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EAN : 9782070130429
320 pages
Gallimard (02/09/2010)
3.71/5   7 notes
Résumé :
De Paris à Berlin, en passant par New York et Amsterdam, pour son troisième roman, Mamadou Mahmoud N'Dongo nous entraîne dans l'univers des communicants politiques, doux euphémisme pour désigner ceux qu'on nomme aussi les « faiseurs de pluie » ; hommes de l'ombre, dandys cyniques ou désabusés, véritables artisans d'un succès ou d'une défaite politique ; de Mitterrand à Sarkozy, de Reagan à Obama, d'Abdou Diouf au seigneur de guerre libérien Darius Jones, c'est plus ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
INSTITUT FRANÇAIS La Géométrie des variables YVES CHEMLA - NATHALIE PHILIPPE

Des corrélations improbables par Yves Chemla suivit d'un entretien de Nathalie PHILIPPE

DES CORRÉLATIONS IMPROBABLES

La géométrie des variables, les professeurs de mathématiques nous rappellent qu’elle constitue un des départements de la théorie des probabilités, et qu’elle a pour vocation l’application de statistiques. L’analyse de correspondances rapportées à une population donnée rend possible la prédictibilité des attitudes, par le biais d’un ensemble de modalités d’agencement et de comportement de ces variables. Elle permet de traduire par des données quantitatives la variété des qualités. Les spécialistes de la communication politique l’utilisent abondamment pour parvenir, en particulier, à répondre à ces questions : si la richesse d’une population croit en étendue et en quantité d’information, cette population change-t-elle ses comportements politiques ? Quelle variable faut-il actionner pour qu’elle devienne un levier efficace, moteur d’un changement de discours, voire de posture ?
Nous savons pourtant que la réduction de la qualité à la quantité correspond aussi à une vision quantitative du monde, et qu’elle est sans doute elle-même aussi une imposture : la qualité est un événement, comme le rappelait Robert Pirsig, c’est même l’événement particulier qui permet de prendre conscience du surgissement du sujet et de l’objet. La qualité est irréductible à un résultat . Mais il n’en demeure pas moins que les agences de communication agissent sur nos propres discours, participant à l’élaboration d’un produit de synthèse, un ersatz de pensée politique, qui a pour finalité la réduction de la citoyenneté à la consommation. C’est de ce paradoxe, réel, que se nourrit le troisième roman de Mamadou Mahmoud N’Dongo, qui entraine son lecteur dans les sphères animées par les ébats de ces spin doctors désormais aussi célèbres que ceux qu’ils conseillent, et fait voyager son lecteur de Paris à Berlin, d’Amsterdam à Genève, en passant par New York. Les hommes politiques ne sont plus que les faire valoir de leur action.
Pierre-Alexis de Bainville et Daour Tembely reçoivent un prix à Amsterdam. Ils ont « réussi » l’élection présidentielle de 2007 en France, en fait, la campagne électorale. Ils travaillent ensemble depuis quelques années dans une agence, chargée de développer et de mettre en œuvre des plans de communication politique, à l’échelle de la planète. Daour a été l’assistant de Pierre-Alexis, qui a été son mentor, dans une stratégie d’accompagnement qui est une règle de fonctionnement. Très liés par une camaraderie à la fois franche mais qui sait aussi ne pas perdre son allégeance à cette technologie du pouvoir, ils vont se séparer : Daour doit rejoindre le bureau de New York, et Pierre-Alexis, celui de Berlin, pour préparer les célébrations de la chute du mur. Daour est un séducteur impénitent, et séduit Ingrid, la fille du patron de presse qui remet le prix. Ils se retrouvent à Paris, lors d’un spectacle chorégraphique, pendant lequel Pierre-Alexis retrouve son ex-épouse, devenue une célébrité dans le monde de la danse contemporaine. À New York, Daour est confronté à une situation particulière : en raison de rivalités internes à l’agence, il est sous utilisé. Avec ses partenaires, Olivia et Lincoln, il est chargé de diverses tâches, notamment celle d’étayer et de renforcer le discours d’un ancien chef de guerre du Liberia, devenu président, et de suivre certains aspects de la vie politique. Il s’agit d’une véritable activité de formation des politiques, pour qu’ils résistent aux questions des journalistes. Il est chargé notamment de participer à la campagne désastreuse de McCain et de Palin. Ingrid s’est installée à New York. Ils vivent ensemble. Pierre leur rend visite, quelques mois après leur installation. Il écrit, revenant sur sa longue expérience. Alors qu’il va prendre l’avion, il est foudroyé par une attaque.
