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Les cornes d'ivoire tome 1 sur 3
EAN : 9782266201384
512 pages
Pocket Jeunesse (07/04/2011)
3.53/5   49 notes
Résumé :

Dans le futur, des Maîtres noirs règnent sur les deux continents, l'Afirik en plein essor et l'ancienne Europe, aujourd'hui dévastée par les épidémies. Des bateaux conduisent en Afirik, par dizaines de milliers, des esclaves blancs, ceux qu'on nomme les Cornes d'ivoire. Du lointain passé, la jeune Mari ne sait pas grand-chose. Esclave dans une plantation de Kassamansa, elle rêve d'en apprendre davantage sur le pays ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Dans la saga dystopique 'Les Cornes d'Ivoire', l'auteur nous propose de découvrir une autre visions de la séparation des peuples à cause de leur couleur de peau. Direction l'Afirik (anciennement Afrique) où la population Noire a pris le pouvoir, réduisant en esclavage les peuples Blancs du Septentrion à la manière des puissances conquérante de l'ère coloniale que nous avons connus. Au sein de cette société, nous allons faire la connaissance De Mari, une jeune Blanche qui est plutôt chanceuse car elle est la dame de compagnie de la fille cadette du Maître local. Une esclave ne peut dire 'non' à ses maîtres, et à cause de ceci sa vie va radicalement changée.

L'univers imaginé par Lorris Murail est un univers que l'on peut superposé au nôtre en différents points. Tout d'abord, d'un point de vue géographique nous allons principalement évolué en Afirik, l'équivalent de notre Afrique tant d'un point de vue climatique que de la population : les terres sont arides et les cultures difficiles. le second continent que nous découvrons est le Septentrion, qui correspond à notre Europe. Là bas, la Peste a dévasté la population, rendant ainsi le continent difficilement vivable. Les peuples Blancs qui y vivaient ont tous viré en tribu de sauvage, que les conquérant Noir se plaisent à chasser puis asservir.
Mais ce ne sont pas les seuls peuples que nous allons rencontrés au cours de l'histoire. Si nous suivons principalement les deux premiers, nous allons également rencontré certains personnages appartenant à d'autres populations alors que d'autres encore ne seront que cités. Nous rencontrons donc :
- Les Noirs. Devenus les Maîtres, ils n'hésite pas à prendre du plaisir à maltraité leurs esclaves, les tuant à la tâche parfois au sens propre du terme. Lorsqu'il sera question de justice, ce seront principalement eux qui la rendront mais celle-ci ne sera pas forcément considéré comme juste. Certains des ces personnages étant plus cruels que d'autre.
- Les Blancs, aussi appelé Cornes d'Ivoire. Ce sont les peuples originaire du Septentrion. Vivant comme des sauvages, ils sont considéré comme tel par leurs maître. Néanmoins, lorsque nous découvrirons peu peu des éléments sur ces personnages, nous allons découvrir qu'ils étaient bien loin de cette vision que les Noirs en ont. La preuve la plus flagrante sera le mystérieux inventeur qui a créer des machines volantes en bois...
- Les Gris. Il s'agit tout simplement des enfants nés de l'union entre Noir et Blanc. Ces derniers sont encore plus mal vu que les blancs eux-même, voire même pire.
- Les Maures. Nous en rencontrons un seul au cours de tout ce premier volet. Il s'agit des peuples Arabes.
- Les Makkas, simplement cité, correspondent aux peuples à la peaux Jaune.
- Les Xonqs, enfin cité eux aussi, qui sont ceux à la Peau Rouge des continent Américain, ou du moins ce qu'il en reste.
Enfin, il est important de noter la forte présence de la religion au sein de ce roman, et plus particulièrement du point de vue des Blanc qui croient encore au catholicisme. Mais ce n'est pas si facile pour eux. En effet, il ne connaissent que cette religion par des bribes et ne connaissent pas les histoires de cette dernière hormis ce que leurs parents leur ont raconté. La religion est un point important dans cette histoire car elle sera en partie à l'origine des grands changement de la vie De Mari.

