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Michel Chrestien (Traducteur)
EAN : 9782070384624
267 pages
Gallimard (21/02/1992)
3.81/5   114 notes
Résumé :
" Lorsque j'ai commencé à écrire Pnine, j'avais un projet artistique précis : créer un personnage comique, pas séduisant physiquement - grotesque, si vous voulez - et le faire ensuite apparaître, par rapport aux individus soi-disant normaux ", comme, et de loin, le plus humain, le plus important, et, sur un plan moral, le plus séduisant. Quoi qu'il en soit, Pnine n'a vraiment rien du bouffon. Ce que je vous offre, c'est un personnage tout à fait nouveau dans la litt... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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"Pnin" est le deuxième tome de la trilogie américaine de Nabokov, commencée avec "Lolita" et achevée avec "Feu pâle". J'ai beaucoup aimé ce livre, comme je m'y attendais. Nabokov est un écrivain hors normes et quoiqu'il ait pu raconter ici m'aurait sans doute enchanté. Il faut dire que la grande force de ce livre tient à son écriture élégante et ironique.

Il est clair pourtant que le sujet est mince, très mince : on suit quelques années de la vie pas très aventureuse d'un doux professeur Tournesol russe, Pnin, exilé sur le sol américain, dans un petit job sans envergure, à la fin des années 50. Nabokov s'amuse même à nous rendre le sujet caricatural quand il passe des pages à décrire des non-événements comme l'emménagement dans une nouvelle chambre , un cours difficile, une visite dans une bibliothèque de la fac, un dîner avec le fils d'une amie etc...
Cela pourrait être mortel mais c'est sans compter sur l'extraordinaire prose qu'il nous déroule et qui rend l'accumulation de ces petits détails, de ces milliers de petites digressions complètement absorbantes et parfois hilarantes. Qu'il achète un ballon de foot, ou qu'il s'énerve sur un livre ou rate son bus, Pnin capte constamment notre attention grâce aux descriptions hors pair d'un narrateur omniscient qui semble flotter à la surface de l'histoire et ne se matérialisera dans le roman qu'à la fin du livre.

Nabokov profite du ton léger et flânant de son livre pour y faire maints commentaires sur le monde américain. J'ai bien aimé sa façon de s'en prendre clairement à Charlie Chaplin, lui qui invente en Pnin un personnage qui nous rappelle Max Linder... Il charge également férocement le monde de la psychanalyse et fait une satyre très amusante des pratiques et des tests ridicules de la psychanalyse freudienne et qu'il présente comme une escroquerie.

Le ton léger du livre est contredit à maintes reprises par de soudaines plongées dans les souvenirs, qui vous arrache à cette morne suburbia américaine (superbement capturée par Nabokov , avec ses rues, ses diners, ses voitures, dans ses moindres détails) pour vous entraîner sur les rives du lac Dagoda , dans les rues de Saint- Petersbourg, ou dans un café parisien. Car Pnin est un émigré russe, échappé de justesse à la Révolution russe et qui flotte au sein d'une communauté russophone déracinée composée d'intellectuels et d'artistes. La littérature russe s'invite donc au sein de la banalité des choses, avec en plus une nostalgie, une douleur, qui frappe soudain autant le héros du roman que nous autres lecteurs. Il y a du Proust je trouve dans ce petit chef d'oeuvre...

Nabokov nous propose une comédie certes, mais peu à peu son livre prend une épaisseur qui surprend et fascine, et c'est la bêtise humaine ,illustrée dans les camps de concentrations et le massacre de vies humaines belles et fragiles (un très beau moment avec le souvenir d'une femme qu' a connue Pnin) qui entre dans le champ de notre lecture et transforme le livre en une réflexion assez amère sur la perte des êtres chers, la fin de l'innocence, la perte de son pays, et la dilution de son être dans un quotidien étranger. Pnin et ses anecdotes sont attachantes, Pnin et ses souvenirs sont réellement touchants.

Le livre s'achèvera sur une déconstruction très rusée du récit, en se caricaturant lui-même (un personnage se met à re-raconter le livre) et en faisant apparaître au grand jour le narrateur et sa créature dans une saisissante image d'un personnage qui littéralement fuit le roman et son auteur. C'est superbe et saisissant.

Si vous n'avez pas encore lu "Lolita", ne tardez plus à découvrir ce chef d'oeuvre, et quand vous aurez aimé Lolita, vous adorerez Pnin. Je recommanderais de ne pas le lire d'une traite, car chaque chapitre est plutôt à savourer, comme une chronique malicieuse et élégante.
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J'ai beaucoup aimé ce roman, par lequel je découvre Nabokov.

