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EAN : 9782072493447
208 pages
Gallimard (20/06/2013)
3.74/5   181 notes
Résumé :
Dans un hameau du centre de la France, au début des années 1930, un vieil homme se souvient. Après avoir beaucoup voyagé dans sa jeunesse, Silvio se tient à l'écart, observant la comédie humaine des campagnes, le cours tranquille des vies paysannes brusquement secoué par la mort et les passions amoureuses.
Devant lui, François et Hélène Érard racontent leur première et fugitive rencontre, le mariage d'Hélène avec un vieux et riche propriétaire, son veuvage, s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (52) Voir plus Ajouter une critique
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Voilà encore un (court) roman de l'auteure sauvé par sa fille, que son mari n'a eu le temps et le courage sans doute de dactylographier qu'en partie car Irène Némirovsky s' est fait arrêter juste après l' avoir écrit, en 1942...

Encore une fois, je suis admirative du style précis, souvent acerbe, toujours prenant de l'auteure.

L' histoire aussi est intrigante: à la façon d' une énigme en cachant d'autres, comme des poupées gigognes, un récit à la première personne nous est fait par un témoin proche des événements racontés.

L'action se situe dans le Morvan, région que l'auteure a bien connue car elle y a recherché une nounou pour ses filles. L'atmosphère paysanne est superbement rendue, entre non-dits et rancunes larvées, rudesse du quotidien et désir d'autre chose dans les jeunes esprits...

Justement, ce sont de jeunes couples qui sont au coeur des secrets, des chairs qui ont la fièvre..." Je ne puis pas changer mon corps, éteindre ce feu qui brûle dans mon sang", écrivait-elle déjà dans " le vin de solitude ". Mais le vieux couple qui sert de modèle a lui aussi des fautes à se reprocher, de même que l'oncle âgé , le narrateur ...

le ton est, comme souvent, désabusé, mais tellement juste, quand il s'agit de révéler les faiblesses humaines, la complexité des relations familiales et conjugales...