La vie De Mari parlons-en un peu. Elle est un peu plus privilégié que ses compatriotes : elle ne se casse pas le dos dans les champs et connait le luxe de la vie au sein de la demeure des Maître. Mais peu à peu le sort va s'acharner sur elle : la mort, les complot, la fuite... et au bout du compte la Liberté, mais qui ne sera pas une chose aisé car dans ce monde la définition de Blanc est soit sauvage (si l'on est au Septentrion) soit esclave (partout ailleurs). Ces bouleversement dans sa vie m'ont plus et m'ont paru très plausible, j'ai hâte de connaître la suite de ses aventures dans le second tome, où elle décide de partir en quête des origines de son peuple et surtout de sa vérité au Septentrion.

Côté personnage, nous suivons principalement Mari. Une jeune fille Blanche qui n'a pas d'autre choix que de travailler pour subsister. C'est un peu une rêveuse mais qui garde malgré tout les pieds sur terre. Lorsque sa mère lui parle de la grandeur de son peuple d'antan elle reste un peu sceptique, mais sera bien forcé d'y croire au vu de tout ce qu'elle découvrira. Malgré tout, elle m'a un peu déçu lors de certains de ses choix qui vont lui être fatals, chose qui se voyait venir à des kilomètre. C'est un peu dommage, car à la base c'est une demoiselle très réfléchi et intelligente.
Autour d'elle gravitent tout un tas de personnages secondaires que l'on peu distinguer en différents groupes : sa famille, ses maîtres et les autres.
- du côté de sa famille, on notera tout particulièrement ses parents. La mère très présente et très protectrice envers elle du fait de la disparition des deux ainés Luc et Jan. Et qui sera en quelque sorte un déclencheur de tout les évènements qui conduirons Mari sur les route. le père de son côté est un homme qui aime sa famille et qui n'hésite pas à suer sang et eau pour elle, tout en leur apportant du réconfort par ses chansons même s'il ne connait pas leur sens réel (que le lecteur reconnaîtra peut-être).
- En ce qui concerne les Maître, il s'agit principalement de la famille Samba. Sare, le père est le maître absolu de la région, mais paraît malgré tout assez effacé. Il est très souvent contraint à gérer les 'crises' de son épouse Adila qui lui feront faire des actes ou prendre des décisions qui ne seront pas anodines. Lisha, la petite demoiselle dont Mari s'occupe, c'est une petite fille tout ce qu'il y a de plus normal. Mine de rien elle s'est attaché à notre héroïne bien qu'elle ai souvent pour elle des mots assez dur. Enfin Gakere, l'un des fils de la famille, qui aura des comportements assez étranges et dont Mari fera les frais plus tard.
- Parmi les autres, on notera Yumna, une jeune Noire qui sera plus une amie pour notre héroïne qu'une véritable Maîtresse. C'est un personnage qui m'a beaucoup intrigué et que j'ai apprécié. Diaker et Lisiba, des marins qui vont devenir des amis proches de notre demoiselle. Grâce à eux nous allons beaucoup voyager dès leur apparition, ainsi que dans le volumes suivant. Penda, un Noir, très savant et qui se passionne pour la culture perdue des peuples du Septentrion. Il apprendra de nombreuses choses à Mari sur son passé et son peuple.

Enfin, le style d'écriture de l'auteur est très agréable à lire. Très fluide, on ne voit pas les pages défilées à mesure que l'on avance dans l'histoire. J'ai notamment bien apprécié le fait que l'histoire soit découpée en différentes parties selon les grand lieux où Mari se trouve ainsi que l'évolution de son histoire. L'histoire est assez bien équilibrer en ce qui concerne les scènes d'actions, de dialogue et de descriptions, rendant l'ensemble relativement bien rythmée.
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Lorris Murail signe, avec ce premier tome de trilogie, une uchronie. Les grandes épidémies ont anéanti l'Europe, la société occidentale est réduite à la misère, à la déchéance. Parallèlement, le continent africain se développe économiquement au point de dominer les pays du Nord, d'en réduire les populations en esclavage.

