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EAN : 9782350303673
500 pages
Atlande (02/06/2016)
4/5   2 notes
Résumé :
Les lumières de Rousseau à portée de tous de manière simple et rapide, c'est ce que propose ce dictionnaire. Rassemblant des fragments courts de son oeuvre (de la Nouvelle Héloïse à sa correspondance), l'ouvrage nous invite à (re)découvrir la pensée de Rousseau dans ses multiples aspects: politique, philosophique ou encore poétique...
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Un dictionnaire de Rousseau. A comme ami par exemple : « Mon chien lui-même était mon ami, non mon esclave. Nous avions toujours la même volonté mais jamais il ne m'a obéi. » C comme contenir : « Les Lois en général moins fortes que les passions contiennent les hommes sans les changer. » Je regarde à K par curiosité. Rousseau a –t-il évoqué dans ses correspondances ou dans ses livres le kiwi, le Kilimandjaro, ou le kilomètre ? Non, pas un seul K. Je regarde à W. Pas de wagon ou de Washington chez Rousseau. En A, dans ce dictionnaire, il n'y a pas non plus d'anachronisme. Bref, entrons dans le vif du sujet.
Jean-Paul Narcy réussit parfaitement ce dictionnaire et c'est toujours un plaisir de replonger dans du Rousseau. Les extraits sont judicieusement bien choisis, en cohérence avec le mot, parfois courts, parfois longs. On lit ce dictionnaire linéairement ou au hasard, qu'importe. L'ivresse est assurée. Les années et siècles passent et Rousseau reste intemporel, moderne. Un grand penseur, un philosophe hors du commun. Et si vous ne voulez pas (re)lire les confessions ou le contrat social, contentez-vous de cet ouvrage
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Jean-Paul Narcy propose un "Dictionnaire Rousseau" (éds Atlande), trouvant une justification à cette entreprise éditoriale dans le tempérament de J.-J. Rousseau (1712-78), pédagogue enthousiaste. Il ne s'agit pas de l'un de ces "dictionnaires amoureux" à la mode, souvent légers malgré leur poids, mais d'une tentative pour présenter la pensée de J.-J. Rousseau de façon compacte en même temps qu'étayée. L'auteur a fait l'école polytechnique et son ouvrage est par conséquent structuré, proposant plusieurs portes d'entrée dans l'oeuvre protéiforme de Rousseau (essais, autobiographie, romans, correspondance privée, etc.) :

"La première catégorie de la typologie est faite des mots chers à J.J. Par exemple : Conscience, fête, moralité, vérité.

La deuxième catégorie est bâtie autour de ce que l'on pourrait appeler les subtilités de la philosophie : exister, penser, sentir, temps.

Les deux classes suivantes de fragments ont trait, respectivement, à la politique et à la religion : économie politique, finance, souveraineté, volonté générale ; blasphème, fanatique, providence, secte.

Une autre classe concerne la nature : eau, forêt, saison, vert."

Etc."

Grâce à ses "Confessions", au style enlevé et souvent cocasses, J.-J. Rousseau est encore largement lu ; si ce n'est sa philosophie, sa personnalité demeure familière grâce à cette autobiographie chrétienne. Par ailleurs l'institution scolaire a statufié Rousseau, aux côtés des "philosophes des Lumières" que sont Voltaire et Diderot, invitant les collégiens et lycéens au culte et à l'invocation de "l'esprit des Lumières", bien plus qu'à la critique ou la réflexion. Ce nouveau "Dictionnaire Rousseau" donne l'occasion de creuser au-delà de l'image d'Epinal et des idées superficielles sur Rousseau.

On peut aussi vérifier si J.-J. Rousseau est le prêtre fondamentaliste de l'égalité et de la liberté, fustigé par la critique réactionnaire, car censé avoir allumé la mèche du terrorisme sanglant des sans-culottes et de la Convention ?

Examinons par exemple une idée caractéristique, l'idée d'égalité.

"Egalité : A l'égard de l'égalité, il ne faut pas entendre par ce mot que les degrés de puissance et de richesse soient absolument les mêmes, mais que, quant à la puissance, elle soit au-dessous de toute violence et ne s'exerce jamais qu'en vertu du rang et des lois, et quant à la richesse, que nul citoyen ne soit assez opulent pour en pouvoir acheter une autre, et nul assez pauvre pour être contraint de se vendre."

