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Il faut aimer L'amour pour aimer Néruda,
Il faut l'âme rêveuse et le coeur enflammé
Il faut la terre rude, argileuse ou sanglante
Les soleils adoucis ou les marées brulantes

Il faut la solitude et les mers lointaines
Les vagues qui s'épuisent de leur même reflux
Les lunes éclatées de leurs désirs violents
Il faut le vent et l'eau, il faut l'eau et le vent.

Il faut les cicatrices des pierres mutilées
Il faut les feuilles lourdes, les racines brisées
La mort et le silence, la chair vive brûlée
Et les doigts qui frémissent
Sous les corps dénudés


Il faut aimer L'amour pour aimer Néruda,

Pour aimer Neruda
il faut aimer
tout court.

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Veinte poemas de amor y una cancion desesperada. lu en v.o. (c'est tout. Sans Les vers du capitaine, qui attendront).

Je ne sais si ce livre est un long poeme ou s'il est tronque en vingt petits poemes qui se combattent et se completent, avec en contrepoint une chanson finale qui semble annuler tout ce qui precedait. Vingt poemes erotiques ou l'auteur s'unit a une femme, a plusieurs femmes, au monde, par le corps et par la parole, pour mieux se distancier, se desunir, s'entrainant dans la desesperance du souvenir, le desespoir de l'amour passe et de l'avenir incertain.

Neruda chante l'amour d'une femme, ou plutot l'amour pour une femme, car elle ne peut repondre, elle a l'air toujours passive, comme la nature meme. “Corps de femme, blanches collines”.
Elle est une et elle est plusieurs. Elle est marine, oceane, et elle est terrestre, cordillere.
“Incliné sur les soirs je jette un filet triste sur tes yeux d'océan.”
Mais aussi “L'eau marche, pieds nus, dans les rues mouillees.”
Elle est Marisol et Marisombra, Marie soleil et Marie ombre. Elle peut attiser et elle peut glacer. Elle peut consoler et elle peut desoler. Elle est un monde. Elle est son monde. Comment vivre hors du monde?
“Il est si bref l'amour et l'oubli est si long”. Et il a vingt ans. Il n'a que vingt ans. Mais il a une parole de beaucoup d'ages. “Entre los labios y la voz, algo se va muriendo” “Entre les levres et la voix, quelque chose se meurt”.

Pourtant il chante. Parce que la femme aimee est la source d'un desir qui ne se restraint pas a elle. Elle permet a l'homme de se decouvrir. Il la prend avec le corps et l'envoute avec la parole. La parole reste alors qu'elle est partie. “Puedo escribir los versos mas tristes esta noche.
Yo la quise, y a veces ella Tambien me quiso.”
“Je puis ecrire les vers les plus tristes cette nuit.
Je l'aimais, et parfois elle aussi elle m'aima.”

Oui, le livre finit dans une chanson desesperee, oui, l'amour et le souvenir, la passion et la nostalgie menent l'auteur a une chanson desesperee
“A un autre. A un autre elle sera. Ainsi qu'avant mes baisers.
Avec sa voix, son corps clair. Avec ses yeux infinis.
je ne l'aime plus, c'est vrai, pourtant, peut-être je l'aime.
Il est si bref l'amour et l'oubli est si long.”
Mais dans cet oubli lui reste la parole. Et cette parole est inoubliable. A vingt ans un grand poete est ne. Un poete qui se revelera plus tard, avec le Canto General, la voix de tout un continent.

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Vingt-huit années séparent la publication des "Vingt poèmes d'amour et une chanson désespérée" (1924, Neruda avait alors vingt ans) de celle de "Les Vers du capitaine" (1952). On y retrouve pourtant la même verve amoureuse, comme si les deux recueils avaient été rédigés dans la continuité !

Il y a quelques semaines, je relisais "Les Amours" de Ronsard. L'auteur y déclame ses flammes en vers classiques, notamment en sonnets. Pablo Neruda utilise une forme plus moderne, s'affranchissant des règles de la versification, mais sur le fond il y a beaucoup de similitudes. Les deux ont beaucoup aimé les femmes. Ils n'hésitent pas à déclarer leur amour sans pudeur, et n'en font guère preuve non plus pour les pleurer quand elles décident de les quitter.

Deux petits exemples :
"Ton souvenir émerge de la nuit où je suis.
Le fleuve noue sa lamentation obstinée à la mer.

