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EAN : 9782226330048
320 pages
Albin Michel (20/08/2014)
3.04/5   25 notes
Résumé :
"Je suis chez moi dans le carnage. Mes livres sont des meurtres. Le mal est ma respiration. " L'écrivain Nicolas Sevin aime l'opéra, la littérature et le sang. Judith, son éditrice, voudrait qu'il se renouvelle, qu'il se démasque, en un mot qu'il se mette à nu.En choisissant de se replonger dans l'affaire du Japonais cannibale Morimoto, Nicolas Sevin prend le risque de se confronter à ses peurs et à ses démons : son enfance, sa relation ambiguë avec sa mère, un noir... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Suivez-moi bien :

- Nicolas d'Estienne d'Orves, personnage pour de vrai, écrivain aristocrate a priori propre sur lui. Auteur, entre autres, des « fidélités successives », son avant-dernier roman, qui pour ma part m'avaient bien embarquée.
Vient de sortir « La dévoration » dont Nicolas Sevin, le personnage central, est… écrivain.

- Nicolas Sevin donc, romancier fictif imaginé par le précité Nicolas d'Estienne d'Orves. Sources exclusives d'inspiration : carnage, souffrance, hémoglobine. Garçon aimablement perturbé, existence un brin compliquée.
Envisage la rédaction d'un ouvrage sur Morimoto.

- Morimoto, patronyme pour de faux mais évocation pour de vrai d'Issei Sagawa, japonais cannibale notoire qui en juin 1981, à Paris, trouva bon de croquer une copine batave qui n'avait rien demandé à personne.
Consigna son forfait anthropophage dans quelques essais autobiographiques.

- Rogis, ascendant originel d'une interminable lignée de bourreaux parisiens depuis 1278.
Hormis quelques décilitres de plasma par-ci par-là, pas grand point commun, en principe, avec les protagonistes susmentionnés.
En principe.

Ça s'appellerait quasiment une mise en abyme, si j'ai bien tout saisi du concept de mise en abyme. En l'occurrence un abîme à nuances carmin, où l'on fera bien de plonger avec l'estomac pas trop plein, mais c'est vous qui voyez.

Car du plus profond de son imaginaire perso, NEO délivre ici – libère même – un roman dérangeant, une composition d'un réalisme sensuel, charnel et sanglant. Sans pour autant provoquer ni s'auto complaire, il se laisse appréhender cette fois en auteur tourmenté et confesse avoir invoqué cet autre Nicolas comme une « projection fantasmée » de lui-même, une sorte de double en miroir, plus authentique mais également plus sombre et plus… mordant, évidemment.

Qu'on se rassure, au-delà de cette inédite et envoûtante mise à nu de ses obsessions intimes – la bouffe et le sexe (sic) – le NEO d'aujourd'hui conserve indubitablement sa rigueur narrative ainsi que la plume élégante et minutieuse qui m'avait tant séduite dans « Les fidélités successives ». En revanche, s'il m'était à nouveau permis de le croiser pour de vrai, sans doute l'approcherai-je avec une réserve prudente, on ne sait jamais…

Ҩ

Grand merci à Babelio d'avoir une fois de plus exaucé mon souhait, et aux éditions Albin Michel pour l'envoi de ce roman fascinant.



Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
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Initié dès l'enfance à l'art par son père, à l'opéra par sa grand-mère, Nicolas, après un chagrin d'amour, devient écrivain comme sa mère. Un écrivain à grand succès.
Quel étrange roman ! M'a-t-il plu ou pas ? Une chose est sûre, il m'a dérangée.
Dès le prologue j'ai été conquise, enchantée par le style et par le ton, par l'intelligence de l'écriture.
Et, parallèle à l'histoire de Nicolas, celle des Rogis, bourreaux de père en fils depuis des générations m'a beaucoup intéressée et intriguée à la fois.
Mais au fil des pages, le malaise de Nicolas a commencé à m'envahir, son goût du sang et de la mort, ses déviances sexuelles. A un moment, j'étais proche de la nausée, je n'arrivais plus à le comprendre. Et puis sa fascination pour le cannibale Morimoto, m'a lassée, c'est devenu long et pesant à lire, jusqu'à ce que je comprenne le lien entre Nicolas, les Rogis et Morimoto.
L'intrigue est particulièrement tordue et fascinante à la fois, d'où l'ambiguïté de mon sentiment.
Quoiqu'il en soit ; j'aime le style et l'écriture de Nicolas d'Estienne d'Orves, que je ne connaissais pas, et que je vais continuer à découvrir.
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La Dévoration, c'est trois histoires qui finiront par se rejoindre.
Celle de Nicolas Sevin, écrivain, spécialiste en carnage et en hémoglobine, un homme solitaire qui connaît des rapports houleux avec sa famille, et qui se voit contraint par son éditrice de changer de registre.
Celle de la famille Rogis, bourreau de père en fils, des rues de Rouen à la guillotine des Baumettes.
Et enfin, celle de Morimoto (Sagawa pour ceux qui se souviennent), le cannibale japonais, qui en juin 1981 tua sa camarade d'amphi et la mangea.
Des hommes dont la vie se résume à des effusions de sang, contraintes pour les uns, fantasmées pour les autres.
Ce livre est audacieux. le sujet comme les personnages sont l'archétype de ce que la société rejette, que ce soit le cannibalisme, horreur suprême, ou la figure du bourreau, exécuteur des hautes oeuvres, banni à jamais du monde des vivants. La figure de l'écrivain semble plus banal mais au fil des pages, on se rend compte qu'elle ne l'est pas tant que ça, et que sa généalogie y est pour beaucoup.
C'est un roman dérangeant où le corps est réduit à l'organique et à l'animal, chair et sang, pulsions et désirs.
Bien documenté et différent de ce que l'on peut lire habituellement, ce livre est une sacrée découverte.
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Le narrateur est un écrivain étrange, Nicolas Sevin. Depuis qu'il a trouvé le succès, Nicolas se complait dans la création d'oeuvres ambiguës, sanglantes, morbides. Il habite toujours chez sa mère, car il ne sait écrire que dans sa chambre d'enfant, dans le calme et l'ordre absolu. Depuis la parution de son premier roman dix ans auparavant, il ne parle cependant plus à sa mère, pas plus qu'à son père d'ailleurs. Par contre les lecteurs sont au rendez-vous de ses écrits de sang, de souffrances, de massacres, de ses romans tous aussi morbides. La preuve, ils sont capables de passer des heures à l'attendre pour une simple dédicace. Mais aujourd'hui, son éditrice lui demande de changer de style, de trouver autre chose, de chercher un nouvel élan, une nouvelle inspiration au plus profond de lui-même.
En parallèle à la vie de Nicolas, se déroule sur quelques siècles la vie de la famille Rogis. Depuis Rouen, en 1278 et pendant de nombreuses générations, la profession du père se transmet au fils : ils sont tous bourreaux. Car enfin, qui voudrait employer un fils de bourreau, que peut-il faire d'autre que suivre son père et apprendre auprès de lui ce métier bien étrange d'exécuteur des arrêts d'état.
Les chapitres alternent ces deux récits. Jusqu'à la révélation qui va changer la vie de Nicolas, mais pas forcément en mieux.
Le récit bascule alors vers un autre sujet. Nicolas est très attiré par un fait divers des années 80, celui du japonais cannibale. Attirance malsaine s'il en est. Et que l'auteur (mais lequel ?) va dévoiler, investiguer, jusqu'au malaise, à la limite du soutenable.
Descriptions morbides, éloge du mal, voire du cannibalisme, plongée dans des caractères et des personnalités pervers et malsains. J'avoue, je n'ai pas apprécié la fin de ce roman. Etait-il besoin d'aller jusque-là ? je n'en suis pas certaine, je trouve que cela n'apporte rien au roman. Ce qui est sûr, c'est que cet « éloge du cannibalisme » m'a particulièrement dérangé. C'est le premier roman que je lis de cet auteur. Au final, même si j'ai trouvé que son style est intéressant et que c'est bien écrit, je n'ai pas aimé.
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J'ai beaucoup lu sur l'auteur, notamment sur son roman précédent, que je n'ai point lu, Les fidélités successives. J'avais envie de le découvrir. Et bien quelle découverte les amis ! La dévoration ne laisse pas indifférent, c'est un texte parfois dur, à la limite du soutenable sur 4 ou 5 pages dans la toute dernière partie (mais faites comme moi, si vous avez du mal, survolez-les avec les yeux mi-clos, comme quand des images d'un film sont dérangeantes ; bon ce n'est pas facile de lire les yeux mi-clos, mais c'est pour l'idée, après chacun s'adapte à sa manière de se protéger des images violentes). le reste m'a emballé. J'ai d'abord beaucoup aimé cette histoire en parallèle, celle de la famille Rogis, sa solitude, la peur qu'elle inspire. Une lignée de bourreaux, qui me rappelle le premier roman que j'ai lu de Stéphane Pajot, intitulé Selon les premiers éléments de l'enquête, que je vous invite à découvrir ; un polar bien ficelé et original.
Ensuite, les hésitations de Nicolas devant le défi de se renouveler, de remettre en cause son travail m'ont plu et fait sourire. J'ai tellement reconnu des auteurs qui écrivent toujours le même livre, sûrs qu'il atteindra encore une fois des ventes importantes, ou des chanteurs qui font toujours la même chanson pour mieux la vendre, ou pire, ceux qui font comme ce qui fonctionne pour vendre également. Un écrivain ou un artiste qui change de registre, qui ose aura toujours ma sympathie a priori, quand bien même ce qu'il fait ne me plairait pas, alors que je me lasse très rapidement des imitations, des redites. Un coup de griffe salvateur de Nicolas d'Estienne d'Orves au monde de l'édition qui en rajoute même dans quelques saillies dont la suivante : "Dans le monde de l'édition, j'ai croisé de ces esprits frappeurs qui vouent un culte à Brasillach ou à Drieu, non pour leurs qualités littéraires mais pour leur jusqu'au-boutisme, leur attitude face à la mort. Un nihilisme de salon qui m'a toujours agacé. La pose est commode, de la provocation pour dîners en ville. On choque le bourgeois, on asticote les maîtresses de maison, mais rien ne bouleverse l'ordre établi. Tout comme prendre la défense des Chouans, proclamer son amour de Gobineau, ne pas dénigrer Albert Speer, goûter les pamphlets de Céline ou Rebatet. Des ivresses de planqués, de la branlette pour mandarins." (p.104)
Nicolas Sevin n'est pas un type sympathique, c'est un prédateur, un mec que je n'aimerais sans doute pas avoir comme ami -mais peut-être gagne-t-il à être connu ?-, il prend beaucoup, donne peu, il a besoin de cela pour se nourrir et nourrir son oeuvre, surtout lorsqu'il décide de se lancer dans une autre direction. Ses proches en pâtissent, seul Antoine, l'ami de toujours est et reste présent quoiqu'il arrive. Sa mère le boude ou le jalouse, elle qui écrit des livres pour la jeunesse voulait être la seule écrivaine de la famille. Son père, Nicolas ne le voit plus depuis une dizaine d'années, malgré les demandes de celui qu'il l'a si peu élevé et qui n'a pas cru en lui pour son premier roman.