Lorsque débute le roman, cette situation est un état de fait depuis plusieurs générations. le renversement historique que pratique Lorris Murail est mené de main de maître, la reconstitution inversée plus que fidèle sans facilité. Les correspondances sont édifiantes, il en est parfois difficile de ne pas voir les grandes plantations américaines. Tous les aspects de l'esclavage sont pointés : voyage à fond de cale, et vente sur un marché, déni de l'humanité, personnes réduites à des " choses " considérées dépourvues d'intelligence, de sentiment, de biens propres - simple valeur marchande, parfois moins qu'une bête -, perte identitaire culturelle par l'oubli d'un peuple déraciné qui ne peut transmettre que partiellement sa mémoire - qui se mêle peu à peu à celle de la terre africaine - dont les croyances chrétiennes sont apparentées au cannibalisme donc à la barbarie ( perte du sens des mots de la langue d'origine, de celui des symboles religieux ), séparation des familles, abus sexuels, humiliations et, évidemment, le dénigrement de l'apparence physique. Les Blancs sont ces Cornes d'Ivoire du titre en réponse à l'expression Bois d'ébène. La peau claire n'engendre que répulsion et insultes ( la preuve, elle n'est pas adaptée au climat, chair blafarde qui rougit et cloque au soleil ) : dégoût pour la pâleur, l'odeur des Faces de Craies, Têtes de Lune, Culs de Babouins...
" Mari ferma les yeux. Et même quand le fracas du tonnerre ébranla le sol sous ses pieds, elle ne les rouvrit pas. Gakere s'agitait autour d'elle. Il pouvait faire ce qu'il voulait. Il n'y avait pas de justice pour les Blancs, que des devoirs et des châtiments. Parfois, on trouvait dans les bois le corps d'une pauvre fille. En bon régisseur, Fuli Fak inscrivait alors sur son livre de comptes une perte de cinq cents cauris. "

L'échange est terriblement efficace et convaincant. L'aventure de la jeune héroïne ne débute vraiment qu'après les deux cents premières pages - sur les cinq cents du volume qui filent -. Sans la moindre longueur, cette mise en place du contexte est aussi prenante qu'élaborée. L'auteur expose et déploie l'univers avec brio. Il montre à travers les scènes quotidiennes comment l'esclavage et le racisme sont ancrés dans les mentalités sans diaboliser les personnages des " maîtres" - même si certains sont pervers ou décadents -, dans l'esprit des domestiques nés la peau sombre racontant des légendes qui justifient la notion de race et celle d'infériorité ou de malédiction.

" Si le Grand Esprit vous a faits comme ça, c'est qu'il avait sans doute ses raisons. A mon avis, c'est pour qu'on repère dans la nuit ceux qui auraient envie de filer en douce. "
Les descriptions de la vie sur le domaine permettent de faire la part belle à la culture africaine, à ses traditions, ses beautés, aux paysages, à cette nature. Roman adolescent, il relate une double quête, celle de la liberté et, à travers elle, celle des origines. La progression est parfaitement gérée, les épisodes se succèdent, s'enchaînent, les références culturelles, qu'elles soient africaines ou occidentales, restent toujours accessibles. L'intrigue, cruelle sans violence complaisante, a du rythme, celui d'une épopée. Les nombreux personnages, l'originalité des personnalités, lui donnent sa richesse sans égarer le lecteur et l'inscrivent dans cet univers uchronique captivant, miroir historique en altérité. Il y a des mondes et du monde dans ce roman, à la fois dense et fluide, celui des villes et celui des grands propriétaires terriens. On y rencontre des affranchis, des rebelles et des marchands, des hommes visionnaires qui croient au progrès technique et humain, à la libération des hommes par le travail des machines, des jeunes utopistes qui refusent de regarder les couleurs de peau, des assassins qui n'agissent que nuitamment cagoulés...Toute une société que le second volume quitte pour partir à la découverte du " Septentrion ".

Un premier tome et déjà une réussite. le retour sur la terre des ancêtres est prévu pour 2012.



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Au début, je croyais que ce serait un coup de coeur.

