«A début de ma carrière», raconte Tamara à sa fille Kizette, «je regardais autour de moi pour ne découvrir que la destruction la plus totale de la peinture. La banalité dans laquelle l'art avait sombré m'inspirait du dégoût. J'était révoltée; je recherchais un métier qui n'existait plus. Je travaillait très vite avec un pinceau souple. J'étais en quête de technique, de metier de simplicité et de bon goût. Mon but: Ne pas copier. Créer un nouveau style, des couleurs lumineuses et brillantes, retrouver l'élégance dans mes modèles.»
Il n'en reste moins que les femmes de Tamara s'inscrivent parfaitement dans leur époque, époque de luxe et de facilité pour les riches, d'extrême détresse pour les autres. Leur fonction est de porter des robes à la mode ou puérilement exotique, quelquefois aussi d'arborer des bijoux, sur un arrière plan d'intérieurs cossus. Ces créatures aux longues jambes, à la taille de guêpe, comme échappées des magazines, font penser à ces «Êve» de l'époque, un peu bêtes, au regard vide, du type «sois belle et tais-toi» que les banquiers et les hommes politiques du temps s'arrachent et aiment entrenir luxueusement. Il est certaines héroïnes de Tamara dont on s'effraie de penser qu'elles pourraient ouvrir la bouche et se mettre à parler...
Il serait quand même trop restrictif d'inscrire l'œuvre de Tamara de Lempicka dans un catalogue de l'art post-cubiste et classico-deco. l'intensité psychique et somatique de ses modèles, de leurs méta-anatomies et tics, pour ne pas dire rictus cristallisées dans les visages, introduit dans sa manière l'outrance très particulière de la Neue Sachlichkeit.
Elle choisit son camp: non pas l'avant garde sujette à caution et à fluctuations, synonyme de crève la faim, mais un mélange subtil de post cubisme et de néo classicisme à la mode avec un zeste d'Ingres pour satisfaire ses propres pulsions érotiques ainsi que les rêves libidineux des bourgeois, ses futurs clients, ceux qui ont de l'argent pour acheter.
Ambiguë, certes. Libre, sans doute. Mythes assurément. Tamara de Lempicka, la belle Polonaise, la star de l'entre-deux guerres, avait tout pour symboliser son époque. L'élite de son époque, bien entendu, celle qui fréquentait le Ritz à Paris ou le grand Hôtel à Monte Carlo et que l'on appelerait aujourd'hui le jet-set.
Gilles Neret : mille
Dessous, histoire de la lingerie
Dans une boutique de lingerie de la rue des Saint Pères à Paris,
Olivier BARROT présente le livre de
Gilles Néret "1000
Dessous, histoire de la lingerie".