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EAN : 9782262029302
288 pages
Perrin (25/09/2008)
3.29/5   26 notes
Résumé :
Versailles symbolise le faste et la puissance royale. Mais derrière l'or, les miroirs et le marbre, s'enchevêtrait un labyrinthe de 226 appartements où un bon millier de personnes devait trouver un lit, se nourrir, se laver et se chauffer. C'est cet univers où la promiscuité le dispute à la crasse et aux odeurs nauséabondes qu'explore William Ritchey Newton, spécialiste de la Cour de France.

Il décrit la course aux logements, les aménagements de fortu... >Voir plus
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William Ritchey Newton : Derrière la façade –Vivre au château de Versailles au XVIIIe siècle –N°640- 3e année

L'historien américain, William Ritchey Newton, est un homme austère, habillé de noir, vivant dans une charmante maison georgienne. Il est réputé pour sa méticulosité, son calme. Il manie sa plume comme un scalpel. En 2000, il avait publié chez Fayard, L'espace du Roi. La Cour de France au château de Versailles, 1682-1789 où il a réussi la gageure de reconstituer l'histoire des 226 appartements pendant la durée de la période royale : travail de bénédictin mené impeccablement au risque de susciter l'agacement de certains conservateurs affectés au château !
Après l'édition de la Petite Cour : services et serviteurs à la Cour de Versailles chez Fayard en 2006, William Ritchey Newton a poursuivi son voyage introspectif dans l'intérieur versaillais en publiant chez Perrin en 2008, Derrière la façade –Vivre au château de Versailles au XVIIIe siècle. C'est un ouvrage dont chaque court chapitre (30 pages environ) va au coeur : le logement, La « Bouche de la Cour », L'eau, le feu, l'éclairage, le nettoyage, le blanchissage, Les arrière-pensées.
Pourquoi l'historien prend-il le seul XVIIIe siècle ? Tout simplement parce que Louis XIV a fait corps entre le château et sa façon d'être Roi à l'inverse de ses deux successeurs, Louis XV (1715-1774) et Louis XVI (1774-1789-1792) qui se sont démarqués par leur comportement respectif de l'exercice louis-quatorzien du pouvoir. Mal à l'aise avec le concept de monarchie absolue, les deux Rois tentèrent à leur manière de s'en éloigner. En cela, ils reflétaient l'interrogation de la société française qui n'eut de cesse tout au long des Lumières de proposer des pistes nouvelles afin de faire émerger à côté du Roi, un espace politique compatible avec la monarchie.
Versailles est d'abord un château royal avant d'être une ville au sein de laquelle ne surgit aucune cité administrative, mis à part les deux ministères construits pendant le gouvernement du duc de Choiseul. Versailles est un point majestueux mais isolé ce que les Parisiens ne reprochèrent point à Louis XIV tant que le Grand Dauphin, son fils, vécut (1661-1711) : ce dernier en se rendant régulièrement dans Paris, gardait le contact avec les Parisiens et jouissait –quoiqu'en dise le duc de Saint-simon –d'une popularité importante : le lien n'était pas rompu, il ne le sera définitivement qu'après le séjour parisien de Louis XV (1715-1722). Son fils, le Dauphin (1729-1765) ne se déplaça pas et la famille royale toute entière, hormis les Orléans et les princes de Conti qui résidaient dans le splendide palais dans l'enclos du Temple, ne se rendit dans Paris que le temps d'un opéra, d'une inauguration, d'une courte visite aux Invalides et lors des Lits de Justice. D'une manière générale les Rois se calfeutrèrent dans le château hormis de « courts voyages » dans des résidences de l'Île de France.
Newton place donc sa description de la vie au château pendant un laps de temps assez court : 67 ans qui couvrent des décennies d'un isolement progressif royal non seulement de la vue de ses sujets mais également des courtisans. En effet Louis XV se retire dans les petits appartements, Louis XVI désire vivre en famille, et ils déclinent autant qu'ils le peuvent les apparitions publiques ce qui va rendre le protocole de plus en plus inadapté et in fine démodé ! Les courtisans, eux-mêmes, se décourageront progressivement et n'iront plus à Versailles que contraints. Vivre dans le château n'est pas comme le laissent croire les films et les ouvrages « une vie de château ». Au fur et à mesure que les finances de la monarchie entreront dans un spirale infernale, les courtisans logés dans le château devront supporter de plus en plus de frais. Ils ne furent pas hors quelques Grands titulaires de charges, comme on le croit, nourris gratuitement par le Souverain.
Au fil des pages et des chapitres où les petites histoires abondent, nous vivons très bien le délitement lent, progressif de Versailles et par conséquent de la majesté royale, du régime monarchique. Tout se défait quoiqu'on essaie de tout réparer, de colmater les brèches. Les efforts des gouverneurs de Versailles et des surintendants des Bâtiments du Roi sont là mis en avant d'une manière juste et nouvelle.
Dés la fin du règne de Louis XV, plusieurs voyageurs remarquent le délabrement de la construction, le mauvais état des pièces. le château de Versailles tenta bien de s'adapter aux Lumières en faisant entrer les nouvelles normes d'hygiène - construction de salles de bain, de cabinets de toilette mais ne put satisfaire à l'ensemble des logés des 226 appartements. C'est un moment assez redoutable pour un pouvoir de n'être plus en mesure de donner le ton, l'exemple.
Versailles est en modèle réduit la France que les Rois et leurs ministres ne purent métamorphoser jusqu'à ce que se produisent les événements que l'on sait.
L'ouvrage de William Ritchey Newton est donc riche d'enseignements et si nous nous portons jusqu'à notre temps, nous verrons qu'à bien des égards la période actuelle est aussi bancale et étouffante qu'il y a deux siècles.
Derrière la façade, la réalité!


