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EAN : 9782746703988
188 pages
Autrement (13/09/2003)
4.06/5   9 notes
Résumé :

L’Occident reste traumatisé par la grande épidémie de peste (et par extension d’autres maladies contagieuses) qui a décimé de 30 à 50% de la population en quelques décennies ; la maladie et la contagion nous ont ainsi accompagnés pendant quatre siècles. Les images hantent nos mémoires, l’épidémie de la peste a nourri les idéologies, les peurs au point qu’aujourd’hui,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Lorsqu'on lit cet ouvrage, on se dit qu'on a la chance de ne pas avoir vécu les grandes épidémies de peste qui ont rayé de la carte une grande partie de la population mondiale…

Voyez un peu les ravages que cela fit.

"En 1347, lorsque l'épidémie atteint l'Europe après avoir fauché deux Chinois sur trois au cours du siècle précédent, elle emprunte les denses voies du commerce international pour, en seize mois, y faire périr le tiers de la population. Puis elle ravage le Vieux Continent durant quatre siècles, exterminant sans crier gare, par cycles de dix ou vingt ans, entre le quart et la moitié de la population de régions entières. Sa dernière flambée, en 1720, tuera plus d'un Marseillais sur deux".

Cet ouvrage est instructif, on y apprend comment les populations ont réagi (confinement, quarantaine), vers qui elles se sont tournées (la religion, les philosophes,…) selon les pays ou les croyances.

Chez les musulmans, par exemple, c'était l'oeuvre d'Allah, donc, ça ne servait à rien d'essayer d'y échapper si vous étiez sur la liste noire.

Cela pourrait prêter à sourire, de nos jours, mais en fait, ce n'était pas si con que ça, car les populations sont restées fixes : cela ne servait à rien de quitter sa ville pour aller se confiner ailleurs puisque c'était la main de Dieu et qu'il vous retrouverait n'importe où… le fait de ne pas se déplacer évite que la maladie se propage.

Les auteurs nous parlent aussi des traditionnels boucs émissaires dans les épidémies de peste : les Juifs, qui sont chassés de partout et persécutés. On apprend que pour certains, la maladie venait des miasmes présent dans l'air, autrement dit, un bon air et tout irait mieux.

Sans savoir que la peste était hautement contagieuse, la plupart ont fait des erreurs ayant entraîné la/leur mort.

C'est instructif, mais il faut s'accrocher pour progresser dans ce petit roman car la narration fait souvent des bons dans le temps, passant d'une épidémie à une autre, d'un siècle à un autre et c'est assez laborieux à lire. J'ai souvent piqué du nez tant j'avais envie de dormir.

Avant de plonger tout à fait, j'ai appris que les pays ont commencé après à affecter de l'argent aux oeuvres sanitaires et ont mis sur pied des infrastructures administratives afin de contrôler les populations (les empêcher de foutre le camp des régions contaminées ou pour les forcer à avouer que leurs proches étaient atteints)…

Zut alors, d'après les deux auteurs, notre bureaucratique de merde serait née de toutes ces épidémies qui ravagèrent l'Europe et le reste du monde…

Le dernier chapitre est super instructif, par contre, car il parle des épidémies de maintenant, à savoir, le virus du Sida (HIV) et l'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB).

Virus HIV, qui, bien qu'étend moins "contagieux" que celui du Covid19 (puisque pas transmissible par les voies respiratoires), n'en reste pas moins cruellement mortel pour la population africaine. Mais, comme dirait l'auteur, puisque l'Afrique est loin de nos contrées, c'est comme pour Ebola, on n'en parle pas.

Si j'ai eu du mal à rester concentrée sur ma lecture, le dernier chapitre (8) et le post-scriptum m'ont réveillée car il avait un air de déjà-vu… Sans l'épidémie du Covid et le confinement, il m'aurait sans doute moins parlé puisque je n'aurais pas vécu certains situations (ou vu de mes yeux vus).

