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Critique de Eskalion


Personnage récurrent de Jo Nesbo (un auteur norvégien qui à l'ombre des stars nordiques creuse patiemment mais sûrement son sillon dans l'univers du polar et du roman noir scandinave) Harry Hole est un inspecteur baroudeur que nous retrouvons pour sa septième enquête. S'il n'est pas nécessaire d'avoir lu les précédentes aventures de ce personnage si particulier pour bien comprendre ce nouvel opus, on peut cependant en recommander la lecture pour bien en saisir l'évolution psychologique au fil du temps.

Dans une Norvège qui avec les premiers flocons de neige, s'engourdit lentement de l'hiver, une femme disparait, laissant derrière elle un mari et son jeune fils. Aucune trace, aucun indice. Sauf ce bonhomme de neige, surgit de nulle part, et qui regarde fixement la maison de la disparue.

L'inspecteur en chef Harry Hole , gentiment raillé par ses collègues pour voir systématiquement un tueur en série derrière chaque affaire qu'il a en charge, et ce depuis qu'il a effectué un stage sur le sujet aux USA, a semble-t-il des raisons d'être inquiet .

Et lorsque, quelques temps plus tard, une autre mère de famille disparait, le doute n'est plus permis. Pire, cette fois ci la tête décapitée de la victime est retrouvée sur le buste d'un nouveau bonhomme de neige. Hole se voit confirmé dans son appréhension initiale, et il a maintenant la confirmation que la lettre anonyme qu'il avait reçue il y a peu, n'était pas l'oeuvre d'un illuminé bluffeur, mais bien celle d'un être malfaisant qui annonçait bien clairement la couleur :

« La première neige ne tardera pas. Et il ressurgira alors. le Bonhomme de neige. Et quand la neige aura disparu, il aura de nouveau pris quelqu'un …/… »

A la tête de son équipe celui-ci va organiser la traque. Il recevra le renfort opportun d'une nouvelle collègue, venue de Bergen à Oslo, Katherine Bratt, une femme à l'esprit vif, déterminée, et efficace, mais aussi une femme qui se livre peu. Celle ci ne tardera pas à devenir la coéquipière de Hole. Grâce à elle, l'équipe d'enquêteurs va découvrir que le nombre de disparitions de femmes mariées et mères de famille, est anormalement élevé depuis une vingtaine d'années en Norvège, et que certaines disparitions sont certainement liées à l'affaire en cours à Oslo.

A partir de minces éléments de départ, Harry Hole va progressivement remonter les fils d'une trame qui s'esquisse au fur et à mesure, à force de patience et de recoupements méticuleux. Malheureusement pour lui, ce qui semble accessible devient vite insaisissable, et les apparences sont parfois trompeuses, même pour le plus endurcit des flics d'Oslo.

Difficile pour cet inspecteur fatigué, fin limier mais piètre pilote de sa propre existence, de se maintenir à flot et de résister à ses vieux démons, pour mener à bien son enquête.

Difficile de démêler les fils de sa vie, encore empêtrés dans une relation avec son ex, qu'il a du mal à classer dans la rubrique « histoires anciennes ».

Mais finalement, boire l'aide à réfléchir, à garder ou retrouver ses valeurs, et au final à rester vivant. « …Ils avaient peut être eu quelques réponses, mais pas toutes. Jamais toutes. Comme celle visant à déterminer si la folie et la méchanceté sont deux choses distinctes, ou si c'est seulement nous qui avons décidé qu'à partir du moment où nous ne comprenons plus les motifs de la destruction, nous appelons cela de la folie. Nous sommes capables de comprendre que des gens doivent lâcher une bombe atomique sur une ville peuplées d'innocents, mais pas que d'autres doivent éventrer des prostituées qui répandent la maladie et la décadence morale dans les bas quartiers de Londres. En conséquence de quoi nous donnons au premier cas le nom de réalisme et au second celui de folie. »

Comment rebondir quand ce qui était résolu ne l'est pas, quand la vérité peut fondre comme de la neige et glisser entre les doigts ? Il faudra bien toute la perspicacité d'Harry Hole pour venir à bout de ce palais des glaces dans lequel lui et son équipe déambulent à la recherche de la bonne issue.

Certains trouveront peut être que ce roman est un peu long à démarrer. Sans doute contient-il quelques longueurs au début. A vrai dire, arrivé à la moitié du roman je me suis surpris à un soupir d'impatience, à cause du rythme , à cause du fait que j'étais sûr de mon coupable (prétentieux que j'étais à vouloir endosser le costume d'enquêteur !). Mal m'en a pris ! Car je suis tombé systématiquement dans les chausse-trappes mis en place par l'auteur.

Ce roman c'est un peu comme un toboggan. On gravit d'abord lentement les barreaux de l'échelle. C'est le temps où l'histoire se met en place, où le décor est planté et l'atmosphère délivrée. Puis on s'assoit en haut du toboggan, on croit que l'on a fait le plus dur, que l'on tient le coupable. Alors vient la descente, de plus en plus rapide. C'est l'histoire qui s'emballe ! Puis surviennent les virages du toboggan, on file à droite vers un autre coupable, avant de virer brutalement vers un autre possible. On est enfin pris dans l'ivresse de la lecture. On respire à pleins poumons cette histoire et on se réjouit de la sensation d'être baladé par un auteur qui maîtrise parfaitement son art ! Et on glisse, on dévore les pages, on s'impatiente à nouveau, de plaisir cette fois, pour enfin savoir ! L'auteur nous plonge la tête dans la neige et nous empêche de reprendre notre souffle jusqu'à la sortie finale de cette histoire glaçante.

Jo Nesbo est un artisan de l'écriture. En quelque mot il accouche d'une atmosphère. Il transforme un personnage adoré des enfants et symbole de joie et d'innocence, le bonhomme de neige, en un totem maléfique qui donne froid dans le dos, et nous angoisse jusque dans nos pensées.

La structure narrative est complexe mais la partition est parfaitement jouée. Et Jo Nesbo ne s'attache pas uniquement à l'intrigue, mais également à ses personnages, dont il ciselle les portraits psychologiques avec la précision d'un orfèvre.

Je ne rajouterai pas ma louche au discours ambiant qui depuis des mois encense les auteurs nordiques (alors qu'il suffit de tourner la tête vers des pays voisins ou plus lointains, voire de regarder chez nous, pour s'apercevoir que la même vigueur et la même richesse d'écriture existe ailleurs qu'en Scandinavie) .Leur talent est indéniable. Mais si j'aime des auteurs comme Larsen, läckberg, Eriksson et plus récemment Kepler, j'avoue que Jo Nasbo a ma préférence.
Lien : http://passion-polar.over-bl..
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