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Jean-Jacques Bernard (Préfacier, etc.)
EAN : 9782226158475
202 pages
Albin Michel (26/01/2005)
3.82/5   19 notes
Résumé :

La nostalgie de l'innocence, la peinture sans concession d'une humanité " souffrante "... nombreuses sont les affinités qui lient Irène Némirovsky à Anton Tchekhov. Née un an avant la mort de ce dernier, l'auteur de Suite française, couronnée à titre posthume par le prix Renaudot 2004, était fascinée par le destin et la personnalité du grand écrivain. Cette biographie à la fois pré... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Emprunté le 1er février 2024, à ma bibliothèque...

Une très belle biographie de Tchékhov...que j'ai lue avec bonheur, après avoir achevé celle de Tchoukovski.
Quel dommage que ces deux écrivains de talent n'aient pu se rencontrer, car ils auraient eu tant de plaisir à discuter ensemble et à partager leur même admiration et même tendresse pour cet écrivain- médecin, si talentueux, et si généreux en tout ! Un GRAND....vraiment, dans tous les sens du terme !

Rappelons que cette biographie fut malheureusement publiée a titre posthume , en 1946, apres la mort tragique d'Irène Nemirovski, en camp...

Un style fluide, élégant pour rendre compte au plus juste de l'oeuvre de Tchékhov, mais aussi de sa personnalité complexe et attachante, ainsi que du contexte historique et littéraire de l'époque...

"Katherine Mansfield; à qui il faut toujours revenir quand on parle de Tchekhov, car elle est son héritière spirituelle, croyait fermement, à la fin de sa vie, que l'écrivain, en se perfectionnant , en s'élevant moralement, perfectionne et élève son art.Tchekhov n'a jamais rien enseigné de pareil, mais sa vie tout entière illustre cette vérité. Les qualités de Tchekhov, homme- sa modestie, sa probité, sa simplicité, son effort incessant pour se discipliner, s'affiner, pour aimer son prochain, pour supporter la maladie et les soucis, pour attendre la mort avec dignité et sans peur,- se reflètent dans l'oeuvre de Tchekhov, écrivain. Lui qui affirmait tristement que la vie n'a pas de sens a réussi à donner à la sienne une signification très belle et très profonde."

Dans des approches et un style fort différent, Irène Nemirovski et Tchoukovski se complètent parfaitement et sont totalement à l'unisson dans leur compréhension de Tchékhov...
Ils nous offrent de lui, un portrait subtil, et toutes en nuances...Ce qui n'était vraiment pas le cas à l'époque... hormis l'écrivain Bounine, dont je lirai bien vite le texte plus personnel qu'il a consacré à son ami, Tchékhov ...

Car les confrères, écrivains, critiques parmi ses compatriotes ne furent guère tendres avec Tchékhov, jusqu'à honnir et conspuer les " premières " de ses pièces de théâtre. Rien ne lui aura été épargné !

Irène Nemirovski, en passant, ne mâche pas ses mots quant à la mentalité russe !
Preuve en est avec ce dernier extrait...que je vous retranscris :

"La manie moralisatrice et didactique, en Russie, n'avait pas épargné le théâtre. On voulait applaudir des personnages bons, dévoués, énergiques, honnêtes. le bourgeois russe trouvait une extrême satisfaction à écouter les nobles discours sur la liberté, la dignité humaine, le bonheur du peuple.Il était quitte alors envers sa conscience ; il pouvait continuer à vivre comme il le voulait, dans la paresse, l'indifférence égoïste et les profits mesquins. Il s'imaginait aussi fronder les autorités, vexer le gouvernement, et il en retirait beaucoup d'innocents plaisirs.Le public des théâtres n'a jamais aimé la vérité, et c'était la vérité que le jeune Tchékhov entreprenait de lui montrer."






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Très belle biographie d'Anton Tchekhov relatée par Irène Nemirowsky.
Ce livre est aussi un essai sur la littérature russe dans lequel elle évoque brillamment, aux côtés de Tchekhov, Tolstoi et Gorki.. la vie difficile de celui-ci.
Issu d'une famille pauvre, le père ex-moujik, devenu petit boutiquier dans un petit village perdu au sud de la Russie élève ses six enfants avec une telle dureté, dans des conditions et des règles de vie si sévères que l'on peut se demander comment ils ont atteint l'âge adulte.
Toutefois, malgré la grande pauvreté, il pousse ses cinq garçons à faire de sérieuses études. Anton, doué dès son plus jeune âge écrira des petits contes que des journaux locaux achèteront pour quelques roubles
Au bout de quelques années, son talent reconnu, lui permettra d'entretenir toute sa famille.
Parallèlement après des études de médecine, il exercera sa profession, toujours auprès des plus démunis.
De santé fragile.,, malgré le poids de sa nombreuse famille qui ne compte que sur lui il se liera avec les plus grands écrivains de son temps : Tolstoi, Gorki qui auront pour lui une grande admiration.
Irène Nemirowsky a su rendre avec beaucoup de talent, de sensibilité la vie de cet homme remarquable pour son humanité, sa douceur, ses dons exceptionnels d'écriture, de conteur, d'auteur de pièces de théâtre, toujours jouées aujourd'hui.

Irène Nemirowsky, d'origine ukrainienne, juive, polyglotte a écrit plusieurs romans. Sa connaissance de l'âme russe apporte un supplément d'âme à cette biographie.
Réfugiée en France elle sera dénoncée, arrêtée, déportée dans un camp d'extermination où elle mourra pendant la seconde guerre mondiale.
J'ai tenu à la faire connaître pour son talent et son amour de la France.

