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EAN : 9782877634502
160 pages
Orphie (10/12/2008)
5/5   1 notes
Résumé :
Un matin, en reprenant conscience, Raphaël Lefèvre doit se rendre à l’évidence : il est mort.

Cet événement, évidemment, ne l’enchante guère. D’autant plus qu’avec la vie qu’il a menée, le Paradis n’est pas pour tout de suite !

Au Purgatoire, où il est affecté, le temps lui paraît si long qu’il décide de s’octroyer une escapade de quelques jours sur Terre.

Mais quand on est une Ame du Purgatoire, on n’est pas un tourist... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
« L'instruction et la culture donnent de la dignité à la pauvreté, de la force à la tolérance et
des ailes à la liberté ».
Je viens de finir la lecture intégrale de ce livre magnifique, nouvellement publié de Fred
Mussard, écrivain réunionnais, saint-joséphois, intitulé « Les Ames du Purgatoire ». J'ai eu
toujours un grand plaisir à lire un livre, qui encore une fois, est doté d'une écriture fluide et
accessible pour tout public intéressé. Pour moi, deux axes ou pistes de réflexion ressortent de
cette lecture : 1) d'un côté, au premier plan, le héros et son retour vers la Terre, son errance au
sein du monde parallèle et 2) en arrière-plan, le clin d'oeil que l'auteur fait à la VIE elle-même et que
de nombreux humains par orgueil, par vanité ne valorisent pas suffisamment, car ils ont vite oublié
que le biologique est figé dans le temps. Au-delà de la forme, si je me réfère au contenu et à la
trame diégétique, le livre est certainement une ballade d'un héros "non-biologique" au sein d'un
monde parallèle qu'il vient de connaître après son accident. Ce contenu suscite une vraie réflexion
sur le monde métaphysique, spirituel et le héros qui est "un être de papier" fait finalement de son
livre, un livre d'espoir surtout, pour tous ceux qui ont perdu des êtres chers, d'une manière
inattendue. Comme le dit un autre écrivain qui s'appelle Jean d'Ormesson, "la mort perdrait de son
charme si la croyance dans l'au-delà s'estompait".
J'ai beaucoup apprécié par ailleurs, la démonstration en filigrane qui confirme que les
religions n'ont plus le monopole de la spiritualité, ce qui donne de la prestance philosophique
supplémentaire au travail, augmentant ainsi l'ouverture dans l'évolution de la pensée et des
consciences, sur le chemin tant difficile à emprunter pour de nombreuses personnes, celui de la
laïcité. Mais le livre, au-delà d'un espoir en une vie post-mortelle, qu'il suscite, et à laquelle tout
lecteur (selon qu'il soit religieux, cartésien, ou spirituel), est libre d'y croire ou pas, est une réussite
dans un autre domaine : celui de la VIE. En effet, il est un véritable « coup de gueule » lancé aux
êtres humains matérialistes qui ne prennent pas suffisamment conscience qu'à un moment de la vie
biologique, l'horloge s'arrête, que les humains sont des simples mortels dont l'histoire reste figée
dans le temps. Il fait prendre conscience que l'être humain, bien qu'il se croit dominateur et
prédateur sur Terre à travers la technologie, les progrès dans tous les domaines, n'est en fait pas
grand chose à l'échelle cosmique, voire métaphysique. le travail de Fred Mussard, appelle donc à
contre-courant de l'histoire du héros, à une véritable prise de conscience sur les valeurs de la VIE
avec un V majuscule, et incite les humains à être plus modestes, moins orgueilleux. Ce livre est
davantage un livre de sagesse qu'une fiction toute simple. Il est aussi à sa manière, un véritable
hymne à la Vie et à la Joie de vivre sur Terre.
Je me permets donc de féliciter encore une fois l'auteur, pour ses travaux, en souhaitant
particulièrement au dernier-né, un voyage national, régional, et pourquoi pas international.
En ce qui concerne l'auteur lui-même, j'apprécie beaucoup ses qualités littéraires
polyvalentes car à travers :
- Rutile, il fait un clin d'oeil à l'histoire de l'esclavage et à la société bourbonnaise, donnant
ainsi à son travail, une dimension historique.
