La pièce n'est manifestement pas aboutie, en témoignent ces trois petits actes disproportionnés entre eux qui se lisent en moins d'une heure. Il n'y a pas de situation initiale, l'oeuvre s'ouvre directement sur l'élément déclencheur qui va briser les liens d'amitié d'André et de Cordiani. André est un personnage assez instable, enthousiaste et mélancolique d'une scène à l'autre, traversé d'impulsions contradictoires, romantique à souhait dans la dévaluation de son génie créatif, la dilapidation au bénéfice de la femme aimée, et sa spontanéité à s'humilier pour qu'elle lui revienne. Il aurait été intéressant d'approfondir la lutte intérieure entre amour et amitié chez Cordiani, lui aussi peu construit. On ne voit pas bien l'utilité de la dernière scène, qui ne fait que montrer la transmission du message d'André, sans évoquer la réaction de la part des destinataires, alors que l'on a déjà entendu les termes frappants de ce message lors de la scène précédente, donc aucun suspense... Bref, ce n'est qu'une ébauche de pièce qui a au moins le mérite de nous laisser imaginer un beau duel et où on trouve de belles formules (la première confrontation des deux hommes après la révélation du secret, notamment) qui préludent aux pièces plus approfondies de l'auteur.
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CORDIANI : Je pense au coin obscur de mon atelier où je me suis assis tant de fois, regrettant ma journée ; je pense à Florence qui s’éveille, aux promenades, aux passants qui se croisent, au monde, où j’ai erré vingt ans comme un spectre sans sépulture, à ces rues désertes où je me plongeais au sein des nuits, poussé par quelque dessein sinistre ; j’ouvre les bras, et je vois passer les fantômes des femmes que j’ai cru aimer, mes plaisirs, mes peines, mes espérances ! Ah ! mon ami, comme tout est foudroyé ! comme tout ce qui fermentait en moi s’est réuni en une seule pensée : n’aimer qu'elle !
La gaieté est quelquefois triste, et la mélancolie a le sourire sur les lèvres.
*RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE* :
« La confession d'un enfant du siècle », _in_ _Oeuvres de Alfred de Musset,_ ornées de dessins de M. Bida, Paris, Charpentier, 1867, p. 432.
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