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Grégory Leroy (Éditeur scientifique)
EAN : 9782070361304
256 pages
Gallimard (07/05/2009)
3.94/5   143 notes
Résumé :
Les fameux carnets que Nicolas Bouvier tint pendant son séjour au Japon en 1964 restèrent longtemps inédits. Partie intégrante du " Livre des Merveilles " qu'il souhaitait écrire, " Le vide et le plein " impose cet art unique qu'il a de saisir, comme on dérobe des pommes à l'étalage, des fragments d'éternité. Bouvier découvre, s'émerveille, s'étonne, se laisse faire mais aussi défaire par ce pays " non pas tant mystérieux que mystifiant ". Et se livre dans ces court... >Voir plus
Que lire après Le vide et le plein : Carnets du Japon 1964-1970Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Suivre Nicolas Bouvier dans ses voyages, c'est accepter de se perdre. Dans ces carnets du Japon retrouvés après sa mort, il nous livre de manière brute et fragmentaire des instants fugaces vécus dans ce pays, aussi bien avec ses habitants qu'avec ses paysages. En trois parties (Kyoto, petit voyage au cap Kyoga, Tokyo) il brosse par petites touches un tableau en demi-teintes de ce qui l'entoure et dont les thèmes récurrents (la littérature, les femmes, l'étiquette, le zen) embrassent tantôt le vide, tantôt le plein du titre.
Art de vivre plutôt que récit de voyage, considérations sur un univers quasiment impénétrable, l'auteur partage avec nous sa vie de gaijin, d'étranger, toujours sur le seuil d'un monde à découvrir, un monde visible, perceptible, mais dans lequel il n'aura jamais sa place, l'insularité ayant très longtemps maintenu en vase clos toute la civilisation qu'il observe sans jamais pouvoir s'y mêler.
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Écrivain-voyageur, sédentarisé le temps de quelques années (si l'on veut, il voyage dans le pays). le meilleur moyen de s'imprégner d'un pays, d'une culture pour essayer d'en parler correctement ensuite.
Et quoi de plus étranger à notre pensée occidentale que celle du Japon des années 1960, autre grande puissance mondiale ? Par petites touches, il nous fait sentir la rigidité, la conformité, le manque de spontanéité des Japonais. L'omniprésence de l'étiquette. Et pourtant, s'il a parfois envie de les secouer un peu, il admire la proximité avec la nature, le côté un peu paysan même des citadins, la magie des choses naturelles conservée grâce au shinto (il ne parle pas des paysages, qui pour lui n'existe pas dans le pays, car trop peu naturels, justement)
C'est un portrait impressionniste et vivant d'un pays en pleine mutation.
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Le récit du séjour de Nicolas Bouvier au Japon est d'un ton radicalement différent de celui de L'usage du monde. Il n'est plus le jeune homme qui s'embarque pour une aventure au long cours sur les routes de Turquie ou d'Afghanistan avec un copain. C'est un homme marié, père d'un enfant, Thomas, et dont la femme Éliane vit une seconde grossesse qui se passe assez mal. Il semble lesté d'une mélancolie renforcée par celle qu'il prête volontiers aux Japonais. Faut-il dire qu'il est déçu par le pays et la culture qu'il redécouvre après la brève étape en 1956 qui conclut sa virée asiatique ? Le terme de déception convient mal car l'écrivain aime, autant qu'il tourne en dérision, certaines caractéristiques de la vie japonaise. Il se moque de la médiocrité de certains maîtres de l'enseignement du zen, mais reconnaît la fulgurance des réflexions quand l'approche de cette discipline est aboutie. Il ridiculise le caractère empesé et résolument aristocratique de la cérémonie du thé et s'étonne de l'homme simple capable d'admirer un bol à thé merveilleusement façonné. Il s'agace de l'esthétisme qui affecte les rites et est ému du contact direct qu'entretient le Japonais avec la nature.
Il y a beaucoup d'ombres sur ces pages, comme si le doute profond qui se tapit dans le voyageur, sa capacité à s'affranchir de l'avenir au profit de l'immédiateté le rapprochaient du vide alors qu'il prend conscience de la nécessité de subvenir aux besoins de sa famille, de la perte de son père, de la vanité à prétendre comprendre l'autre. Il est le gaïjin et, au lieu de l'accepter - c'est la condition première du voyageur - il s'insurge à contrecœur. Habitué à observer, il est l'objet d'une curiosité qui l'empêche de poser tranquillement son regard. Le groupe l'étouffe et exacerbe son individualisme qu'il ne parvient plus à mettre au service de la compréhension de son environnement. L'empathie s'évapore quand l'improvisation, la spontanéité sont rendues impossibles par les règles de la civilité et une politesse sclérosante. La fêlure qui traverse la personnalité exigeante de Bouvier se révèle douloureusement au fil des pages.
