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EAN : 9782012790490
424 pages
Hachette (11/09/2002)
3.76/5   38 notes
Résumé :
Ce livre nous raconte l'histoire d'une des institutions les plus célèbres de l'Europe du XIX° siècle : la maison du docteur Blanche. En 1821, le docteur Blanche fonde une maison de santé, un asile d'un genre tout à fait nouveau, établi sur le modèle d'une pension de famille.

A Montmartre puis à Passy, les patients vont partager la vie quotidienne du médecin et de sa famille. Cette maison sera le refuge de la génération romantique et de Gérard de Nerv... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Je sors de cette longue lecture avec un sentiment de stupeur pour avoir si longtemps ignoré une institution qui, à l'évidence, a dû avoir une très grande importance dans le l'Histoire intellectuelle et mondaine de la majeure partie du XIXe siècle en France. Il s'agit d'une « hôtellerie pour fous » privée et très onéreuse, qui a vu défiler en son sein ou à ses alentours les plus grands noms de l'époque : Gérard de Nerval, la comtesse de Castiglione, Marie d'Agoult alias Daniel Stern – la mère des enfants de Liszt –, Charles Gounod, différents membres de la famille de musiciens et lettrés Halévy, dont Léonie, épouse de Fromental, et Geneviève, épouse de Georges Bizet, et encore Théo van Gogh, le frère de Vincent, Michel Verne, le fils de Jules, et – last but not least – Guy de Maupassant qui y mourut horriblement. Il ne manque à la liste que Baudelaire, et nous savons que son absence ne fut due qu'à des raisons pécuniaires...
Deux questions m'ont accompagné en permanence : au-delà de la syphilis (ne concernant que quelques-uns de ces personnages) qui sera soignée un siècle plus tard par de la simple pénicilline, ainsi que des causes sociologiques de l'hystérie, comment expliquer cette boucle néfaste ou cette prophétie autoréalisatrice qui semble relier le Romantisme à la folie (et à son admiration) ? Et d'autre part, comment justifier le succès inouï de cette maison de santé transmise de père (Esprit Blanche - 1796-1852) en fils (Emile Blanche - 1820-1893) durant plus des trois derniers quarts du XIXe s., qui, de toute évidence, ne pouvait se vanter que d'un taux de guérisons dérisoire, d'ailleurs très logiquement proportionnel à l'ignorance abyssale des maladies mentales à l'époque et à la survivance de méthodes thérapeutiques intemporelles : saignées, purges, bains, promenades, sans (encore) aucune expérimentation des substances psychotropes autrement que comme des drogues – éther, opiacés, absinthe –, ni le début d'une réflexion sur des thérapies proprement psychiques ?
Je me donne quelques éléments de réponse : dans le flou des définitions de « mélancolie », « lypémanie » et de « délires », il était admis qu'un surmenage intellectuel s'apparentait ou pouvait provoquer la folie : les créateurs intellectuels pouvaient donc en être plus souvent atteints que les autres. Certains pensaient même que le génie en était une forme. Par ailleurs, la grande innovation d'Esprit Blanche, emboîtant le pas de Philippe Pinel et d'Etienne Esquinol, fut de libérer les psychopathes des sévices physiques – sinon peut-être moraux. Les hôpitaux publics, qui coûtaient vingt fois moins cher que la pension chez les Blanche, devaient certainement conserver la rudesse des anciens usages. À l'opposé, outre que la mansuétude caractérielle des deux aliénistes, ceux-ci offraient à leurs patients de leur temps sans compter, des conditions de vie tout à fait privilégiées, une certaine discrétion et même la conversation et parfois la table d'un praticien cultivé, puriste de la langue et humaniste dans l'âme, mélomane, collectionneur et sensible aux arts – ce sera d'autant plus le cas lorsque Jacques, le fils d'Emile, se fera une certaine renommée dans le milieu de la peinture. Il est évident que certains patients, si bien entourés, soumis à une hygiène de vie exemplaire, aient pu presque se sentir guéris... Une mondanité toujours savamment entretenue, avec une faiblesse pour les décorations, une inébranlable modération politique, une dévotion maniaque pour sa « maison » et ses patients, et enfin une bienveillance universellement reconnue expliquent pour leur part le phénomène de mode. Il est intéressant de comparer la personnalité d'Emile Blanche avec celle de son grand rival que tout opposait mais qui décéda presque en même temps que lui : Jean Martin Charcot.