L'inversion de l'Histoire m'a vraiment séduite et c'est un plaisir de la voir aussi brillamment exécutée. L'idée est géniale ( même si déjà traitée ) et Lorris Murail a pensé à tout. Son uchronie est vraiment bien menée, très riche en petits détails bien trouvés pour planter le décors de cet univers parallèle où les Blancs sont devenus les esclaves des Noirs. Mais plusieurs choses m'ont gênée.
Bon, premièrement, mon quatrième de couverture qui est celui de l'édition de poche, nous vend l'histoire comme étant le récit d'une blanchette qui trime dur dans les plantations... Je ne sais pas s'ils ont lu le livre, car le labeur quotidien De Mari, le personnage principal, c'est d'être la souffre-douleur de Lisha, la gamine impossible de ses maîtres. Alors, c'est vrai que Mari vient s'y promener, dans les plantations, mais c'est une petite visite de courtoisie, pas de quoi se casser le dos les pieds dans l'eau. du coup, je ne m'attendais pas à entamer le livre avec une esclave de compagnie. Ce qui ne l'empêche pas d'être le jouet du peuple dominant bien que privilégiée en apparence.
Mari, parlons-en. La jeune adolescente n'est qu'un petit bouchon ballottée par les événements, qui est, dans son malheur, définitivement née sous une bonne étoile. Elle est très belle et très chanceuse. Cette bonne étoile la mènera au bout de ses aventures jusqu'au Septentrion, notre Europe dévastée par la Peste où ne subsiste que des tribus sauvages. Mari m'a parfois posé problème. Pas parce que Mari, elle, elle est spéciale, elle a un Destin. Non, c'est sa psychologie qui m'a parfois laissé dubitative et je n'arrive pas à déterminer si elle est bien faite ou mal faite.
Ambivalence parfaitement résumée dans le passage avec Lisimba Tam qui d'entrée de jeu se livre à des attouchements sur elle et qui par la suite ne cessera de la harceler sous des dehors sympathiques : Comment Mari peut-elle en arriver à se laisser faire mollement, surtout à ce moment précis ? J'ai été stupéfiée par son manque de réaction alors qu'elle vient d'être vendue, nue, comme du bétail, exposée dans son intimité et vulnérable ? Je n'arrive tout bonnement pas à le concevoir car Mari a prouvé plus tôt qu'elle était capable de s'indigner de sa condition, de la refuser avec violence et qu'elle a déjà été (im)pertinente à d'autres occasions. Ça me paraît aberrant que Mari se laisse tripoter pour écouter une histoire sur son pays, et pire, qu'elle soit positivement troublée. Je veux dire... C'est pas comme si Lisimba était un Don Juan habile. Il se présente d'emblée comme un petit collectionneur de beautés blanches et faciles. Pas de quoi être flattée, c'est la mode en Afirik. Collectionner les Blancs. La petite blondinette en sait pourtant quelque chose. Enfin, je digresse. Tout ça pour dire que je ne lui ai pas vraiment trouvé de logique viable, à cette fille, même en prenant en compte les stigmates de sa condition d'esclave issue d'un peuple sans cesse rabaissé. J'attends de voir comment Mari va évoluer dans le tome 2. Dans tous les cas, la galerie de personnages qui gravite autour d'elle est vraiment sympa et ils ont tous leur charme, leur profondeur.
Troisièmement, le récit s'essouffle à certains moments, marque une longue pause avant de repartir. La route est trop longue jusqu'au dénouement et pas toujours très passionnante. Je ne peux nier qu'il y a une patte, une ambiance ! Et c'est pourquoi je serai contente d'attaquer la suite avec La ballade du continent perdu.

Ce n'est peut-être pas un coup de coeur mais une très bonne découverte que ce roman qui offre une autre perspective pour mieux mettre en évidence la façon dont se construisent les préjugés et l'illégitimité de l'aliénation du plus faible par le plus fort, dont l'esclavage est un symptôme.
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10 ans après le succès de la tétralogie ado " Entre chiens et loups" de l'auteure anglaise Malorie Blackman, Lorris Murail nous imaginait une fiction SF dystopique un peu à l'identique.

En renversant les rôles, les auteurs nous démontraient ce que nous avions de commun, une rage, de s'affranchir d'une domination de l'homme par l'homme, une humanité, salvatrice pour survivre et malheureusement une haine de l'autre aussi.

Si les hommes noirs avaient eu dans une autre réalité connus une majorité et un avantage logistique, auraient-ils été meilleurs que ceux plus clairs qui abusèrent d'eux dans notre Histoire?

