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EAN : 9782246151340
144 pages
Grasset (18/04/2002)
  Existe en édition audio
3.79/5   676 notes
Résumé :
Antoinette vient d'avoir quatorze ans ; elle rêve de participer au bal qu'organisent ses parents, les Kampf, pour faire étalage de leur fortune récemment acquise. Mais sa mère, plus pressée de jouir enfin de cette opulence tant attendue que de faire entrer sa fille dans le monde, refuse de convier Antoinette au bal. La vengeance d'Antoinette, aussi terrible qu'inattendue, tombera comme un couperet, révélant le vrai visage de chacun. Roman fulgurant et initiatique su... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (153) Voir plus Ajouter une critique
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Il fut un temps où les chiens, trop nombreux, étaient balancés dans la Seine à Paris. Fin des années 20, c'est la vengeance qui conduira Antoinette, 14 ans a balancer le fruit de son amertume dans les eaux glacées. Fille d'un riche couple russe aux allures austères et aux méthodes éducatives peu orthodoxes, Antoinette se verra refuser le bal qu'organise sa tendre mère. Sans mots, Antoinette se réfugiera dans sa tanière pour savourer le plat de sa vengeance. Muselée, emprisonnée dans les carcans d'une mère autoritaire sans scrupule, elle regardera jusqu'où la folie et la stupidité des adultes de son rang peuvent conduire.

Court roman sans fioriture, qui trace les éraflures de l'enfance sous les jupes de la médiocrité des grands. C'est bien écrit, c'est porteur de réflexions, c'est fin et savoureux.
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Publié il y a un siècle, « Le Bal » est intemporel et, en notre époque, un trader enrichi par une spéculation chanceuse pourrait avoir envie d'organiser une soirée fastueuse pour claironner sa réussite.

Irène Némirovsky décrit ce milieu de nouveaux riches, de parvenus dont la valeur essentielle est le fric, en faisant dialoguer le ménage Kampf établissant la liste de leurs invités en évoquant les antécédents judiciaires et sociaux de leurs convives …

En parallèle, elle peint la lutte à fleurets mouchetés entre la mère, quadragénaire fanée, et Antoinette, 14 ans, incarnation du teenager revendiquant son droit au bal. La mère oppose son veto à ce rêve … sa fille le transforme en cauchemar.

Dialogues d'une grande finesse psychologique et d'une rare cruauté sociale dévoilant les dessous d'un milieu aussi ambitieux que méprisé par ceux qui disposent d'une fortune plus ancienne et donc moins contestable par la « bonne société ».

Ce bref ouvrage démontre qu'il serait regrettable de réduire à « Suite française » l'oeuvre d'Irène Némirovsky qui sut peindre avec talent la société de l'entre deux guerres.
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En 1928, un couple de parvenus entreprend d'organiser un bal, afin d'éblouir la bonne société dont ils sont si fiers de prétendre désormais faire partie. L'interdiction d'y participer faite par la mère à sa fille va entraîner une bien cruelle vengeance de la part de l'adolescente.


Cette brève et implacable histoire est d'abord celle de la relation conflictuelle entre une mère et sa fille. Egoïste et autoritaire, aigrie de n'être devenue riche que sur le tard et de n'avoir pu briller lors de ses plus belles années, angoissée de vieillir, Rosine Kampf refuse de voir grandir la rivale qu'elle voit en devenir chez sa fille Antoinette. En retour, mal dans sa peau mais impatiente de devenir femme, l'adolescente, qui se sent incomprise et mal aimée, voue une véritable haine à sa mère. le récit va s'avérer le croisement des trajectoires de ces deux femmes, l'une amorçant un déclin accéléré par la montée de l'autre vers l'éclosion de sa jeune vie d'adulte.


Ce duel entre mère et fille a par ailleurs pour écrin une féroce satire sociale. Soulignant la naïveté de ces nouveaux riches appliqués à singer les usages du monde auquel ils aspirent, l'auteur se moque en particulier de ses coreligionnaires juifs qui, ayant fait fortune, pensent s'intégrer à la bourgeoisie de l'époque en masquant leurs modestes origines sous un luxe clinquant et de ridicules noms à particule.


Devenu un classique de la littérature française, adapté au cinéma, à l'opéra et au théâtre, ce très court roman allie sarcasmes, subtilité de l'observation et finesse de la plume pour le grand plaisir du lecteur. Coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Les Kampf se sont enrichis en 1926, sur un génial coup de bourse de monsieur. Quittant la populaire rue Favart, derrière l'Opéra-Comique, ils ont emménagé dans un grand appartement blanc. Des nouveaux riches donc, qui ne maîtrisent pas toujours les bonnes manières mais veulent intégrer le milieu bourgeois. Pour ce faire, organiser un bal leur semble le moyen idéal. Une réjouissance à laquelle leur fille de quatorze ans souhaite naturellement assister, mais qui, dépitée par le refus et meurtrie par l'animosité incessante maternels, s'offre une vengeance à la hauteur de sa frustration.