Cette trame s’étoile sans cesse, suivant un procédé mis au point par N’Dongo dans ses textes et ses romans précédents. La brièveté des chapitres, le renvoi aux pages suivantes grâce à une mise en page aérée, accélèrent le rythme, conférant au texte une soudaineté et une évidence cinématographiques. C’est bien le temps qui est raconté dans cette écriture, mais un temps intérieur, indescriptible autrement que par les propositions qui en émanent. À partir de cette trame, ce sont les événements qui se constituent comme les espaces où se déploie le sens même de ces histoires croisées, sens qui se manifesterait, on l’a trop souvent répété à propos de l’écriture de Mamadou Mahmoud N’Dongo, comme un palimpseste. Mais cette métaphore convenue semble particulièrement inadéquate : l’histoire est limpide, pas de texte sous le texte, pas de superposition et pas de nettoyage du texte précédent. C’est au contraire à partir de la perception synoptique de toute l’histoire, que de latent, le sens prend son essor, et se manifeste à la conscience du lecteur.
Le roman est ainsi encadré par deux transcriptions d’oralité, qui semblent a priori décalées : un entretien d’un journaliste un peu brouillon avec un metteur en scène au sujet d’une pièce controversée d’un écrivain anti fasciste autrichien, Seligmann, et un entretien sans concession entre deux journalistes et un compositeur, Markus Kaiser, dont un moment est consacré justement à un projet d’opéra composé à partir de la pièce de Seligmann. Ces deux auteurs sont eux-mêmes acteurs passagers de l’histoire racontée.
Et précisément, l’enjeu est sans cesse signifié dans ces deux moments, qui donnent au lecteur la jubilation de lire l’analyse d’une pièce de théâtre et de morceaux de musiques qu’il ne verra ni n’entendra jamais. Car la posture du critique – qui demeure toujours l’objet mauvais de la littérature - est ainsi mise à mal, en particulier par ce que Kaiser déclame brutalement : « Votre génération n’a aucune culture politique ». Car c’est bien de cette panne de la culture dont il s’agit, d’un bout à l’autre du roman, et qui en alimente chaque paragraphe. Les personnages s’avancent masqués et ce masque est devenu une seconde nature, que seul, parfois, le moment de la relation, ou la qualité de la relation, permet de faire tomber. Ainsi le personnage particulièrement touchant de Lincoln : chargé de rédiger des notes politiques, il est aussi – d’abord - un très grand scénariste, renvoyé autrefois des studios d’Hollywood pour avoir écrit un dialogue énergique, mais réputé mal pensant. Il écrit désormais pour la télévision, et sous pseudonyme. Ainsi, Olivia, qui assurée de son salaire, poursuit ses recherches de géopolitique et ses publications, même si elle a été renvoyée de son université, pour avoir eu des relations sexuelles avec ses étudiants. Même au sein de la compagnie, au fonctionnement conservateur et castrateur, elle poursuit sa vie de séduction et de jouissance. Mais au delà de ces considérations, c’est aussi par le biais de la relation à l’autre que le personnage fait retour sur lui-même, et parvient à assurer ses repères et sa propre position. Ainsi Daour, qui va d’étonnement en étonnement lorsqu’il apprend que Lincoln est noir, et qu’il refuse le qualificatif de métis : « En France, écrit Daour, j’avais des origines africaines, c’est à New York que je suis devenu noir ». Le monde de la communication est avant tout celui des spécialistes de la symbolique, il ne faut pas perdre de vue cette considération.
Chaque personnage voit en lui se déconstruire les évidences proclamées, et depuis cette déconstruction, il revient sur sa propre histoire, en général mal tournée, et rarement bien vécue. Mais c’est aussi la question des rapports au pouvoir qui constituent l’enjeu : ce que l’agence a en charge de faire, modifier les comportements, les postures, les discours, elle en devient elle-même la victime. Daour se rend compte peu à peu qu’il est instrumentalisé, comme Pierre-Alexis a tenté de le lui faire comprendre. C’est le rôle de la formation, et de la transmission dans la formation que lui rappelle Pierre-Alexis dès lors qu’ils ont reçu le prix, et qu’il tente de lui expliquer que justement cette démarche se détourne résolument de la rationalisation et de la technicisation. Il lui remet symboliquement un carnet d’écrivain, dans lequel Daour prendra des notes, à New York. Au cœur de cette transmission, c’est bien le doute, que Pierre-Alexis érige en principe, et que seule l’œuvre de création rend accessible par tous, sans souci de son efficace. Le quotidien amoureux vient démentir ce que la communication parvient à simplifier en le modélisant. Or, il n’y a pas de modélisation de la vie quotidienne qui tienne : le désir, l’incursion de l’histoire dans les rémanences individuelles, les parcours induits par le hasard, les origines qui sont comme autant de sursauts des lignées, viennent contredire les ordonnancements assurés de leur prédictibilité prétentieuse. Et ce que ces spin doctors savent bien, malgré leur fonction, et non malgré eux, justement, c’est que le rapport des sociétés à leurs cultures est désormais en danger, et principalement dans le risque qu’elles prennent à les confondre avec les loisirs. Ou bien avec des jeux de rôles. C’est de cette inquiétude que le roman de Mamadou Mahmoud N’Dongo se fait l’écho.