Une question intéressante.



Sur les questions de discriminations raciales, ceux qui connaissent un peu l'histoire du peuple noir savent que l'homme est un loup pour l'homme encore une fois et que les victimes d'un jour peuvent devenir des bourreaux du lendemain. Nous renvoyons à la terrible histoire des terroristes " Blacks Panthers".

Sur ce point de vue, il est plus simple de se comprendre et de pardonner.



Malorie Blackman inventa une histoire où se furent les blancs qui connurent l'Apartheid, sur un fond de romance impossible entre deux jeunes gens de couleurs différentes. Un vrai "Roméo et Juliette" contemporain.

L'auteur français Lorris Murail poussera l'exemple plus loin, remontant aux racines et imaginant des peuples du Grand Nord emmenés vers l'Afrique et réduits en esclavage.

C'est la jeune Mari, 16 ans, qui raconte, vivant avec sa famille sur les propriétés de maîtres noirs très redoutables.

Cette tentative placera inévitablement le thème du racisme sur un plan plus universel.

Les lecteurs grands ados attendront forcément de cette tension ambiante un peu de chaleur, de fraternité, d'amitié et surtout d'amour.

Lorris Murail est très habile. En substituant les cultures, il nous les fait apprécier dans sa fiction et respecter dans leur version d'origine.

Ce sont les gens des Pays du Nord qui ne savent pas lire, qui chanteront pour se donner du coeur à l'ouvrage, ce sont eux qui seront attachés à des croyances, considérées "païennes" ici et animistes cette fois.



Nous comprenons mieux ce sentiment fort qui cherche un sens raisonnable.

Les esclaves de cette plantation cherche à se souvenir pour la plupart d'une histoire qu'ils n'ont pas vécu, il y avait forcément quelque chose d'autre avant "ça".

L'importance de la Mémoire, des vieilles histoires qu'ils se racontent près du feu, nous la saisissons.

Très clairement, l'homme, comme les oiseaux, est fait pour la liberté.

Et l'homme ne nait pas "maître", il le devient. Et il choisit quel genre de "maître" il a envie d'être, nous le comprenons au travers de plusieurs personnages dominants, jusqu'à Lisha même, la petite fille capricieuse des maîtres de la plantation.



Évidemment, on ne pourra en rester là.

Rappelez-vous la colère, la quête de sens...


Un roman fort, intelligent, pour ados et adultes.
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Je me laisse souvent tenter par les offre « deux achetés, un offert » mais cette fois-ci je n'ai pas longuement hésité car quand j'ai lu la quatrième de couverture, plus le nom de l'auteur que je n'avais jamais lu mais que je connaissais, j'ai eu très envie de me jeter dessus dedans !

Tout d'abord, j'adore le principe d' « inversion » entre les Blancs et les Noirs, comme on a pu le lire dans les Malorie Blackman par exemple. Et puis une dystopie, j'adore aussi. Alors que demander de plus ?

Mari est l'héroïne de cette histoire, et comme toute bonne héroïne de trilogie, elle est vouée à un destin très spécial. D'ailleurs ses parents le lui ont souvent répété, elle, elle partira, grâce à son prénom oublié de tous mais dont sa mère connait la signification, elle aura le cran et la force de s'échapper de cette condition et d'aller découvrir de ses propres yeux la terre de leurs ancêtres. Mais pour l'instant, Mari n'est qu'une esclave blanche parmi les autres. Ses maîtres l'ont repéré et au lieu de travailler à la plantation comme tous les autres du village, elle s'occupe de la petite Lisha, 7 ans, dans la maison du Maître.
Jusqu'à ce jour funeste où tout bascule. Ce jour où sa mère est tuée par un sanglier pendant la chasse menée par les maîtres, ce jour où le maître lui demande de reporter son deuil pour s'occuper du dîner d'initiation de Lisha, ce jour où le grand frère de Lisha s'intéresse à elle et lui demande de trafiquer à son compte, ce jour qui l'amènera à être bannie de la plantation où elle avait toujours vécue, vendue au marché aux esclaves comme une vulgaire bête.
Mais Mari est l'héroïne et cela n'est que le début de son histoire. Car après la terreur et la résignation, Mari comprend que ce sont ces épreuves qui l'emmèneront au Septentrion, là où ses ancêtres sont nés, là où la Peste ravage tout et où le froid est si dur qu'il est quasiment impossible de survivre.