On ne peut que regretter le destin tragique de l'auteure si prolifique déjà. Que de belles oeuvres elle nous aurait offertes encore!
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Chaleur du sang, d'Irène Némirovsky, est un court mais intense roman. Intense par la fulgurance des trajectoires, par les destins qui se heurtent, par les drames qui sous-tendent les vies, par les profondeurs abyssales de l'âme humaine.
Nous entrons dans ce récit et nous cheminons dans les pages au côté du cousin Silvio, au crépuscule de sa vie. Nous sommes dans les années trente, dans la campagne nivernaise.
Les personnages de ce récit semblent être destinés à des existences ordinaires, tranquilles, mornes, mais les silhouettes furtives qui traversent la campagne où se déroule l'histoire, sont peut-être déjà couturées de désirs brûlants.
Il faut se méfier des eaux tranquilles du bonheur qui sommeillent dans la fausse quiétude des familles.
Les pages brusquement deviennent des braises entre les doigts.
Le corps peut brûler, mais il n'est rien sans ce coeur qu'on croyait armé pour la fidélité et qui contre toute attente brusquement trébuche.
Ici les pages de ce récit sont incandescentes.
Ce roman est mon premier pas vers l'oeuvre de cette auteure dont je n'ignorais cependant pas l'étonnante et bouleversante histoire. Irène Némirovsky, j'ai découvert qu'elle était née à Kiev, une ville qui m'est chère et que son prénom était en fait Iryna, un prénom qui m'est tout aussi cher... Je me rappelle avoir arpenté il y a quatre ans le magnifique jardin botanique près de la rue Pouchkine où elle vécut durant son enfance.
Ce livre fut son dernier ouvrage écrit avant d'être arrêtée en 1942 par la Gestapo dans le Morvan où elle résidait, puis envoyée à Auschwitz où elle mourut du typhus.
J'ai été étonné par la densité qui tient dans les quelques pages de ce roman. Au premier abord, tout semble relever d'une chronique rurale et familiale classique, elle pourrait se passer dans la Bretagne que je connais un peu ou bien ailleurs en France, n'importe où en province, je crois reconnaître ou deviner des traits de vie qui auraient pu être familiers de ce que mes grands-parents ont vécus et que ma grand-mère me racontait de cette époque, la rudesse paysanne, la dureté du quotidien, la solidarité et en même temps la méfiance du voisinage, l'avarice, les fêtes, les mariages, les naissances, les deuils...
C'est un monde façonné de silence. Les gens sont taiseux. Derrière les non-dits, on imagine aisément qu'il y a autre chose. Mais bientôt ce sont des voix intérieures qui nous happent dans leur intimité. Viennent les secrets, les rumeurs, les chemins de traverse, les égarements, les joies et les douleurs... Vient le bruit des sens tapi dans l'ombre des paysages.
Comme c'est beau parfois de se perdre en chemin, comme c'est dangereux aussi, semble nous dire Irène Némirovsky.
Au début, nous avançons un peu à tâtons au travers du propos du narrateur, Silvio, qui se confie à nous, une intrigue se forge, se construit et c'est la force du récit, des voiles tombent peu à peu, comme des rideaux qui se déchirent. Les regrets et les remords viennent mettre des cailloux dans les chaussures. Les secrets viennent à nous comme des bulles remontant à la surface de l'onde, démontrant qu'il y a de la vie en dessous.
L'écriture d'Irène Némirovsky est à la fois concise et ciselée dans une justesse qui met à jour des sentiments pris dans la nasse des coeurs. C'est une écriture qui peut paraître froide au premier abord, presque acerbe et désabusée. Mais elle pose le décor et la complexité des fils qui tiennent et animent les personnages emplis de désirs et voulant brusquement et à toutes forces sortir d'une photo de famille parfois trop lisse.
L'intrigue presque policière est ici un prétexte. J'ai aimé les mots d'Irène Némirovsky pour dire à la fois l'émotion et la pulsion, les choses du coeur et du corps. Parfois il est impossible de distinguer l'un de l'autre, comme deux amants dont l'étreinte est fusionnelle. C'est une écriture que je trouve incroyablement émouvante. Il me tarde de cheminer dans le reste de l'oeuvre de cette écrivaine.
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Ah ! Qu'il est doux de se plonger dans un roman d'Irène Nemirovsky, principalement lorsque celui-ci se déroule à la campagne, en plein centre de la France, et lorsque, après une balade au grand air, dans ces bois parsemés d'étangs cachés, on se réfugie dans ces habitations « aux pièces si confortables et vastes, avec leurs grandes cheminées, leurs jolis meubles anciens, leurs alcôves profondes, leurs fleurs, leurs rideaux de cretonne à bouquets ».

Mais ne nous y méprenons pas ! Ce roman champêtre aux allures paisibles cache bien des drames, des flambées de désir, « chaleur du sang ».
Le narrateur y oppose jeunesse et âge mûr, de façon très judicieuse, je pense. le couple-modèle d'Hélène et François recèle des secrets, des passions enterrées dans le passé. Et la jeune génération prend la relève…

Bref, sous couvert de pensées jetées sur le papier au fil des saisons, le narrateur nous dévoile la complexité de l'être humain.
Irène Nemirovsky signe ici un roman remarquable de psychologie et de pensées profondes, mâtiné de rebondissements qui font leur petit effet, je peux vous l'assurer.

Méfiez-vous de l'eau qui dort, méfiez-vous des apparences !
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C'est dans les pages de Babelio que j'ai fait la connaissance d'Irène Némirovsky. J'ai toutes les raisons de m'en féliciter et remercie celles et ceux qui y ont partagé leurs impressions de lecture de ses ouvrages. Après Jézabel, je viens de terminer Chaleur du sang et ai déjà entrepris la lecture de Suite française.

Mais qu'est-ce qu'ils ont dans le sang ? Qui n'a pas entendu cette expression prononcée par des parents ou grands-parents déplorant les frasques de leur progéniture. Et d'ailleurs ne nous dit-on dans la préface de cet ouvrage que lorsqu‘Irène Némirovsky avait cherché à lui donner un titre, elle avait envisagé de l'intituler « Jeunes et vieux ». Car il s'agit bien dans cet ouvrage de faire se confronter les générations. À cela rien de bien neuf sous les cieux de notre planète tourmentée depuis que l'intelligence a investi un corps de mammifère et l'a fait se dresser sur ses membres postérieurs.

