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Critique de Soleney


Coelio et Octave sont les deux faces d'une même pièce. L'un romantique, l'autre libertin, ils représentent tous deux la jeunesse incomprise d'une société qui les ignore. Le premier se noie dans son émotivité, ressent tout à fleur de nerf, et l'autre se cloisonne dans le cynisme, la boisson et les femmes. L'un est plein d'espoir, l'autre rempli de désillusions. Ils sont opposés, et pourtant liés par une indéfectible amitié – étrange paradoxe !
La belle Marianne souffre elle aussi de son jeune âge. À peine dix-neuf ans, déjà mariée (vendue) à un vieil homme de loi jaloux, cloisonnée dans une riche demeure, autorisée à sortir seulement pour se rendre à l'église, la rigidité de ses principes et de son éducation la maintiennent dans cet état de servitude dont déjà elle ne veut plus. Capricieuse, elle ne l'est pas vraiment. Elle aspire seulement (sans oser se l'avouer) à un peu de liberté – le féminisme de son discours le prouve.

La pièce a beau être courte (seulement deux actes), les personnages n'en sont pas moins approfondis et attachants. Les trois protagonistes souffrent d'une condition qui ne les satisfait pas (un amour sans retour, un mariage étouffant et l'absence de véritable relation) et cherchent un réconfort dans les deux autres. Coelio se jette à corps perdu dans sa passion pour Marianne, qui s'entiche d'Octave qui, bien que très attaché son ami, est attiré par elle.
Le plus étrange est que le dénouement n'est absolument pas une surprise : il est annoncé dès le premier acte. Hermia, la mère de Coelio, a déjà vécu une situation similaire : le père de son enfant a intercédé auprès d'elle pour un ami timide. Mais c'est du négociateur dont Hermia tombe amoureuse, et l'amant éploré se suicide de désespoir. Coupables, les deux amoureux se marient malgré tout et ont un enfant, fruit d'une passion honteuse.
Coelio est donc prévenu de la fin qui l'attend, et pourtant il se laisse tomber dans le piège et meurt avec panache. Comme s'il l'avait décidé depuis le début. Comme s'il cherchait à réparer le tort fait au prétendant originel de sa mère. Rien n'est dit clairement, et c'est pourquoi on peut se permettre d'extrapoler.

La première chose qui m'ait sauté aux yeux, c'est la qualité de la langue. Les jeux de mots et de sonorité, les répliques piquantes des personnages, les allusions, les reprises… Musset s'amuse avec le français, se sert des caractères de ses protagonistes pour reformuler certaines phrases – le premier dialogue entre Octave et Coelio est délicieux !

C'est une oeuvre très courte, qui se lit en une ou deux heures seulement. Un classique qui fait du bien et qui pourrait bien réconcilier des élèves avec le théâtre et la poésie…
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