Pendant ce premier tome, Mari va rencontrer de nombreuses personnes, certaines qui vont l'aider, d'autres qui seront des obstacles. Et si souvent la résignation fera avancer Mari à la suite de ses maîtres, le plus important est qu'elle continuera d'avancer, quoi qu'il lui en coûte. Elle va grandir, mûrir, oser, se rendre compte qu'elle n'est pas que blanche, qu'elle est un être humain avant tout, et une femme, aussi.

Par contre, on est tellement conditionnés que j'ai vraiment eu beaucoup de mal à m'imaginer Mari et certains autres personnages comme le Capitaine Diaker ou Lisimba Tam. Autant j'arrivai à voir les Maîtres noirs, autant j'ai eu beaucoup de mal à imaginer la petite Mari, blanche, sous le soleil des plantations.

J'ai trouvé ce roman vraiment très beau et j'ai hâte de découvrir la suite, même si ce premier tome peut presque être lu seul car la fin est vraiment bien faite.

Par contre le « à partir de 13 ans » me semble vraiment surestimé. Evidemment, il peut être lu par des collégiens car il n'y a rien de trop violent ni de trop choquant, mais il me semble quand même très difficile d'accès pour qui ne serai pas excellent lecteur. Enfin personnellement je ne le mettrai pas dans un CDI de collège.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Quand elle rouvrit les yeux, Mari sut que plusieurs heures d’étaient écoulées. La plupart des Cornes d’Ivoire sommeillaient, donnant un concert de ronflements. Elle regretta de s’être éveillée, chercha à se rendormir aussitôt. Mais Martin, auprès d’elle, était agité. Quelque chose la troublait, dont elle ne parvenait pas à déterminer l’origine. Sans même s’en rendre compte, elle serrait le poing, à la recherche de ce qui lui manquait.
Une absence. La pièce. Alarmée, Mari se tourna de côté, fouillant la paille du bout des doigts. Sa main, sans doute, s’était relâchée tandis qu’elle dormait. La pièce de Lisha devait se trouver là, contre sa hanche, contre sa cuisse, sous sa fesse. Même dans la pénombre, elle aurait dû briller.
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Il ne semblait pas se soucier de ce qu'il y avait devant lui. L'important, pour lui, était de se défaire de cette épave flottante. C'était, songea Mari, ses chaînes à lui. Navire sans voile qui l'attachait à la terre et le privait de son envol, labeur harassant, renouvelé chaque jour, douleur de n'être pas ce qu'il aurait voulu être.
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Lisha la dévisageait, poings serrés et mine revêche. Dans sa chambre en perpétuel désordre, l'enfant régnait déjà comme une implacable petite Maîtresse. Lisha approchait de son septième anniversaire. Mari, pour sa part, célébrerait bientôt le quinzième. Mais c'était elle qui, tête baissée, attendait les ordres.
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Mari s'éloigna, meurtrie. Elle se lavait matin et soir, frictionnait et coiffait ses cheveux deux fois par semaine, mais ne pouvait rien contre la pâleur maladive de son teint de Corne d'Ivoire, contre la laideur de sa figure de Blanche, contre l'odeur de sa sueur.
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Trois jeunes enfants [noirs] jouaient dans la poussière avec des osselets. Elle les aurait contemplés pendant des heures.
L'un des gamins, cependant, la repéra. Il lui lança ce qu'il avait à la main, un petit os blanc. Il lui souhaita d'un ton méchant de ressembler à ça, bientôt. Un petit tas de petits os blancs.

- Les tiens aussi sont blancs ! riposta Mari.
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Vidéo de Lorris Murail
Marie-Aude et Lorris Murail ont choisi Le Havre pour décor de leur nouveau diptyque "Angie !". Une comédie policière haletante, joyeuse et terriblement contemporaine que les ados (et les autres) vont dévorer. Marie-Aude Murail sera donc notre invitée pour cette rencontre virtuelle diffusée en direct sur notre page Facebook et notre chaîne YouTube.
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