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Simone Manceau (Traducteur)Bibbi Lee (Traducteur)
EAN : 9782916589572
216 pages
Cambourakis (06/10/2010)
3.88/5   29 notes
Résumé :
Le temps d'une nuit, une femme délivre à un parfait inconnu sa bouleversante confession. A cet homme croisé dans une gare, elle va ouvrir son âme, libérant, alors que défilent les heures, les verres d'alcool et les cigarettes, une parole trop longtemps retenue, en un flot parfois chaotique, d'une terrible franchise. Ce récit d'un destin brisé, emblématique des difficultés de la condition féminine au milieu du XXe siècle, est aussi celui de l'éveil d'une conscience ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
La nuit volée c'est une nuit de printemps, non celle de Tarjei Vesaas mais celle d'un autre auteur norvégien Torborg Nedreaas, une nuit particulière où une inconnue livre ses confessions à un autre inconnu, seul auditeur, témoin et récepteur d'un long monologue. le plongeon d'une âme dans une autre à travers une voix chaude et mature qui le guide et le fait s'immerger dans une existence étrangère.

La nuit s'écoule, les vagues se brisent au loin, il pleut. Murmure aquatique
La nuit s'étire, les verres se vident, l'ivresse vient. Les ondes réchauffent les coeurs.
La nuit part en fumée… Au clair de lune rien ne pousse.

Au cours de cette nuit, une nuit dérobée, dans le salon d'un appartement, deux solitudes germent et s'épanouissent mais une seule se vide, et s'évide selon les flux capricieux des souvenirs pour dessiner l'exil intérieur d'une femme au mitant de sa vie qui se retourne sur sa jeunesse, sur ce qui l'a pétrie. L'histoire d'une jeune fille qui dit oui et d'une jeune femme qui dit non. Oui à l'amour, non aux conventions d'une société hypocrite qui trace des chemins étriqués pour les devenirs des femmes. Solitude, colère, courage, douleur et révolte seules alternatives pour ne pas être clouée vivante. L'histoire d'une jeune fille timide et brillante, fille de mineur, fourvoyée par l'homme qu'elle aime alors qu'elle n'a que 18 ans, qui s'émancipe peu à peu et s'éveille à une conscience politique et féministe. La nuit envolée aux premières lueurs de l'aube, au jour naissant, sa disparition derrière un nuage de fumée n'en est que plus brûlante : l'homme envoûté, ému, troublé, face à ces aveux incandescents ne peut l'oublier. Mais une femme au manteau bleu une valise rouge à la main semble être des indices fragiles pour identifier sa présence hypothétique dans la foule anonyme ou le tumulte d'une gare. Alors il se souvient de cette nuit, la nuit volée.
Au clair de lune rien ne pousse. « La lune n'est que le froid reflet du soleil ».

La nuit volée, un texte très fort accompagné d'une écriture sonore et visuelle, écrin recueillant la brutalité des mots, les déchirures du corps et les blessures du coeur. La beauté d'une âme révélée par les aléas de la vie entre descentes en enfer et illuminations. Les phases lunaires, typographiées en en-tête de chaque partie rythment la narration et semblent évoquer les états d'âmes de l'interlocutrice noyée dans ses turpitudes où ombre et lumière se confondent parfois.

Torborg Nedreaas à travers une relation sulfureuse évoque les conditions des femmes de son siècle et les combats futurs à mener, les difficultés de vivre pleinement sa vie lorsqu'on est une femme et de la choisir quelle que soit sa classe sociale. Écrit au milieu du 20ème siècle en 1947, La nuit volée transmet un message universel et très contemporain.


Attirée par le titre, La nuit volée, il m'a fallu quelques lignes pour reconnaître la musique de cet auteure que je pensais n'avoir jamais lu, celle de Torborg Nedreaas (1906-1987) dans Musique d'un puits bleu. Une écriture réaliste très musicale et sensuelle qu'il s'agisse d'évoquer les profondeurs psychologiques de l'être humain ou les variations de la nature.

Je remercie Simone Manceau et Bibbi Lee pour la traduction et les éditions Cambourakis.

Un coup de coeur. Une lecture hypnotique pour une nuit blanche.
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Une jeune femme se confie, une nuit entière, à un inconnu croisé dans une gare. Elle lui raconte toute sa vie, une vie de souffrance et de peine. Elle fait en même temps le procès de la société, cruelle aux pauvres, répressive, hypocrite sur les valeurs morales, surtout en ce qui concerne les femmes.