On constate dans cet extrait de "Du Contrat social" (1762) que, contrairement à certains idéologues contemporains, Rousseau ne conçoit pas l'égalité comme un but, mais comme un tempérament à la violence de la nature, qui imprime nécessairement sa marque sur les sociétés. La référence de Rousseau au modèle antique ne permet pas d'en faire le précurseur des grandes démocraties totalitaires modernes, communistes, fascistes ou capitalistes, où l'égalité devient le prétexte de l'uniformisation.

Mais, comme les Lumières et la révolution de 1789 ont été suivies de peu par une période d'esclavage et de violence d'une intensité extraordinaire, principalement dues au colonialisme et à l'industrialisation de l'Europe au XIXe et XXe siècles, on trouve en revanche Rousseau peu visionnaire sur le plan politique.

Pas de prémonition en effet, dans les articles touchant au droit et à la politique, du tour tragique de la mondialisation à venir, conséquence du progrès technique, qui a plongé aux XIXe et XXe siècles l'humanité dans un cauchemar infernal. Après coup, le conseil de Rousseau d'imiter la vertu républicaine antique peut sembler dérisoire.

Si cette vertu, tant vantée par les philosophes des Lumières, est aujourd'hui bannie du vocabulaire politique, c'est d'abord pour des raisons économiques et politiques que Rousseau ne soupçonnait pas.

Sur le plan religieux, différents articles du dictionnaire confirment que Rousseau, comme beaucoup de ses compatriotes genevois, était un calviniste sincère. Ainsi son puritanisme lui fait craindre la mauvaise influence morale des pièces de Molière, en même temps qu'il reconnaît leur force comique. du moins Rousseau est-il plus sincère et entier que son ami catholique Diderot, à qui Rousseau reprochera le commerce avec les puissants de ce monde ("les méchants") et avec qui il finira par rompre.

On est d'ailleurs surpris d'autant d'intérêt pour les questions politiques et morales, ou "sociales" comme on dit aujourd'hui, de la part d'un philosophe chrétien, qui se place avec ses "Confessions" dans la lignée d'Augustin d'Hippone, fameux théologien chrétien du IVe-Ve s. Ce dernier proclame son indifférence des questions temporelles, au motif que "le royaume de Dieu n'est pas de ce monde" (Cf. "Sermon sur la chute de Rome"). Si Rousseau semble mesurer le danger de la théocratie, ses idées réformatrices paraissent tout de même imprégnés à la fois d'idéaux chrétiens (il exprime souvent son horreur de la violence) et de la formule municipale genevoise, aussi peu adaptée que la démocratie athénienne aux gigantesques empires modernes.

L'ouvrage est complété par une brève biographie chronologique utile de J.-J. Rousseau.
Lien : http://fanzine.hautetfort.co..
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J'ai reçu ce livre dans le cadre de l'Opération "masse critique". Je lis souvent de la philosophie, mais J.J. Rousseau n'était pas dans mes listes de lectures, ayant une image un peu défraîchie suite à mes années de lycée.
Le mérite de ce livre est de faire plonger de manière originale dans l'oeuvre de cet écrivain. La présentation sous forme de dictionnaire de citations à le mérite de varier les thèmes si on lit de façon linéaire et aussi de pouvoir ouvrir le livre au hasard quand on en a l'envie. En tout cas il m'a fait découvrir les multiples facettes de cet auteur souvent mal connu.

Ce dictionnaire comporte 1254 entrées. Ce nombre élevé signifie que toutes ne sont pas d'égale importance. Par exemple l'entrée "luthier" nous apprend que ce terme désigne un fabricant de luths. Bon...

Pour qui voudraient entrer plus a fond dans la pensée de Rousseau, ce livre est certes un "amuse bouche", mais il a le mérite de donner envie de le faire. Pour ceux qui comme Jean Paul Narcy sont des inconditionnels de cet auteur, cela sera à coup sûr un livre de chevet.
A vous de voir, surtout que le prix de cet épais ouvrage n'est pas très élevé.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Tous cherchent leur bonheur dans l'apparence, nul ne se soucie de la réalité. Tous mettent leur être dans le paraître.
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