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Irene Nemirovsky n'était pas seulement une romanicère de talent, elle a aussi écrit cette remarquable biographie d'Anton Tchékhov.
Une oeuvre courte de 200 pages à peine, mais qui est une excellente synthèse, où l'on découvre un grand auteur miné par la maladie (la tuberculose) et la société russe de l'époque.
Une écriture simple et lumineuse.
On sort de ce livre en appréciant encore plus l'oeuvre de Tchékhov.
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Biographie très attachante de cet auteur humble, doux, attentionné, parti de rien, connu mais toujours seul.
Le parallèle avec Tolstoï, son maître est intéressant ; les deux hommes et leurs oeuvres étant très différentes.
Irène Némorovsky fait des commentaires rapides sur quelques nouvelles et raconte le scandale de la réception des pièces de théâtre, trop nouvelles en leur temps.
Surtout intéressant qu'une russe écrive sur un auteur russe qui a influé sur sa propre oeuvre.
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Tres belle biographie et la vie de Monsieur Tchekhov est tres. bien écrite.Son enfance sa famille et la Russie tres instructif. Ses etats d ame, son Pelerinage en Sibérie. C est tellement bien écrit j en arrive a etre a ses cotés une grosse partie de sa vie,,,
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Tolstoï a connu un bonheur, que Tchékhov a sans doute ignoré ; la plénitude lui fut toujours refusée. Sans cesse il chercha quelque chose qui ne se trouve pas sur cette terre; il eut toujours peur de s'abandonner complètement à la joie et à la douleur.Tout autre était Tolstoï ; son organisation puissante, son tempérament de fer décuplaient la souffrance, mais aussi la jouissance.Mais ce que l'homme, Tolstoï, aimait ,l'écrivain le refusait à autrui; il enseignait que l'homme n'a besoin ni de terre, ni d'espace, ni de liberté, ni d'amour humain pour retrouver son âme, que, par dessus tout, il ne doit rien désirer. Et Tchékhov, vieillissant, poitrinaire, qui possédait si peu de chose en ce monde, protestait , timidement d'abord, puis avec violence :
" C'est le mort qui n'a besoin de rien. Au vivant, il faut tout, toute la terre...Dieu a créé l'homme pour qu'il soit vivant, pour qu'il connaisse la joie et l'angoisse, et le malheur...Et tu ne désires rien, tu n'es pas vivant, tu es une pierre..." (" En exil ")
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C'était la vérité. Les gens n'étaient pas plus méchants à Taganrog vers 1870, que dans d'autres temps ou dans d'autres pays, mais la brutalité était une habitude qui finissait par endurcir le corps et l'âme.
La vie était sauvage et triste (...) Cependant, cette sauvagerie et cette tristesse étaient sans cesse là, à l'arrière- plan; elles finissaient par se mêler à la gaîté la plus innocente. Anton était né gai, vif et moqueur ; il ne pouvait être complètement heureux ; d'instinct, il aimait la grâce, la bonne humeur, la politesse, et autour de lui tout était grossier et dur.On tourmentait les animaux ; on mentait ; on se parjurait; puis ces mêmes bouches psalmodiaient des prières, et cette grosse main qui venait de te battre, il fallait la baiser, parce que c'était la main paternelle et que " la puissance du père vient de Dieu".


( p.25)
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" Je suis médecin, disait Tchekhov, et habitué à des gens qui mourront bientôt ; cela m'a toujours paru étrange, lorsque devant moi parlaient, souriaient ou pleuraient des êtres dont la mort était très près ; mais, ici,quand je vois sur la terrasse l'aveugle qui rit, plaisante ou écoute la lecture de mon livre, ce qui commence à me paraître bizarre, ce n'est pas que cette femme va mourir, mais c'est que nous ne sentons pas notre propre mort et que nous écrivons des livres, comme si nous ne devions jamais mourir".

( p.112)
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Anton considérait son père avec respect. Dans sa maison et derrière son comptoir, Paul Egorovitch était le maître incontesté ; il possédait cette souveraineté absolue du père de famille russe dans les classes populaires qui, traité en esclave par de plus puissants que lui, agit en despote, en roitelet d'Orient parmi les siens.Sa femme n'avait qu'à se taire; les enfants qu'à marcher droit; il tenait sa place de Dieu (...)

( p.22)
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Tous ces enfants Tchekhov étaient brillamment doués : Alexandre écrivait; Nicolas dessinait. Ivan était maître d'école : bientôt il pourrait se suffire à lui-même. Jusqu'à Michel qui gagnait quelques sous en recopiant, pour les étudiants les cours de facultés. Lui, Anton était médecin. (page 69)

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On lui a inculqué la modestie à l'aide de gifles et de coups de poing quand il était petit. Il ne peut se défaire de ce sentiment d'infériorité, d'humilité, qu'il a toujours éprouvé chez lui, à l'école. Il n'en souffre pas. C'est tout naturel. Lui, Anton Tchekhov ? du talent ?. page 71)

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Pourquoi faut-il vivre dans cette vie qui ne mène à rien ?
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Elle fut l'une des romancières les plus en vue des années 30 puis on l'a oublié après sa mort en déportation… jusqu'à sa redécouverte il y a quelques années. Son nom ? Irène Némirovsky;
« Suite française » d'Irène Némirovsky, c'est à lire aux éditions Denoël.
>Histoire, géographie, sciences auxiliaires de l'histoire>Biographie générale et généalogie>Biographie des écrivains (238)
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