Rien de nouveau, au point que l'on pourrait dire que c'est le style qui sauve l'oeuvre. Mais ce serait peut-être aller vite en besogne et à scruter d'un peu plus près l'oeuvre d'Irène Némirovsky on y détecte une troublante approche de la psychologie humaine. Et lorsqu'on lit comme je suis en train de la faire Suite française, on confirme le fait. On le confirme et le précise, en se disant que cette auteure a de la nature humaine une vision foncièrement désabusée, allant même parfois jusqu'à la nausée. C'est bien ce que l'on perçoit de Gladys Eysenarch, cette mère indigne dans Jezabel, qui sacrifie sa filiation pour ne pas devenir grand-mère et supporter le poids de l'âge attaché au statut, ou encore dans Suite française avec la couardise et la rapacité des nantis qui détalent devant l'avancée allemande en juin 1940, emportant leurs valeurs et sans regarder qui ils piétinent.

Il faut dire qu'en matière de misère affective et persécution Irène Némirovsky a de l'expérience et a pu forger sa culture du rejet et de l'intolérance. N'a-t-elle pas dû fuir avec ses parents son Ukraine natale pour échapper aux pogroms juifs, puis la Russie pour échapper aux Bolcheviques parce que famille de nantis et enfin, la maturité de son écriture venue, fuir encore, la capitale française cette fois-ci, parce que juive et donc pourchassée par les autorités vichyssoises. Et pour couronner le tout, n'a-t-elle pas eu une enfance solitaire, délaissée par une mère dépourvue d'amour maternel. Voilà de quoi avoir de la nature humaine un dégoût instruit aux désillusions de la vie. Dégoût que ne démentira pas ce 13 juillet 1942 lorsqu'Irène Némirovsky sera arrêtée par la police française pour un voyage sans retour. Et des ouvrages à publier à titre posthume.

Ne nous étonnons donc pas si dans Chaleur du sang la morale n'y trouve pas son compte. Au motif que ce qui fait bouillir celui des jeunes générations répond à la primauté des sens sur la vertu. Les aînés seraient quant à eux bien en peine de le reprocher à leur descendance car à la révélation de quelques indiscrétions du temps où eux aussi avaient le sang chaud leur droiture affichée pourrait bien pareillement subir quelque infléchissement.

C'est comme cela qu'une intrigue s'engageant sur le ton badin dans le cadre bucolique d'un village de province se trouve attisée par cette flamme qui échauffe le fluide vital. Comme cela que le velouté du style d'Irène Némirovsky prend ses distances avec la gravité des faits qu'elle relate. Gagné à la confiance que nous inspirait sa prose cristalline, nous sommes alors surpris par la douce férocité de la plaidoirie en faveur des écarts de conduite qui ont détourné la jeunesse du noble sentiment pour la faire sombrer dans les vils plaisirs.

Aussi, n'est pas vil plaisir celui qui celui fait s'enticher de l'écriture d'Irène Némirovsky. Elle nous inocule toute l'amertume d'une femme qui a trop souvent vu le sol se dérober sous ses pieds du seul fait de à ses contemporains. Jusqu'à ce qu'il l'emporte avec lui en juillet 42.

