J'ai rencontré
Marie Neuser lors de la dernière édition de " Vins Noirs " à Limoges , un remarquable salon rassemblant judicieusement des auteurs de polars et romans noirs et des viticulteurs . Je tiens à dire que ce salon a désormais acquis ses lettres de noblesse et jouit d'une grande estime populaire . Donc , chaque année, des auteurs reconnus sont présents et très accessibles , dans une ambiance bon - enfant .
J'ai donc échangé quelque peu avec madame Neuser , professeur de lycée après un passage en collège. Prof de collège, je l'ai été toute ma vie dans quatre établissements du Limousin , vous comprendrez donc mon intérêt pour la lecture de ce roman .Oui mais voilà, si j'étais un prof heureux en Limousin , je ne suis pas certain du tout que j'aurais pu supporter l'ambiance d'un collège d'un quartier pauvre dans une ville déshéritée , y exercer avec enthousiasme un métier qui , n'en déplaise à certains , n'a pas pour intérêt les " chères vacances " mais avant tout l'envie de transmettre , l'envie d'aider des ados à grandir , l'envie de partager.( bien que , les vacances , dans un tel contexte , elles ne sont pas volées , non?)
Je n'ai pas connu , donc , l'univers décrit par Marie , mais je ne doute absolument pas de sa sincérité , si j'en prends pour preuve l'actualité qui nous dit aujourd'hui que des parents d'élèves font " une chaine humaine " pour protéger leurs enfants de la présence de dealers devant l'école ....incroyable , mais vrai .
Du reste combien de " leaders " dans cette classe de 3 eme2 ? L'auteure le dit ,leur absence lui permet de travailler....
Je trouve que la tension dans la classe est palpable tout au long de ce roman vraiment noir car bien proche d' une réalité qui risque de se propager si on continue à nier l'évidence , à fermer les yeux , à dire que , vraiment ,on exagère.
J'ai adoré la description de la solitude des profs , des profs qui " n'ont pas de problèmes " car ceux qui en ont sont FORCEMENT responsables , l'absence d'aide de la part de l'Administration , de la part des amis , ceux qui disent ," moi, tu verrais comme ils fileraient les gamins ! "( Chiche ! Et tant mieux si ça marche , mon ami....) Quant à l'inspecteur.....Et surtout , surtout , pas plus d'un conseil de discipline , hein , sinon ça la fout mal...Ah , les vagues , pas bon ça , les vagues , surtout , pas de vagues....
Je dis BRAVO à madame Neuser et je suis heureux que l'héroïne ait eu auprès d'elle un mari aimant et à l'écoute, seul hàvre de paix dans un monde effrayant , et une volonté de fer pour continuer à exercer une profession pour laquelle elle avait ( et a sans doute encore , ailleurs maintenant ) tant de motivation et sans aucun doute , de compétences. Dommage pour elle et ...pour ces enfants
Une anecdote si vous permettez: dans le collège où j'enseignais , nous avions des stagiaires , motivés , souvent brillants.....Une première nomination en zone difficile avait souvent raison de leur amour du métier , provoquant parfois un départ vers une profession plus épanouissante et ...remunératrice...
Dommage , encore.
A ce " copain" qui me disait un jour : " t'es toujours en vacances ..." j'ai répondu
" pour bénéficier des mêmes avantages , il te suffit de passer le concours"...
Lorsqu'il m'a rétorqué : " je n'aime pas les gamins ,ils me fatiguent " , j'ai changé de sujet . Comme disait une défunte amie enseignante , " on ne discute pas avec une brouette , on la pousse "
J'ai adoré ce bouquin , je l'ai " dévoré "et j'espère avoir le plaisir de rencontrer à nouveau
Marie Neuser pour le lui dire , car , en plus , c'est très bien , mais très bien écrit, très bien écrit pour " Un Cri " .Ecoutera qui voudra .Merci .