- le Retour du Buisson Ardent, il met en valeur la vie sur les bateaux et la piraterie créant,
brossant ainsi le tableau suprême d'une société utopique et libre, à laquelle aspire idéalement, tout
un chacun.
- Grand Pays est un hommage aux croyances et aux rumeurs qui ont façonné les mentalités
et la psychologie des habitants de la petite île, que j'aime beaucoup et qui est perdue dans l'océan
Indien, où baignent, dans le blanc des vagues, entre le bleu de la mer et le rouge du volcan, les
peurs des uns et les espoirs des autres. L'Histoire de cette île splendide, anciennement appelée
Bourbon ou ile Bonaparte, renferme presque 400 années de chroniques politiques, économiques,
sociales, remplies d'événements que chaque réunionnais natif ou adoptif ne doit plus nier, ni
ignorer. Au contraire, j'incite chaque Réunionnais à connaitre son passé et les « splendeurs et les
misères » de l'histoire de son île, car aller sur les traces de son passé, c'est apprendre à se connaître
soi-même, pour pouvoir affirmer et comprendre mieux son identité, son identité et sa fierté
française, sa notoriété et son appartenance européenne en tant que citoyen de région ultrapériphérique
européenne, sans pour autant oublier ses racines africaines, malgaches ou ses
influences asiatiques qui contribuent à sa construction identitaire et mentale, et qui vont lui
apprendre à relativiser les échecs, à en tirer les leçons, tout en persévérant dans ses efforts et
prospérant dans ses ambitions et ses rêves pour demain.
L'Histoire est faite du rapport passé sur présent et, c'est en s'intéressant à son passé, aux
richesses liées aux interférences culturelles que l'on peut préparer mieux, et construire avec sagesse
et ouverture, son futur. La prise de conscience de son ignorance est, pour chacun d'entre nous, un
premier pas accompli vers la connaissance, l'intégration, l'acceptation de l'autre aussi différent soitil,
et le début d'une vraie réflexion sur les sens de la tolérance, la fraternité entre les peuples et de
la notion d'humanité.
Le livre magnifique de Fred Mussard intitulé « Les Ames du Purgatoire » ainsi que ses
livres précédents, sont non seulement des excellentes idées cadeau à offrir à tous les amoureux de
la VIE, mais aussi et surtout, de véritables romans touchant à différentes thématiques, pouvant faire
l'objet d'étude dans le cadre de « lecture intégrale » pour les élèves de lycée professionnel et
général.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Un matin, j’ai eu l’impression bizarre d’être différent des autres jours. Il me semblait en effet que mon corps, au lieu d’avoir la consistance d’une masse de chair et d’os attachée au sol par l’effet de la gravité universelle, flottait comme un petit nuage, léger, compact. J’ai cherché à comprendre ce qui m’arrivait. J’ai tenté de reprendre le contrôle de mes mouvements, mais en vain. J’ai dû me rendre à l’évidence : rien n’obéissait plus à ma volonté ; je dérivais de ça, de là, comme un objet en apesanteur.
Soudain, mes narines ont capté des effluves inattendus : un mélange composé d’éther, de teinture d’iode et d’eau de Javel. Une de ces émanations caractéristiques de l’univers aseptisé des hôpitaux. Trois substances à qui est généralement dévolue la mission radicale d’éliminer les micro-organismes indésirables et qui évoquent inévitablement le combat incessant de l’homme contre l’un de ses plus redoutables ennemis, l’infiniment petit. Lorsque l’on sent cette odeur, on sait que la maladie et la mort ne sont pas loin. Aussi je me suis dit :
« Raphaël, ton corps sain et vigoureux ne souffre d’aucune maladie ; alors que fais-tu dans un hôpital ? »
C’est vrai, je n’étais pas malade : en tout cas, pas au moment de me coucher hier soir, à une heure du matin, le cœur amer, après avoir regardé France-Italie, sur Canal Satellite.
Mon étonnement était sans mesure.