YVES CHEMLA

***

Entretien par NATHALIE PHILIPPE

NP : Mamadou Mahmoud N’Dongo, après Bridge Road (2006) et El Hadj (2008), La Géométrie des variables est votre troisième roman. El Hadj nous faisait pénétrer dans l’envers du décor, le monde de ceux qui sont du « mauvais côté du périphérique ». On y découvrait, au travers des pérégrinations du héros éponyme du roman, les pratiques maffieuses de la banlieue nord. À l’inverse, c’est dans un univers de nantis et finalement assez mal connu que nous emmène La Géométrie des variables. Pour ce roman vous vous êtes emparé d’un sujet rarement abordé, celui des « Faiseurs de pluie », et pour cause ces hommes de l’ombre sont ces experts en communication qui dirigent les campagnes électorales des prétendants à la magistrature suprême, et par conséquent occupent une position stratégique dans la marche du monde. Quelles sont les raisons qui vous ont poussé au choix d’un tel sujet ?

MMND : En assistant, en tant que spectateur ou téléspectateur à des débats citoyens lors de différentes élections, je me suis souvent heurté aux « éléments de langage » des responsables politiques et de leurs communicants, qu’importaient les réalités auxquelles ils devaient répondre, la réponse était indéniablement, inévitablement la même : d’une grande vacuité pour les moins convaincus, et pour les plus doués : spécieuse…
Il se trouve aussi que je suis écrivain et en tant qu’écrivain, on m’a plusieurs fois demandé de donner mon avis, sur la situation artistique, intellectuelle et politique, et justement quand vous fusionner ces deux derniers éléments vous avez une figure, une condition qui n’existe que dans notre pays : l’écrivain engagé.
En France et en tous temps, les écrivains ont eut un rôle prépondérant d’éveilleur de conscience, de défenseur d’une certaine idée, moralité, étique de l’Homme, c’est ce qui fait la grandeur de la France. Ce projet d’humaniste, mieux que quiconque, les écrivains ont su le porter, voire l’exporter, de la révolution française à l’affaire Dreyfus... L’histoire de France est traversée de grands rendez-vous entre les gens de lettres et la nation ou le projet de la nation française fut appuyé par des gens de lettres, j’entends par les poètes, les tragédiens, les philosophes, les romanciers, nous sommes une nation lettrée. Et c’est ce qui fait le sédiment de la France, c’est la Langue française. L’unité Française s’est faîte au détriment des autres langues locales. En France on n’est pas seulement un écrivain français, on est d’expression française et davantage encore, l’écrivain français est une autorité morale à égalité avec un politique : on le lit, on l’écoute, on le consulte et mieux encore on le célèbre, c’est pourquoi le politique a toujours essayé de s’attacher de grands écrivains, à l’exemple de Malraux et de Gaulle.
La question qui me taraudait était ce thème de l’engagement où en était la situation de l’écrivain engagé, la place de l’engagement aujourd’hui ? Attendu qu’à l’aube des années 80, les écrivains on cessé consciencieusement de participer au débat politique, l’avènement des écrivains et philosophes médiatiques, a achevé pour les plus engagés l’envie de s’exprimer.
