La dette de
Mike Nicol est le premier Tome d'une Trilogie dont le deuxième opus
Killer Country est paru aux éditions ombres noires.
J'ai reçu cet ouvrage dans le cadre de la masse critique Babelio dédiée au Prix SNCF du Polar 2016.
Je ne connaissais pas
Mike Nicol, ni le polar afrikaaner. Une découverte que je ne regrette pas.
Mike Nicol écrit comme il parle et ses héros aussi. L'écriture prend son temps, décrivant les personnages et les situations avec détail, sans jamais ennuyer. On se plait à lire ce polar.
La recette en est classique mais fonctionne sans heurt sous la plume de
Mike Nicol.
Ses deux héros, Mace Bishop, un blanc, associé à Pylon Bosu, un noir, un Xhosa pour être précis, sont d'anciens trafiquants d'armes. Ils se sont racheté une conduite, mariés, ont eu des enfants.
Leur entreprise, Complete Security, les fait vivre à l'abri du besoin. Leurs clients, de riches Américains venus faire des safaris et soucieux de protection haut de gamme dans un pays, l'Afrique du Sud, considéré comme à risques.
Mais voilà le hic. Leur passé les poursuit. Et ne se contente pas de les poursuivre, il les rattrape même.
On ne devrait jamais faire confiance à certaines personnes à certains moments de sa vie. Facile à dire. Surtout lorsqu'on sait que les gens changent et pas forcément dans le bon sens.
Ducky Donald Hartnell est de ceux-là. Autrefois, dans une autre vie, Il a dépanné Mace et Pylon en leur livrant plusieurs camions de Kalachnikov et autres joujoux pour leur éviter de se faire hacher menu par des clients mécontents de ne pas avoir eu leur livraison dans les délais.
Mace ne peut lui refuser d'assurer la protection de la boite de son fils Mathew, un dealer notoire qui est dans la ligne de mire de PAGAD, une association intégriste qui lutte contre le trafic de drogue sous toutes ses formes, en n'hésitant pas à utiliser la force.
Via cette mission qu'ils se sentent obligés d'accepter pour le compte de Ducky, ils se retrouvent face à des fantômes qu'ils croyaient disparus à jamais.
L'avocate de l'association, Sheemina February, semble ne rien ignorer de la vie et du passé de Mace et Pylon.
Isabella, leur ancienne associée, resurgit pour leur proposer de repiquer au trafic d'armes, gros gains et diamants à la clef. Sans compter les arnaques.
Dans son sillage, elle traine son mari, Paulo, un psychopathe qu'elle humilie publiquement, Vittoria la maîtresse de ce dernier, et Ludo, son tueur à gages.
Le roman commence très fort par l'enlèvement de Christa, la fille de Mace, qui sert de prologue. L'action se passe en 1998. Plusieurs flash-backs nous conduisent ensuite à Dar es Salam en 1984, puis à Freetown en 1986.
On comprend alors les connections liant les personnages. Les révoltes des uns et les lâchetés des autres au sein desquels Mace et Pylon jouent les arbitres, souvent malgré-eux, toujours pour se dépêtrer de situations inextricables.
Le capitaine Gonçalvès, le flic honnête va à la soupe à la demande de Mace, Mo Siq l'ex-mari de Sheemina livre quelques secrets sur son ex-femme, Oumou la femme de Mace à qui il a promis d'abandonner le trafic d'armes, Dave Cruishbanks l'agent immobilier des puissants, Mickey Rheeder et Abdul Abdul, les hommes de main de Sheemina.
John Webster le marchand d'armes félon, le Dr Kiambu le Ministre comploteur amateur de Ben Nevis…
Mace, lui, est heureux, moulé dans ses jeans Chino, au volant de son Alfa Spider rouge, la voiture dont il rêve depuis qu'il a 14 ans.
La sauce prend peu à peu, et on se laisse piéger, sans naïveté, se prenant à rouler des épaules auprès de Mace et Pylon, des colosses aux pieds d'argile, rendus fragiles par leurs problèmes domestiques, leurs couples, les crédits à payer pour la maison, le regard jamais complaisant de leurs enfants devant des pères qui ne tiennent pas toujours leurs promesses de pédagogues attentifs.
Un roman qui tient ses promesses. J'attends avec impatience de retrouver Mace et Pylon dans
Killer Country.
A découvrir.