous qui avons merdé, pour exiger ensuite que les Allemands paient les pots cassés !
Il prend la dragée que je lui tends, marmonne un vague « beaucoup de bonheur », corvée de remerciement contre corvée de dragées. Puis il se réfugie dans son bureau.
– Bon sang ne peut mentir, me chuchote Sgouros, son lieutenant.
– Pourquoi tu dis ça ?
– Parce qu’il est germanophile de naissance. Son grand-père était secrétaire de Tsolakoglou, Premier ministre sous l’Occupation.
– Je ne comprends pas pourquoi les Allemands ne profitent pas nos conquêtes au lieu de les démolir, s’interroge Kalliopoulos. Ça leur ferait mal s’ils exigeaient un treizième mois eux aussi, au lieu de nous enlever notre quatorzième ?
Je perds la suite de l’analyse comparative entre les facultés intellectuelles réduites des Allemands et notre débrouillardise, car mon portable sonne et j’entends la voix de Dermitzakis.
– Monsieur le commissaire, Guikas veut vous voir d’urgence.
Je monte au cinquième avec mes deux sacs plastiques à moitié pleins, comme si je rentrais du marché.
– Entrez, me dit sa secrétaire, il vous attend impatiemment.
– Tu peux me rendre service, Koula, en distribuant le reste ?
– Bien sûr. Laissez-les moi, je m’en occupe.
Guikas fait les cent pas dans son bureau et ce n’est pas bon signe.
– On est dans le pétrin, me dit-il en s’arrêtant net. Heureusement que le mariage a eu lieu, je t’aurais dit de le reporter, je crois.
– Qu’est-ce qui se passe ?
– On a tué Zissimopoulos.
Lisant dans mon regard, apparemment, il poursuit :
– Son nom ne te dit rien ?
– Non.
– Nikitas Zissimopoulos était le gouverneur de la Banque centrale. C’est lui qui l’a introduite en Bourse et l’a ouverte à l’Europe. À son époque, la banque a fait des profits fabuleux. Il s’est retiré il y a cinq ans, mais les fondations qu’il a posées ont résisté à la dernière crise.
– On l’a tué où ?
– Dans le jardin se sa villa, à Koropi.
– Qui l’a trouvé ?
– Le jardinier. Sa femme est morte il y a deux ans. Ses deux fils vivent à Londres. Le jardinier vient arroser tous les jours tôt le matin. Il a fait prévenir la police de Koropi. Heureusement, le commissaire est malin, il m’a appelé directement. Le secret est gardé, pas de journaliste sur le dos.
– On lui a tiré dessus ?
Bref silence.
– Non. On l’a décapité.
– Quoi ?
– Tu as bien entendu. Voilà pourquoi je te dis, heureusement que les médias ne savent rien.
Et le pistolet, la carabine, le couteau, ou du moins le poison, me dis-je, c’est pour les chiens ? La décapitation est devenue rare dans le monde entier, et a disparu chez nous depuis le temps d’Ali Pacha.
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- Tu crois que c'est un terroriste [qui a commis les meurtres] ?
- Vous avez ouvert un cloaque, vous autres, et vous y jetez tout le monde en les appelant terroristes. Les terroristes tuent car ils pensent pouvoir ainsi changer le monde. Ils sont les victimes de Che Guevara. C'est toujours pareil. Quelqu'un commence plein de bonnes intentions, puis d'autres arrivent qui foutent la merde. C'est ce qui s'est passé avec Guevara et les terroristes, et aussi avec nous qui voulions apporter le socialisme. Tu as vu le résultat?
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— Quand une banque t’accorde un prêt, c’est une église et le directeur est l’évêque. Dès qu’on te demande de rembourser, la banque se change en requin et le directeur en dents de la mer. (p.176)
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Vidéo de Pétros Márkaris
Pétros Márkaris - Liquidations à la grecque .À l'occasion du Festival International Quai du Polar, Pétros Márkaris vous présente "Liquidations à la grecque" aux éditions Seuil. Traduit du grec par Michel Volkovitch. Lauréat du prix le Point du Polar européen 2013. http://www.mollat.com/livres/petros-m%C3%A1rkaris-liquidations-grecque-9782021053517.html Notes de Musique : "Morning Emerges From Night" by Ergo Phizmiz (http://www.ergophizmiz.net)
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