Pendant son travail de recherche sur la relecture,
Laure Murat en a profité pour piquer la lubie d'un passager du métro, lubie qui consiste à l'établissement de liste des livres lus dans le métro, justement. Ainsi, parallèlement à son livre intitulé
Relire, enquête sur une passion littéraire, parait ce petit livre,
Flaubert à la Motte-Picquet, d'à peine 96 pages et qui relate ses découvertes. C'est léger, c'est amusant, et je ne dis pas ça uniquement par que moi aussi je lis tous les jours dans les transports en public.
Dans ce livre on y croise Bégaudeau et
François Bon - en vrai ! et des livres, parfois peu, parfois beaucoup, selon les lignes, les lieux - Paris, New-York, Los Angeles -, et aussi, bien sûr, des lecteurs, dont l'auteure tente dans quelques chapitres de dévoiler la personnalité à travers leur lecture. À la fin on trouve aussi une liste des livres vus durant cette petite enquête ludique :
La vérité sur l'affaire Harry Québert, de
Joël Dicker, lu par une je
une femme, alors que lors d'un autre voyage en métro c'est un homme, la trentaine, qui lit
Bel-Ami de
Maupassant, et un autre homme encore, lors d'un autre parcours, est lui plongé dans Comment parler des lieux où l'on a pas été ? de
Pierre Bayard - presque une mise en abîme. Mais comme le sujet s'épuise vite,
Laure Murat passe aussi en revue les publicités sur les livres qu'on voit dans le métro, dont elle dit que "l'indigence le dispute à la débilité" (page 39). On trouvera aussi un hilarant chapitre consacré à Foenkinos - peu apprécié de
Laure Murat qui confesse toutefois ne pas l'avoir lu - qui décrit une séance de signature où l'auteur de la délicatesse discute avec son voisin de table dans le seul but de rallonger sa queue de fans pour dépasser celle d'
Annie Ernaux qui signe aussi à une dizaine de mètres de lui... Ce passage du livre de
Laure Murat ramène d'ailleurs à celui de
François Bégaudeau,
La politesse (dont je parlais il y a quelques mois, voir là).
Belle éloge de la lecture dans le métro, et de la lecture tout court, qui est devenue un phénomène presque underground, ce livre se lit avec grand plaisir, et donne, bien sûr, mille et une envies de (re)lecture.