Ce livre est un monument de documentation, apte à peindre tout un horizon culturel et une époque entière. On peut lui faire le reproche, cependant, de n'avoir pas su trancher entre : la description de la « Maison du Dr Blanche » comme institution, éventuellement en s'arrêtant sur l'évolution des thérapeutiques entre père et fils, c-à-d. sur l'aspect plus proprement psychiatrique ; la biographie des deux (voire trois) héros – Esprit, Emile, Jacques Blanche - ; ou bien la narration de leurs rencontres avec les personnages célèbres. Tour à tour, et selon un fil qui reste surtout chronologique, il y a un peu de tout cela, y compris un chapitre très séduisant intitulé « La folie au féminin » qui, de surcroît, est le seul qui donne d'Emile Blanche un portrait franchement antipathique pour le lecteur contemporain, pour peu qu'il ait un minimum de sensibilité féministe : face à Marie Esquiron, l'on saisit une autre facette de la psychiatrie du XIXe siècle, totalement idéologique et misogyne.
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En ce début de 19e siècle, la mode est aux aliénistes : alors que mélancoliques, syphilitiques, névrotiques, hystériques et épileptiques s'entassent pêle-mêle dans les asiles et que la médecine capitule face à ces maux de l'air du temps, se distingue la pension du Docteur Blanche. Si les traitements y sont les mêmes qu'ailleurs, Esprit Blanche puis Emile son fils, initient une approche thérapeutique qui inspirera les bases de la psychanalyse. Ainsi, moyennant de rondelettes sommes d'argent, ceux que l'on nomme par abus de langage les fous trouvent enfin une oreille attentive à leurs souffrances ("traitement moral") et un refuge protecteur auprès des Blanches. de De Nerval à Maupassant en passant par Theo van Gogh, nombreuses sont les personnalités du monde qui ont un jour confié leur états d'âme au(x) Docteur(s). En effet, partageant quasiment leur vie quotidienne avec les patients, ce sera toujours avec une humanité et un stoïcisme presque psychorigide que père et fils dirigeront leur célèbre établissement...

Epoque du Spleen par excellence, la période romantique est une machine à faire des fous. Les gens (surtout les femmes) sont alors internés à tout va. La médecine a atteint ses limites pour le traitement des maladies mentales. Seuls quelques spécialistes acharnés continuent d'expérimenter de nouvelles méthodes de guérison. Parmi eux, se trouvent deux grandes figures du corps médical représentées d'un côté par le Professeur Jean-Martin Charcot (Salpétrière) et de l'autre par le Docteur Emile Blanche. Deux titres, deux méthodes. Charcot laissera son nom à la postérité grâce à ses travaux scientifiques et ses services rendus à l'Hôpital de la Salpétrière, la mémoire des Docteurs Blanche ne survivra elle, que grâce aux personnalités accueillies à la pension. Pourtant, l'expérience de ces derniers méritait que l'on s'y penche : comme le dit si bien Laure Murat dans son prologue "L'établissement révèle, comme un précipité chimique, les angoisses et les contradictions de toute une société où scientifiques et artistes, aliénistes et patients, tentent, chacun à leur façon d'explorer les replis de l'âme, comme si d'un tissu, ils s'enfonçaient dans la trame. de l'invention de la psychiatrie à la naissance de la psychanalyse, du romantisme au symbolisme, l'histoire de la Maison du Docteur Blanche est donc celle de tout le 19e siècle, avec lequel deux générations d'aliénistes se confondent : Esprit Blanche (1796-1852) et son fils Emile (1820-1893), le fondateur et l'héritier, protagonistes d'une institution et d'une aventure intellectuelle unique en leur genre, dont le récit restait à faire". (p.13)