Y est décrit la vie de Pnine, professeur d'origine russe, aux allures d'éternel perdant et second rôle, dans une université américaine.

Et ce perdant que sa femme a quitté, qui n'a une charge de cours et ce, uniquement, parce que le titulaire principal lui donne quelques heures et le protège du mieux qu'il peut, arrive à séduire le lecteur.

Une très belle incursion dans l'univers de cet auteur, plus russe qu'américain à mon estime.
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Ce livre conte l'histoire de Timofey Pnine, un émigrant russe vivant et enseignant à l'université de Waindell. Ce Pnine, très "pninien" est un personnage tout à fait haut en couleur : intellectuel qu'on ne juge pas tout à fait à sa juste valeur, qu'on pense parfois "bête", maladroit autant que tête en l'air, il se trompe souvent dans sa vie et fait des choix vite regrettés. On le découvre alors qu'il prend un train pour donner une conférence dans une ville voisine, et qu'il est anxieux à l'idée de rater son entrée en scène et de perdre ses notes. Il va, évidemment, se tromper dans son discours mais aussi dans ses correspondances, ce qui est quelque chose de tout à fait pninien. Il va ensuite trouver un nouveau logement chez les Clements où il sera apprécié pour la singularité de ses discours ainsi que pour sa vie excentrique.

A mesure que le roman avance, on en apprend plus sur ce drôle de personnage : il fut marié avec une très jolie mais médiocre poétesse Liza, avec qui il fut venu aux États-Unis alors que la révolution de 1919 éclata en Russie. le couple paraît pour le moins étrange, lui aussi, car Timofey et Pnine sont opposés en presque tout. Alors que lui aime la lecture au coin du feu, elle parait vivante et en quête de mondanités. le mariage ne durera pas, et Liza s'en ira avec un autre énergumène, Wind, collègue de Pnine. On découvre d'ailleurs Liza alors qu'elle essaye d'abuser de Timofey pour lui extorquer de l'argent destiné à Victor, le fils qu'elle a eu avec lui et demande à Pnine de l'accueillir pendant quelques temps. Il semble que tout le monde profite du pauvre Timofey, qui est trop concentré sur sa littérature et ses cours pour réaliser ce qui se passe autour de lui. Son fils le révère, son ex-femme l'utilise et ses amis le méprisent, ce qu'il est bien incapable de voir. Toute ses relations seront un échec, dans un sens ou dans l'autre.

Le narrateur, qui est inconnu au début du livre, semble être un autre émigré russe. Entre lui et Pnine existe une sorte d'antipathie même si on ne les vois jamais se rencontrer. Mais à travers l'histoire de Timofey Pnine on découvre celle plus générale des émigrés russes au Nouveau-Monde. On remarque un sentiment général peut généreux, où chacun essaye de se trouver sa place même si celle-ci n'est de loin pas brillante. On voit certains personnages s'en sortir et posséder de belles demeures, mais aussi Pnine qui s'accroche à ses rares reliquats, un bol ou un livre. Malgré tout, le personnage principal se révèle être attachant dans cette naïveté un poil infantile et cet espèce de détachement qu'il a vis-à-vis du monde extérieur à ses pensées pniniennes. Ce n'est qu'à la fin du livre seulement qu'on le verra se rebeller contre ses collègues qui se moquent ouvertement de lui, et d'ailleurs le livre se conclu sur un chapitre où le narrateur passe une soirée à écouter un homme se moquer de lui allégrement.

