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EAN : 9782246446323
210 pages
Grasset (06/11/2002)
4.04/5   66 notes
Résumé :
C'est à Panama que Maqroll le Gabier, aventurier immortel et personnage emblématique de l'œuvre d'Alvaro Mutis, retrouve par hasard Ilona, qui a le don d'apparaître dans les endroits les plus inattendus et les plus reculés, par un temps invariablement pluvieux... Elle est la complice de Maqroll, une aventurière à sa mesure ; comme lui, elle sait que la vie est faite de hasards qui ne mènent nulle part mais qu'il faut néanmoins vivre intensément jusqu'à leurs ultimes... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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« Les tribulations de Maqroll le Gabier » Tome 2

Quel plaisir de retrouver Alvaro Mutis, sa langue éblouissante de fluidité et de beauté, ainsi que son héros récurrent, Maqroll, dont les aventures peuvent être lues dans l'ordre que l'on souhaite.

Ce marin d'eaux troubles et citoyen du monde, fin connaisseur des âmes sur lesquelles il glisse, laissant les clichés à ceux qui ont peur de les employer, s'arrêtera cette fois-ci à Panamá, en cale sèche dans un port humide, échoué sans coque à calfater sur le Pacifique, d'où même la mer semble pétrifiée.

Il y croisera par le plus grand des hasards une amie de toujours, Ilona la belle de Trieste, impétueuse comme le Bora soufflant des Alpes, partenaire idéale de cette histoire dont on n'aimerait pas connaitre la fin.

On y attendra la venue d'Abdul Bashur le levantin, autre taulier de l'univers créé par Mutis, contrebandier plus honnête qu'un starets, et la promesse d'un retour à l'errance, eux qui ne connaissent pas les règles de la vie sédentaire.

Entre temps, d'amitié érotique en raffinement alcoolique, consommés au refus d'obtempérer, aboutissant à la création d'un discret lupanar, peuplé d'hôtesses de l'air n'ayant jamais décollé.

La magie d'une histoire qui a tout moment peut basculer, dans l'indolence de celui qui sait encore raconter.
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Un ciel capricieux chargé de nuages bas, un crachin breton sans doute parti pour durer : les conditions atmosphériques appellent à découvrir « Ilona vient avec la pluie " d'Alvaro Mutis !

L'écrivain colombien, disparu en septembre dernier, a choisi pour escale littéraire en 1987 un lieu de passage entre deux océans, un isthme aux averses interminables : Panama.

Maqroll el Gaviero est le personnage emblématique d'Alvaro Mutis, son double déjà rencontré dans « La Neige de l'Amiral » publié un an plus tôt.
Cet aventurier aux pérégrinations incessantes, ce marin qui porte en lui cette folle hélice qui ne s'arrête jamais, a joué dernièrement de malchance. le bateau sur lequel il travaillait a été saisi par les autorités portuaires de Cristobal et dans le même temps son capitaine, ruiné, a mis fin à ses jours.
Après un court voyage en train sur la ligne longeant le fameux canal, voici notre loup de mer hébergé dans une pension interlope de la capitale panaméenne, soignant son mal de terre à la vodka.

Les jours passent, les économies se tarissent, les ardoises aux comptoirs s'additionnent, la mouise approche à grands pas.
« Ilona vient avec la pluie » et le ciel de Maqroll soudain s'éclaire, rien n'est plus pareil. A deux, les projets les plus extravagants fleurissent. Sortir de l'impasse panaméenne est enfin possible grâce à cette jolie femme jamais à court d'idées.

Dès le premier chapitre, la verve et la truculence sud-américaines apparaissent. Alvaro Mutis excelle dans la façon de superposer à l'histoire principale une anecdote croustillante, un souvenir loufoque, un personnage déjanté.
On apprécie pleinement la compagnie de Maqroll et d'Ilona, des débrouillards de première jamais résignés, abhorrant les situations figées, penchant toujours dans le doute du côté de l'errance.

« Ilona vient avec la pluie » : trois petites heures de lecture rafraîchissante, idéales pour se délasser d'une semaine de labeur !
Déjà se dessine là-haut un petit coin de ciel bleu...
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"Ilona vient avec la pluie", ce titre seul m'avait fait ajouter ce livre à ma PAL il y a de cela quelques années. Un titre magnifique n'est pas toujours le gage d'un roman extraordinaire : je pense par exemple au livre de Julian Barnes, "Une fille, qui danse", avec sa virgule insolite, mais qui ne m'avait pas apporté le plaisir de lecture que j'escomptais. J'ai eu un peu la même déception avec ce roman d'Alvaro Mutis : la lecture en est facile, intéressante par moments, mais je n'y ai rien trouvé qui puisse en faire (à mes yeux, bien-sûr) un roman remarquable. Mutis consacre environ un tiers de son roman à chacun de ses trois personnages : Maqroll, Ilona, Larissa mais il échoue à nous les montrer interagir entre eux. Chacun est dans sa bulle en quelque sorte et l'entrée en scène d'un personnage éclipse les autres. Si la ville de Panama est bien présente dans le premier tiers du livre, elle aussi disparait pratiquement de la suite et il ne reste alors que les tribulations de nos trois personnages-caricatures pour tenter d'assouvir notre faim (ce qui n'a pas été le cas pour moi).
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N°100 - Mars 1992


