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marcedouardnabe.com (01/01/1900)
3.96/5   51 notes
Résumé :
Le livre raconte les six jours d'un écrivain qui arrête d'écrire après avoir été viré par son éditeur. Il est pris en main par Jean-Philippe Bouchard, blogueur, qui lui fait découvrir les années 2000. Le roman rend compte du Paris de l'époque découvert par les yeux de l'ex-écrivain quinquagénaire. Il fréquente des univers qui sont autant de thèmes développés dans le livre : le monde littéraire, celui de la mode, de la téléréalité, d’Internet, des séries télévisées, ... >Voir plus
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Reflet flamboyant d'un Paris en pleine déconfiture morale, métaphysique et en train de se consumer (« La Ville Eteinte » devrait remplacer le surnom de « Ville Lumière » !), l'homme qui arrêta d'écrire est surtout l'histoire d'un écrivain qui passe une période de troubles, tel un Dante entrant dans cette sinistre forêt du Doute, qui l'amènera ensuite à franchir les portes de l'Enfer.
D'ailleurs, il est assez évident de constater que ce roman est bourré de références à la Divine Comédie, ne serait-ce par sa structure en trois parties (Enfer –Purgatoire – Paradis) et par certains personnages (Jean-Phi le Blogueur étant le Virgile accompagnant l'auteur dans sa traversée jusqu'au Paradis, Emma incarnant ensuite la Béatrice du Paradis…)

L'auteur ne veut donc plus écrire. Il décide de « vivre la réalité » et donc accepte de laisser triompher le mensonge du matérialisme, d'entrer pleinement dans cette modernité infernale. Il y a beaucoup de passages marquants dans cette première partie. On y voit des célébrités désabusés du petit écran, des stars pas vraiment éclatantes se trémousser dans le Baron, une boite de nuit « branché » c'est-à-dire sinistre et triste. On se marre franchement dans certaines scènes, comme la conférence de presse de Canal+ ou la réunion des écrivains dans le Train Bleu de la Gare de Lyon. Tout ces gens ne sont pas heureux. Personne ne semble savoir ce qu'est l'écriture, tant ils sont agités et incapable de prendre du recul. Ils vivent dans le temps présent, sans passé, ni futur (et donc espoir). Ils ont laissés toute espérance dans ce Paris infernal.

Vint ensuite le temps du Purgatoire, qui se métamorphose dans une nuit dans l'hôtel Amour, où l'on fait connaissance avec les âmes qui ont vécu l'enfer, mais qui ont décidé de se repentir. Certains personnages sont réellement attachant, Zoé qui aime les écrivains, Liza et son « Non, je rigole ! ». C'est dans cette partie que l'on rencontre un des dialogues les plus longs du livre, entre l'auteur et le « Libre Penseur » sur les attentats du 11 septembre. Si on comprend le but de l'auteur de montrer que la thèse complotiste est ringarde et fausse, on s'agace un peu de la longueur de l'exposé.

C'est finalement avec la disparition du Jean-Phi dit Virgile et l'apparition de cette Emma dont l'auteur tombe amoureux que l'on rentre réellement dans le Paradis à travers la remontée des Champs-Elysées parisien. Beaucoup plus symbolique et parfois ponctué de scènes étranges sinon absurdes sur le coup, on y croise des personnages qui sont encore dans l'estime de l'auteur, je pense en particulier à Alain Delon, dernier modèle de l'acteur vivant français.
L'homme qui arrêta d'écrire va peu à peu recommencer à penser à l'écriture grâce à la Femme. Il ne vivre pas avec elle, mais elle lui donnera l'impulsion pour reprendre l'écriture à nouveau. Emma le dit dès sa première rencontre avec l'auteur, « Tout est circulaire chez vous ». Un éternel retour. On ne se défausse pas aussi facilement de l'écriture ! Elle reviendra d'une manière ou d'une autre. Et cette épopée dans ce Paris postmoderne formera une excellente trame pour écrire un roman. La boucle est bouclée.

En fin de compte, après avoir lu cet ouvrage, il est tout à fait compréhensible que les milieux éditoriaux actuels ne lui aient pas décerné de prix littéraires. La vanité et le mépris ont eu raison de l'originalité et de la joie de ce livre. Certes, il n'est pas parfait, on ressent certaines longueurs par moment, mais c'est véritablement un livre puissant et plein d'espoirs au fond. Pas forcément sur notre monde actuel, mais sur les âmes vivantes qui restent encore présente ici-bas. Et il y en a ! Il y en a…
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L'homme qui arrêta d'écrire
Marc-Edouard Nabe
Auto-édité

Le narrateur, un auteur sulfureux rejeté par les siens, en marge du système, arrête d'écrire après avoir publié vingt-sept livres que presque personne n'a lu.
