AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Philippe Benoit (Traducteur)
EAN : 9782253149002
441 pages
Le Livre de Poche (01/06/2000)
4.02/5   32 notes
Résumé :
En bengali, le mot «enfance» signifie «enfance d'un garçon». Tout un symbole, dont on comprendra vite la portée... Des parents mariés par leur famille. Un foyer désuni. Un père despotique, passant le plus de temps possible auprès de sa maîtresse. Une mère, réfugiée dans une dévotion religieuse austère... En un sens, c'est un tableau ethnologique de la famille traditionnelle bengalie que nous propose Taslima Nasreen. Un tableau auquel le regard de l'écrivain et de la... >Voir plus
Que lire après Enfance, au fémininVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Autobiographie de son enfance rédigée par une femme au parcours exceptionnel, mais qui doit aujourd'hui vivre en exil et surtout se cacher des fondamentalistes islamistes qui ont lancé plusieurs fatwas à son encontre, tant ses écrits sont considérés comme blasphématoires.
Elle nous raconte son enfance dans le Bangladesh des années 70 empreint de violences et la proie d'une guerre d'indépendance sanglante qui verra des millions de réfugiés et fera selon les estimations 3 millions de morts.
Mais c'est à l'intérieur même de sa famille que la fillette va connaitre la violence, entre une mère ultra religieuse et un père fils de paysan pauvre qui a force d'études à réussi à devenir médecin et qui rêve d'un avenir glorieux pour ses enfants.
Mais les 2 ainés qui sont 2 garçons vont terriblement le décevoir et c'est sur les épaules de sa fille que repose ensuite l'honneur de cet homme, il va donc lui inculquer ses leçons à coup de bâton et de fouet.
Mais la fillette est rebelle, et même si elle est timide, elle a un grand pouvoir de compréhension et d'analyse, et à vrai dire la seule chose dont elle a vraiment peur ce sont les fantômes et les djinns.
Et ce n'est pas dans les bras de sa mère qu'elle pourra trouver refuge. Au contraire, elle comprendra vite les contradictions entre les écrits du Coran, les paroles et les actes du pir, ce « saint homme », à qui sa mère voue une dévotion sans borne, et auprès de qui elle essaie d'entrainer désespérément sa fille, mais devant les questions de cette dernière, sa mère finira par en conclure qu'elle a donné naissance à un démon et la traitera comme tel.
Une description sans concession de la société bengalie dominée par la mainmise des hommes et de l'islam, dans laquelle il ne faisait pas bon être un enfant surtout une fille, une domestique qui était bien plus souvent une esclave qu'autre chose, une femme qui n'avait aucun droit et qui pouvait au mieux voir arriver à tout moment une seconde, une troisième ou une quatrième épouse, ou se faire répudier par son mari ou même être tuée par lui dans l'indifférence générale des voisins, ou encore ne pas être musulman mais hindou.
Commenter  J’apprécie          80
Dans ce récit Taslima Nasreen nous raconte son enfance entre la fin des années 60 et le début des années 70. Avant et après la guerre d'indépendance du Bangladesh en 1971 jusqu'en 1975, au moment de l'assassinat du président du pays, le cheikh Mujibur Rahman.

Taslima Nasreen grandit entre un père médecin, très autoritaire, qui entend que ses quatre enfants étudient et réussissent bien à l'école pour lui faire honneur et une mère qui se console des infidélités de son mari en se jetant à corps perdu dans la religion. Pour cette femme tombée sous la coupe d'un pîr (un saint homme) qui se conduit comme un chef de secte, les études ne servent qu'à attacher au monde périssable alors que le seul comportement raisonnable devrait être de préparer son passage dans l'au-delà par une pratique religieuse assidue. Entre les injonctions contradictoires de son père et de sa mère la jeune Nasreen cherche tous les espaces de liberté possibles, trouvant refuge dans la littérature et la poésie.

C'est une enfant introvertie et timide qui observe le monde qui l'entoure. Elle est prompte à relever les contradictions entre les paroles et les actes, particulièrement en ce qui concerne la religion. Elle repère rapidement les pratiques hypocrites, destinées avant tout à impressionner l'entourage. Elle interroge souvent sa mère à ce sujet ce qui lui vaut d'être qualifiée de démon et d'impie.

