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EAN : 9782070145386
160 pages
Gallimard (27/03/2014)
3.7/5   63 notes
Résumé :

'"La Maritza, c'est ma rivière..." a chanté Sylvie Vartan. Moi qui n'oserai pas chanter, je me contenterai de murmurer : "La Rukarara, c'est ma rivière..." Oui, je suis bien née au bord de la Rukarara, mais je n'en ai aucun souvenir, les souvenirs que j'en ai sont ceux de ma mère et de son inconsolable nostalgie.' Ainsi commence cette suite de nouvelles rwandaises, belles et poignantes, où coulent les tourments et les espoirs de tout un peuple.

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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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A travers ces nouvelles, l'auteure nous fait découvrir l'Afrique coloniale. Plus précisément le Rwanda, ce petit pays enclavé entre l'Afrique centrale et orientale, d'abord occupé par l'Allemagne, puis par la Belgique après 1918. de son point de vue d'enfant, à l'écoute des récits des Anciens, elle se souvient de la vie au village, les histoires entre le roi déchu et le pouvoir colonial, les habitudes de la vie quotidienne, l'école...
On apprend beaucoup de choses dans un style simple, presque enfantin - c'est toujours le point de vue de l'enfant. le pouvoir colonial et l'acculturation qui s'en suit sont décrits avec légèreté, presque naïvement. C'est ce qui, à mon avis, donne de la force à ces récits. Mais c'est peut-être aussi le point négatif car j'aurais souhaité plus d'implication, de dénonciation. Mais ce n'était pas le propos de l'auteur.
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Le Rwanda. Le pays aux mille collines. La source du Nil. Le pays d'Afrique continentale le plus densément peuplé. Avril 1994 : plus de 800 000 humains exterminés. Le 4e génocide du 20e siècle.
L'apocalypse de c'est pas abattu tout à coup, par hasard sur ce peuple. Le mal s'est infiltré peu à peu. Un mal ancien a gangréné, infecté son équilibre social. Pays colonisé . 1885, le traité de Berlin, l'Afrique est, découpée en morceaux, mettant en charpies nombre de cultures, d'alliances, de relations communautaires. L'église catholique va « missionner » sa parole lézardant, sapant l'édifice spirituel de ces populations. Le Rwanda deviendra colonie allemande, puis belge, jusqu’à son indépendance le 1er juillet 1962.
Les colons vont inventer un concept totalement inconnu pour cette population : La notion d'ethnie, de race.
La société rwandaise était établie sur des critères sociaux économiques qui architecturaient le rapport de ses pouvoirs politiques, religieux et militaires. Le clan des éleveurs, les Hutu, le clan des cultivateurs les Ttusi, le clan des cueilleurs , les Twa ( peuple premier du Rwanda) . une répartition donc par clans, par castes. Une répartition mouvante, flexible.
Puisque les mariages permettaient à la femme originaire d'un des clans d'intégrer le clan auquel était originaire son époux. Le rattachement au clan était donc établi par naissance pour l'homme, par alliance pour la femme. Mais n'était pas pour la communauté immuable. Plusieurs clans, mais une même langue, un même dieu l'Imana.
L'administration coloniale sans aucune connaissance de cette culture, de son histoire, de ses croyances, de toutes les bases de sa spiritualité a procédé un classement pseudo ethnique ahurissant de la population en se basant sur des critères aberrants de nuances de pigmentation de la peau, de taille, de considération pseudo anthropologique, échafaudant ainsi une fausse théorie des races rwandaises aboutissant ainsi à une classification « qualitative » de la population Selon les besoins politiques , économiques , les colonisateurs ont fait évoluer leurs appuis politiques vers l'une ou l'autre de ces deux pseudo ethnies qu'ils avaient artificiellement et arbitrairement ordonnées, hiérarchisées, classifiées, établies. Et ceci durant la période coloniale mais également post coloniale. La politique « africaine » de la France venant elle même peu à peu surenchérir le désordre politique et social du pays.
S'en suivra la guerre civile de 1957, les massacres de 1963, de 1972, les livraisons régulières à partir de 1987 d’équipements militaires vers le Rwanda par la France, pour en arriver à un génocide qui débuta le 07 avril 1994 et qui prit fin en juillet 1994, provocant la mort de 800 000 à un million de personnes, Tutsi et Hutu opposants au régime gouvernemental en place.
Ce que murmurent les collines, recueil de nouvelles de l'écrivaine rwandaise, Scholastique Mukasonga, nous fait entendre l'âme rwandaise. La réalité de ses couleurs qui sont celles de sa terre, de ses collines, de son ciel, de ses légendes, de ses rivières, de ses traditions, de sa mémoire. Les couleurs incroyables de sa musique. Il nous fait comprendre la méconnaissance totale et souvent absurde d'une culture coloniale occidentale, qui a piétiné, utilisé, instrumentalisé, malmené, déformé, d' une population entière pour assouvir ses propre besoins, selon ses propres critères, ses lois, l'échelle de ses valeurs, faisant table rase de la complexité, de la pluralité d'un continent entier. Ce que murmurent les collines est un magnifique recueil.
Je ne peux que nous conseiller également de voir le film «  Quelques jours en avril » ( sometimes in April) de Raoul Peck, afin de nous apprendre ou de mieux nous faire comprendre, ou nous rappeler ce qu'une effrayante et terrifiante notion de race, et plus largement toute notion de classification identitaire ; peut engendrer comme immense péril pour toute l'humanité, et cela quelque soit la colline où elle voit le jour.
A lire également « Congo » d'Eric Vuillard qui témoigne d'un holocauste oublié qui fit 10 millions de morts en vingt ans, sous le règne de de Leopold II, «  le coupeur de mains », roi des Belges.