Pnine, le roman, présente un personnage atypique mais au lieu de regarder la façade grotesque uniquement, on est amené à découvrir petit-à-petit diverses facettes de cet homme particulier, bien au-delà des simples apparences. On peut reconnaitre ici le travail de Nabokov, qui s'est certainement inspiré de sa propre expérience, qui a dû le faire rencontrer nombres expatriés russes sur le continent américain. Mis à part cela, le livre est plutôt pauvre, aucun réel scénario ni avancée notoire chez Pnine qui reste fidèle à lui-même du début à la fin de l'ouvrage. Certains passages sont d'ailleurs particulièrement ennuyeux alors que d'autres font sourire. Nabokov est un romancier reconnu, mais je doute que Pnine doive faire partie du canon à lire pour découvrir son oeuvre. Il faut recommander Ada ou l'Ardeur ainsi que le célèbre Lolita qui ont bien plus de qualités littéraires que Pnine, qui fait plus office d'exercice littéraire qu'autre chose.
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Timofeï Pavlovitch Pnine, la cinquantaine, est un savant russe qui enseigne dans une université aux Etats-Unis. Il a immigré en 1940, après un long séjour à Paris où il avait trouvé refuge après la révolution bolchevique. Ce n'est pas pour ses talents de pédagogue qu'il est employé par cette université (il y donne des cours de russe, alors qu'il est titulaire d'un doctorat de sociologie et économie politique), mais plutôt pour son excentricité qui détonne dans le milieu universitaire : « Pnine, cependant, en dépit de ses lacunes très réelles, gardait un charme dont le Dr Hagen son défenseur convaincu, affirmait aux membres du Conseil d'Administration de l'université de Waindell qu'il constituait un de ces précieux articles d'importation pour quoi il valait la peine de payer le prix en devises fortes ». On se moque de lui, on ne le prend pas au sérieux, mais on l'aime, en particulier ses étudiants, « en raison de ses digressions », de ses « bagatelles autobiographiques », de ses « vagabondages nostalgiques en anglais balbutié » . Car Pnine ne maîtrise pas très bien l'anglais non plus.
De plus, il est affublé d'un physique difficile : « Idéalement chauve, bronzé par le soleil et rasé de frais, il commençait de façon plutôt impressionnante par ce vaste dôme brun, ces grosses lunettes à monture d'écaille […], cette lèvre supérieure simiesque, ce cou massif et ce torse d'athlète[…], mais pour se terminer de façon un peu décevante par une paire de jambes maigres… » Si l'on ajoute à cela des attitudes comiques et une tendance certaine à la distraction et à la maladresse, un personnage lunaire et comique prend forme sous nos yeux.
Cependant, Pnine n'est pas qu'un personnage ridicule. Il sait faire preuve de beaucoup de grandeur d'âme. En particulier lorsqu'il accepte d' « adopter » le fils de son ex-femme, qu'elle a eu juste après l'avoir quitté et lui avoir joué un bon tour. Car c'est avant tout un homme bon et sensible, nostalgique de son passé, alors même que la vie ne l'a pas épargné. Erudit et humble, rêveur, débonnaire, déraciné, Pnine est un perpétuel inadapté et un éternel exilé dont la vie semble vouée à l'échec. C'est le genre de type dont on dirait de nos jours, avec ironie, « il est gentil ». Il l'est effectivement, dans la meilleure acception du mot, ce qui le rend, à mes yeux, attachant.
J'ai beaucoup aimé ces pages douce-amères où peu à peu la mélancolie l'emporte. La scène finale est d'ailleurs très émouvante. Même s'il ne s'agit pas, à mon avis, du meilleur livre de Nabokov, j'ai pris beaucoup de plaisir à retrouver son style unique, à la fois érudit et léger.


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Pnine, c'est l'histoire d'un prof de russe quadragénaire à l'allure approximative et au charisme négatif. D'apparence, c'est un peu l'incarnation d'un croquis qu'aurait pu faire votre neveu de 5 ans.

Contrairement à Candide, on ne peut pas dire que sa physionomie annonce son âme. Ici, nous sommes face à l'absence totale de vice, suggérant même une certaine platitude navrante.

Le personnage de Pnine, très sensible à la désirabilité sociale, n'aura de cesse de rechercher une source de narcissisme auprès des autres personnages. Sauf que son absence totale d'amour-propre le conduira à abandonner progressivement tout ce qui lui reste aux arrivistes qui jalonnent ce roman.

C'est avec une profonde commisération que j'ai assisté au dépouillement progressif du personnage. Son seul tort est pourtant d'être coupable d'un excès de naïveté et d'espoir qui l'empêche de réaliser à quel point le monde est sale.
Le plus tragique, c'est qu'il se refuse à éprouver des sentiments de colère ou d'outrage, il ne semble même pas envisager que ceux-ci existent.

Non, il est dans une forme d'acceptation absolue de tous les abus, toutes les déconvenues dont il est victime... parce que tout cela lui semble naturel.

Je ne sais pas dire ce qui me chagrine le plus : le fait que Pnine perde progressivement toutes les relations qui lui sont chères, son emploi et tout crédit à nos yeux... ou le fait que je trouve presque que toutes ces pertes sont en fait causée par sa personnalité un peu énervante tant elle semble complaisante.