ILONA VIENT AVEC LA PLUIE - Alvaro Mutis - Éditions Sylvie Messinger

Et revoilà le personnage de Maqroll dit El Gaviero, figure mythique du voyage, éternel errant, bourlingueur, homme aux semelles de vent, incapable de se fixer quelque part et à la recherche perpétuelle d'un coin où s'arrêter, tout en ayant aussitôt la volonté de fuir. Marin en partance, il est de toutes les expéditions risquées et la routine ne saurait faire partie de sa vie. Son sac marin jamais plein déteste le contact avec la terre ferme et c'est sur le pont d'un bateau ou au fond d'une cale que notre homme reprend vraiment vie. Quand il touche terre ou fait escale, l'éternelle question qu'il se pose à lui-même est « Qu'est ce que je fais ici? », la réponse étant tout aussitôt donnée par la commande d'un (ou plusieurs)verre de vodka salvateur...
Une femme dans chaque port, il connaît tous les bouges et ses beuveries sont légendaires. Il joue avec sa vie comme à la roulette russe... et pour le plaisir du lecteur il gagne toujours, se réservant grâce à son auteur -géniteur le droit et surtout le devoir de nous faire vibrer à l'occasion d'autres aventures!
Il faut dire que l'art consommé de la narration et le style truculent qui caractérisent Alvaro Mutis sont pour beaucoup dans l'extraordinaire charisme de ce personnage qui tient en haleine jusqu'au bout le lecteur attentif et passionné.
Le voilà encore coincé dans un petit port des Caraïbes avec le cadavre de son capitaine qui vient de choisir de mettre fin à ses jours. Mais El Gaviero reste un sentimental et ses souvenirs surnagent, l'émotion revient.
Wito, le capitaine sans avenir d'un cargo au nom pompeux et peint « d'un jaune rageur » couleur queue de perroquet, Wita, sa femme morte prématurément mais qui reste la passion de son mari par-delà le trépas, leur fille qui s'est enfuie à quinze ans avec un pasteur protestant père de six enfants...! Pour wito aussi la haute mer est un refuge et quand il touche terre les ennuis commencent. Ce petit port de San Cristobal, sorte de cul de sac en mer signifie pour ce pauvre capitaine la fin du voyage. Pour lui voyager était une fuite plutôt qu'un gagne-pain!
Bref, revoilà El Gaviero dans une de ces situations inextricables et néanmoins coutumières à base de dettes, d'envies de fuir mais aussi de solutions bâtardes qui finalement sont préférées malgré les risques à cause de quelques dollars éphémères qu'elles peuvent lui procurer. C'est à chaque fois le même scénario, la même dérive, la même histoire sordide mais répétée à l'envi avec son dénouement connu à l'avance qui se traduit par une fuite d'El Gaviero et l'amer goût de l'arnaque. Pourtant « les dieux tutélaires » veillent sur lui et le tirent toujours à la fin de ce mauvais pas que lui vaut la terre ferme. Son souvenir est peuplé d'inoubliables escales plus rocambolesques les unes que les autres qui se terminent toutes au fond d'un bar tout comme ses traversées scabreuses le conduisent immanquablement devant les autorités portuaires pour y répondre de frauduleux transports...!
Il finit par croiser Ilona, femme de toujours, son double féminin, aussi friande d'aventures que lui-même, des aventures amoureuses aussi mais qui n'a avec les hommes que des relations fugaces qui ne peuvent pas ne pas plaire à El Gaviero. Ilona, personnage aussi attachant et gouailleur que Maqroll lui-même et qui comme lui a un sérieux sens de l'amitié. Comme lui elle apparaît ou disparaît mais revient toujours dans sa vie quand il est au bord du gouffre... et à la faveur de la pluie. Sa vie à elle est faite d'échecs annoncés (comme pour Maqroll) d'entreprises douteuses... mais peu lui chaut. Tous les deux vivent leur vie, vont dans le sens de leur destin et cela seul est l'essentiel. Même si ce destin est de voir mourir ceux qu'on aime.

