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Critique de TheButterflyWhoKnits


La couverture

Elle est épurée, élégante, "classe" je dirais. Si ce n'est un détail qui a interpellé un CA (*curieux anonyme) à juste titre d'ailleurs selon moi: la place que prend le nom de famille de l'auteur sur la page! C'est à peine si on voit le titre du livre. Doit-on en déduire qu'on nous vend ouvertement le produit Musso plutôt qu'une histoire, un roman? A vous de juger... Je note que le nom de famille de l'auteur a toujours pris pas mal de place sur les couvertures de ses livres (j'ai vérifié), mais avec Demain, on a atteint des sommets (de mégalomanie?).

L'histoire

Comme d'habitude, je vais veiller à ne pas trop déflorer l'intrigue. Que dire de l'histoire en elle-même? Ma foi, elle n'est pas désagréable, je pense d'ailleurs que toutes les idées de base se valent pour écrire un roman. L'important c'est ce qu'on va en faire. Et là, encore une fois, tout est affaire de goûts personnels. Je suis tout à fait capable de lire un livre, de ne pas aimer ou de ne pas accrocher sans pour autant trouver le livre mauvais, sans être agacée par des détails. C'est en fait extrêmement rare qu'un livre m'agace et c'est pourtant bien ce qui est arrivé avec Demain.

Je vais essayer d'être claire et méthodique en vous listant les points qui m'ont détournée de l'intrigue.

1. le placement de produits: marques de voitures, de téléphones et d'ordinateurs, tout ceci semble bien commun, fait partie de notre quotidien, alors pourquoi pas dans un livre me direz-vous. A petite dose, pourquoi pas, mais personnellement, je préfère qu'on me parle du coupé gris ou du break familial rouge plutôt de que réduire le moyen de locomotion à sa marque. Quel est l'intérêt de faire l'impasse sur ce genre de descriptions? Et moi, une "camaro", je ne vois pas ce que c'est, même après avoir lu le mot dix fois dans le même ouvrage. Quant au ordinateurs, portables ou pas, quel est l'intérêt d'en connaître la marque? En plus, je trouve que ça réduit la part d'imaginaire. le sommet est atteint quand l'auteur place "M&M'"s. Déjà il nous avait fait le coup avec les Oréo, dans L'appel de l'ange (c'était un véritable matraquage, au point qu'à la fin du bouquin, j'ai acheté et mangé ces biscuits hyper chers et caloriques pendant trois semaines). Ne sommes-nous pas suffisamment noyés sous la publicité, sous les marques? Regardez un peu autour de vous, qu'advient-il de nos espaces culturels? Même mon fils qui sait lire depuis deux mois à peine s'en rend compte, lui qui m'a dit sur le trajet de l'école: "Où sont les mots maman? Il n'y a que des marques de produits partout!" Ma question est la suivante: est-ce que Musso place ces produits volontairement? Y gagne-t-il quelque chose? Ou est-il à ce point influencé par la société de consommation que les folders publicitaires ont remplacé le dictionnaire dans sa tête? Un autre CA me fait savoir que ce processus est très répandu dans la littérature américaine sans que ça soit du placement de produits pour autant. Je vais donc devoir creuser. Mais si quelqu'un s'y connaît un peu et souhaite réagir, j'attends ses lumières avec plaisir! Quoi qu'il en soit, je ne trouve pas naturel qu'autant de marques soient couchées sur le papier au cours d'un processus créatif d'écriture de romans.

2. Les poncifs et autres stéréotypes

Je vous en cite deux qui m'ont plus particulièrement interpellée.

"Avec son large choix de produits bio, le Whole Foods visait une clientèle plutôt aisée et écolo" (et bien sûr cette clientèle à tendance bobo mange des graines germées et boit du kombucha, wath else j'ai envie de dire? Il faudra que je vous parle du vrai coût de l'alimentation bio dans un prochain article).

"Elle arriva au terminal de la ligne: la station World Trade Center. Ce quartier du sud de la ville avait été complètement dévasté par les attentats. Aujourd'hui, il était toujours en travaux, mais bientôt, plusieurs tours de verre et d'acier domineraient la skyline new-yorkaise. Un symbole de la capacité de Manhattan à sortir plus fort de toutes les épreuves, pensa Emma en montant les escaliers pour rejoindre Greenwich Street. Un exemple à méditer..." (suis-je la seule à avoir envie de crier "au secours?" Combien de fois n'a-t-on pas lu ce genre de phrases "prêt-à-penser" depuis les attentats?).

3. Les aberrations

A la page 355, il se passe un truc et on se demande juste pourquoi Emma n'utilise pas internet???? Toute l'histoire repose sur l'infomatique, les mails, les ordinateurs et bien sûr la toile qui a eu sa part d'utilité aussi. Mais là, d'un coup, la seule solution est d'appeler le mari de la psy en vacances au ski qui est resté en bas de la piste pendant que sa femme est en haut... Quelque chose m'échappe. Or sachez que je ne suis pas du genre à voir les aberrations, quand je suis prise par une histoire, on peut me faire avaler n'importe quoi. Pas besoin que l'histoire soit réaliste si l'ensemble possède une certaine crédibilité.

4. La psychologie des personnages

J'aime bien quand la psychologie des personnages est fouillée, je trouve que c'est plaisant. Mais ce n'est pas indispensable non plus. Je peux parfaitement adhérer à une intrigue sans cet aspect. Par contre, ce qui me dérange plus c'est quand un personnage ne me paraît pas crédible dans ses réactions, psychologie fouillée ou pas. Et pour le coup, tant Emma que Matthew m'ont (trop) déstabilisée, je n'ai pas réussi à m'attacher à eux. Emma qui file chez LE coiffeur des stars pour être au top lors de son premier rendez-vous avec Matt, Emma qui dépense des milliers de dollars dans une tenue pour la même occasion, Matt qui demande de l'aide à Emma en lui proposant d'emblée de lui faire gagner beaucoup d'argent en échange. A un moment donné, chacun envisage même de faire beaucoup de mal à l'autre. Je pense que le but de l'auteur était de nous présenter des personnages présentant une palette psy assez variée justement (comme dans la réalité car nous sommes tous des êtres complexes), pas lisses et mièvres. Mais quelque chose fait que, avec moi, la sauce n'a pas pris, l'effet est même carrément celui du soufflé qui retombe.

Je suis plus que mitigée comme vous avez pu vous en rendre compte et assez remontée aussi car je me souviens avoir bien aimé les premiers livres de Musso (il faudrait peut-être que je les relise) et je suis donc déçue face à ce qui est pour moi une fameuse baisse de qualité. Je ne sais pas s'il publie annuellement par contrat ou pas, mais il gagnerait peut-être à être moins régulier afin de cultiver son talent (parce qu'il en a, j'en suis persuadée et il possède réellement son propre style). J'ai vécu le même phénomène avec Marc Levy qui m'a complètement perdue avec son Mr Daldry de bien piètre qualité (un vrai travail bâclé selon moi). J'espère que Musso ne tombera pas si pas. Bien sûr ce n'est que mon avis et je sais que bon nombre des critiques de Demain sont nettement plus positives que la mienne.

Retrouvez l'intégralité de ma chronique sur mon blog! :)
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