On croyait la mémoire médicale de la Maison Blanche perdue avec la destruction volontaire des dossiers médicaux des patients. Il n'en est rien puisque c'est sur la base de riches archives inédites (registres médicaux et correspondances) que Laure Murat a élaboré son projet. Travail de titan s'il en est, cet essai qui prend des formes romanesques, recèle bien de secrets inavouables et de juteuses anecdotes sur les célébrités de l'époque. J'y ai par exemple rencontré un Maupassant vulnérable et particulièrement touchant. J'y ai croisé un De Nerval schizophrène et bien d'autres encore. Formidable laboratoire d'observation de bien de détresses humaines, la Maison Blanche incarne donc un bel échantillon de la mémoire psychiatrique de l'Empire qui méritait d'être exhumé. On pardonnera volontiers à Laure Murat quelques digressions qui éloignent un peu du sujet compte-tenu de l'impressionnante masse d'informations qu'elle a dû étudier et compiler pour rédiger son travail. C'est donc avec enthousiasme que l'on recommandera la lecture de cette étude qui ne manquera pas d'en surprendre certains...
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Je salue d'abord le travail de recherches de l'auteur. D'autant plus, comme elle le précise en prologue, qu'une grande partie des archives des hôpitaux psychiatriques n'étaient pas sauvegardés. Laure Murat nous emmène dans la vie quotidienne de la maison de santé des docteurs Blanche Esprit, puis Emile, père et fils qui a voulu scrupuleusement oeuvrer dans la continuité de son père.
Asile de fous, oui, mais asile novateur par le choix du procédé thérapeutique de Blanche. Cette maison de repos (on peut utiliser un tas de qualificatifs pour la présenter), fonctionne comme une pension de famille. Les patients les plus calmes dînent à la table du docteur, puis passent au salon où ils peuvent jouer du piano, aux échecs, ou simplement rêvasser à la fenêtre donnant sur le parc. Dans cette maison, pas de tortures physiques, pas d'humiliation; le patient, ici, n'est pas considéré comme un animal, un sous-homme; il est écouté. Et en ce début du XIXe siècle, c'est le premier pas vers la psychanalyse, alors inconnue. du profond respect que Blanche tient envers ses patients, il s'ensuivra une clientèle plutôt bourgeoise, voire aristocratique, dont les proches sont soucieux de discrétion. le médecin n'oubliera pas pour autant les humbles et les indigents.
Gérard de Nerval et Guy de Maupassant, personnages ô combien célèbres, trouveront dans cette maison une place de choix, comme l'auteur leur rend hommage dans le livre en y consacrant à chacun un bon chapitre. Mais Laure Murat n'oubliera pas des histoires, des anecdotes de tas de patients méconnus.
Le chapitre sur les femmes considérées comme folles et internées, durant ce siècle, est très intéressant. On y apprend beaucoup sur la condition de la femme à cette époque, sur le désir d'indépendance et d'émancipation de certaines d'entre elles, désir qui les a conduites très souvent à l'asile, parce qu'elles étaient incomprises, parce que l'époque ne le permettait pas, parce que ce n'était pas de bon ton, tout simplement.
L'auteur nous décrit également le docteur Blanche comme un personnage tellement bon et généreux que beaucoup l'idolâtrait presque. Mais ce n'était pas un saint non plus. C'était un homme qui cherchait, qui s'interrogeait et qui faisait des erreurs. Evidemment, avoir le pouvoir absolu sur la vie de quelqu'un , le pouvoir de vie ou de mort aussi (il pouvait faire éviter la guillotine à un meurtrier en le qualifiant de non-responsable de ses actes), qui n'en abuserait pas ? Et pourtant, après la lecture de ce livre, je n'ai pas eu l'impression que Blanche, père ou fils,n'en ait abusé.
Bien que le sujet soit dur, le contenu et la lecture de ce livre ne l'est pas.
J'ai beaucoup apprécié et je le recommande à tous, non seulement pour son contenu historique, mais aussi pour les leçons d'humanité qu'on peut en tirer.
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J'ai tout d'abord été attirée par ce livre parce que l'auteur avait eu accès aux archives de l'établissement psychiatrique dirigé par le Docteur Emile Blanche. Il y consignait les noms des patients, les symptômes, les traitements et les résultats dans des registres qui ont servi de base à la narratrice. Et puis, il y a avait des notes, une bibliographie. Tous les ingrédients qui font un livre sérieux, scientifique, du moins à mes yeux d'historienne dont le métier est le retour aux sources afin d'affirmer quoi ce soit.
La maison du Docteur Blanche, créée par son père Esprit Blanche, médecin lui aussi, était fondé sur le principe de la pension de famille - terme qui fait moins peur qu'hôpital ou asile - et les thérapies les plus modernes. La psychiatrie en était à ses balbutiements au 19è siècle. Ses patients étaient célèbres : Gérard de Nerval, Maupassant, Charles Gounod, Théo van Gogh, Marie Agoult,
les thérapies ont produit des résultats divers pas toujours à la hauteur des promesses mais il est indéniable que qu'Emile Blanche a contribué aux progrès de la psychiatrie.
Cependant, j'ai été déçue par cet ouvrage très lent, très détaillé. Il m'a finalement ennuyé mais je l'ai lu jusqu'à la dernière page pour comprendre l'oeuvre de certains écrivains dont le mal-être ou la dépression ont transparu dans leur oeuvre littéraire. Cette notice est mal rédigée et peu éclairante sur le livre, preuve que si je n'ai pas su synthétiser le récit c'est que je l'ai mal cerné. Une appréciation tout à fait personnelle.
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Encore une unanimité du Masque et la Plume… qui s'avère à la hauteur de l'enthousiasme de mes débatteurs préférés. C'est un travail de recherche brillant que nous livre Laure Murat. Point n'est nécessaire de s'effrayer, ce livre, s'il n'est pas un roman, n'a pas non plus la sécheresse de l'essai, il se lit tout seul.