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Quel conteur que cet Alvaro Mutis ! Il vous emmène dans les histoires les plus improbables et cela vous semble naturel. Evidemment, cela peut arriver (je n'ai envie de rien dévoiler). Et pourtant, tout esprit rationnel vous dirait le contraire.
Du plus pur esprit littéraire sud ou latino-américain. Mais avec le sentiment de lire de la vraie littérature, de la grande littérature, qu'après nous, on lira encore. Un pur régal pour moi, vous l'aurez compris. Avec un seul bémol : je suis incapable de le lire en version originale et qu'est-ce que je dois y perdre.
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Elle regardait son interlocuteur dans les yeux mais ce n’était pas lui qu’elle fixait. En fait, elle semblait chercher avec une astuce patiente et secrète, cet autre être qui nous accompagne toujours et ne monte à la surface que lorsque nous sommes seuls, pour transmettre certains messages, effacer des certitudes fragiles et nous laisser en proie à d’inavouables perplexités.
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Elle avait la rare vertu de transmettre le bonheur, de le faire éclore à chaque instant, comme ça, gratuitement, sans aucune raison, parce qu’il était en elle, dans ses gestes, dans son rire, dans son amour des gens, des animaux, des couchers de soleil sous les tropiques, des occupations et préoccupations des hommes qui étaient toujours inexplicables et enfantines pour elle.
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Nous entrions de plain-pied dans le ton normal de nos relations, fait d'un humour qui pouvait arriver à être macabre, de la constatation allègre des liens qui nous unissaient, et de sautes d'humeur qui, sans nous séparer, finissaient toujours par nous mettre sur des voies opposées.
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Nous nous étions retrouvés à La Nouvelle-Orléans après que des années avaient passé sans que nous sachions rien l’un de l’autre. J’étais entré dans un magasin de Decatur Street, qu’une enseigne arrogante et trompeuse proclamait « Gourmet Boutique ». On y exposait une collection d’objets inutiles et stupides prétendument destinés à un bar ou à une cuisine, ainsi qu’un variété d’aliments et d’épices d’origines et de marques diverses qui ressemblaient douteusement, par leur emballage, à ceux que certaines boutiques de Londres, Paris ou New York vendent soi-disant en exclusivité. Je voulais acheter un peu de confiture de gingembre. C’est une de mes passions secrètes que je conserve toujours, même dans les pires moments de pénurie. Le prix indiqué sur le pot était à ce point élevé que je me suis dirigé vers la caisse pour m’assurer qu’il était correct. Wito était là, qui payait deux boîtes de thé Darjeeling, sa boisson favorite. Avant même de prononcer un mot, nous nous sommes regardés en souriant, avec la vieille complicité de ceux qui connaissent leurs faiblesses respectives et se surprennent en flagrant délit de les assouvir. Wito insista pour régler mon gingembre après une explication mielleuse du propriétaire de la boutique sur le prix excessif du produit. Il avait cet accent de Brooklyn qui indique à l’avance que l’on perdra la partie. Nous sommes sortis ensemble. Mon ami, après avoir exprimé les plus grands doutes sur l’authenticité du thé et du gingembre en question, m’invita à déjeuner. Un cuisinier jamaïcain était à son service, qui savait préparer un jambon aux prunes digne de tous les honneurs. Le bateau était ancré devant les quais de Bienville, juste en face de la boutique où nous nous étions rencontrés. C’était un cargo peint en un jaune rageur, comme je n’en avais vu que sur la gorge des toucans de Carare. Le pont de commandement et celui des cabines et des bureaux étaient d’un blanc qui depuis longtemps avait besoin d’un coup de badigeon. Le nom du bateau n’était pas en accord avec son modeste tonnage et son apparence plus modeste encore. Il s’appelait le Hansa Stern. Susana, la femme de mon ami, l’avait baptisé ainsi. Durant sa jeunesse elle avait vécu quelque temps à Hambourg et conservait pour les grandes villes de la Baltique une admiration qui les embellissait considérablement. Wito n’avait pas voulu changer le nom, par respect pour sa mémoire. Tout commentaire était vain, mais c’était bien là un de ses traits de caractère : une volonté professorale et très allemande de vouloir tout expliquer avec une précision inutile, comme si le reste des humains avait besoin d’un surcroît d’aide pour comprendre le monde.
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Nous nous embrassâmes puis, sans dire un mot, nous allâmes nous asseoir au petit bar qu'il y avait dans le jardin, protégé par une marquise envahie de vigne vierge. Elle commanda deux vodka-tonic. Elle me regarda pendant un moment qui me sembla interminable. Puis elle me dit sur un ton ou s'était glissée une inquiétude presque compatissante :
- Je vois. Les choses ne vont pas bien, n'est ce pas ? Non, ne me raconte rien maintenant. Nous avons tout le temps du monde pour en parler. Ce qui m'inquiète c'est de te rencontrer à l'endroit précis ou tu n'aurais jamais dû échouer. Ici, il faut être de passage, c'est tout. Seulement de passage. Mais, dis moi, là, au-dedans, tu sais ce que je veux dire, là, au fond, ou tu gardes tes secrets, comment ça va ?
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Bernard PIVOT propose une sélection d'entretiens tirés des séries Apos et Strophes : - Patrick MARNHAM pour "Lourdes" (1ère diffusion le 19 février 1989), - Jacques CELLARD pour "Ah ça ira ça ira!" (1ère diffusion le 15 janvier 1989). - Alvaro MUTIS pour "La neige de l'amiral". - Claude Michel CLUNY pour "poèmes du fond de l'oeil" et "odes profanes". - ARISTIDE pour "la langue...
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