Pnine, c'est un peu ce type que vous voyez tous les jours au bureau. Il vous fait de la peine parce qu'on ne l'invite jamais aux afterwork et puis en plus sa femme l'a quitté et vous comprenez qu'il n'a pas l'air d'avoir une vie très amusante. Vous lui dites "bonjour" chaque matin avec un respect obséquieux mais bon... Même s'il vous fait de la peine, vous n'avez pas vraiment envie de nouer une relation avec lui.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Vers le début des années trente, Pnine, alors marié lui aussi, avait accompagné sa femme à Berlin, où elle souhaitait participer à un congrès de psychiatrie, et, un soir, dans un restaurant russe du Kurfürstendamm, il avait revu Mira. Ils avaient échangé quelques paroles, elle lui avait souri, de la façon dont il se souvenait, sous son sourcil noir, avec cette timide malice qui était la sienne ; et le contour de ses pommettes saillantes, et son oeil allongé, et la minceur de son bras et sa cheville étaient inchangés, immortels, et puis elle rejoignit son mari qui était allé chercher son pardessus au vestiaire, et c'est tout, mais les affres de la tendresse n'avait pas disparu, semblables aux contours vibrants d'un poème dont vous savez que vous le savez, mais dont vous ne parvenez pas à vous rappeler les mots.
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Les yeux de certaines femmes aimées, grâce à une combinaison fortuite de forme et d'éclat, ne nous touchent pas directement, au moment de la timide perception, mais par effet relayé et cumulatif d'explosion lumineuse, une fois la perfide éloignée, et l'agonie magique subsiste, et ses objectifs et ses projecteurs s'installent dans le noir. Quels que fussent les yeux de Liza Pnine, aujourd'hui Wind, ils paraissaient ne révéler leur essence, leur eau de pierre précieuse, que seulement quand on les évoquait en pensée. Alors une flambée blanche, aveugle, d'aigue-marine liquide, frissonnait et s'épanouissait comme si un éclaboussement de soleil et de mer vous fût entré dans la pupille.
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Puis, pendant quelques jours, il se trouva en deuil d'une part intime de lui-même. Il était surpris de constater combien il avait éprouvé d'affection pour ses dents. Sa langue, ce gros phoque lisse, avait fait plouf et glissé avec tant de plaisir parmi les rochers familiers, vérifiant les contours de son empire menacé, mais encore solide, plongé de crique en grotte, grimpé cette arête, scruté cette anfractuosité, attrapant au passage une bribe d'algue marine délectable dans cette même vieille brèche, naguère ; à présent, les repères avaient disparu, il restait une vaste plaie sombre, une terra incognita de muqueuse, que la crainte et le dégoût interdisaient d'explorer. Et quand le râtelier fut posé, ce fut comme si l'on avait serti dans un pauvre crâne fossile les mâchoires ricanantes d'un parfait étranger.
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Son existence n'était qu'un long combat livré à des objets déments qui se désagrégeaient ou se ruaient sur lui, ou se refusaient à fonctionner, ou
malignement encore, disparaissaient dès qu'ils pénétraient dans la sphère de son existence. Inapte des deux mains à un degré rare, il ne s'en croyait pas moins remarquablement doué d'adresse et de talent mécanique parce qu'il savait improviser sur le champ une flûte avec une cosse de pois, parce qu'il réussissait dix ricochets au moyen d'un seul caillou plat sur la surface d'une mare, qu'il faisait avec ses doigts un lapin en ombres chinoises (oeil compris), et qu'il connaissait plusieurs autres de ces trucs que les Russes ont dans leur sac à malice.
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(...) il offrait échantillon sur échantillon de ce que ses auditeurs, poliment, supposaient être de l'humour russe. Bientôt, il n'en pouvait plus de tant de comique et des larmes en forme de poires dévalaient le long de ses joues hâlées. Non seulement ses affreuses dents, mais encore une partie étonnamment considérable de la gencive supérieure, faisait un bond comme dans une détente de diable qui sort de sa boîte, et la main de Pnine volait au-devant de sa bouche, cependant que s'agitaient et roulaient ses épaules. (...) on ne résistait pas à sa façon de capituler entièrement devant sa propre gaieté. À présent qu'il n'en pouvait plus, ses étudiants rendaient les armes. C'était Charles qui poussait des aboiements saccadés qui partaient comme un mécanisme à remontage, un flot étincelant d'éclats de rire surprenants de charmes qui transfiguraient Joséphine, à l'ordinaire pas jolie, mais transformant Eileen, qui l'était, en une masse gélatineuse de gigotements disgracieux.
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