J'ai beaucoup apprécié ce récit. A travers son histoire Taslima Nasreen nous présente un panorama de la société bengalie d'il y a 45 ans.
C'est une société violente où les conflits se règlent par les coups. Les victimes en sont généralement les plus faibles : femmes, enfants, domestiques. Nasreen et ses frères et soeurs sont souvent battus par des parents qui les utilisent comme intermédiaires pour régler leurs différends. On entend parler de femmes tuées par leurs maris sans que ceux-ci semblent le moins du monde inquiétés.

C'est une société où les femmes sont soumises par l'islam et par les traditions régionales. Les mariages de fillettes sont arrangés alors qu'elles sont à l'école et le lendemain elles s'en vont vivre dans la famille de leur mari :
"Maman avait encore l'âge de jouer à la poupée quand on la maria à mon père, sans lui demander son avis. Au début, il lui arrivait d'insister auprès de son mari pour qu'il l'emmène à la fête foraine, faire des tours de manège, acheter des poupées, justement. Mais ces goûts enfantins durent bientôt lui passer lorsqu'elle se retrouva, vite fait, mère d'un petit garçon, tout en chair et en os."
En fait, pour une jeune femme, le mariage est une union avec ses beaux-parents plutôt qu'avec son mari. C'est le beau-père qui choisit sa bru et qu'elle soit jeune permet à la belle-famille de terminer son éducation et de la façonner à sa guise. On voit ainsi la tante de l'auteur, jeune fille enjouée, devenir une dévote voilée après son mariage avec le fils du pîr.
Nasreen échappe au mariage précoce parce que son père veut qu'un de ses enfants soit médecin et que ses deux frères aînés ont échoué dans cette voie.

C'est une société encore pleine de superstitions et de croyances dans des forces mauvaises :
"Si une fille était mordue par un chien, la mère de Grand-mère, notre arrière-grand-mère maternelle, connaissait un médicament pour éviter que la victime ne tombe enceinte de chiots. On le préparait en introduisant dans une banane d'une qualité particulière quelque chose de mystérieux qui ressemblait à un piment rond. Pour assurer l'efficacité de ce médicament dont la fabrication demeurait secrète, il ne fallait pas manger une autre de ce genre de banane pendant trois mois. On était ainsi assuré de ne pas mettre bas une portée de chiots. On venait souvent demander à notre arrière-grand-mère de préparer cette concoction."
L'imagination vive de Nasreen est fortement impressionnée par les histoires de fantômes et de djinns qu'elle entend et qui la font trembler de peur.

Le récit se termine en 1975 qui correspond pour l'auteur à l'époque de ses premières règles. J'aimerais beaucoup lire la suite de son autobiographie.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
Commenter  J’apprécie          20

Récit autobiographique, témoignage d'une enfance dans un pays dont je ne connais ...rien, cette lecture fut donc de fait instructive.

On suit la vie de la petite Talisma, fille qui a la chance d'avoir été voulue par son père ce qui n'est pas rien. Elle évolue dans une famille musulmane et surtout très déchirée sur les valeurs à transmettre. La famille de sa mère et sa mère elle -même, sont plongées dans la superstition, une religion punitive, des positions sociales héritées et dont on ne sort pas. La place des femmes est inférieure, docile, servile et dépendante du mari puisque les filles sont peu ou pas instruites et n'ont donc accès à aucune autonomie.

Le père qui vient d'un milieu très modeste et a réussi par ses études à devenir médecin. Il n'est pas ultra-libéral pour ses enfants mais il souhaite pour eux, la réussite par les études même pour ses filles. Sa pédagogie prend appui sur les coups, les restrictions et une forme de despotisme familial mais il consacre beaucoup d'efforts à maintenir ses enfants dans le savoir, allant ainsi à contre-courant de ce que dit la mère. Les coups pleuvent dans cette famille, autant que les cris, le conflit est à portée de souffle.

Au long de cette enfance, on découvre des situations violentes, qui vont de l'utilisation du corps des enfants, au mépris de classe sociale à la haine des non-musulmans en passant par un Islam rétrograde et perverti. le récit se fera surtout du côté des femmes, mal mariées, incultes, dépendantes, transmettant à leurs filles le même fardeau.