Les docteurs Blanche – père et fils – étaient des hommes engagés, qui ne rechignaient pas devant la tâche qu'ils s'étaient donnée. En ce XIXe siècle où le fou sert de chair à pâtée à diverses expérimentations, où l'église refuse de lui donner les derniers sacrements et où la syphilis fait des ravages, la maison du docteur Blanche semble un havre de paix pour l'insensé (qui a les moyens d'en payer la pension). Les méthodes de traitement sont pourtant les mêmes qu'ailleurs. On purge à tout va, sangsues, saignées, vomitifs, sont censés expulser la folie du corps des malades. On fait macérer pendant des heures dans des baignoires. On a foi, surtout, en une thérapeutique morale et paternaliste issue de la bourgeoisie. C'est dire l'impuissance des médecins. En est témoin le taux de guérison, estimé à 7,9 % dans les cliniques privées.

Dans ces asiles qui accueillent pourtant nombre d'artistes, la lecture est considéré avec méfiance. Selon Esquirol : “onanisme, dévotion exaltée, évacuation habituellement supprimées, excès d'études et de veilles, lecture de romans” sont sources de désordre mentaux. Émile Blanche interdit “toute introduction de comestibles, de boissons spiritueuses, d'instruments tranchants ou piquants, de livres, de journaux, et généralement d'objets susceptibles d'un emploi dangereux ou nuisibles dans un asile d'aliénés.” (156)

Gérard de Nerval, pensionnaire régulier des lieux, a une conscience aiguë de son état. Sa lucidité est une source de souffrance. Il écrit :
“La réalité nue des choses, la vie telle qu'elle est dans sa brutalité, ne serait-ce pas là la vraie folie ?” (73)
“Le monde est plein de fous… et qui n'en veut pas voir
Doit rester dans sa chambre… et casser son miroir.”

Guy de Maupassant provoque l'empathie, lui qui ne voit sa raison s'égarer que par l'action de la syphilis et qui aurait pu être traité simplement et efficacement avec de la pénicilline – encore inconnue à l'époque.