L'adolescence et ses tourments sont au centre de ce court roman aux accents autobiographiques. On sait qu'Irène Némirovsky avait une mère distante et méprisante avec laquelle les relations étaient difficiles. Née en Ukraine dans une famille de banquiers juifs, à l'époque où les pogroms sont fréquents, Irène, partagée entre son origine juive et son appartenance à la société russe cultivée, a aussi connu une forme de déclassement. Une vie entre deux mondes comparables à ceux des bourgeois et des affairistes parvenus des « années folles », qu'elle décrit avec férocité et talent dans le Bal.
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Ô que ce court récit d'Irène Némirovsky est un bijou de virtuosité, de cruauté et de jubilation... ! Je m'en suis délecté. C'est écrit comme une magnifique mécanique de précision... Avec une âme qui viendrait en plus... C'est peint, s'est dessiné au scalpel, dans chaque geste, chaque sentiment, chaque pas qui nous permet d'approcher les personnages dans un quasi-huis-clos pesant au fur et à mesure que viennent les pages.
Le Bal, c'est ce récit qui précède justement le bal qui sera donné...
Et l'on peut se demander à ce jeu étrange, féroce et violent qui sont les personnages les plus cruels, qui sont les victimes aussi ?
Nous entrons dans l'univers des Kampf, un couple de riches bourgeois, nouveaux riches, aux allures de parvenus, encore sonnés par l'étonnement d'être devenus brusquement riches alors qu'ils en rêvaient depuis toujours, grisés par l'ivresse d'être montés si vite au sommet de la bourgeoisie en si peu de temps. N'avez-vous jamais remarqué comment certaines personnes sont stupides dans l'ivresse, alors que d'autres seront belles dans une ivresse similaire ? Ce n'est donc pas une question d'ivresse, l'ivresse n'y est pour rien, sauf peut-être dans cette capacité de révéler les choses, la vraie nature des gens... Ici, vous allez vous régaler avec Madame Kampf, Rosine de son petit nom, cette femme est détestable et l'on voudrait comme Antoinette que son monde idéal autour d'elle, en elle, s'écroule comme un château de sable. Ce serait si simple, si facile. Mais la vie n'est pas comme cela. Au fond, Rosine, pardon Mme Kampf, ne nous a rien fait, elle ne fait rien de mal si on réfléchit bien, sauf peut-être au monde que se construit Antoinette, et puis à son besoin de tendresse inassouvi, et c'est peut-être que cela nous paraît brusquement insupportable...
Leur richesse, on la doit à Monsieur Kampf qui était employé de banque. Est-ce un coup de génie, un coup inspiré, un coup de poker ? En l'occurrence, il s'agit ici d'un magistral coup à la bourse qui projette dès lors le couple dans une autre univers... Nous sommes en 1926... Tiens, c'est l'année de naissance de ma chère et regrettée Maman...
Quand on est nouveau riche et arrogant, on veut vite le faire savoir, le montrer et pas qu'un peu. Je vous dis cela, mais je n'en sais rien... C'est du moins ce que j'ai appris en lisant ce court roman qui est jubilatoire.
Ma grand-mère disait : « nous allons mettre les petits plats dans les grands plats »... C'est ce que vont faire les Kampf, enfin plutôt Mme Kampf, le mari m'est apparu comme une sorte de petite marionnette au service de Madame... Quoi de mieux qu'un bal, un vrai bal à l'ancienne, un bal cossu comme on les offrait encore dans les milieux de la haute bourgeoisie à cette époque-là, peut-être et sans doute encore aujourd'hui j'imagine... Un bal chez eux, s'il vous plaît, pour montrer, se montrer, faire entrer la belle société et sa cohorte dans l'arrogance festive et outrancière de leur intérieur.
Leur fille Antoinette, qui a quatorze ans, rêve d'entrer dans le tourbillon de la vie, elle n'y aura pas droit. On le lui fait comprendre comme d'un revers de main, quelque chose qui claque comme le bruit et la violence d'une gifle. Une humiliation...
C'est la douleur d'une enfant blessée, meurtrie, un chagrin qui gronde, qui couve. C'est l'histoire d'une vengeance sans préméditation, qui naît comme cela, comme un coup de sang, comme un coup porté au ventre, comme un coup d'éclat. D'un geste libre et terrible...
C'est terrible l'enfance quand elle a mal, c'est violent aussi. Pour l'enfant qui a mal, pour les autres aussi. Après. Parfois longtemps après. Peut-être toujours.
On dit que la violence révèle les vrais visages. Ici, forcément, les masques tomberont, bien que ce ne soit pas un bal masqué...
Le Bal est apparu sous mes yeux comme un récit initiatique sur l'enfance, ses tourments, ses blessures, un rêve criblé par les désillusions de la vie, un rêve qui trébuche, qui tombe, qui peut-être se relèvera, ou pas, ou bien d'une autre manière...
Quel bagage, quel héritage, si j'ose dire, poser dans la barque qui quitte la rive de l'enfance, la rive d'Antoinette, vers le monde incertain des adultes ?
Ce court roman est puissant car, en si peu de mots, j'ai été époustouflé par le séisme des phrases, la construction ciselée, la fulgurance inattendue des sentiments au coeur du texte, le dénouement qui m'est apparu au final touchant, déstabilisant...
Pathétique aussi. Terriblement pathétique.
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Citations et extraits (65) Voir plus Ajouter une citation
Autrefois, quand Antoinette était plus petite, sa mère l’avait prise souvent sur ses genoux, contre son cœur, caressée et embrassée. Mais cela Antoinette l’avait oublié. Tandis qu’elle avait gardé au plus profond d’elle-même le son, les éclats d’une voix irritée passant par-dessus sa tête, « cette petite qui est toujours dans mes jambes… », « tu as encore taché ma robe avec tes sales souliers ! file au coin, ça t’apprendra, tu m’as entendue ? petite imbécile ! » et un jour… pour la première fois, ce jour-là elle avait désiré mourir… au coin d’une rue, pendant une scène, cette phrase emportée, criée si fort que des passants s’étaient retournés : « Tu veux une gifle ? Oui ? » et la brûlure d’un soufflet… En pleine rue… Elle avait onze ans, elle était grande pour son âge… Les passants, les grandes personnes, cela, ce n’était rien… Mais, au même instant, des garçons sortaient de l’école et ils avaient ri en la regardant : « Eh bien, ma vieille… » Oh ! ce ricanement qui la poursuivait tandis qu’elle marchait, la tête baissée, dans la rue noire d’automne… les lumières dansaient à travers ses larmes. « Tu n’as pas fini de pleurnicher ?… Oh, quel caractère !… Quand je te corrige, c’est pour ton bien, n’est-ce pas ? Ah ! et puis, ne recommence pas à m’énerver, je te conseille… » Sales gens… Et maintenant, encore, c’était exprès pour la tourmenter, la torturer, l’humilier, que, du matin au soir, on s’acharnait : « Comment est-ce que tu tiens ta fourchette ? » (devant le domestique, mon Dieu) et « tiens-toi droite. Au moins, n’aie pas l’air d’être bossue. » Elle avait quatorze ans, elle était une jeune fille, et, dans ses rêves, une femme aimée et belle…
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Antoinette tremblait de tous ses membres, mais elle sortit avec lenteur sans une larme.