Le regard que cette petite fille a porté sur les adultes pendant son enfance est forcément le commencement des choix qu'elle fera adulte et qui lui couteront son exil.
Lien : http://theetlivres.eklablog...
Commenter  J’apprécie          90
L'enfance de Taslima Nasreen, la bas au Bengladesh. Une enfance terrible ou le droit humain, celui de la femme est bafoué. Taslima Nasreen est exilée, fuyant une fatwa prononcée par les fanatiques de son pays pour ses publications.

Elle dont le coeur ne bat que pour un lieu sur terre a choisi son exutoire: l'écriture.

Lien : http://ranatoad.blogspot.com
Commenter  J’apprécie          40

Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Dès l'âge de 6 ans, j'avais compris la très grande cruauté de ce monde dans lequel il n'est guère de plus grande misère que de vivre au féminin.
Commenter  J’apprécie          110

Videos de Taslima Nasreen (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Taslima Nasreen
Milan Kundera, Une vie d?écrivain Jean-Dominique Brierre
En librairie le 13 mars 2019 336 pages ? 20 ?
Le 1er avril 2019, Milan Kundera fête ses 90 ans !
Évoquant les personnages de la Guerre et la Paix, Milan Kundera remarque que leur vie est « un voyage dont les phases successives sont non seulement différentes, mais repre?sentent souvent la ne?gation totale des phases pre?ce?dentes ».
Ce parcours en ligne brise?e est aussi celui de l?auteur de la Plaisanterie. Son ?uvre est faite des me?mes contradictions. Ne? le 1er avril 1929, destine? a? une carrie?re de musicien, il devient poe?te communiste, puis romancier critique a? l?e?gard du re?gime. Exclu du Parti, mis a? l?index apre?s l?e?crasement du Printemps de Prague (1968), il quitte la Tche?coslovaquie sept ans plus tard pour s?installer en France. Ni dissident ni exile?, il continue toutefois a? e?crire en tche?que (L?Insoutenable Le?ge?rete? de l?e?tre), avant de choisir le franc?ais comme langue unique d?e?criture et d?« exploration de l?existence ».
Paradoxal, secret, absent des me?dias, Kundera est conside?re? comme un des e?crivains majeurs du dernier demi-sie?cle. Succe?s qu?il attribue, non sans ironie, « au fait d?e?tre mal compris ». Avec ou sans re?serves, des auteurs aussi divers que Jonathan Coe, Orhan Pamuk, Salman Rushdie ou Taslima Nasreen le regardent comme un mai?tre, dont les re?flexions sur l?« art du roman » questionnent leur me?tier en profondeur.
Ce parcours artistique, intellectuel, politique et litte?raire, Jean- Dominique Brierre l?a reconstitue? en l?inse?rant dans son contexte historique, du « coup de Prague » (1948) a? la « re?volution de Velours » (1989), s?appuyant notamment sur ses e?crits, ses entretiens et sur des te?moignages ine?dits, notamment ceux de son ami Alain Finkielkraut et de son traducteur Franc?ois Ke?rel.
http://www.editionsecriture.com/livre/milan-kundera-une-vie/ --------------------
Écrivain, journaliste, musicologue, Jean-Dominique Brierre est notamment l?auteur d?essais biographiques consacrés à Leonard Cohen (Le cherche midi, 2014) et Bob Dylan (L?Archipel, 2016).
+ Lire la suite
Dans la catégorie : Littérature indienneVoir plus
>Littérature des autres langues>Littératures indo-européennes>Littérature indienne (24)
autres livres classés : bangladeshVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (142) Voir plus



Quiz Voir plus

Les emmerdeuses de la littérature

Les femmes écrivains ont souvent rencontré l'hostilité de leurs confrères. Mais il y a une exception parmi eux, un homme qui les a défendues, lequel?

Houellebecq
Flaubert
Edmond de Goncourt
Maupassant
Eric Zemmour

10 questions
561 lecteurs ont répondu
Thèmes : écriture , féminisme , luttes politiquesCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..