A la sortie du magasin H&M il rencontre Jean-Phi, un bloggeur semi-ignorant, à mille lieues de son monde d'ex-écrivain avec qui il se lie pourtant d'amitié.
C'est avec ce Virgile guidant le narrateur à travers les neuf cercles de l'enfer parisien des années 2000, qu'il arpente les rues, les bars, les expositions d'art contemporain, les premières théâtrales, les restaurants tendance, les conférences de presse ; tout ce vide auquel il est confronté lui laisse un goût de vomi dans la bouche.

Un mot tout d'abord sur le roman, autoédité.
Marc-Edouard Nabe a envoyé paître les maisons d'éditions qui exploitent les auteurs, ne leur versant que 10% de la vente. le livre, très bel objet dépourvu de tout superflu, sans quatrième de couverture, sans tranche, ressemble à un cercueil, peut-être celui prochain de l'édition classique. Affaire à suivre.
Commençons par oublier tous les lieux-communs stupides (antisémite, pro-islamiste, pro-terroriste, fasciste, communiste, xénophobe, etc.) que l'on colle depuis vingt-cinq ans à l'auteur du génial Régal des vermines pour ne nous occuper que du texte qu'il nous propose.
L'homme qui arrêta d'écrire est un livre exceptionnel comme on voit peu, témoin d'une époque de vacuité sans précédant où la culture institutionnalisée a remplacé l'art et la création. La débilité succède à la pensée et les imposteurs se prennent pour des écrivains qu'il prend le soin de dénoncer...
Tout le monde en prend pour son grade. Nabe dresse comme à son habitude des portraits crus et cruels des traitres, ainsi les appelle-t-il, qui ont vendu leur âme, les "Bernard-Henri Levit" ou les "Philippe Soller" (noms volontairement mal orthographiés, comme pour en faire des caricatures d'eux-mêmes).
Le narrateur déambule dans ce Paris des années 2000 post 11 septembre qu'il a du mal à reconnaître, au gré de rencontres surprenantes, avec ses nouveaux amis, Jean-Phi le bloggeur, Zoé la jeune arabe amoureuse des écrivains, Kahina sa sublime soeur, la pétillante Liza qui finit toutes ses phrases par « je rigole », Pat le styliste noir et gay, fan de Patrick Besson, etc.
Il croise sur son chemin de croix parisien "Alain Delons" parlant à un clochard et s'apprêtant à entrer en scène au théâtre Marigny, Adam X, ancien acteur porno nostalgique de la grande époque du X, son amie Magalie, une pute ivoirienne qui cherche à retourner dans son pays, Thierry Ardisson dans un club échangiste, la liste est longue.
Paris est devenu Babylone, sans sa dimension orgiaque, sans son grain de folie.
On va avec le narrateur à un vernissage d'art contemporain au Palais de Tokyo, au cours duquel Catherine Millet se prend un pot de Jean-Pierre Raynaud, son protégé, sur le visage. Nabe fait un plaidoyer désespéré en faveur de l'art contre la culture.
On assiste à une conférence de presse donnée par Canal+ au théâtre du Rond-Point,dont le seul intérêt reste la paëlla que l'on sert à la fin, et à une assemblée réunissant tout le gratin de la presse nationale qui tente d'endiguer son hémorragie face à Internet sans remettre en question sa médiocrité.
L'humour caustique de Nabe nous accompagne au cours de ces presque 700 pages.
On rit, méchamment, mais sans malice et ça fait du bien. La langue est belle, juste, simple, parée parfois de métaphores filées.
Le travail de « mise en écriture » de la vie du narrateur est bluffant. Nabe écrit comme le fit Proust en son temps pour sauver les meubles de son époque.
Son écriture se penche de façon obsessionnelle sur la mémoire, l'autobiographie, l'autofiction. C'est jouissif ! Remarquable.
On pourra l'accuser de tous les maux, réactionnaire, outrancier, mégalo, etc., mais ses livres ont une profondeur que l'on trouve trop rarement dans la littérature contemporaine. N'est-elle pas là d'ailleurs pour déranger notre esprit petit-bourgeois. Un bon coup de pied dans le cul du lecteur, ça n'a jamais tué personne!
Lisez Nabe! Urgemment, désespérément !

