AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Jérôme Vérain (Éditeur scientifique)Didier Hamey (Illustrateur)
EAN : 9782842053895
47 pages
1001 Nuits (01/03/1999)
4.01/5   53 notes
Résumé :
Singulier paradoxe que ces Chimères, une centaine de vers à peine, qui ont alimenté depuis des milliers de pages d'exégèses et de commentaires. Tour à tour symbolistes, rimbaldiennes, mallarméennes ou surréalistes, voire fertile terreau pour la psychanalyse, elles n'ont pourtant pas fini d'interroger le lecteur. Joyaux ciselés, enflammés de lueurs et de couleurs, avec leurs parfums secrets, leurs scintillements d'étoiles et leur musique envoûtante, ces poèmes exerce... >Voir plus
Que lire après Les ChimèresVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Une oeuvre poétique de quelques pages et pourtant l'un des titres majeurs de la littérature romantique - mais d'un romantisme éloigné des poncifs habituels et larmoyants auxquels on associe trop généralement cette école artistique.
Dans ce très mince recueil composé de douze sonnets en alexandrins se révèle (et se cache) toute l'âme De Nerval: sonnets éminemment ésotériques où le poète mêle références alchimiques, mythes païens, mysticisme chrétien et imageries personnelles dans une langue fluide et harmonieuse. Ce que l'on a appelé le "syncrétisme nervalien" atteint ici sa plus haute forme d'expression. Chaque poème est donc susceptible d'une grande variété d'interprétations, Nerval lui-même ayant affirmé qu'il était vain de vouloir en trouver UNE explication définitive et étroitement rationnelle...
Son univers mental, en effet, se refuse à séparer le "rêve" et le "réel" (ou soi-disant tel): le "rêve" est peut-être même, d'ailleurs, une façon d'appréhender plus profondément le "réel" - lequel ne nous fait vivre qu'à la surface des choses. Cette idée fondamentale innerve toute son oeuvre, notamment "Les Filles du feu" et "Aurélia".

Baudelaire, les Symbolistes et, plus tard, les Surréalistes reconnaîtront ce qu'ils lui doivent.
Commenter  J’apprécie          211
Mon recueil fétiche et préféré. je connais par coeur la plupart des sonnets, et me les récite en marchant comme des mantras ou des formules magiques.

J'ai toujours détesté les vieux manuels qui classent Gérard de Nerval parmi les "romantiques mineurs" aux côtés de la pauvre Marceline Desbordes Valmore, qui, elle,se chante assez bien en mode mineur..

Nerval, le premier de nos grands poètes modernes!

Le seul, avant Baudelaire, à avoir compris le viatique formidable de la métaphore comme un pont entre monde sensible et idéal. le prince d'Aquitaine à la Tour abolie, le ténébreux, l'inconsolé - qui s'est reconstruit une identité multiple, en mêlant les lieux et les époques, pour échapper à la solitude, à l'abandon, à la folie..qui le rattraperont vilainement, un soir d'hiver, rue de la vieille lanterne...

"Mes sonnets, disait-il, perdraient de leur charme à être expliqués, si la chose était possible.." et depuis, des générations de cuistres , profs et élèves s'échinent à trouver à ces sonnets polis comme des pierres précieuses, une clé qui ouvrirait leur porte...Et c'est cela aussi le plaisir de lire Les Chimères: celui de la quête...

On peut aussi le lire à haute voix: quelle musique! Ou l'illustrer: quelles images! "Mon front est rouge encor du baiser de la reine/, J'ai rêvé dans la grotte où nage la sirène.." ou encore :"Roses blanches, tombez! Vous insultez nos dieux! /Tombez, fantômes blancs de votre ciel qui brûle! /La sainte de l'abîme est plus sainte à mes yeux!"