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La plume est sensible, juste, subtile, détaillée et agréable à lire. J'aurais aimé écouter ces carnets, les entendre conter pour mettre en vie ces impressions, ces scènettes statiques, apporter un mouvement à l'observation. C'est peut être le défaut de l'occidental qu'évoque Nicolas Bouvier. Rester à sa place et apprendre à regarder par la fenêtre ne suffit pas, l'occidental a besoin de faire un trajet et de tirer sur des fils. C'est ce qui m'a un peu manqué dans ces notes. le mouvement, celui qui ferait jaillir la beauté de la plume de ce grand écrivain. J'adorerai assister à une soirée de contes et de lecture de Nicolas Bouvier. Je ne sais pas si cela existe en podcast ou quelque part mais ça vaudrait le coup. Merci tout de même pour ce voyage et pour ces impressions qui sont intimes et pures car on sent qu'elle touche les confins de l'âme de Nicolas Bouvier. Et il est agréable de lire la sensibilité d'un tel homme.
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Ce livre rassemble les carnets de Nicolas Bouvier lors de ses deux ans de vie au Japon dans les années 60.
Il ne voyage pas cette fois, il réside dans ce pays avec femme et enfants. Ces notes seront un moyen pour lui de disserter sur les différences culturelles entre le Japon et l'occident, et de mettre à plat son ressenti dans ce pays dans lequel il se sent seul, les autochtones ayant des difficultés à frayer avec les Gaijins.
Il nous présente une image intéressante du Japon dans les années 60, vu par un Européen qui essaie d'y vivre et pour qui les usages paraitrons hermétiques, tellement emprunts de protocole et dépourvus d'improvisation.
Ici le collectif passe avant l'individu, le japonais avant l'étranger et l'homme avant la femme, même si nous verrons que paradoxalement elles se montreront plus dégourdies que ces derniers à force d'être envoyées en première ligne afin d'éviter à leurs époux de perdre la face.
Réflexions et observations consignées ici avec humour, tendresse et un plaisir de découvrir et de comprendre propres à Bouvier. de belles tranches de vie dans une prose impeccable et très soignée, une vision du Japon intéressante et toujours d'actualité, un voyage très intériorisé.
A conseiller à ceux qui rentrent du Japon pour confronter leurs souvenirs à ceux de Nicolas Bouvier.
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Citations et extraits (58) Voir plus Ajouter une citation
Littérature

L'écriture naît d'une illusion : illusion que je suis meilleur que moi-même, plus pénétrant, généreux et sensible. Illusion aussi que je suis capable d'écrire. Lorsque cette illusion est maintenue assez longtemps - comme un révélateur qu'on porte à température - elle devient réalité, j'écris et je m'ajuste aux exigences de l'écriture. L'écriture c'est mon théâtre et si je ne sais pas toujours comment la pièce commence, je sais par contre qu'elle finit bien. Chaque fois que je me laisse déranger, c'est comme si on rallumait dans la salle, comme si des spectateurs se levaient et partaient bruyamment avant que la moindre phrase d'un peu de portée et de poids ait été prononcée sur la scène.
L'illusion a donc son rôle à jouer dans ma vie : c'est un moteur parmi d'autres, c'est une variété roturière de l'acte de foi dont on ne se sent pas toujours capable. Il y a ainsi des rapports très étroits entre l'illusion et l'édification de l'être, ceci permettant souvent cela.
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Il en va souvent ainsi des gens qui "font les mystérieux" : c'est leur néant qu'ils dissimulent, ou l'espoir, qu'après tout on ne peut blâmer, que derrière ce néant dont ils souffrent se cache quelque chose qu'ils ne connaissent pas encore.
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Japon : pays de toutes les nuances du bois, de la mousse, du thé amer et de ces grosses flutes de bambou dans lesquelles on engouffre l'air par litres pour obtenir cette note basse et tremblante d'une mélancolie qui en dit long sur le pays.
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Tous les voyages sont ethnographiques. Votre propre ville même, si vous l’étudiez avec la patience, la curiosité et la méthode que les meilleurs esprits mettent à l’étude d’une tribu sauvage, attendez-vous à des surprises. Le quotidien n’existe pas. L’ordinaire n’existe pas (…)
Les philosophes chinois qui ne sont pas les derniers venus ont passé plusieurs milliers d’années à répéter inlassablement quelques vérités et évidences premières, sachant parfaitement que ce sont celles-là qu’on commence par oublier.
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Le voyage ne vous apprendra rien si vous ne lui laissez pas aussi le droit de vous détruire. C'est une règle vieille comme le monde. Un voyage est comme un naufrage, et ceux dont le bateau n'a pas coulé ne sauront jamais rien de la mer.
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Vidéo de Nicolas Bouvier
"On ne fait pas un voyage, c'est le voyage qui nous fait" - Nicolas Bouvier La Ride : un road movie où l'amitié vous guidera d'un coup de pédale dans une aventure au coeur de la France !
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2766780/simon-boileau-la-ride
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