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EAN : 9782897120511
150 pages
Mémoire d'Encrier (14/02/2013)
2.38/5   13 notes
Résumé :
Je n'arrive à faire face à rien. On ne peut me voir que de dos. C'est le journal de cette incapacité. Un ami m'a poussé à l'écrire. Il y a chez moi cette impossibilité d'agir, comme si j'étais allergique à tout ce qui pourrait m'engager dans quelque chose. Si je m'envole souvent c'est pour être sûre de retomber sur la tête. De toute façon (vous verrez), il ne se passe rien avec moi. Je dois avouer que je ne suis plus une jeune fille, même si je ne parviens pas à êtr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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« Je n'arrive à faire face à rien. On ne peut me voir que de dos. C'est le journal de cette incapacité. » (p. 9) Avec cette phrase liminaire, la jeune héroïne présente une défaillance métaphorique en la plaçant sur le plan du concret. Au fil des pages de son journal, elle parle de ses amis, de son goût pour les livres, la musique les pizzas et le bon vin rouge. Elle raconte ses désirs et comment ils se heurtent au non-achèvement qui caractérise toutes ses entreprises et tous ses rêves. « Je devrais écrire moi aussi et le faire sans regarder sans cesse la copie du voisin. » (p. 110) Paresse, peur, doute, procrastination, nombreux sont les facteurs qui se lient pour empêcher la jeune fille d'avancer. « Je suis en prison à l'intérieur de moi et j'étouffe. Comme si la flamme me bouffait au lieu de me faire avancer. » (p. 34) Il y a bien cet amant qui semble idéal, mais jamais nommé, ni jamais vraiment présenté, il reste à l'état de fantasme et n'est peut-être que cela.

Le journal de l'héroïne ne présente aucune date et n'est qu'une longue suite de jours égrenés au fil des saisons. « Dans un journal, on parle forcément de soi – c'est pas ce que j'appelle de la littérature. » (p. 50) Et j'abonde dans ce sens. À force de répétitions et de reprises des mêmes schémas, l'histoire ne connaît aucune progression. Elle stagne, voire régresse à l'image de l'héroïne qui, bien que pressée par quelques contingences matérielles, mène une vie d'adulescente sans contrainte. Ce récit ne propose pas d'ailleurs : l'intrigue et la narration font du sur place et il n'y a rien de tel pour essouffler le lecteur. Quel dommage que ce roman, dont le titre renvoie à une figure picturale que j'apprécie particulièrement, pratique une ellipse qui confine à l'effacement ! Je conseille ce roman aux jeunes lecteurs qui se reconnaîtront peut-être dans le personnage perdu de cette héroïne sans visage.
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Céline habite à Paris. Elle survit grâce à de petits boulots d'intérim effectués dans des boîtes qu'on imagine bobos branchées plus ou moins artistiques. Elle passe son temps à lire, à picoler avec ses amis, à faire du sport en salle et un peu de jogging. Elle rêve d'écrire sans arriver à produire quoi que ce soit de valable. Elle n'arrive pas à trouver un compagnon et à se décider à vivre en couple. Elle traîne son spleen et son ennui, de bars en cafés et d'expos en concerts confidentiels. Toujours entre deux trains, deux avions, deux capitales, ou deux continents. N'ayant apparemment que peu de dispositions au dynamisme, au bonheur et à la joie de vivre, elle ne se sent chez elle nulle part. Elle avoue même détester Paris.
« Jeune fille vue de dos » est un très court ouvrage de 147 pages avec de larges blancs et quelques intermèdes sous forme de vers libres (petits poèmes en prose sans grande envergure) qui relève de l'auto-fiction et non du roman comme indiqué en première page. La forme de ces extraits de journal intime n'est pas désagréable dans la mesure où Céline Nannini utilise un langage parlé très simple et très basique, sans recherche d'effets particuliers, sans description et sans dialogue non plus. Mais que nous raconte-t-elle dans ce livre ? Pas grand chose au bout du compte, des bribes de vie, des voyages où il ne se passe rien (au point qu'on en vient à se demander si elle ne se contente pas de les imaginer devant son poste de télé), des repas, une baignade, une visite à la grand-mère dans sa maison de retraite, en un mot une suite de petits riens de la vie quotidienne. Quasiment des riens du tout. En effet, une fois le livre refermé, le lecteur s'aperçoit qu'il ne sait finalement pas grand chose sur cette femme qui s'exprime à la première personne et dont il subodore que ce doit être l'auteure elle-même. En littérature, il n'est pas impossible de se mettre en scène en évitant l'écueil du nombrilisme, bien des grands l'ont fait avec bonheur avant Melle Nannini, mais à la condition d'avoir quelque chose d'intéressant à transmettre, d'avoir un style particulier, une patte humoristique, tonitruante ou géniale ou de se raconter en toute honnêteté, vérité et sincérité. Certains se mettant à nu jusqu'à étaler coeur, tripes et boyaux sur les blanches pages. Ici, nous en sommes très loin. Cette logorrhée intimiste suintant le mal de vivre et l'aquoibonisme ne distille que la banalité, l'ennui et l'insignifiance. Pour un coup d'essai, on est très loin du coup de maître.
(Livre critiqué pour le Prix Océans - France O)
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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« J'ai envie d'été et de départs.
De flâner, de rêver.
De dériver doucement entre la mer et les mots. »