Donc je me suis demandé, quelles sont les autorités morales d’aujourd’hui comme le furent en leur temps des personnalités telles que Sartre, Aragon, Beauvoir, Mauriac, à la fois compagnons d’un mouvement ou bien d’une pensée, et plus j’essayais de trouver cette figure et plus je la trouvais (toutes proportions gardées) parmi des communicants, dans leurs écritures par ellipses, par slogans qui me rappelaient les Cut-up de Burroughs.

Je pense que le communicant a remplacé pour une grande part, ou plutôt a poursuivi, dans une certaine mesure, l’œuvre ou le rôle dévolus en d’autre temps, sous d’autres mœurs aux poètes, griots, historiens, conteurs, écrivains engagés auprès du conquérant, nous sommes passés de Thucydide au Storytelling.
Et mon roman : La géométrie des variables, c’est cette histoire.

NP : Vos héros, Pierre-Alexis de Bainville et son disciple Daour Tembely semblent évoluer dans un environnement privilégié mais qui semble également aseptisé : tout semble minutieusement calculé dans le moindre de leurs déplacements, ils ont peu de vie privée, bref, ils sont comme deux mercenaires au service du pouvoir… Comment avez-vous pu saisir les mœurs de ce milieu très particulier et aussi méconnu ?

MMND : « L’argent aide à supporter la pauvreté ! » m’avait dit l’un des communicant qui m’a permis de créer le personnage de Pierre-Alexis de Bainville, quand je le questionnais sur le fait qu’il passait d’un camp à l’autre.

Et pour répondre à votre question concernant ce milieu : c’est un lieu commun, mais le pouvoir isole, sans vous en rendre compte vous êtes dans une autre réalité et il vous faudra beaucoup de ressources (sans jeu de mots) pour rester lucide, pour être proche des « vrais gens », tout le monde a cru que c’était un élément de langage, mais il se trouve qu’à un moment donné vous avez besoin de répéter deux fois, de vous y reprendre à deux fois, afin de pouvoir donner une certaine existence à la personne qui vous parle.

Daour et Pierre-Alexis, ne sont pas dans le monde, comme ils aiment à le penser, mais bien à côté, on feint d’organiser des événements qui vous échappent, c’est comme pour la météo on explique le temps du lendemain, avec celui de la veille.

NP : Le personnage de Daour Tembely, à la fois disciple et condisciple de Pierre-Alexis de Bainville, qui est un jeune homme très brillant, d’origine peule, né en Europe, déclare à un moment donné, parce que Pierre Alexis est surpris que Daour étant Africain ne connaisse pas l’histoire de son continent que « son excédent de mélanine ne fait pas de lui un expert en histoire africaine ». Daour en effet semble incarner une problématique identitaire rarement abordée : il est noir, d’origine africaine mais finalement très éloigné de ce continent dont il prétend que sa connaissance « se résume à une semaine de vacances une fois tous les deux ans depuis qu’[il a] dix ans ». Est-ce pour vous une manière de vous attaquer à ces stéréotypes et de donner une autre lecture du monde ?