Et à ceux qui s'interrogeraient encore sur la transmission de l'expérience des anciens à leurs descendance, on leur répondra avec Marcel Proust « qu'on ne reçoit pas la sagesse, il faut la découvrir soi-même après un trajet que personne ne peut faire pour nous… ».
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Irène Némirosky a une écriture d'une grande finesse , ici , nous sommes dans un petit village français dans les années 30 , l'auteur nous décrit une histoire de secrets de famille .
J'aime beaucoup cet auteur , j'ai lu précedemment David Golberg et le magnifique ' Suite française ' .
Pour les lecteurs ( lectrices intéréssés ) , il y a un article bouleversant sur la vie d' Irène Némirosky , elle est en effet d'origine juive et se croyait à l'abri des persécutions en temps qu'écrivain française , malheureusement , elle a été arrêtée en 1942 et est morte à Auschwitz peu de temps après , l'article sur Wikipédia donne les détails sur l a ' survie ' du livre après sa mort .
Moi qui aime les histoires vraies , j'ai été bouleversée .
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Citations et extraits (37) Voir plus Ajouter une citation
Je ressemble à un faune : un vieux faune vraiment, qui ne court plus les nymphes, qui se cache au coin de son feu. Et comment décrire les plaisirs que j'y trouve ? Je jouis de choses simples et qui sont à ma portée : un bon repas, un bon vin, ce carnet où je me procure, en y griffonnant, une joie sarcastique et secrète ; par-dessus tout la divine solitude. Que me faut-il de plus ? Mais, à vingt ans, comme je brûlais !...Comment s'allume en nous ce feu ? Il dévore tout, en quelques mois, en quelques années, en quelques heures parfois, puis s'éteint. Après, vous pouvez dénombrer ses ravages. Vous vous trouvez lié à une femme que vous n'aimez plus, ou, comme moi, vous êtes ruiné, ou, né pour être épicier, vous avez voulu vous faire peintre à Paris et vous finissez vos jours à l'hôpital. Qui n'a pas eu sa vie étrangement déformée et courbée par ce feu dans un sens contraire à sa nature profonde ? Si bien que nous sommes tous plus ou moins semblables à ces branches qui brûlent dans ma cheminée et que les flammes tordent comme elles veulent.

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- Pourquoi vous appelle-t-on Silvio, mon cousin ? demande Colette.
Je réponds :
- Une belle dame qui a été amoureuse de moi et qui trouvait que je ressemblais à un gondolier, car j'avais en ce temps-là, il y a trente ans, les moustaches en crocs et les cheveux noirs, a transformé ainsi mon prénom de Sylvestre.
- Mais non, c'est à un faune que vous ressemblez, dit Colette, avec votre grand front, votre nez retroussé, vos oreilles pointues, vos yeux qui rient. Sylvestre, l'homme des bois. Cela vous va très bien.
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- Ah mon ami, devant tel ou tel événement de votre vie pensez-vous quelquefois à l'instant dont il est sorti, au germe qui lui a donné naissance ? Je ne sais comment dire... Imaginez un champ au moment des semailles, tout ce qui tient dans un grain de blé, les futures récoltes... Eh bien dans la vie, c'est exactement pareil. L'instant où j'ai vu François pour la première fois, où nous nous sommes regardés, tout ce que cet instant contenait...c'est terrible, c'est fou, ça donne le vertige !...
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Elle semblait frappée de stupeur ; elle avait une voix froide et grave. Elle toucha légèrement l'épaule de son mari, car le bruit de nos voix ne l'avait pas réveillé. Quand il ouvrit les yeux, elle lui expliqua ce qui s'était passé. Il l'écouta en silence. Peut-être ne comprenait-il qu'à moitié, peut-être se souciait-il peu de la mort d'un homme jeune ou, en général, de n'importe quelle mort autre que la sienne. Peut-être ne voulait-il pas dire ce qu'il pensait.
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Ce soir si doux, je me suis assis sur le banc qui est derrière la cuisine, d'où je vois ce petit jardin que je me suis mis à cultiver, car pendant longtemps je ne lui demandai que les quelques légumes nécessaires à la soupe, mais depuis plusieurs années je le soigne. J'ai planté moi-même ces rosiers, sauvé cette vigne qui se mourait, bêché, désherbé, taillé les arbres fruitiers. Je me suis attaché peu à peu à ce coin de terre. Les soirs d'été, au crépuscule, ce bruit de fruits mûrs se détachant de l'arbre et tombant d'une chute molle dans l'herbe me donne une sorte de bonheur.
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Elle fut l'une des romancières les plus en vue des années 30 puis on l'a oublié après sa mort en déportation… jusqu'à sa redécouverte il y a quelques années. Son nom ? Irène Némirovsky;
« Suite française » d'Irène Némirovsky, c'est à lire aux éditions Denoël.
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