Les femmes sont les plus mal loties. Dans cette “ société où l'image de la femme indépendante est suspecte et son émancipation considérés comme un danger social” (156), toute forme de rébellion, fut-elle bénigne, est susceptible de conduite à l'asile. Charcot, qui considère que la folie des femmes est hormonale, concocte un compresseur ovarien.
“Toute femme est faire pour sentir, et sentir, c'est presque de l'hystérie” (Ulysse Trélat, aliéniste)

Il est bon, parfois, de savoir d'où l'on vient…
Lien : http://versautrechose.fr/blo..
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
« Le destin n'a pas voulu qu'Emile Blanche vive les débuts de la psychanalyse. Sa méfiance, sa raideur même à l'égard du changement et des "idées modernes" l'auraient sans doute détourné des audaces théoriques sur la sexualité infantile ou l'interprétation des rêves. Ses nombreux rapports d'expertise médico-légale révèlent cependant l'intérêt croissant de la psychiatrie pour l'archéologie des névroses et ce qui allait devenir les préoccupations majeures de l'oeuvre freudienne : rôle de l'enfance, origine des traumatismes, pulsions inconscientes, etc. Emile Blanche n'aura certes pas fait œuvre de précurseur à l'heure où la psychanalyse est encore loin de constituer un système de pensée. Mais dans le détail de ses descriptions et la qualité de ses observations, des pistes, des éléments encore innommés, affleurent comme le motif d'une photographie en cours de révélation dont personne ne saisit encore le sens. » (p. 466)
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« Dernier avatar d'une idéologie de l'exclusion ou produit de l'utopie démocratique, l'asile demeure cet appareil normatif dont l'instauration coïncide avec l'avènement de la société bourgeoise. En superposant naturellement les structures du modèle asilaire et de la pension de famille, la maison de santé du Dr Blanche apparaît ainsi comme un symptôme parfait de son époque, un emblème redoublé de l'ordre scientifique et social. Car à Montmartre, les aliénés vivent avec les Blanche dont ils partagent les repas, la maison et le jardin qu'une haute palissade coupe en deux, afin de séparer les malades les plus dangereux des autres pensionnaires lors de la promenade. » (p. 45)
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« On ne s'étonnera pas, dans ce contexte, qu'à "l'Hôpital de la Déraison", les diverses manies s'attachent essentiellement à trois objets : Dieu, le sexe et l'argent. Un seul concept recouvre ces trois invariants, pour les exalter ou les éradiquer : la famille.
[…]
Dans une époque qui voue également un culte au progrès de la science et découvre les théories de Darwin, le seul vrai rival du prêtre, c'est le médecin. Le prêtre, le médecin : deux figures clés du XIXe siècle, deux hommes en noir pour exorciser la folie et livrer des réponses morales à des tourments psychiques. » (p. 231)
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Au châtiment corporel, le Dr Blanche préfère de beaucoup, sans la nommer, la menace psychologique. Une malade refusait de s'alimenter ? Blanche lui imposa la présence d'un domestique prêt à dormir chaque nuit dans sa chambre "afin qu'il fût à toute heure à ses ordres si elle décidait de manger." Elle s'alarma aussitôt : "Mais si j'accepte ce qu'on m'offre, dit-elle, cette mesure deviendra inutile ? - Oui, sans doute", lui répliqua le médecin, après quoi elle résolut à prendre ses repas. Et Blanche de se féliciter d'avoir vaincu la folie de sa patiente, tout simplement "en inquiétant sa pudeur."
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Au-delà de la légende, le cas de l'adolescent illustre par excellence l'assimilation de la délinquance à la folie dans l'esprit de la bourgeoisie du XIXe siècle. Cette parenté entre déviance morale et déraison, entre asile et prison est liée en miroir au couple police-psychiatre.
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Vidéo de Laure Murat
À l'occasion de la publication de l'ouvrage : "Proust, roman familial" de Laure Murat (Robert Laffont)
Modération: Nathalie CROM, journaliste littéraire, directrice du service «Livres » à Télérama Intervenante: Laure MURAT, écrivaine et professeure à l'université de Californie
Avec "Proust, roman familial" (2023), l'historienne et professeure de littérature, autrice notamment de "Passage de l'Odéon" (2003), "La Loi du genre : une histoire culturelle du troisième sexe" (2006) ou "Une révolution sexuelle ? Réflexions sur l'après-Weinstein" (2018), invente une déclinaison inédite de l'égo-histoire, en relisant son histoire familiale à la lumière de la Recherche du temps perdu.
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