Le post-scriptum est aussi un tacle dans les jambes des occidentaux qui ne se préoccupent des épidémies que si elles les touchent personnellement.

[…] le SRAS n'est pas tant une épidémie qu'un révélateur d'attitudes mentales, celles de l'Ouest vis-à-vis du reste du monde.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Comment expliquer les réactions divergentes entre le monde oriental et le monde occidental lors de la peste de 1347 ?

Ne les réduisons pas à une opposition entre l’islam et le christianisme, car de nombreuses parties du monde oriental étaient encore chrétiennes au moment de la seconde épidémie, et l’islam n’avait que très faiblement modifié l’héritage médical et philosophique de l’Antiquité (chrétienne) tardive.

La différence fondamentale apparaît plutôt culturelle : le Levant étant resté très urbanisé, cosmopolite et pluraliste, tandis que le Ponant constituait une société bigote, agraire, beaucoup moins avancée. L’idéal de la croisade, alors en plein essor, avait refermé l’espace mental occidental sur lui-même tandis que les croisés de retour au pays ramenaient avec eux des pans entiers de civilisation orientale.

Par ailleurs, l’Europe occidentale semble n’avoir jamais eu conscience de la moindre continuité sociale ou culturelle avec l’espace de la peste de Justinien alors que le Levant participait d’une culture et d’une civilisation pratiquement intactes depuis l’Antiquité tardive.
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Les IXe et Xe siècles furent exempts de peste, mais les grandes civilisations islamiques du Moyen-Orient, d’Afrique du Nord et d’Espagne ne laissèrent pas le souvenir du passé s’effacer au risque de disparaître à tout jamais. On assista au contraire à une explosion de traductions et de commentaires des traités médicaux de l’époque classique, en un effort concerté pour tenter de comprendre la maladie et ses causes, et pour trouver des moyens de prévention et de guérison en cas de résurgence.

La chrétienté occidentale doit remercier l’islam d’avoir conservé ces textes, de même qu’une grande partie de la civilisation classique, ce qui lui permit de « redécouvrir » en son temps cette même civilisation et de se tourner vers ses traités médicaux pour faire face à la seconde pandémie.
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Les ravages de la peste entraînèrent l’abandon des fermes et l’avancée du désert à la suite de l’effondrement du système d’irrigation. Non seulement les routes du commerce dans tout l’empire furent profondément bouleversées par le dépeuplement des centres urbains, mais des terres prospères grâce à l’agriculture extensive furent laissées en jachère pour redevenir au mieux des terres à pâture et au pire des déserts. Selon la plupart des historiens, pour que le Moyen-Orient, l’Égypte et l’Afrique du Nord retrouvent leur population d’avant 540, il fallut attendre la fin du xixe siècle.

De plus, le repeuplement actuel est essentiellement un phénomène urbain, tandis que les zones rurales restent moins peuplées et moins cultivées aujourd’hui qu’il y a mille cinq cents ans.
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Les musulmans pouvaient interroger leurs historiens de la période d’avant 540 et apprendre qu’il y avait eu cinq épidémies successives, la Peste noire constituant ainsi la sixième.

La peste de Shiraway (627-628) avait été suivie de celle d’Amwas (638-639), de la Peste violente (688-689), de la peste des Pucelles (706) et de celle des Notables (716-717). Ils n’attribuaient guère d’importance historique à l’absence d’épidémies entre le milieu du vine siècle et celui du xive siècle.

Après tout, les différentes cultures de l’Orient se situaient dans un espace historique remontant à plusieurs millénaires.

Que représentaient alors sept petits siècles dans la chaîne immense de l’histoire des civilisations ?
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Cependant, il ne faut pas oublier que, pour les hommes du Moyen Âge, identifier les symptômes cliniques du mal et les moyens médicaux de le guérir ou de le prévenir était moins important qu’identifier les causes réelles, à savoir religieuses et spirituelles, de la pandémie. Là se trouvait l’unique garantie de guérison.
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