Marie-Martine est partie en Angleterre, Emilien est seule avec sa mère qui n'a rien trouvé de mieux à faire que se trouver un nouveau petit ami. Emilien cherche à savoir qui est l'heureux élu...
On descend d'un niveau avec cet épisode de la vie d'Emilien, il ne se passe pas grand chose à part cette recherche, on ne comprend pas bien pourquoi il refuse de répondre à Marie-Martine même si on voit bien qu'il l'aime toujours... La fin relève le général et me donne envie de lire la suite au plus tôt...
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La mère d'Emilien achète un répondeur téléphonique pour leur faciliter la vie. Celui-ci va lui révéler pas mal de choses, notamment que sa mère à un petit ami qui lui téléphone beaucoup. Il efface les messages reçus et mène son enquête. Séduisant surtout pour les moins bons lecteurs.
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"Mon cher Émilien, j'espère que tu vas bien..." Ai-je bien lu ? "Mon cher Émilien..." C'est ce qu'elle a écrit.
Mon bel amour, ma déchirure.
Je te porte dans moi comme un oiseau blessé !
C'est comme ça qu'on écrit quand on aime.
"J'espère que tu vas bien." Elle pourrait aussi me demander des nouvelles de mes cors aux pieds.
Reviens, reviens, mon bien-aimé !
Comme une fleur, loin du soleil,
La fleur de ma vie est fermée,
Loin de ton sourire vermeil.
C'est comme ça qu'on écrit quand on aime. C'est vraiment la moindre des choses. "Papa est très content de son nouvel emploi chez Texaco." Il ne manquerait plus qu'il soit malheureux. Il brise ma vie, il piétine mon cœur. Il est content. Sadique, va ! "Moi, j'ai un peu de mal à m'adapter." Bien fait. Tu n'avais qu'à rester. "Pourquoi est-ce que tu ne m'écris pas ?" Ah, elle peut se brosser. Lui écrire quoi ?
Entre nos cœurs, quelle distance !
Tant d'espace entre nos baisers !
Ô sort amer ! Ô dure absence !
Ô grands désirs inapaisés !
J'aurais l'air fin.
J'ai horreur d'aller à la piscine tout seul. J'ai déjà vu un mec qui nageait tout seul à la piscine, des coques sur les yeux, un bonnet plaqué sur les cheveux, une pince sur le nez. Quarante longueurs sans s'arrêter et des baffes crawlées dans la gueule de ceux qui squattérisaient sa ligne d'eau. La névrose brute de décoffrage.
Si Martine-Marie était là, j'irais à la piscine avec elle. C'est la seule personne au monde qui puisse me regarder en maillot de bain sans me demander si je ne faisais pas du rachitisme dans ma petite enfance.
- Allô, Friquet ? Qu'est-ce que tu dirais d'aller à la piscine, mercredi ?
- Pourquoi ? T'as des poux ?
Je m'entends vraiment bien avec Fricaire.
Un sac à dos tombe à terre. Une main saisit la mienne, comme on rafle la mise au passage.
- Martine ! brament les petits Auclair.
Mais on est loin déjà. On court.
- Martine... ah... arrête... mon coeur...
Elle pile. Je me cogne contre elle. J'ai mal.
- Je t'aime, dit-elle.
- Hein ? Heu, moi aussi.
- Alors, dis-le !
- Je... je t'aime.
Mon bras derrière ses épaules et ma bouche et ses yeux. Bleus. Je ne regrette pas d'avoir bien regardé comment Clark Gable faisait avec Vivian Leigh.
- Viens, me dit-elle.
- Ce n'est pas par là chez toi...
- On ne va pas chez moi, me répond-elle.
On va tout droit. Martine me jette un regard en coulisse.
- C'est vrai que tu as grandi.
Elle rit, en faisant briller ses yeux. Bleus. Elle a changé. J'ai encore envie de l'embrasser. J'aurai toujours envie.
On s'est assis près du canal.
Elle dit :
- Tu te rappelles ? Tu voulais qu'on ait quatre enfants.
On parle un peu du temps où on était mômes. On parle très peu. Elle joue avec mon bracelet-montre. Sa tête a glissé sur mon épaule. On a tellement de choses à se dire. On ne parle plus.
- Ne bouge pas, Émilien... L'oiseau...
Il y a un oiseau à nos pieds. On ne bouge plus, il s'envolerait. Mon bras commence à s'ankyloser.
- Dis, Martine...
- Quoi ?
- Tu veux toujours faire des études de médecine ?
- Je ne suis pas quelqu'un qui change d'avis. Tu t'en es aperçu, non ?
- Mmh. J'ai de la tachycardie. Tu sais si c'est grave ?
Elle récite :
- "Accélération des battements du coeur".
- Et alors ?
- Ça ira mieux quand on sera mariés.
- Malin...
Les filles, ça se croit le début et la fin de tout.
- Il y a une lettre pour toi.
Je lui tends l'enveloppe. Elle tressaille.
- Merci.
Elle va dans sa chambre.
Entre nos cœurs, quelle distance !
Mais elle est déjà revenue au salon. Elle me regarde. Elle hésite. Dis-le ce que tu veux dire. Je récite :
- Vous pouvez parler après le bip sonore. Biiip.
- Les messages de Stef, marmonne-t-elle.
- Je les ai effacés.
Elle acquiesce, rêveuse. Oui, je sais, c'était salaud.
- Tu ne m'as jamais facilité l'existence, dit-elle.
- On fait pas des enfants pour ça.
Tchao. Le ton décontract. Je t'en foutrai. Tchao. De toute façon, je le savais. ma mère était bizarre depuis mon retour de vacances. Il y a encore un mec dans le secteur. Je ne sais pas ce qu'on peut trouver à ma mère. Elle est moche, elle n'a pas le sou, elle va sonner la quarantaine. Je ne comprends pas. Bon, enfin, zou, j'efface tout. On ne s'est pas acheté un répondeur pour que des types malsains relancent ma mère à domicile. La prochaine fois, il lui écrira, monsieur Cémoi.
"Sauveur & fils", saison 1, Marie-Aude Murail, l'école des loisirs
Quand on s'appelle Sauveur, comment ne pas se sentir prédisposé à sauver le monde entier ? Sauveur Saint-Yves, 1,90 mètre pour 80 kg de muscles, voudrait tirer d'affaire Margaux Carré, 14 ans, qui se taillade les bras, Ella Kuypens, 12 ans, qui s'évanouit de frayeur devant sa prof de latin, Cyrille Courtois, 9 ans, qui fait encore pipi au lit, Gabin Poupard, 16 ans, qui joue toute la nuit à World of Warcraft et ne va plus en cours le matin, les trois soeurs Augagneur, 5, 14 et 16 ans, dont la mère vient de se remettre en ménage avec une jeune femme…
Sauveur Saint-Yves est psychologue clinicien.
Mais à toujours s'occuper des problèmes des autres, Sauveur oublie le sien. Pourquoi ne peut-il pas parler à son fils Lazare, 8 ans, de sa maman morte dans un accident ? Pourquoi ne lui a-t-il jamais montré la photo de son mariage ? Et pourquoi y a-t-il un hamster sur la couverture ?
Entretien mené aux éditions Petit à Petit.
Vidéo : Paris Normandie
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