Et c'est exactement ce que fait la narratrice de Jeune fille vue de dos pendant 150 pages qui sont autant d'instants glanés ici et là au fil de ce qui semble être une année, au cours de laquelle, désoeuvrée, elle promène son mal de vivre un peu partout sur la planète, de Londres à Istanbul en passant par Lyon, sans savoir où elle va, ne se sentant jamais vraiment chez elle nulle part, et toujours prête à chercher ailleurs ce qu'elle ne trouve jamais. Ni dans les livres qu'elle dévore les uns après les autres et qu'elle mentionne au fil des pages, ni dans les lieux qui la séduisent plus quand elle songe à s'y rendre que quand elle est sur place.

« J'ai du mal à déployer mon horizon sur plus d'un mois sans projet, je suis en pointillé. »

En pointillé, mais aussi dans les marges, pas vraiment loin des clichés avec ce désir d'écrire qui tenaille la narratrice sans qu'elle n'arrive à s'y mettre, sans cesse happée par l'envie de départ, par la couverture d'un livre, par une fête qui s'organise, par des amis avec qui elle discute des heures sans avancer, mais avec cette obsession :
« Je passerais bien mes dernières années à lire,
à rêver, marcher, réfléchir,
et écrire. »

Le résultat est un roman qui a le ton du récit, proche de l'autofiction, alors qu'à l'instar de son personnage Céline Nannini ne semble bien nulle part et toujours en quête d'un ailleurs qui la retiendra et la poussera enfin à écrire. Un roman composé de chapitre très courts, le plus souvent en prose, mais parfois en vers, lesquels tiennent généralement en quelques lignes et ne dépassent pas une page et demie. Un roman décousu qui nous fait passer de lieu en lieu, de fête en fête, de livre en livre, avec détachement.

Le lecteur a en effet du mal à s'attacher à celle qui ne s'attache à personne. Malgré des jolies phrases, malgré des scènes bien décrites. À cause de certaines autres un peu bâclées ou qui semblent inutiles ou répétitives. Comme si l'éditeur avait eu peur de supprimer quelques phrases à un roman déjà court. Pourtant, le roman aurait gagné en force évocatrice si on avait éliminé les redites. Davantage encore si l'auteure avait fait autre chose que nommer les livres qu'elle lit, car elle tenait là un beau filon : lier ses livres à sa vie, à cette forme d'errance qui est devenue la sienne en attendant qu'elle trouve sa voie et sa voix.

On aurait aimé plus de rigueur dans la construction et la révision, car l'auteure a visiblement du souffle, le sens des descriptions et un réel talent pour l'écriture.