Le projet du livre est évidemment touchant et louable. le début est assez prometteur, et j'ai éprouvé de l'intérêt à suivre les destinées du personnage principal. Mais j'ai ressenti une forme de lassitude à partir de la moitié du roman, que j'ai fini par trouver un peu trop démonstratif, poussant les choses à l'extrême, au point d'en devenir presque caricatural par moments. Et j'ai surtout eu du mal à comprendre l'amour destructeur que l'héroïne voue à Johannes, tant le lecteur voit dès le début à quel point cet homme abuse et instrumentalise sa jeune maîtresse, et à quel point il n'est pas digne du sentiment qu'il inspire. Pourtant, jusqu'à la fin, elle n'arrive pas à se dégager des liens qui l'unissent à cet homme, et qui sont la cause première des malheurs qui lui arrivent, au-delà de tous les aspects sociétaux. Ce qui affaiblit à mon sens la critique sociale, censée être au coeur du roman.

J'aurais aimé plus aimer ce livre, mais les bonnes intentions ne suffisent pas forcément en littérature, bien qu'un certain nombre de sujet évoqués dans le roman, comme l'avortement, sont incontestablement des sujets de débats importants, que le livre a le mérite de soulever. Et qu'à l'époque où il a été écrit (années 40 du siècle dernier) c'était encore plus le cas.
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Coup de coeur !
Roman publié pour la première foix en 1947 !
Des analyses pertinentes, des constats affligeants, des révoltes si justes et encore si actuelles !
Des exemples pour vous motiver à découvrir cette auteure :

Sur le thème de la mère,
Refuser que son rôle ne soit que d'aller de la maison à l'épicerie, écouter et colporter des ragots,
Aller (à tort ou à raison ?) la condamner car elle n'a pas eu la force ou l'initiative de se battre pour ses droits les plus évidents,
Constater qu'elles deviennent idiotes (les mères), mesquines "parce qu'elles ne peuvent supporter le genre de bonheur auquel elles mêmes ne peuvent participer", vicieuses "parce qu'elles pensent que les accidents des autres les élèvent au dessus de leur propre malheur."

Sur les difficultés de l'adolescence,
Avec l'attrait de la nouveauté, l'appel des hormones laisse indifférent envers ceux qui ont constitué le foyer qui leur a permis de vivre jusque là,
Ce malaise effrayant est si bien décrit quand le malheur, la misère viennent à bout de la résistance du père et que les choix de l'adolescente laissent la mort faire son ouvrage sans que la présence de l'enfant vienne réconforter le père.

Sur le drame de l'avortement,
Quand aucune solution ne peut permettre le développement d'une nouvelle vie, condamnation morale de la fille facile, condamnation économique, il est impossible de survivre à deux quand on ne peut déjà pas survivre seule,
Condamnation du géniteur qui ne veut pas assumer ses gestes, condamnation d'une union forcée qui ne peut survive sans aigreur, sans amour à l'usure de la vie à deux,
Condamnation de l'acte de l'avortement en ce qu'il entraîne à l'intérieur du corps de la femme même quand celui ci est pratiqué par un médecin.
Que dire alors de l'avortement clandestin bricolé par soi même, seule dans des conditions sanitaires effroyables.

Pour finir et pour ne pas oublier l'éveil à la politique, à la conscience de classe, ...

Tous les éléments sont réunis pour nous faire revivre cette nuit volée à l'oubli pour ne jamais oublier ce que furent ces existences il y a à peine un siècle ...
Alors la morale !
On peut comprendre que parfois cette morale là, on a plutôt envie de s'assoir dessus !
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Un récit aussi beau que brut, qui vous emportera en Norvège pour découvrir la vie de femmes et d'hommes blessés par la société et ses lois « morales ».

En quelques lignes:

Il ne peut s'empêcher de regarder cette femme, avec sa valise rouge. Sans pouvoir s'expliquer pourquoi. Il va vers Elle (cette attitude n'est pas la sienne). Elle se retourne, sourit, et lui dit « on y va? ». Ils partent ensemble chez lui.
Arrivée dans l'appartement de l'inconnu, Elle lui propose son corps ou son âme, Il doit choisir. Il demande son âme. Elle va alors lui livrer le récit bouleversant de sa vie de femme, fille d'ouvrier, du milieu du XXème siècle.