Jean Vinatier

Copyright©SERIATIM 2010

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Source :

Ritchey Newton (William) : Derrière la façade- Vivre au château de Versailles au XVIIIe siècle, Paris, Perrin, 2008

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Derrière la façade, vivre au château de Versailles au XVIIIème siècle de William Ritchey Newton (édition Perrin) fait tomber la carapace dorée du château tel que nous le connaissons : faste, meubles estampillés, dorure, art et douceur de vivre.

L'auteur nous entraîne dans le quotidien des impératifs vitaux (se chauffer, s'éclairer, se nourrir), dans les arrières chambres et les coursives, dans la gestion de 226 appartements, le logement d'un millier de personnes.

Nous découvrons avec étonnement qu'à la cour certains courtisans bénéficiant de terres et propriété en province préfère s'entasser dans de petites chambres afin d'être la où il faut être vu.

Nous rions devant les déménagements en cascades en fonction de l'évolution et des privilèges de chacun. Des situations ubuesques qui doivent être gérées avec diplomatie, situations où chacun tente de faire valoir son bon droit, ses influences, ses relations.

En avril, le marquis des Maret, grand fauconnier, étant mort, le roi ordonna que son appartement allât « au successeur s'il n'a point de logement et, s'il en a un, à Mme de la Rivère, dame de Mesdames ». Toutefois, Mme de Pompadour eu vite fait de convaincre son amant d'octroyer la charge du défunt à son favori, le duc de la Vallière, qui, à l'époque, demeurait dans l'attique de l'ancien hôtel de la Surintendance, annexe au sud de l'aile des Princes. L'appartement de feu Marets (…) étant ainsi libéré, le gouvernement revit sa copie et prépara un état qui tenait compte d'une seconde vacance due à la mort soudaine de M. de Champagne à la mi-juin. le 27, il reçut l'accord royal pour une nouvelle cascade :

Le logement de Mme la duchesse de Lauraguais à Mme la comtesse d'Estrades ; celui de Mme la comtesse d'Estrades à M. et Mme de Coigny ; celui de M. et Mme de Coigny à la duchesse de Lauraguais » (…)

Les aménagements grâce au mobiliers nationaux sont tout aussi incroyable, X veut le poêle de Y car Y a reçu celui de Z…. les extraits de lettre de demande sont savoureux.

Les problèmes d'intendances sont nombreux, les cuisiniers, faute de cuisine, prépare les mets dans les couloirs au risque de mettre le feu aux tentures. Il faut être inventif pour améliorer son quotidien, par exemple faire se réfléchir la lueur des bougies sur des miroirs afin d'augmenter la luminosité. Sans oublier l'aspect symétrique et esthétique des façades comme nous en informe Mme de Maintenon :

« J'ai encore un très bel appartement, mais sujet au même froid et au même chaud, y ayant une fenêtre de la grandeur des plus grandes arcades où in n'y a ni volet, ni châssis, ni contrevent parce que la symétrie en serait choquée. Ma solidité a quelque chose à souffrir, ainsi que ma santé, de vivre avec des gens qui ne veulent que paraître et qui se logent comme des divinités »

Ce livre très documenté est passionnant, clair et riche. Il fourmille d'extrait illustrant les thèmes abordé. Il éclaire la face sombre de la vie à la cour. Il présente également la création du métier de sapeur pompier.

Jusque vers la fin du XVIIIème, ni le château ni la ville ne disposaient d'effectifs ou de matériel spécialisés dans la lutte contre les incendies ; les volontaires accourus sur la place se bornaient à se passer des seaux de main en main. C'est seulement en 1747, lors du feu de l'appartement des Charost, que furent employées les premières pompes. Gottfried Pfarr, directeur des pompes de la ville de Strasbourg, avait vendu aux Bâtiments (…) 8 engins encore primitifs associant un réservoir mobile et des tuyaux à une pompe que ne projetait sur la source des flammes qu'une quantité limitée d'eau. (…) le besoin d'un matériel et d'un personnel spécialisés n'étant que trop évident, le Normant de Tournehem, successeur du duc d'Antin, proposa en 1745 d'affecter à des pompiers un logement et un local.

Ce livre n'est pas tendre avec les courtisans, qui ne sont d'ailleurs pas tendre entre eux, ils donnent l'impression de continuelles réclamations, sollicitudes, parfois tendre, parfois drôle, parfois insupportable.

