Enseignement de 7 concepts cruciaux psy.

Actuellement la psychanalyse a retrouvé la position dont elle n'aurait pas du autant diverger, à savoir être essentiellement une thérapie individuelle basée sur l'interrelation entre l'analysant et son analyste.
Un petit rappel historique s'impose (qui sera ici forcément sommaire et réducteur). C'est en fait une histoire d'évolution de la notion d'individu. le XIXe siècle est le moment où le Surmoi, cette instance qui nous fait agir en restant dans certaines limites (concept que j'utilise ici au sens large), et qui fut jusqu'alors formatée par l'Autorité divine, a du s'adapter à la nouvelle donne idéologique en épousant le cadre de la rationalité propre à cette fin du XIXe siècle. La relation d'amour à Dieu, jusqu'ici primordiale, a été supplantée par l'amour interhumain, et c'est donc aussi sur le plan rationnel que devaient se résoudre les dysfonctionnements de l'expression amoureuse. C'est ainsi qu'est née la psychanalyse, et comme à cette époque on pensait arriver bientôt à une explication rationnelle totale du monde (cf. les déclarations de Lord Kelvin), qu'on pensait que la psychanalyse expliquait l'affect humain (l'affect représentait désormais les tenants et les aboutissants de l'homme), on pensait tenir là la théorie rationnelle de l'humain dont on rêvait et la psychanalyse fut parée de toutes les vertus de transcendance jadis attribuées à l'ordre divin.
Que s'est-il passé depuis ? Les adversaires de la psychanalyse, en tout cas ceux qui se réclamaient de la science, ont contesté, à juste titre, le statut scientifique de la psychanalyse. En fait il n'y a pas, stricto sensu, de théorie psychanalytique. de la relation entre un analysant et un analyste nait un discours qui prête à interprétation. Bien sûr, chaque problématique est individuelle mais il y a des similitudes entre les individus, déjà nous avons globalement le même cerveau - chaque inconscient est « structuré comme un langage », nous avons une forme corporelle analogue, nous sommes susceptibles de souffrir de tourments identiques (manque d'amour, abandon, trahison, cruauté subie, etc.).
D'un individu à l'autre des invariant ont donc fini par émerger, et c'est l'étude de ces invariants qui forme ce qu'on appelle la théorie psychanalytique. Cette "théorie" fonctionne bien comme une hypothèse, mais contrairement à une théorie scientifique, elle ne peut s'appliquer in fine qu'à un cas particulier, et elle ne prendra son sens et son effet que si elle trouve à s'articuler avec la vérité du sujet.
Or la "vérité" individuelle est devenue primordiale de nos jours, elle est sa vérité pour un sujet, et, j'en reviens à la notion d'évolution de l'individu : je rappelle que jadis sa vérité était inféodée à la Vérité divine. On mesure le chemin parcouru !
Les " 7 concepts cruciaux de la psychanalyse " de J.-D. Nasio représente donc l'étude de ces invariants dont j'ai parlé. Il s'agit d' "universaux" qui sont comme autant de broches de tricotin autour desquelles se tisse la trame individuelle du sujet.
Il s'agit d'un ouvrage remarquable dans son domaine, c'est une étude claire, concise et assez complète de ces concepts.
Le problème c'est que la lecture peut s'en révéler difficile pour un néophyte. En effet, le discours de l'analysé est bien sûr composé de mots. Or on connaît l'expression « les mots me manquent » souvent employée pour dire qu'aucun discours ne saurait circonscrire l'intensité et la gravité de ce qu'on vient de subir. Pour communiquer avec son analyste, l'analysant est obligé de traduite en mots ce qui en fait lui "vient des tripes". On comprend facilement que chaque mot véhicule une forte charge affective et symbolique, et que le sens réel de ce que l'analysant exprime - sa vérité - dépasse complètement le sens littéral et strictement sémantique de ce qui est dit.
En sens inverse, quant on lit de la littérature analytique, si on n'a pas d'expérience analytique, on essaie de comprendre ce qu'on lit sur un plan rationnel, bien sûr, mais d'une part on est privé d'un arrière fond de vécu qui pourrait "faire vivre les concepts" et donc les faire comprendre au niveau adéquat, et surtout on risque de voir se réactiver d'une façon anarchique tout un tas d'affects.

J'ai trouvé cet ouvrage pompeux et ennuyeux. Ce besoin d'elitisme dans le choix des mots, de la complexité des phrases me laisse penser que M. Nasio ne veut pas qu'on puisse réellement le comprendre.