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EAN : 9782253176435
264 pages
Le Livre de Poche (15/01/2014)
3.69/5   51 notes
Résumé :
Quand elle rencontre Antoine Carmontel après la Première guerre mondiale, Marianne a 20 ans et le seul désir de s’amuser. Fille d’un peintre connu et d’une riche héritière, avec ses trois soeurs la vie n’est qu’une suite de bals, de sorties en toute liberté. Puis Marianne s’attache à Antoine, qui n’a envie que d’insouciance et de conquêtes faciles. Ils sont amants, l’issue est donc le mariage. Elle l’aime, il ne l’aime pas, qu’importe. Il investit son héritage dans... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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« La femme que j'ai le plus aimée n'est pas celle-ci, mais, au moment de mourir, je regretterai ce qui nous unit plus que je n'ai regretté la passion. La passion semble un don de Dieu "trop beau pour être vrai". On sent qu'Il vous la prête seulement pour un temps, mais ceci est bien à nous... acquis avec peine, lentement amassé, distillé comme un miel. Et, un jour, il faudra abandonner ça aussi. Quel dommage... »

Que la plume est belle ! Second livre d'Irène Nemirovsky et je suis encore une fois sous le charme. C'est beau et si profond. Une plongée dans les têtes des protagonistes avec une aisance dans la description des âmes, je suis encore bluffée. C'est fin et juste. Tout est mesurée, calibré avec précision. En refermant ce roman, j'ai eu l'impression que la boucle était bouclée. D'une part, d'adolescents frivoles et dévorés de désir, ils sont devenus ce qu'ils ne comprenaient pas de l'attitude de leurs parents. D'autre part, le couple principal traverse toutes les strates d'un amour juvénile, anxieux, insouciant, mature, dépossédé de de désir jusqu'à leur équilibre. Ils sont passés de deux à un, jusqu'à trouver la paix de l'âme.

« Marianne se tut brusquement, songeant que l'amour conjugal pouvait croître non seulement sans l'aide des époux, mais malgré eux, malgré les querelles, les déceptions et les trahisons, croître par sa propre vertu, comme un enfant. »

J'étais très intriguée par Antoine, l'un des personnages principaux. Tout s'enroule autour de lui. Antoine voit le monde comme il a vu la guerre, désenchanté. Pour autant, tout ne se désagrège pas à ce moment là. Dernier d'une fratrie, il s'émeut d'avoir été moins aimé par sa mère. Seul à n'avoir pas terminé ses études pour partir au front, il est comme abîmé dès l'origine. Revenu il reste accroché à l'idée que rien ne dure, que la mort rôde, qu'il n'est donc pas judicieux de construire, qu'il faut profiter. Et puis, avec son ami Dominique, il y a la rencontre avec Marianne, avec Evelyne, avec l'âge et la conséquence inéluctable du vieillissement des parents, des histoires de familles, de la naissance de ses enfants, de la maturité qui vous apprend, en tant que chef de famille, à faire face à des obligations matérielles... Il grandit mais garde ses blessures tout en apprenant à apprécier les choses simples. Je parle d'Antoine, mais Marianne est également très détaillée dans le roman. L'auteur nous plonge dans des familles et on comprend très bien les relations nouées entre les uns et les autres. Un grand coup de coeur !
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Encore une fois je salue tout le talent de Némirovsky... elle sait écrire, très bien écrire même. Je n'ai jamais été déçue en me plongeant dans l'un de ses livres... Il est certain par contre, qu'après avoir lu le déchirant Suite français et l'excellent Jézabel, j'en attends beaucoup... mais bon, elle réussi, chaque fois, à m'émouvoir d'une façon ou d'une autre. Ici, nous sommes en pleine période de l'entre deux guerres. Elle nous livre l'histoire des premières passions, de l'amour qui nous prend aux tripes, passionné et passionnel... Mais la flamme des débuts peut-elle durer toujours ? Lorsque le temps gruge la passion. Lorsque l'autre nous semble acquis. Lorsque d'autres viennent troubler ce semblant de bonheur. Un livre sur le temps qui passe et fait son oeuvre sur l'amour qui s'essouffle. C'est aussi un beau roman d'époque, qui dépeint à merveille ces instants de révolution des moeurs... Un beau roman, mais néanmoins moins puissant que d'autres que j'ai lu d'elle.
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Marianne et Antoine, deux jeunes issus de la meilleure bourgeoisie parisienne des années de l'entre deux guerres, se fréquentent, la jeune fille est plus amoureuse que son amant, assez volage, mais ils finissent par se marier et fonder une famille, ce qui ne signifie pas le bonheur, mais en tient lieu, dans le carcan des convenances de ce milieu social, même si chacun d'eux se montre à son tour impudemment infidèle, jusqu'au drame.

Irène Nemirovsky peint ici des sentiments et une thématique simples : l'amour, la passion, la jeunesse, le couple, le mariage, la famille, l'infidélité, l'amertume du mensonge social, dans une écriture soignée et maîtrisée, et une analyse psychologique fine et subtile.