Magique, magnétique, magnifique Nerval!
Commenter  J’apprécie          161
J'ai été subjuguée par la musique des mots ainsi que par le rythme.
Commenter  J’apprécie          260
On ne fait pas dans le grand poème épique, avec Gérard de Nerval ! On est bien loin d'Hugo et beaucoup plus proche d'Apollinaire. Ce qui n'empêche pas l'oeuvre De Nerval, d'être des plus intéressantes : un vers original, évocateur et bien cadencé. Dans ce court recueil, Nerval s'impose comme une figure un peu à part dans le monde de la poésie. Et une figure très intéressante…
Commenter  J’apprécie          170
Il y a des « grands poètes » qui se sont comportés comme des "ouvriers" de la poésie, des bons tâcherons qui ont mouliné consciencieusement des vers. Chez eux, peu d'obscurité, mais de l'académisme et/ou des bons sentiments, souvent de la prolixité, parfois de la mièvrerie. Nerval ne fait vraiment pas partie de cette catégorie ! Son chef d'oeuvre, "Les Chimères", incluent seulement quelques sonnets et ils apparaissent parfois étranges, voire ésotériques. Mais Nerval a juste ce qui manque terriblement chez certains « grands poètes »: des fulgurances de mots, un rythme et une musique du vers, une sincérité évidente, une délicatesse de sentiments, notamment de la mélancolie. Le lecteur est profondément étonné et charmé par cette poésie à la fois simple et savante.
Comme chacun sait, Gérard de Nerval a été sujet à de très graves crises nerveuses. Ce déséquilibre mental lui a fait de lui un auteur à part et un poète qu'on ne peut pas qualifier de "mineur". IL l'a conduit à laisser libre cours à son inspiration très particulière, qui fait son génie.
Il est exact que le sens n'apparait pas d'une manière évidente, dans certaines poésies des "Chimères". On peut être dérouté par des références qui ne sont plus les nôtres, concernant l'Histoire, notamment l'Antiquité. On peut y trouver des allusions à la vie personnelle du poète, sans qu'on puisse être sûr d'une intention autobiographique.
Je me suis particulièrement penché sur le sonnet plus célèbre du recueil, "El Desdichado". C'est peut-être le plus obscur, et pourtant sa beauté apparait d'une manière évidente à la première lecture. Cependant, j'ai voulu aller plus loin que mes premières impressions. En cherchant sur Internet (hors Babelio), j'en ai trouvé un commentaire vers par vers, c'est passionnant: cette critique est peut-être discutable, mais elle donne une idée de la profondeur et des sens multiples du poème, et donc de sa richesse.
Commenter  J’apprécie          20

Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
El Desdichado

Je suis le ténébreux, - le veuf, - l'inconsolé,
Le prince d'Aquitaine à la tour abolie
Ma seule étoile est morte, - et mon luth constellé
Porte le soleil noir de la Mélancolie.

Dans la nuit du tombeau, toi qui m'as consolé,
Rends-moi le Pausilippe et la mer d'Italie,
La fleur qui plaisait tant à mon cœur désolé,
Et la treille où le pampre à la rose s'allie.

Suis-je Amour ou Phébus ? ... Lusignan ou Biron ?
Mon front est rouge encor du baiser de la reine ;
J'ai rêvé dans la grotte où nage la sirène...

Et j'ai deux fois vainqueur traversé l'Achéron ;
Modulant tout à tour sur la lyre d'Orphée
Les soupirs de la sainte et les cris de la fée.
Commenter  J’apprécie          140
Artémis

La Treizième revient... C'est encor la première;
Et c'est toujours la seule, ou c'est le seul moment;
Car es-tu reine, ô toi ! la première ou dernière ?
Es-tu roi, toi le seul ou le dernier amant ?...

Aimez qui vous aima du berceau dans la bière ;
Celle que j'aimai seul m'aime encor tendrement :
C'est la mort, ou la morte... O délice ! ô tourment !
La rose qu'elle tient, c'est la Rose trémière.
Commenter  J’apprécie          132
.
MYRTHO

Je pense à toi, Myrtho, divine enchanteresse,
Au Pausilippe altier, de mille feux brillant,
A ton front inondé des clartés d'Orient,
Aux raisons noirs mêlés avec l'or de ta tresse.

C'est dans ta coupe aussi que j'avais bu l'ivresse,
Et dans l'éclair furtif de ton oeil souriant,
Quand aux pieds d'Iacchus on me voyait priant,
Car la Muse m'a fait l'un des fils de la Grèce.

Je sais pourquoi là-bas le volcan s'est rouvert...
C'est qu'hier tu l'avais touché d'un pied agile,
Et de cendres soudain l'horizon s'est couvert.

Depuis qu'un duc normand brisa tes dieux d'argile,
Toujours, sous les rameaux du laurier de Virgile,
Le pâle Hortensia s'unit au Myrte vert !
Commenter  J’apprécie          40
Homme ! libre penseur ! te crois-tu seul pensant
Dans ce monde où la vie éclate en toute chose ?
Des forces que tu tiens ta liberté dispose,
Mais de tous tes conseils l'univers est absent.
Commenter  J’apprécie          130
Vers dorés

Eh quoi ! tout est sensible !

PYTHAGORE

Homme, libre penseur ! te crois-tu seul pensant
Dans ce monde où la vie éclate en toute chose ?
Des forces que tu tiens ta liberté dispose,
Mais de tous tes conseils l'univers est absent.
Commenter  J’apprécie          50

Videos de Gérard de Nerval (41) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Gérard de Nerval
Poésie - Une femme est l'amour - Gérard de NERVAL
autres livres classés : poésieVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (156) Voir plus



Quiz Voir plus

Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

Paris
Marseille
Bruxelles
Londres

10 questions
1207 lecteurs ont répondu
Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..