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Citations sur Dans la grande nuit des temps (152)

L'ampleur de ce qu'on est soi-même capable de ne pas voir est surprenante, surtout lorsqu'on s'entête dans un aveuglement d'autant plus implacable qu'il est volontaire. Personne ne vous attache les mains, ne vous pousse à l'intérieur d'une cellule, ne ferme ensuite du dehors la clef et le verrou, personne ne vous met de force un bandeau sur les yeux et ne vous le noue si serré derrière la tête que vous ne puissiez pas vous en débarrasser sans que vous ayez pour autant les mains attachées. On tisse soi-même son bandeau, on tresse sa propre corde, on tend délibérément les mains pour que le nœud soit bien serré, on construit soi-même les murs de la cellule en la fermant de l'intérieur et en s'assurant que le cadenas est bien en place. On fait les pas nécessaires, l'un après l'autre, et si quelqu'un attire votre attention pour vous avertir du danger, il ne parvient qu'à renforcer votre entêtement plus encore du désastre. Parfois on est soulagé de savoir qu'on n'a pas encore touché le fond, d'autres fois qu'il n'y a pas de retour en arrière possible. Le doute devient une trahison inavouable qu'au fond de soi on ne reconnaît même pas.

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Ses principes laïques, antimilitaristes et antitaurins sont à ce point solides que son plus grand cauchemar serait une messe militaire dite dans des arènes.

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Aux enterrements des morts de gauche, il y avait des forêts de drapeaux rouges et de poings levés et des cortèges de jeunes miliciens en uniforme ; aux enterrements des autres s'élevaient la fumée de l'encens répandue par des prêtres et la clameur des voix récitant le rosaire. L'étonnant était que personne ne semblait se rendre compte de la ressemblance extraordinaire entre les rituels funéraires de ceux qui se déclaraient ennemis, la célébration exaltée du courage et du sacrifice, l'âpre refus du monde réel et du présent au nom du Paradis sur Terre ou du Royaume des Cieux ; comme s'ils voulaient accélérer la venue du Jugement dernier et qu'au fond, ils haïssaient les incrédules et les tièdes beaucoup plus que les illuminés du camp adverse. Après l'enterrement du policier qui avait protégé Jimenez de Asua, la foule qui revient du cimetière attaque une église et y met le feu, les pompiers qui arrivent pour éteindre l'incendie sont accueillis à coups de fusil, l'un d'eux est tué d'une balle et le lendemain il y a un autre enterrement mais cette fois avec des chemises bleues et des curés en chasuble, des fumées d'encens et les prières du rosaire.

page 304
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[...] alors qu'ils pouvaient encore se dire au revoir sans que rien ne se passe [...] un moment présent encore sans avenir, l'avenir inévitable et libéré par un mot qui aurait pu ne pas être prononcé. Il aurait pu dire ce qui était évident, qu'il devait rentrer au plus vite. [...] À chaque instant se déploient des avenirs possibles qui flambent comme des éclairs dans l'obscurité et, une seconde plus tard, se sont éteints.
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A la guerre, personne ne comprend rien. Ceux qui semblent y comprendre quelque chose sont les plus hypocrites de tous, les plus fous ou les plus dangereux.
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Les mots ne sont rien, le délire des désirs et des fantasmagories tournant en vain à l'intérieur de la dure concavité infranchissable du crâne : seuls comptent l'effleurement, le contact d'une main, la chaleur d'un corps, le battement mystérieux d'un pouls.
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Il aimait les mots comme horde, tourbe, collapsus, tourbillon, concubinage, et à mesure que l'émotion le prenait sa voix se faisait plus forte et il accompagnait sa lecture de gestes d'orateur, de coups de poing coléreux sur la table ou d'index accusateurs. Il aimait les tournures verbales sonores et les expressions en latin : alea jacta est, sic semper tirannis, tira bien qui nira le dernier, plutôt mourir honnête que vivre vilipendé, mieux vaut l'honneur sans bateaux que des bateaux sans honneur, les trompettes du destin, l'heure de vérité, la goutte d'eau qui fait déborder le vase.
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Il y a une fin pour tout voyage, et même pour toute fuite, mais où s’arrête une désertion, et quand ? Le cours du fleuve a une texture huileuse tâchée de rouge dans la lumière déclinante. On peut fuir le malheur et la peur aussi loin que possible mais où se cachera-t-on du remords ?
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Les guerres, comme les malheurs, n’arrivent qu’aux autres ; les guerres se trouvent dans les livres d’histoire et dans les pages internationales des journaux, pas dans la rue où l’on descend chaque matin et où l’on peut désormais découvrir un cadavre, ou l’entonnoir d’une bombe, ou les décombres noircis d’un incendie.
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L'Espagne est un pays de bavards et de grandes gueules.
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