Il écoutera docilement, comme elle l'a demandé, sans regarder l'horloge, et découvrira une femme non seulement blessée par l'amour, mais surtout par la société qui a poussé tous ceux qu'elle aimait à la renier, à la sous-estimer. Cette même société qui l'a également forcée à se marginaliser, elle-même.



Ce que j'en ai pensé:

La structure en miroir, extrêmement bien pensée, rend le texte prenant, poignant, précis. Elle déroule son récit – Il la scrute, décrit son apparence, ses gestes au moment où elle parle, en résonance à la rue qui s'agite ou se calme.
De même, la configuration de leur entretien (Elle parle – Il écoute sans dire un mot), permet à l'auteure de mettre en relief toutes les pensées et doutes du personnage, sa psychologie est complète.

… Et tout cela dans un décor Norvégien pittoresque, avec fjords et aurores boréales qui nous font rêver. Mais il y a aussi la ville et les mines, lieux de misère et de rumeurs.

Plus on avance dans la lecture, plus le récit devient fort parfois brutal. Avec une écriture exigeante, Torborg Nedreaas évoque brillamment les déviances de ces sociétés où les bonnes moeurs ont l'ascendant sur tout ce qu'il peut y avoir de beau. Ce récit, pourtant écrit au milieu du XXème siècle, reste d'une justesse absolue et nous fait prendre conscience de l'importance de conserver nos droits acquis.
Lien : https://vouslisezquoicesoir...
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La nuit volée, publié pour la première fois en 1947 par une autrice qui s'avère être l'une des romancières norvégiennes les plus importantes de l'après-guerre. Un homme croisé dans une gare invite une parfaite inconnue dans son appartement et elle lui raconte la nuit durant une longue et bouleversante confession. Au fil de la soirée, enivrée, elle lui livrera l'histoire de sa vie, dans un poignant monologue. On y découvre le destin d'une femme, fille d'ouvrier du milieu du XXe siècle. Une femme bléssée par l'amour et par la société! Pas mal du tout !
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Je ne sais pas combien de temps nous sommes restés comme ça, sans rien dire, sans bouger, mais je pense que je me suis presque endormi, les yeux grands ouverts. Des ombres vertigineuses de forêts de jeunes bouleaux, tachetées de soleil, et des tapis odorants d'anémones blanches dansaient dans mon esprit, tissant l'image d'une jeune fille étendue sur le dos, avec des anémones des bois entre ses doigts croisés. Et des lunettes sur le nez. Je sentais le parfum des anémones et du fond de la forêt. Puis j'entendis de nouveau sa voix. La voix chaude et mûre de cette femme qui me faisait totalement pénétrer dans une existence si éloignée de ce salon familier.
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Un matin, il y a bien des années, j'allai me promener. Je me détachai à grand-peine d'une barrière où j'avais presque pris racine à cause d'une douleur, une douleur que beaucoup de gens, à travers les âges, ont connue, par un matin de printemps. Je traversai une violente averse de chants d'oiseaux, dans la jeune forêt, et je dus faire face au plaisir qui consistait à savoir que j'avais de la force en réserve dans ma conscience, dans ma soif de comprendre, dans mon sentiment d'être un être humain, dans un monde plein d'autres êtres humains empêtrés dans leurs chaînes.
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Est ce que la politique - tu entends un peu ce son écorchant ? - est ce que la politique sèche, inhumaine, peut donner de la chaleur à des jeunes et faire briller leur regard, et mettre du coeur dans leur chant ? À moins qu'il n'y ait quelque chose de plus, là dedans ? Ou que leur lutte soit une lutte pour l'humanité ? Oh, j'aurais tant voulu que quelqu'un puisse répondre plus tôt à ces questions.
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On se vend pour une nuit. C'est un échange réaliste. Rien d'autre que ça. Et après, tu as l'argent qu'il faut pour manger le premier repas de la semaine, ou pour payer ton loyer.
Mais le mariage, c'est une escroquerie de parler de ces liens sacrés. Sacrés ! Oui, inviolables ! Et c'est au moins aussi vrai pour ces mariages qui ne sont que des tractations commerciales, dissimulées derrière le contrat officiel.
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Peut être avais je espéré y trouver un peu de réconfort que d'autres trouvent dans ce juge mesquin et puissant qu'ils appellent Dieu. Celui que les gens accusent de vouloir venger tous ces instincts qu'il a créés en nous. Celui qui a créé l'amour chez l'un, mais qui a oublié de le créer chez l'autre.
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