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Critique de SZRAMOWO


Le sanglier de Chirousse est une espèce rare de sanglier découvert dans les Alpes en septembre 2016. Il n’est ni cochon, ni phacochère, ni quartanier, ni ragot, ni tiers-an, mais plutôt du genre gibier, un peu bête noire et surtout solitaire.
« Le soir ressemble tellement au matin qu’elle croirait être tombée sur cette mystérieuse case du jeu de l’oie qui fait revenir plusieurs pas en arrière. Un trou de ver du quotidien. Et demain sera pareil. »
A la page 136, cette pensée de Carole, l’un des deux personnages du livre le Sanglier, résume parfaitement le roman de Myriam Chirousse. Un roman court – 156 pages – que j’ai pris énormément de plaisir a lire.
Le récit servi par son écriture, précise, réaliste, incisive, conduit le lecteur à vouloir aller jusqu’au bout de l’histoire, à vouloir savoir comment cela se termine.
Et preuve que Myriam Chirousse n’est pas dénuée d’humour, la chute du récit vous surprendra. Elle boucle, et clôt le récit sur la thématique du sanglier. Je ne vous en dis pas plus.
L’idée du roman est simple. Un couple reconstitué (ah, le vilain mot, mais je l’assume !), Christian et Carole, après en avoir « bavés » chacun de leur côtés, famille pas très compassionnelle pour lui, couple bancal pour elle, se sont retrouvés et « décident » de vivre ensemble dans la vieille maison que Christian habite à la montagne.
Ils ont fait un choix difficile, peu satisfaisant et peu glorifiant, qui peut être parfois, pour l’être humain, une tentation face à l’hypocrisie et à la superficialité de notre société, de ses valeurs et des rapports de domination qu’elle impose. Ils choisissent de s’en exclure. De vivre.
Christian, en plus de son travail régulier a la scierie, se résout aux petits boulots, censés lui donner un complément de revenus,
Carole « une fois par mois va au dépôt-vente du Villard et achète des vieilleries. Elle les recoud, les brode, les peint, les transforme. Elle met ses créations en vente sur internet, dans une boutique virtuelle dédiée aux artistes alternatifs. »
Ce choix résume leurs contradictions. Au fond, Carole souhaiterait réussir et, « …ils se disent parfois que tout ça, la scierie, les vieux habits, c’est du provisoire, qu’ils vont faire autre chose. Ils s’inventent des projets. S’imaginent autrement, ailleurs, pendant que le vent souffle sur le toit de la maison. »
Là, réside leur fragilité. Ils sont en dehors du « système » et sont perçus comme tels. Au cours de ce samedi, la journée avant Noel au cours de laquelle ils vont faire les courses au Villard et rendent visite à la grand-mère de Carole, ils accumulent les bourdes, et perdent leur temps à les réparer.
Hésitations, peurs, paranoïa, disputes, sanglots, les éloignent de leur rêve d’une journée idyllique.
Le roman est à la fois un hommage aux deux personnages même si parfois l’auteur n’est pas tendre avec eux, mais eux-mêmes ne le sont pas non plus, et une dénonciation de la vacuité de notre société. Du moins l’ai-je en partie perçu comme cela.
Il se déroule sur une journée, il est court et compact, il se lit avec plaisir, le lecteur ne s’y ennuie jamais ; les descriptions des personnages, du contexte dans lequel ils évoluent, des seules personnes avec lesquelles ils échangent, commerçants, agents de la banque, automobilistes, clients des magasin, sont réalistes, sans esbroufe et, on s’y retrouve bien.
Le rythme de l’écriture induit le sentiment d’impuissance ressenti par Christian et Carole. Au fur et à mesure que la journée s’avance des évènements inattendus, qui seraient sans importance pour d’autres qu’eux, se produisent et les empêchent de jouir de cette journée qu’ils avaient imaginée comme une partie de plaisir.
Le lecteur se pose une question, est-ce que le roman a été écrit d’un seul jet. Ce que laisserait supposer l’écriture, nerveuse et enlevée. Ou bien, l’effet obtenu est-il le résultat d’un travail acharné et réussi sur le vocabulaire, les mots, les situations…
Peut-être, si Myriam Chirousse lit, par chance, cette chronique pourrait-elle y répondre.
Une seule remarque, qui n’enlève rien au plaisir pris à la lecture de ce roman, mais c’est mon côté pinailleur :
Page 130, au supermarché, Christian est au rayon des ampoules électriques, il a du mal à choisir. On peut lire « douille ou baïonnette » à mon sens il conviendrait de dire « vis ou baïonnette » - C’est vraiment pour dire…

Merci encore Babelio et Buchet-Chastel pour l’envoi de cet ouvrage dont je recommande la lecture.




Lien : http://desecrits.blog.lemond..
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