Astrid Shriqui Garain

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Ce recueil de nouvelles nous permet de découvrir les légendes et les traditions rwandaises. Scholastique Mukasonga nous conte le quotidien de son enfance et quelques autres histoires.
A travers ces nouvelles, nous découvrons un pays, le Rwanda, avant le génocide et au moment où les européens avaient établis leurs colonies ce qui a entraîné une cohabitation entre les cultures païennes et la domination chrétienne.

Cela a été pour moi une excellente découverte, d'autant que j'avais apprécié moyennement son roman : "Notre Dame du Nil". A travers de courts récits, j'ai pu mieux appréhender le quotidien du peuple rwandais. L'auteur a d'ailleurs consacré à chaque fin des nouvelles un petit passage intitulé "Notes à l'attention d'un lecteur curieux".
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De très belles nouvelles qui nous font découvrir un pays largement méconnu: le Rwanda, pays d'origine de l'auteure, Scholastique Mukasonga.
Ma préférée est la première nouvelle "La Rivière Rukarara" qui nous permet de découvrir les rivières de ce pays et la partie limitrophe avec le Burundi et le chemin emprunté par les réfugiés Tutsi.
Une rivière témoin des massacres de 1963 et qui a été franchie par les membres de la famille de l'auteure dans des conditions dramatiques.
Bien après, Scholastique se souvient de la rivière de sa jeunesse. une rivière qui prend sa source dans la forêt vierge et qui se joint à la rivière Mwogo pour devenir la Nyabarongo qui enserre le coeur du Rwanda.
Cette rivière serait la source du Nil, selon les découvertes d'explorateurs en 2006.
La source de la Rukarara a été proclamée "la source la plus lointaine du Nil".
Un Allemand, Richard Kandt, était arrivé aux mêmes conclusions en 1898.
Cette nouvelle reprend la trajectoire de ce découvreur.
C'est passionnant et cela nous donne une nouvelle approche de ce pays tellement meurtri au cours des dernières années.
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Dans ce recueil de nouvelles, Scholastique Mukasonga nous promène dans son passé de façon tendre et poétique telle une géographe et historienne d'un hier révolu.
On est le long de sa chère rivière Rukarara qui a bercé son enfance.
Elle évoque l'arbre sacré de Kivumu, personnage à part entière du peuple rwandais avant colonisation, au travers d'un conte que lui faisait sa mère. Ce qui donne aussi l'occasion d'illustrer l'endoctrinement religieux des missionnaires, la violence de ceux-ci.
Titicarabi, le chien faiseur de mirage, autre conte ancestrale, permet la réminiscence de sa scolarité insouciante, joyeuse, inscrite dans l'injustice des codes sociaux en vigueur à l'époque pour les Batwa et relate une école de la discrimination.
Son histoire familiale n'est pas en reste lorsqu'elle raconte le rôle de son grand-père qui fut l'hôte du dernier Mwami Musinga, donnant l'occasion de dresser la genèse de la destruction par les colons belges et l'implication de leurs missionnaires, de la structure sociale rwandaise.
Le malheur s'inscrit dans les croyances, la mort est un « tribut coutumier » que l'on paye au malheur.
Le Mungu, « bon » dieu des blancs se confronte aux multiples dieux des Rwandais, les Imana, parfois mauvais qu'il ne faut pas froisser. Certains Rwandais se convertissent par le Baptême.
Il y a également une approche du concept de l'amour entre deux être qui est quelques chose d'étranger sur les collines.
Un survol toujours agréable sous la plume de Scholastique Mukasonga de son beau pays tel qu'il a été et qu'elle l'a connu où plane l'effroyable désastre né à l'arrivé du blanc colonisateur sans que ce soit le sujet de ses nouvelles.
Et c'est ce qui m'a plu, pour avoir déjà beaucoup lu sur le génocide. Elle arrive à s'en détacher et à nous transmettre son bonheur perdu.
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critiques presse (1)