Abandonné comme les quais dans l'aube.
C'est l'heure de partir, oh abandonné !"
(La chanson désespérée)

"Mais qu'as-tu ? Qu'avons-nous ?
Que nous arrive-t-il ?
Ah ! Notre amour est une corde dure
Qui nous amarre et qui nous blesse"
(Les Vers du capitaine / Les rages / L'amour)

On dit que Ronsard a révolutionné la poésie française, notamment en imposant cette langue plutôt que le latin. Neruda, par son art de faire chanter les mots, a lui aussi chamboulé les règles, contribuant à donner leurs lettres de noblesse à la poésie moderne.
À (re)lire avec amour...
Lien : http://michelgiraud.fr/2021/..
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Tout simplement beau! Ces poésies sont un condensé d'amour... Un recueil très agréable à lire. de superbes poèmes à découvrir et à lire sans modération. Cette édition étant bilingue, je regrette de ne pas lire l'espagnol. Il me semble que les vers seraient encore plus savoureux que dans leur version française.
Lien : http://araucaria20six.fr/
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C'est la version bilingue que je me suis procurée, même si je ne connais que très peu l'espagnol, j'aime avoir le texte d'origine en parallèle. Surtout pour de la poésie.


J'ai tout de suite été séduite par la sensualité, l'envoûtante mélodie,l'élan passionné et la mélancolie aussi des vers écrits par un jeune homme de 20 ans, complexe car à la fois plein de fougue et de tristesse intérieure. C'est ce double aspect qui fait toute la richesse de la poésie de Neruda.A propos de ce recueil, il écrivait:" C'est un livre que j'aime car en dépit de sa mélancolie aiguë ,on y trouve la joie de vivre."

Ode à la femme, à la mer, à l'amour, à son pays, le Chili...

Chant de beauté charnelle, chant de blessure amoureuse, chant cosmique où la mer et le ciel fusionnent:

" Penché dans les soirs je tends mes tristes filets
à cette mer qui bat tes yeux océaniques.

Les oiseaux nocturnes picorent les premières étoiles
qui scintillent comme mon âme quand je t'aime"

Les images sont puissantes, riches et originales. L'imaginaire du poète s'y exprime avec intensité et subtilité. Le lyrisme y est débridé, une envolée de sentiments enflammés et de nostalgie poignante.


" Quelque chose chante, quelque chose monte jusqu'à mon avide bouche
Oh pouvoir te célébrer avec toutes les paroles de joie.
Chanter, flamber, fuir, comme un clocher aux mains d'un fou.
Ma triste tendresse, que deviens-tu soudain?(...)
Mon coeur se referme comme une fleur nocturne."

"Les vers du capitaine" sont la continuité de ce chant. Le poème "Belle", en particulier, je le trouve sublime:

" Belle,
pareil à l'eau qui sur la pierre fraîche
de la source
ouvre son grand éclair d'écume,
est ton sourire,
belle."

C'est un recueil qui m'a touchée, par sa ferveur inspirée, son souffle de vie fourmillant, et sa douceur mélancolique. Un chant d'amour perpétuel ...




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Voilà un poète qui me donne du fil à retordre, car il faut bien l'avouer je ne comprends pas grand-chose à sa poésie. Oh ce n'est certainement pas la faute du bonhomme, mais plutôt je pense une anomalie dans le programme génétique qui me constitue et qui m'empêche, je crois, d'accéder aux grands textes de la littérature. Quand je parle d'accès, je parle bien sûr de savourer et de jouir de la beauté, de la richesse, de la profondeur de toute la littérature dite classique. D'ailleurs, pour être honnête, je pense que ce syndrome me frapperait de la même manière si je devais maintenant lire la poésie des grands noms de la littérature française, tels Victor Hugo, Apollinaire, Mallarmé, Baudelaire, Eluard, Aragon et tous les autres bien sûr (la liste est tellement longue). Adoncques je me demande si je n'ai pas développé une sorte de répulsion pour ces grands textes, peut-être depuis l'école d'ailleurs, bien qu'on ne m'ait jamais vraiment harcelée avec la littérature. À l'époque, c'était service minimum et lecture au grand max d'un livre par an qu'ensuite on analysait sous toutes les coutures.

Me voici donc devant ce prix Nobel de la littérature en plein embarras. Les vers s'étalent, j'en comprends même certains -au prix d'un sérieux effort intellectuel, quand même - et puis le vers suivant tout s'écroule et je suis perdue, les bras ballants le regard vide … Certes c'est très joli, très bien écrit, mais je ne pige que dalle, rien du tout, nada.