FAA

http://faranzuequearrieta.free.fr
Lien : http://faranzuequearrieta.sk..
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Enfin un bouquin qui parle réellement de ce qui se passe maintenant, c'est à dire pas grand-chose. du très bon Nabe, mais du Nabe un peu light tout de même... Toujours caustique mais désabusé, l'écrivain qui n'écrit plus jette un regard sur le Paris d'aujourd'hui, en pleine déconfiture. Tout le monde en prend plein la gueule et c'est mérité, donc forcément jubilatoire ! Pourtant, si on rit souvent, le constat est amer, et tout ce petit monde est carrément pathétique. Bien sûr, on le savait déjà, mais Nabe enfonce le clou comme d'habitude.
La forme romanesque va bien à Marc-Edouard, qui sait rendre ses personnages attachants. (Mention spéciale à ses jeunes amis, notamment Liza la fofolle du groupe.)
Bref, un véritable écrivain, et sans doute un de ses meilleurs livres, dont on dévore les 700 pages comme un paquet de chips. Un bémol toutefois concernant le passage sur Le Libre Penseur, la théorie du complot et le 11 septembre, que j'ai trouvé un peu longuet. Et pour finir, certains moments carrément énervants, car Nabe critique tout de même constamment une basse-cour dont il fait bel et bien partie intégrante. Un côté "Les people parlent aux people" assez irritant au final. Sur ce point, "L'homme qui arrêta d'écrire" ne plaira pas à tout le monde, c'est certain. Heureusement, il y a le style, et à ce niveau le livre est parfaitement réussi, une véritable fessée donnée aux plus gros vendeurs de la "littérature" française, dont le principal talent consiste à faire croire qu'ils en ont !
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ENFIN!! Depuis cet été, j'essaie désespérément de finir ce livre. J'ai littéralement subi cette lecture... Non pas qu'il soit mal écrit ou inintéressant. Mais le personnage principal qui n'est autre que l'auteur lui même est juste "détestable"! Soit je suis complètement inculte pour comprendre la portée de la pensée de Nabé, soit ce personnage est vraiment prétentieux! Ses trois mots préférés sont "noir", "arabe" et "pute". Il est complètement irrespectueux et imbu de sa personne. Un vicieux qui fait son intéressant en étalant sa culture personnel et ses connaissances mondaines dans chaque page! Si je n'ai pas mis la moitié d'une étoile mais une étoile complète sur cinq, c'est uniquement parce que j'ai perfectionné ma culture personnelle avec à chaque page des recherches pour savoir qui était la nouvelle victime de la critique mal placée de Nabé. Ce qui m'a énervé au plus haut point c'est la façon de ce ridicule écrivain de dire qu'il est sans le sous dès les premières pages, pour au final dépenser à tout va pour des futilités!
Bref, j'ai rarement voulu me retrouver face à un écrivain et le déchiqueter en morceau (la dernière fois c'était face à la lecture de l'horripilant Cinquante nuance de Grey, c'est pour dire comment j'ai apprécié ce livre).
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Première observation : le lecteur n'est pas pigeonné par Nabe l'auto-éditeur, bien au contraire. Papier de qualité, présentation élégante, un beau pavé noir qui fait envie en ces temps de livres en octets, ca fait toujours du bien. Cela faisait un moment que l'auteur me titillait, et n'ayant pas encore réussi à mettre la main sur le fameux "régal des vermines" je me suis employé, pour mon galop d'essai, à la lecture de son dernier ouvrage. Au final, un ressenti mi-figue mi-raisin ; de belles envolées, des vrais passages littéraires très bien tournés côtoient des vagues de moments ennuyeux à souhait, qui plus est dans une écriture roman de gare des plus banales... Certes, 700 pages sans chapitres ou coupure dans le récit, cela force le respect. Nabe mène le récit d'une main de maître, on sent tout de suite que ce n'est pas son premier livre ; à contrario, certains passages sont risibles. Bien que le but de l'auteur soit l'immersion dans un monde futile, vide et faussement décadent, son écriture se perd parfois dans un style lui même vide et futile, mais d'un vide non pas littéraire mais bel et bien banal et mal écrit. On peut toujours réfuter que c'est "fait exprès" et qu'il est vraiment trop fort, mais c'est un peu léger quand même. Une bonne centaine de pages à virer selon moi, notamment l'interminable rencontre finale avec Emma, et son éloge appuyée et vaine (tandis qu'en parrallèle les passages sur les putes des bas fonds parisiens sont très réussis). Reste un arrière goût de frustration une fois la lecture terminée, sur cette écriture terre à terre qui plombe littéralement la crédibilité d'un auteur pas avare en auto-congratulation. Nombrilisme assez soulant aussi car n'apportant pas grand chose au récit. Sur le fond, pas de critique particulière à formuler, c'est souvent drôle et intelligent (la fusion du journal unique et la remontée en forme de bouquet final des Champs notamment). Une critique plutôt habile d'une vie mondaine à bout de souffle, d'une société en perte de repère, vautrée autour d'un veau d'or en toc. Bon, le côté réac est parfois juste, parfois pathétique, mais cela reste jouissif de lire un avis tranché, un personnage entier en ces temps de pudibonderie. Nabe le justicier est même assez touchant, anar de droite inclassable enfilant sa plus belle armure et ses plus belles flêches qu'il décoche à des idoles en plastique (as t-on vraiment besoin de taper si fort sur Denisot, la Star Ac ou Beigbeder ? Qui les prend vraiment au sérieux...).