Jeune fille vue de dos se lit rapidement. Mais hélas, s'oublie aussi rapidement.
Lien : http://lalitoutsimplement.co..
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Jeune fille vue de dos pourrait être le titre d'un tableau. Il est celui d'un récit court (moins de 150 pages). Il prend la forme d'un journal, sans que les fragments soient datés avec précision. Cependant, il est possible de percevoir sa chronologie linéaire, rythmée par les sorties littéraires (Hymne de Lydie Salvayre) ou cinématographiques (le dernier James Bond).
La narratrice, paradoxalement, écrit son incapacité à écrire, l'impossibilité de décider quoi que ce soit dans sa vie – ou comment mettre des mots sur sa procrastination chronique. Pourtant, elle rencontre des amis (Fred et Diane semblent les seuls éléments stables de sa vie), voyage à travers le monde, sans jamais se poser, sans jamais envisager un avenir quelque part.
Le vocabulaire utilisé est simple, mêlant parfois des termes familiers à des tournures précieuses: « le lieu est chouette, quoique peu remarquable », p. 34 La syntaxe très proche de l'oralité. Je pense à l'emploi du pronom « on » ou à l'omission de « ne » dans les phrases négatives. J'ai vu, parfois, comme une tentative pour écrire des poèmes en proses, non seulement dans certains fragments bien délimités, mais aussi dans l'ensemble du récit, avec des assonances, des répétitions, ou, plus simplement, des phrases construites de manière binaire (ah !les nombreuses conjonctions de coordination !).
Cependant, j'ai eu surtout l'impression de lire un carnet sur lequel des notes étaient écrites à la volée, comme si la narratrice cherchait à garder une trace lapidaire de ses lectures, de ses sorties. Je ne compte plus le nombre de fois où elle parle de ce qu'elle a mangé, de ce qu'elle a bu, des conversations qu'elle a eues avec ses amis. Si ce genre d'écrit est intéressant pour soi-même, il l'est moins pour un lecteur qui n'en est pas l'auteur. La narratrice dit : « Je voudrais simplifier mon existence pour n'en garder que la vie », p. 66. Il me semble que ce récit en manque cruellement.
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Jeune fille vue de dos, premier roman de Céline Nannini est un texte atypique : la narratrice ne trouve pas de sens à sa vie, elle s'ennuie alors elle décide d'écrire, pour comprendre pourquoi elle s'ennuie et ce qui fait sa vie. "Je ne veux plus être là où je suis ni celle que je suis." En une centaine de courts chapitres, qui sont autant de photos de sa vie, elle en fait le tour : elle lit, elle écrit, elle écoute de la musique, elle voyage, elle rencontre des amis. Elle fonce, droit devant elle. Elle hésite, elle se pose.

« Je n'arrive à faire face à rien. On ne peut me voir que de dos. C'est le journal de cette incapacité. Un ami m'a poussée à l'écrire. Il y a chez moi cette impossibilité d'agir, comme si j'étais allergique à tout ce qui pourrait m'engager dans quelque chose. Si je m'envole souvent c'est pour être sûre de retomber sur la tête. de toute façon (vous verrez, il ne se passe rien avec moi. Je dois avouer que je ne suis plus une jeune fille, même si je ne parviens pas à autre chose. »

Quelle drôle d'idée de faire un roman sur l'impossibilité d'agir, sur l'impossibilité de faire quoi que ce soit de sa vie. Et pourtant, cela fonctionne. J'ai été réellement touchée par son discours, qui rejoint mes propres préoccupations, qui sont d'ailleurs sûrement celles des jeunes de notre époque. Que faire de sa vie ? Dans quoi s'engager ? La tentation est grande de se laisser aller, de lire toute la journée, de se laisser porter et de regarder passer le temps. Étape souvent transitoire à un moment de la vie, elle est très bénéfique car cela permet de se recentrer, de se demander ce qui est important dans notre quotidien.

Un texte qui donne envie de flâner, de se poser aussi … et de lire !

"J'ai envie d'été et de départs.
De flâner, de rêver.
De dériver doucement entre la mer et les mots."

Avec son allure anodine, ce petit roman touche donc à des préoccupations bien concrètes, d'une manière efficace, et sans manquer d'un certain style, limpide et fort. Un texte qui m'a donné l'impression de lire les écrits de mon double …
Lien : http://missbouquinaix.wordpr..
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
« Je n’arrive à faire face à rien. On ne peut me voir que de dos. C’est le journal de cette incapacité. Un ami m’a poussée à l’écrire. Il y a chez moi cette impossibilité d’agir, comme si j’étais allergique à tout ce qui pourrait m’engager dans quelque chose. Si je m’envole souvent c’est pour être sûre de retomber sur la tête. De toute façon (vous verrez, il ne se passe rien avec moi. Je dois avouer que je ne suis plus une jeune fille, même si je ne parviens pas à autre chose. »
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Est-ce que les filles, uniques surtout, pleurent toujours leur père, même avant qu'il ne meure ? J'ai peur ce soir d'aller me coucher, je ne sais trop pourquoi. Ecrire me tient compagnie.
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Je suis en prison à l’intérieur de moi et j’étouffe. Comme si la flamme me bouffait au lieu de me faire avancer. Plus je vieillis et plus je le sens perdue. Je m’éteins un peu plus tous les jours par manque de courage.
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« Je suis en prison à l’intérieur de moi et j’étouffe. Comme si la flamme me bouffait au lieu de me faire avancer. » (p. 34)
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Je sens mon bas ventre en feu : ce désir permanent. Même quand je marche, je sens mon sexe battre, le sang affluer dans mes lèvres et une irrésistible envie de baiser, alors qu'autour de moi les quelques corps que je peux voir sont vieux, je veux dire vraiment vieux.
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