Note du Marquis d'Argenson : « Au reste, il n'y a rien à dire contre Mme de Chevreuse, sinon qu'elle a peu d'esprit, on se saurait moins, mais elle est sage (…) »

Mais n'oublions pas qu'en les logeant, meublant et faisant vivre le Roi en faisait ses dévoués sujets.


Lien : http://mespetitesidees.wordp..
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du château de Versailles, on ne retient trop souvent que le décor magnifique, les ors et les fêtes. Pourtant, derrière cette façade brillante, la vie quotidienne soulevait son lot de difficultés auxquelles devait répondre, en particulier, le Service des Bâtiments, omniprésent pour traiter toutes les questions évoquées dans ce livre de William Ritchey Newton : "Derrière la façade . Vivre au château de Versailles au XVIIIème siècle".

L'auteur nous entraîne à sa suite dans les entrailles du château, en abordant au travers de sept thématiques des aspects souvent méconnus lorsqu'il est question de l'existence qu'on y menait :

- le logement : Alors qu'il semble indispensable au courtisan de loger près du roi, il lui est très difficile d'obtenir un logement sur place et, qui plus est, correspondant à son rang . La crise du logement était d'autant plus grave que l'état de ceux-ci (228 appartements au total, abritant plus de mille personnes) laissait très souvent grandement à désirer.

- La "Bouche à la Cour": Il y a différents lieux où trouver table ouverte (et le circuit des "restes" du haut vers le bas de l'échelle sociale est impressionnant) mais cela n'est pas toujours facile d'y être reçu. A défaut, chacun cherche à se restaurer au moindre coût, quitte, s'il le faut, à aménager dans son appartement des cuisines et des réchauffoirs clandestins.

- L'eau : Apporter de l'eau pour toutes les fontaines et, évidemment, de l'eau bonne à boire pour tous les habitants du château, a toujours été un problème difficile à régler, malgré les prouesses d'ingénierie mises en oeuvre. Et il importait aussi de s'occuper de l'évacuation des eaux usées et de la mise en place de lieux d'aisance en nombre suffisant...

- le feu : Il faut chauffer le château et ses dépendances... mais en veillant à ne pas mettre le feu, ce qui est un risque permanent compte tenu des installations souvent inappropriées.

- L'éclairage : Où il est question de chandelles, de miroirs et de fenêtres, autant de moyens utiles pour ne pas, en dehors des fêtes lumineuses, vivre dans la pénombre.

- le nettoyage : Frotteurs et balayeurs son indispensables à la propreté du château... qui rencontre aussi un délicat problème de vidange des fosses d'aisance. Ah oui, il y a aussi un peu trop de rats !

- le blanchissage : Encore un problème : nettoyer (où ?, car on retrouve ici la question du manque d'eau disponible) puis faire sécher le linge de la Cour, mais en toute discrétion, car il convient de ne pas gâcher la vue du château et du parc avec du linge suspendu à droite ou à gauche.

La préface et, in fine, les "Arrière-pensées", rappellent qu'il faut situer l'entreprise de Louis XIV dans un souci de captation des courtisans et de rayonnement personnel. Si ce souverain-là est parvenu à ses fins, le prestige de Versailles a ensuite connu un inexorable déclin, lié notamment à tous les problèmes matériels et, partants, financiers (aucune difficulté technique ne pouvant se résoudre sans argent, lequel se faisait de plus en plus rare) qui reviennent sans cesse dans l'ouvrage.

Celui-ci, extrêmement fouillé et documenté, n'hésite pas à entrer dans les détails (rémunérations des différents prestataires de services etc.). Au final, on a une étude exhaustive et bien menée, mais destinée à un public déjà un peu spécialisé dans le domaine (ce qui n'était pas mon cas) et soucieux de parfaire ses connaissances car disposant déjà d'une vue d'ensemble de la vie quotidienne au château (certes, les éléments fournis permettent de la reconstituer, au moins partiellement, mais tel n'est pas le but de l'ouvrage, résolument analytique).

Un essai de qualité, donc, mais à conseiller de préférence aux amateurs avertis souhaitant disposer de données pointues dans des domaines spécifiques !


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J'ai horreur de ça mais j'ai abandonné ce livre à la page 112. J'aime beaucoup la période des grands rois de France mais l'auteur n'a pas réussit à m'accrocher. Certes, il fournit des renseignements et anecdotes intéressants mais il noie tout cela dans une foule de noms qui me sont inconnus, et il passe d'une période à une autre, reviens en arrière, en avant et tout cela donne au final un ensemble flou sans rien à quoi se raccrocher. Une déception au final. Ce livre n'est peut-être à mettre que dans les mains des historiens avertis...
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Derrière la "grande" histoire du château de Versailles, ce très bon essai permet de découvrir le quotidien des personnes qui y habitent et qui y travaillent, dans des conditions, loin d'être toujours princières. C'est l'envers du décor dans ces 226 appartements où s'entassaient un bon millier de personnes, certaines confinées dans la garde-robe de leur maître ou dormants sur les bat-flancs.
Une belle page d'histoire méconnue.
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