MMND : Tout d’abord dans la troisième partie du roman : « Moleskine in Brooklyn », Daour va se découvrir une identité africaine. En se confrontant à la réalité américaine, il va se découvrir une identité noire, et pour en arriver là, il va rencontrer à la fois, l’histoire du Libéria, l’élection de Barack Obama, mais aussi et surtout faire la connaissance de Lincol Williams, qui va agir sur lui comme un révélateur. Avec Daour, je reviens sur l’histoire des noirs américains, et plus encore de l’Amérique, du Mayflower à cette victoire historique pour les mouvements de droits civiques, qui en fin de compte est une victoire pour toute l’Amérique.

Pour en revenir à la phrase de Daour. Il y a un fort déterminisme dans ce milieu, la première question c’est d’où vous venez ! d’ou l’importance des origines, c’est un milieu de pouvoir, un milieu de réseaux, de subordination, il faut qu’immédiatement on puisse vous situer par votre style vestimentaire, vos attitudes, la manière que vous avez de vous exprimer, etc… mais aussi vos origines ethniques. Pierre-Alexis, qui est un homme pourtant intelligent, ne résiste pas à la facilité d’enfermer Daour dans un cliché, et Daour refuse d’être enfermé il lui rétorque donc cette phrase : le noir est pour lui une couleur, et non pas un habit, à la manière de Sganarelle, à qui Molière fait dire – … « et parlons des autres choses: car cet habit me donne de l'esprit. »

NP : À travers la riche expérience de Pierre-Alexis de Bainville, vous donnez à lire des processus électoraux et des formes de démocraties à plusieurs vitesses, États-Unis versus Liberia, et France versus Sénégal. Un réquisitoire en bonne et due forme ?

MMND : Dans la deuxième partie du roman : « L’épopée de l’écuyer, Pierre-Alexis de Bainville », je reviens sur 30 ans de l’histoire de la politique contemporaine. Pierre-Alexis m’a permis de mettre en perceptive l’histoire récente, et vous en arrivez au constat que tout est relativisé : tout dépend du point de vue où on se place, prenons l’élection de Georges Walker Bush ! avec toutes ses irrégularités ! Prenons les élections aux seins du PS ou de l’UMP, pour désigner leurs secrétaires ou leurs présidents respectifs, entachées de fraudes, de jeux d’appareils, de bulletins truqués. Prenons les élections en Angleterre deux partis qui alternent à plus ou moins longue échéance et qui ont plus de choses qui les rapprochent qui ne les différencient… l’occident n’est plus le référent, puisque l’occident n’est plus une autorité morale, et à mesure des décennies, on connaît les interactions, les compromissions de certains états démocratiques avec les pires régimes pour empêcher ces peuples d’accéder à la même communauté des nations, pour garantir au mieux les intérêts économiques …

NP : Le roman commence et se referme sur une interview radiophonique. La première avec le metteur en scène des Noces de Wolkenstein, pièce de théâtre polémique d’un certain Lionel Seligmann qui porte sur l’antisémitisme et l’avènement de l’extrême droite en Europe. À la fin il s’agit du grand compositeur allemand Markus Kaiser qui a composé « La Symphonies des cendres » à l’occasion de la célébration des vingt ans de la chute du mur de Berlin. Est-ce pour vous une manière de dire que le fait culturel est intimement lié au politique et que ces figures artistiques en sont le fidèle reflet ?

MMND : Je crois, il est important pour un artiste de regarder son époque, toutefois, il n’est pas dans l’obligation de la raconter, comme le dit si bien Borges : « on lit ce que l’on veut et on écrit ce que l’on peut »

NP : Mamadou Mahmoud N’Dongo, le cheminement de votre œuvre nous laisse croire que votre prochain roman sera encore une grande surprise thématique. Avez-vous déjà mis la main à votre prochain texte ? Quel thème ? Quels sont vos autres projets en cours ?