J’ai perçu alors des cliquetis très légers, un peu comme des bruits de vaisselle mais en plus délicats. J’en ai déduit que mon épouse s’activait dans la cuisine, autour de la cafetière et du grille-pain. Hypothèse bien peu probable, je le savais forcément, étant donné que j’étais toujours le premier à me lever : c’était moi, invariablement, qui lui apportais son café chaud au lit ; en vingt ans de vie commune, jamais le rôle ne s’était inversé.
Nonchalamment, j’ai étendu mon bras en direction de ma compagne. Surprise : ma main n’a rencontré que le vide ; au bout de mon bras il n’y avait ni femme, ni drap, ni matelas, ni couverture. J’ai scruté ma chambre à la recherche des objets familiers au milieu desquels je m’endormais chaque soir mais il n’y avait rien sur quoi fixer mon attention : l’écran fluorescent du radio-réveil ne trouait pas l’obscurité, l’armoire en teck massif ne dressait pas sa masse robuste et tranquille contre le mur, la table de chevet ne montait pas la garde près de mon lit et mon matelas se dérobait à mes mains baladeuses.
J’ai commencé à paniquer pour de bon et à me poser des questions embarrassantes :
Et si mon corps s’était désolidarisé de mon esprit ?
Cette pensée m’est venue parce qu’une nuit, dans mon enfance, j’avais vécu une curieuse expérience : j’avais rêvé que mon esprit, évadé momentanément, ne parvenait plus à réintégrer mon corps. Epouvanté, je m’étais débattu puis je m’étais réveillé quelques minutes plus tard, en sueur, pour constater que tout était normal.
Cette fois, j’avais tout lieu de croire que c’était différent, que c’était du sérieux.
Affolé, je me suis mis à crier et à gesticuler : « Au secours ! Que m’arrive-t-il ? Où suis-je ? »
Tandis que je flottais, en frôlant un plafond blanc et lisse, avec la gaucherie d’un canard de basse-cour qui s’entraîne à voler, un remue-ménage s’est produit au niveau du sol.
Des silhouettes blanches portant blouses, masques et bonnets, s’affairaient – avec ce zèle épatant que l’on ne voit que dans les séries télévisées – autour d’un être humain étendu sur le dos. C’était vraisemblablement une équipe d’infirmières et de médecins qui tentaient, avec une farouche pugnacité, d’arracher à la mort la probable victime d’un accident quelconque. Sous la lumière vive dispensée par des ampoules puissantes, leurs ombres agrandies gesticulaient dans un ballet fantastique.
Je me suis dit : « Que fais-tu, Raphaël Lefèvre, dans cette salle blanche, aseptisée et impersonnelle » ?
L’objet de ces soins intensifs – de sexe masculin, un mètre soixante-dix environ, de type créole blanc –, doit avoir dans les quarante ans. Des électrodes posées sur son cuir chevelu transmettent à un moniteur une série de tracés sinusoïdaux accompagnés d’ondes alpha plus ou moins accidentées et complexes. Sur son visage boursouflé saillent trois grains de beauté dont la disposition et la forme ne laissent aucun doute sur l’identité du comateux.
Surprise : la face disgracieuse que je contemple avec commisération ressemble en effet étrangement à celle d’un certain Raphaël L., chef d’entreprise notoire.
Qu’est-ce que cela signifie ?

Tout à coup, il m’a semblé prendre de l’altitude et mon champ visuel s’est élargi. Sans perdre de vue le bloc opératoire où s’agitait avec frénésie le même personnel dévoué, de nombreuses autres images se sont présentées simultanément à ma vue. Dans une chambre double, deux femmes en peignoir, assises sur leur lit, papotaient en tricotant, pendant qu’un téléviseur posé sur un support mural diffusait une énigmatique publicité en faveur de « l’artisanat, première entreprise de France ». Dans un couloir sombre au parquet en damier, luisant, interminable, un aide-soignant poussait nonchalamment un chariot, en faisant claquer ses galoches. Dans un vestiaire, une infirmière revêtait sa blouse de travail avec une précipitation et une maladresse trahissant son retard.
Tiens donc, voilà que je vois à travers les murs à présent ! me suis-je émerveillé.
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