Bon les vingt poèmes d'amour, écrits à l'âge 19 ans, sont emplis d'emphase, de vibrations métaphysiques (ou en tout cas c'est comme ça que je l'ai ressenti), d'Absolu. La femme aimée, décrite comme silencieuse et distante, est une femme-Terre, une femme-nuit, une femme-port, une femme-ciel, … Peut-être ai-je l'âge pour être sensible à cette passion que j'ai perçue sous un jour destructeur ici (même si Neruda, par la suite, s'en défend et parlera de cette période de sa vie comme une période de joie de vivre) pour l'Autre, et ce serait dommage, mais bon voilà ? Et/ou je n'ai ni les clés ni les prédispositions pour me former les images suggérées et pour goûter la beauté de cette écriture trop intellectuelle, trop élaborée.

Les trois étoiles donc ne sont nullement une critique des poèmes de Neruda (comment oserais-je ? Ce serait faire preuve d'outrecuidance, comme disait une de mes profs), mais plutôt une image de mon ressenti mitigé et pas vraiment convaincu. Oui j'aime certains des vers, certaines strophes même parfois, voire des poèmes entiers (bingo, ah ouais !) surtout ceux plus sages et plus abordables des vers du capitaine, écrits à une période plus tardive, mais l'émotion n'est pas là, je reste à quai …
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J'ai trouvé mon plaisir de deux manières différenciées pour les deux oeuvres que compte ce recueil :
Pour les vingt poèmes, qui m'ont peu "parlé" au final en dépit de quelques images saisissantes, mon véhicule aura été de doubler la lecture en français de celle en langue originale, "à haute voix dans ma tête" en imaginant à l'auteur une mâle et voix rocailleuse: c'est cliché, j'avoue, mais très efficace pour rendre la sensualité virile de ces textes, à laquelle l'espagnol se prête si bien!
Pour les vers du capitaine, j'ai préféré la lecture en français de ces beaux poèmes aux vers courts, plus accessibles, plus concentrés, qui de manière tout aussi virile d'ailleurs célèbrent une certaine forme d'éternel féminin.
Me reste désormais à appréhender la facette politique du poète à travers d'autres vers à découvrir.
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Première fois que je lis Pablo Neruda pourtant auteur latino-américain (chilien) incontournable - pour ses compatriotes et pour les autres. Il était donc plus que tant de commencer pour une aficionada comme moi !

Dans ces 20 poèmes d'amour, l'auteur explore plusieurs facettes de l'amour allant de la passion à l'amour charnel, en passant par le sentiment de manque de l'être aimé , la déclaration d'amour et la douleur de la séparation qui anéantit (dans le dernier poème).
Dans chacun de ces poèmes, Pablo Neruda utilise la métaphore de la nature qui accentue soit le côté charnel et fusionnel de la passion, soit une vision cosmique de l'amour - un côté plus 'primitif' qui permet de mettre en communion deux êtres l'un avec l'autre et avec la Nature.

Certains poèmes sont vraiment magnifiques , les mots s'envolent et touchent à quelque chose d'intime. Bien sûr, comme pour tout recueil de poèmes, tous n'ont pas la même qualité...
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Il est vrai que lorsqu'il s'agit d'un auteur aussi populaire, aussi admiré, on s'attend à quelque chose d'extraordinaire et par conséquent cela nous gâche cet effet de la découverte. C'était mon premier Neruda; un recueil bilingue (où je me suis amusé à lire aussi la version originale) qui se compose de trois petits recueils de formes différentes. Une écriture très simple, mais qui atteint la grandeur, où la femme est au centre; tous types de femme et tous types de métaphores. Neruda a réussi à s'exprimer autour de sujets aussi communs comme l'amour et la femme sans tomber dans le mauvais goût et sans faux pas, comme s'il marchait acrobatiquement sur la lame d'un couteau. Personnellement, je garde un très beau souvenir de cette lecture; j'ai beaucoup apprécié certaines métaphores et certains jeux de mots.
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Ce recueil de vingt poèmes de jeunesse, certainement le plus connu et traduit de Pablo Neruda, est assez surprenant et original pour l'époque, associant vitalité érotique et image féminine immatérielle, voire absente. le recours au langage du corps annonce une nouvelle expression du discours amoureux dans la poésie latino-américaine (on est en 1924) : "J'ai marqué peu à peu l'atlas blanc de ton corps avec des croix de flamme". La figure féminine y est omniprésente, tour à tour corporelle puis étrangement désincarnée.

Le discours presque adolescent alterne entre joie et tristesse, frôlant parfois la désespérance. Intimistes et fortement teintés d'émotion, les vers de Neruda explorent l'amour, la solitude, la nature chilienne environnante et la mélancolie. Certains de ces vers deviendront incontournables pour des générations d'amoureux, pas seulement chiliens, comme ce classique du genre : Es tan corto el amor, y es tan largo el olvido | Il est si court l'amour et si long l'oubli.

Lien : https://tandisquemoiquatrenu..
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