LaLibreBelgique
08 avril 2014
Si dans "Notre-Dame du Nil", elle racontait l’histoire d’un lycée de jeunes filles de la bonne société rwandaise au début des années 1970, ce récit annonçait surtout de manière dramatique, le génocide qui viendra vingt ans plus tard. Et comme on connaît la suite, la tension entre ces élèves n’en est que plus horrible.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (36) Voir plus Ajouter une citation
(Le bois de la croix)
La colère au Rwanda, si vous la laissez paraître, elle vous rend ridicule, vous ne pourrez plus rien contre vos ennemis puisqu'ils vous ont découvert. La colère, c'est la faiblesse.
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Le plus grand malheur qui soit arrivé aux Rwandais, c'est d'habiter aux sources du Nil, là où, depuis l'Antiquité, s'était déposé le mythe d'une contrée originelle, d'un paradis perdu et inaccessible.
Chercher les sources du Nil, "Caput Nili quaerere" était, paraît-il, chez les Romains, une expression qui signifiait "chercher l'impossible".
Le Rwanda fut la dernière tache blanche sur la carte d'une Afrique que les explorateurs livraient à la colonisation.
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Aux sources du Nil, on allait, à défaut de les trouver, inventer des êtres tout juste sortis de la Fable, une race quasi primordiale qui réenchanterait l’Afrique avilie par des activités industrielles et mercantiles. Et les Tutsi, si grands, aux traits si fins, à l’allure si imposante, étaient justement là pour tenir le rôle... Là où il n’y avait que des Rwandais, on vit des Égyptiens issus en droite ligne des pharaons, des Éthiopiens descendants de la reine de Saba, des juifs égarés des dix tribus perdues d’Israël, des chrétiens coptes dont il suffirait de rafraîchir la mémoire...
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Il y a pire que le sorcier, parce que lui on le connaît ou on croit le connaître, on va même le consulter en cachette, il ne fait après tout que son métier : le voisin malveillant, lui, comment le reconnaître parmi tous ceux qui habitent à côté de vous sur la même colline, parmi ceux avec qui vous partagez la bière, à qui vous confiez vos enfants. Il est là, tout proche, celui qui vous poursuit de sa haine inassouvie, qui veut tirer vengeance d’un tort que vous lui avez causé et dont vous ne parvenez pas à vous souvenir, parce que ce méfait dont il vous charge a peut-être été commis par votre père, ou votre grand-père ou vos ancêtres, ou votre lignage tout entier...
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(La rivière Rukarara)
L'échelle de couleurs vives inventées par Félix Ritter von Luschan se compose de trente-six carreaux de verre opaque auxquels est comparée la peau du sujet à un endroit le moins exposé possible au soleil.
On compte d'après l'échelle trente-six nuances de couleur de peau qu'on peut regrouper en six types :
I 1 à 5 Très clair, type celtique
II 6 à 10 clair, européen
III 11 à 15 Européen foncé
IV 16 à 21 Méditerranéen
V 21 à 28 Brun
VI 29 à 36 Noir
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Videos de Scholastique Mukasonga (12) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Scholastique Mukasonga
Ce dimanche 7 avril 2024 marque les 30 ans du dernier génocide du XXe siècle, celui des Tutsi au Rwanda. le pays a-t-il achevé sa reconstruction après l'horreur ? Comment se passe la cohabitation entre les victimes et leurs bourreaux, en grande partie sortis de prison depuis quelques années ?
Pour en parler et analyser la situation, Guillaume Erner reçoit : Hélène Dumas, historienne, chargée de recherches au CNRS au Centre d'études sociologiques et politiques Raymond Aron. Scholastique Mukasonga, écrivaine rwandaise. Dominique Célis, écrivaine belgo-rwandaise.
Visuel de la vignette : Alexis Huguet / AFP
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