Un livre qui ne laisse en tout cas pas indifférent et qui me donne envie de poursuivre la découverte des écrits de l'auteur.
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Citations et extraits (40) Voir plus Ajouter une citation
– Pardon de vous déranger, me dit alors un jeune homme en se penchant vers moi. Est-ce que je pourrais avoir un autographe s'il vous plaît ?... Vous êtes pour moi le plus merveilleux des écrivains, celui qui a changé ma vie. C'est bien simple, je vous adule.
– Vous me flattez, lui dis-je, mais je suis désolé, je n'écris plus, même mon nom, surtout mon nom...
Un peu interloqué, il me demande :
– Mais... Est-ce que je peux au moins vous serrer la main ?
OK, j'accepte, et le type qui a de grands yeux bleu délavé me serre la main. Quelle horreur. À ce niveau-là ce n'est même plus moite que ça s'appelle, mais poisseux, boueux, crémeux... J'ai la sensation d'avoir enfoncé ma main droite dans un trou du cul plein de merde. Dès qu'il me la desserre, je regarde par acquit de conscience... L'obscurité du Baron aidant, je me demande si en effet ma main n'est pas souillée de son caca... Je sens mes doigts, ça pue en plus. Lorsque mon fan se redresse, je m'aperçois que sur son visage même, il a des excréments sur les joues et le front... Ça ne peut pas être des traces de chocolat... Je montre à Zoé qui ne voit rien. Mais oui, il a bien des marques de merde sur le visage, ça lui fait comme de grosses gouttes qui dégoulinent... Sa transpiration est merdeuse. Mon adulateur était tellement ému de me rencontrer qu'il a sué de la merde. Je n'explique pas ça autrement sachant très bien ce que je peux provoquer chez mes admirateurs les plus ravagés, et ce depuis le début...
– Vous exagérez... me dit Zoé.
– Pas du tout. Tu ne sais pas ce qui se passe dans le ventre des lecteurs qui prétendent me comprendre et m'aimer, ça déborde. J'en ai eu des fans, et des bizarres... Il y en a de toutes sortes... le fan qui m'adore, puis me déteste, puis qui me réadore en disant pourquoi il m'avait détesté, souvent c'était juste parce qu'il avait lu un mot qui lui avait déplu sur des milliers de pages... Les femmes ne sont pas en reste, j'en ai vu une qui ne pouvait me dire que des vacheries par émotivité. Elle en était consciente. Elle me disait, toute rouge : « Je vous adore mais ça me fait un tel choc de vous rencontrer que je ne peux pas vous dire autre chose, les crapauds me sortent de la bouche. »
– Curieux.
– Un aussi qui, toujours par timidité, ne me parlait pendant deux heures que de ses problèmes de trains, d'horaires, de circulation, multipliant les anecdotes microscopiques avec des gens sans intérêt, avant de repartir sans m'avoir dit un seul mot sur mes livres ni sur ce qu'ils lui apportaient... Un autre fan encore m'appelait en pleurant à chaudes larmes au téléphone, parce qu'il s'en voulait d'avoir fait une gaffe dans une de ses lettres, il ne voulait pas que je le méprise pour ça, j'étais obligé de le consoler, il me demandait pardon, et bien sûr, dans sa lettre suivante, recommençait de plus belle.
– C'est carrément des rapports sado-masos, s'étonne Zoé qui ne doute de rien, plongée dans son rêve d'idéalisation de la littérature...