Toutefois la société décrite semble avoir été balayée par l'évolution des moeurs et la révolution sexuelle, et toutes les situations et les drames décrits semblent frappés d'obsolescence et de désuétude... Aucune des remarques sur le couple ou le mariage ne semblent plus de la moindre actualité. On pourrait même lire ce court roman comme un ouvrage quasi historique, témoin d'une société et de moeurs révolues.
Cela n'enlève rien à l'agrément de la lecture, mais exhale parfois une légère odeur de naphtaline, comme les robes de bal des grands-mères... On est loin de l'incisivité implacable et puissante de Suite française.
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Après la première guerre mondiale, Marianne vingt ans, fille d'un peintre, ne cherche qu'à s'amuser et recherche la compagnie d'Antoine. Celui-ci entretenu par son père semble lui préférer sa maîtresse Nicole, mais finira par l'épouser et avoir plusieurs enfants. C'est alors qu'il découvre la soeur de Marianne.
Un livre très bien écrit, mais ce milieu de jeunes à la vie facile ne m'a pas accrochée.
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"En amour il y en a toujours un qui souffre et l'autre qui s'ennuie".
Cet adage populaire, Irène Némirovsky le développe dans un roman tout en délicatesse, qui m'a moins plu que mes précédentes lectures de cette merveilleuse auteure.
C'est qu'il est beaucoup questions de sentiments dans ce portrait de couple, que l'on suite au sortir de la prime jeunesse jusqu'à l'installation irrémédiable dans la vie : Marianne aime Antoine, qui ne l'aime pas, mais qui l'épouse, la trompe, puis l'aime, mais ils ne s'aiment plus... Je caricature affreusement, c'est beaucoup plus subtil et nuancé, et surtout le roman donne à lire de magnifiques pages sur la jeunesse, particulière pour cette génération d'après guerre (la première), ainsi que sur les écueils incontournables d'un couple comme de leurs indéfectibles points d'appui.
Une grande finesse dans ces pages qui respirent la belle lucidité désabusée d'une écrivaine hors normes.
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Ce qu'il y a d'effrayant, songeait Marianne, c'est que les mots que nous échangeons ne sont insignifiants que dans leur plus grossière apparence. Ils sont, en réalité, lourds de sens, chargés de souvenirs et d'émotions que nous ne pouvons partager, qui nous étouffent. Comme lui, je revois les robes blanches d’Évelyne, son beau visage, son corps à présent dissous dans la terre, l'éclat de ses épaule, de son dos nu. Mais que pouvons-nous dire d'autre ? Ah ! il vaut mieux répondre comme je vais le faire : "Vous ne comprenez rien. Laissez-moi tranquille !" Il vaut mieux jeter à terre le polissoir que je tiens dans mes mains et l'entendre claquer la porte avec fureur, plutôt que nommer par son nom le mal dont il souffre, et lui donner ainsi la vie, et le rendre invincible...
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Dormir ensemble. Ah ! ne pas seulement coucher ensemble, mais dormir !

" Ce qui nous manque, c'est de vivre ensemble, songeait-elle ; rien, sans doute, aucune intimité physique ne vaut le sommeil dans le même lit, nuit après nuit, et non pas une heure..."

Comme elle avait changé !... Au coin de sa bouche paraissait une marque à peine perceptible, dessinée, comme avec un trait d'ongle, et qui serait, un jour, la première ride. Cet instant où, tout à coup, on ne se sent plus assurée de rester éternellement jeune, cela ne ressemble pas à une pensée. Ce n'est même pas un instinct. On ne redoute rien encore. On dirait qu'on se souvient. Dans la rue, quand elle passait, quand elle jetait autour d'elle ces regards triomphants, insolents, de l'extrême jeunesse, et qu'une femme vieillissante la croisait, elle lisait clairement sur ce triste visage :

" Toi aussi... toi aussi... un jour..."

Cela approchait. Cela allait venir, pour elle comme pour les autres. Elle comprenait enfin ce que signifiait : "Il m'a rendue femme..."

Oui, femme... Non seulement apte au plaisir, mais à la douleur. Mûrie, non seulement dans sa chair. Cela, ce n'était rien, mais dans son âme.. Ce qu'il avait fait jaillir en elle, cette source mystérieuse, secrète, contenait à la fois et la joie et la peine. Elle avait cessé de se croire vouée au bonheur. Elle savait que toutes les blessures pouvaient l'atteindre, que toutes feraient flèche désormais...
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Elle dansait et au même moment, en elle, un double invisible contemplait sa propre image, sa robe rouge, ses cheveux noirs, ses bras nus, glissant aérienne, silencieuse, agile dans les bras d'Antoine. Dans la jeunesse, à certains instants, où la félicité atteint son point le plus haut, presque douloureux, on est ainsi à la fois acteur et spectateur — spectateur enivré, amoureux de soi-même.
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Un mari et une femme ne voient pas les traits l'un de l'autre, n'accomplissent pas le travail de l'esprit qui consiste à confronter sans cesse l'image restée dans la mémoire et celle que les yeux perçoivent. Ils regardent le sourire et non le dessin de la bouche, l'expression et non la forme des yeux, et ceci pendant dix ans, quinze ans... Puis, tout à coup, un soir, pareil à tous les soirs, il lit, elle coud, et l'un des deux lève les yeux: l'autre, sentant qu'on le regarde, demandera peut-être: "Quoi? Qu'est-ce que c'est?" Il répondra : "Rien", ou : "Je t'aime", ou d'autres paroles machinales, mais, en réalité, l'espace d'une seconde, l'homme ou la femme ont vu, et parfois, ont dû faire un imperceptible effort pour reconnaître le visage de celui qui partage leur vie.
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Contrairement à ce qu'on croit, l'homme n'est cynique en général que dans l'extrême jeunesse ;à mesure que sa vie s'écoule, il a moins de dureté et moins de courage. Le jeune homme chérit la réalité, l'homme mûr la subit et le vieillard, plus sage, la fuit mais en vain, car elle le rejoint à la dernière heure.
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Vidéo de Irène Némirovsky
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Elle fut l'une des romancières les plus en vue des années 30 puis on l'a oublié après sa mort en déportation… jusqu'à sa redécouverte il y a quelques années. Son nom ? Irène Némirovsky;
« Suite française » d'Irène Némirovsky, c'est à lire aux éditions Denoël.
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