— Charmant, dit Mme Kampf quand elle fut partie : ça promet... D'ailleurs, j'étais toute pareille à son âge ; mais je ne suis pas comme ma pauvre maman qui n'a jamais su me dire non, à moi... Je la materai, je t'en réponds...

—Mais ça lui passera en dormant ; elle était fatiguée ; il est déjà onze heures ; elle n'a pas l'habitude de se coucher si tard : c'est ça qui l'aura énervée... Continuons la liste, c'est plus intéressant, dit Kampf.
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L’esclavage, la prison, aux mêmes heures répéter de jour en jour les mêmes gestes… Se lever, s’habiller… les petites robes sombres, les grosses bottines, les bas à côtes, exprès, exprès comme une livrée, pour que personne dans la rue ne suive un instant du regard cette gamine insignifiante qui passe… Imbéciles, vous ne lui verrez jamais plus cette chair de fleur et ces paupières lisses, intactes, fraîches et cernées, et ces beaux yeux effrayés, effrontés, qui appellent, ignorent, attendent… Jamais, jamais plus… Attendre… et ces mauvais désirs… Pourquoi cette envie honteuse, désespérée, qui ronge le cœur en voyant passer deux amoureux au crépuscule, qui s’embrassent en marchant et titubent doucement, comme ivres… Une haine de vieille fille à quatorze ans ? Elle sait bien pourtant qu’elle aura sa part ; mais c’est si long, ça ne viendra jamais, et, en attendant, la vie étroite, humiliée, les leçons, la dure discipline, la mère qui crie…
« Cette femme, cette femme qui a osé me menacer ! »
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Attendre... et ces mauvais désirs... pourquoi cette envie honteuse, désespérée, qui ronge le coeur en voyant passer deux amoureux au crépuscule, qui s'embrassent en marchant et titubent doucement, comme ivres... Une haine de vieille fille à quatorze ans ? Elle sait bien pourtant qu'elle aura sa part ; mais c'est si long, ça ne viendra jamais, et, en attendant, la vie étroite, humiliée, les leçons, la dure discipline, la mère qui crie... (p. 36-37)
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Oh ! dear, dear, c'est bien laid, une petite fille qui boude ; vous faites de la peine à votre ange gardien...

Antoinette grimaça : « sale Anglaise » et tendit vers le mur ses faibles poings crispés. Sales égoïstes, hypocrites, tous, tous... Ca leur était bien égal qu'elle suffoquât, toute seule, dans le noir à force de pleurer, qu'elle se sentît misérable et seule comme un chien perdu…
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Vidéo de Irène Némirovsky
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Elle fut l'une des romancières les plus en vue des années 30 puis on l'a oublié après sa mort en déportation… jusqu'à sa redécouverte il y a quelques années. Son nom ? Irène Némirovsky;
« Suite française » d'Irène Némirovsky, c'est à lire aux éditions Denoël.
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