MMND : Le thème de mon prochain roman, est la filiation pour reprendre la phrase de Sartre : « J'étais un enfant, ce monstre que les adultes fabriquent avec leurs regrets. »
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La géométrie des variables entre dans cette dernière catégorie d'ouvrages pour moi. Je ne sais pas comment vous en parler. Je ne crierai pas au chef d'oeuvre. Non. Mais j'ai aimé lire ce texte dont le centre de gravité se focalise sur deux personnages : Daour Tembelly et Pierre-Alexis de Bainville. Ce sont des hommes de l'ombre. Des communicants. Ils font les princes des temps modernes en organisant leurs campagnes électorales pour ceux qui évoluent en démocratie ou en traçant la communication des potentats les plus sanguinaires. N'Dongo met en scène les dialogues entre ces deux personnes. Bainville est le mentor de Tembelly. Ils sont français avec des origines différentes, appartenant à des générations différentes. Ils jettent ensemble un regard sur ce monde des hommes de pouvoir qui les fascinent et qu'ils semblent parfois influencer. En France ou en Afrique, au Proche Orient ou en Amérique du Nord, les antennes de la structure pour laquelle ils travaillent, leur donne une vision élargie des choses. Pourtant leurs échanges restent superficiels, ils ne sont pas forcément critiques, ils laisseront certains lecteurs sur leur faim… Il me semble que l'intérêt du roman n'est pas à ce niveau quoique ces regards très actuels feront sourire plus d'un.


La relation entre Pierre-Alexis et Daour m'a paru passionnante, pleine d'humanité, filiale, chargé d'un respect réciproque. L'un donne subtilement les ficelles à l'autre pour réussir dans ces sphères élitistes. L'autre, brillant, possède les armes pour faire son petit bout de chemin. Mais leur connexion va au-delà du cadre professionnel, elle dépasse les strates des masques, pour parler de choses plus personnelles, plus intimes…


Un texte polyphonique sans que les voix ne s'entrechoquent. L'aîné commence ses longues observations sur le monde décrit plus haut, à partir de France. La recrue parle de son expérience au bureau de New York où, en particulier, il découvre qu'il est noir. Rires, mais pas seulement.


L'écriture de Mamadou Mahmoud N'Dongo est belle. Dans la forme, on reconnait le cinéaste qui sommeille chez cet auteur sénégalais comme dans plusieurs textes de Sony Labou Tansi rappelle chez le lecteur l'homme de théâtre qui écrit. On visualise donc bien tout cela entremêlé à de la critique sur l'art…



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Pierre-Alexis de Bainville, une distinguée vieille gloire, et son brillant disciple, Daour Tembely, y sont des "faiseurs de pluie" ; ces hommes de l'ombre qui, par leur expertise en géopolitique et surtout en rhétorique, font et défont les carrières des "grands" de la politique mondiale. Par les aléas de l'âge et des mutations, ils ne sont plus vraiment sur le devant de la scène (ou plutôt de la coulisse). Mais ils promènent encore, en Europe, en Afrique, aux Etats-Unis, le cynisme très professionnel de ceux qui savent et qui savent dire (ou faire dire). Et comment éviter le cynisme quand une présidence peut s'emporter par la grâce d'un plan de communication et la démocratie se vendre comme un slogan publicitaire ?
... La suite sur "De quoi fouetter un chat"

Lien : http://fouetterunchat.canalb..
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Un roman qui nous plonge dans les coulisses du pouvoir, du côté des "communicants" qui aident les politiques dans leur stratégie de communication.
Plaisant mais sans plus...
Lien : http://lecturissime.over-blo..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Je partageais son constat : en quittant la vieille Europe pour fuir les préjugés, les pélerins en avaient tout de même assez pour en remplir tout un continent.
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C'est comme cette règle stupide de laisser 20% de l'addition, il serait plus simple de légiférer.
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_ Ils sont pragmatiques, c'est vrai qu'en France moins tu connais ton sujet et plus tu t'estimeras avoir la légitimité d'en discuter !
_ A croire que si tu n'es pas payé tu ne penses pas, réfléchir ici, c'est un métier.
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C'est comme cette règle stupide de laisser 20% de l'addition, il serait plus simple de légiférer.
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Ici je suis un Noir avant d'être un individu.
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Des mots et débat du 10/01/2014 Mamadou Mahmoud N'dongo
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