– J'ai même connu un fan qui s'est tapé quatre fois de suite la lecture en continu des quatre tomes de mon journal intime, soit 3 914 pages multipliées par 4 égalent 15 656... Arrivé à la fin, où j'avais trente et un an et plusieurs livres publiés, il enchaînait sur moi à l'âge de 24 ans où je finissais mon premier manuscrit. Ça veut dire que pour lui, après le 17 septembre 1990, on était automatiquement le 27 juin 1983, et ce trois fois de suite... Ce jeune homme revivait sept ans d'une vie qui ne le concernait absolument pas, et en boucle, jusqu'à se donner la sensation nauséeuse du mouvement perpétuel de la résurrection du temps, d'un autre temps, celui précédant sa propre naissance. Ça lui a pris plusieurs semaines pendant lesquelles il ne vivait pas sa vie mais la mienne, quatre fois la mienne, et sans surprise. C'est-à-dire que sa vie était de me vivre et de me revivre. Comment n'est-il pas devenu fou ? Mystère... Ah, j'ai bien fait de détruire la suite de mon Journal, en le brûlant je l'ai effacé d'avance de la vie des autres.
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- “Qu’est-ce qu’on peut voir sur scène aujourd’hui ?
- Pas grand-chose…Où bien des pièces de demi-boulevard avec des acteurs vedettes de la télé ou du show-biz, ou bien des classiques montés bas de gamme ou intellos, mais dans les deux cas toujours en les massacrant dans les plus grande largeurs, et sans jamais sortir du système Molière-Racine-Shakespeare-Corneille-Techkov-Feydeau…Combien de mouettes dans la tempête ont lâché leur guano sur des Cids avares pestant contre des plaideurs de chez Maxim’s ?...Ou alors des « créations » avec des textes ineptes, faiblards, de soi-disant auteurs d’avenir et qui ne sont en fait que des scénaristes amateurs de BD. Ou encore des adaptations d’œuvres littéraires pas du tout faites pour la scène, ou bien encore quelques prestations crépusculaires de vieux pitres très cabots au cinéma des années 60 qui ne veulent pas décrocher, et s’exhibent pathétiquement, seuls à plusieurs, dans des lectures de correspondances, des numéros de cirque, des imitations. AH ! J’oubliais le pire : tous les ans une ennuyeuse avignonnerie quelconque aux frontières de la danse, de la performance contemporaine et surtout du n’importe quoi. Et enfin, des one-man-shows et autres stand-up de chansonniers ou ringards ou new style, « interprétés » par des tas de jeunes abrutis vulgaires et démagos, inspirés par les tracas du quotidien le plus terre à terre.
- Mais c’est incroyable ! ça n’existe donc plus une pièce directe, franche, sur un grand sujet, avec un texte bien joué dans une mise en scène simple et recherchée, qui dise quelque chose de profond et de drôle sur le monde tout en mettant en valeur le sens du théâtre ?
- Non”
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C'est la première fois qu'une époque semble être fière de ne plus être historique, même les punks qui prônaient le No future, et qui le revendiquaient, avaient encore la force de réagir à quelque chose, fût-ce à leur indifférence. Vous n'êtes même pas nihilistes, quelle tragédie! On est obligés de s'adresser à vous comme à des enfants vierges, handicapés, amnésiques, ignorants, incapables de se concentrer. Je le vois bien, dès que je fais allusion à une force du passé, ça suscite un inintérêt flagrant. Vous êtes tout de suite agacés comme par de la nuisance sonore, parce que vous êtes saturés d'informations accessoires qui parasitent votre attention.
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Et les deux têtes d'Antijouir nous quittent. On les voit de dos s'éloigner jusqu'à la sortie. Je les regarde. Trentenaires sans fesses, pas de corps, bébés maigres... Ils détestent les invitations: ils y voient anguilles sous roche, mais les anguilles, c'est eux. Toute proposition les perturbe. Rien à faire, ils sont dans la peur des confrontations. Tout enthousiasme est vu comme une pression, la vitalité est malsaine, elle est prise pour l'agression. pour eux, tout est "intéressant", mais comme rien au fond ne mérite qu'on y consacre sa vie, autant s'intéresser au moins de choses possible. Surtout pas de passion pour le vrai, le dur, le fort. Tout pour le faux, le mou, le faiblard. L'énergie, c'est pas cool...
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Le système est arrivé à écarter même les natures les plus curieuses. On vous a rendus allergiques à ce qu'il y a de meilleur avec de la culture de masse. On a entretenu délibérément la confusion entre le bon et le nul pour bien vous dégoûter du bon.
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