Une très belle écriture que je découvre donc avec ce roman fort, original, dérangeant parfois et absolument pas politiquement correct. Un régal quoi ! de belles phrases sur la création littéraire, sur la famille, l'amitié ; d'autres plus dures mais tout aussi belles sur la violence, le sexe, le sang, la mort. Un roman que j'ai depuis un moment à côté de mon lit, là où je mets mes livres à lire, et dont je repoussais la lecture après quelques critiques mitigées. J'avoue que je l'ai pris un peu timidement, mais une fois entamé, je n'ai pas pu le lâcher. Lu en deux jours. Avec la même intensité qu'un bon polar. Et -largement- approuvé !
Lien : http://lyvres.over-blog.com
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critiques presse (1)
LeFigaro
29 août 2014
Ce roman n'est pas forcément destiné aux âmes sensibles. Peu importe, on est happé par l'histoire de ce garçon en morceaux, tiraillé entre plusieurs femmes de caractère. Une mère, auteur réputé de livres pour la jeunesse, une grand-mère américaine, une éditrice compliquée et une âme sœur, avocate et prédatrice sexuelle.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
– Je m’exprime mal. Contrairement à vous, ce n’est pas mon métier. D’ailleurs [écrivain] ce n’est pas un métier. Si vous écrivez pour en vivre, c’est déjà foutu. Ça doit être un luxe, un snobisme, une provocation, une liberté. Jamais une nécessité. Un besoin de mots, pas de fric. Les écrivains professionnels sont des traitres vendus au système, par avance damnés. Ils finissent en enfer, c’est-à-dire au pilon.
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Mais la brouille a déjà dix ans. Depuis, l’eau a coulé sous les ponts, l’inimitié s’enkystant, devenant notre seul mode de relation. Nous dialoguons par piques trempées dans l’eau douceâtre de la courtoisie élémentaire. Nos rares rencontres se font ainsi, au hasard, comme une mauvaise surprise.
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Dans le monde de l'édition, j'ai croisé de ces esprits frappeurs qui vouent un culte à Brasillach ou à Drieu, non pour leurs qualités littéraires mais pour leur jusqu'au-boutisme, leur attitude face à la mort. Un nihilisme de salon qui m'a toujours agacé. La pose est commode, de la provocation pour dîners en ville. On choque le bourgeois, on asticote les maîtresses de maison, mais rien ne bouleverse l'ordre établi. Tout comme prendre la défense des Chouans, proclamer son amour de Gobineau, ne pas dénigrer Albert Speer, goûter les pamphlets de Céline ou Rebatet. Des ivresses de planqués, de la branlette pour mandarins. (p.104)
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Sans vraiment se l’avouer, elle aurait voulu écrire. Mais elle connaissait trop bien les mots pour oser les domestiquer. Ils devaient rester, sauvages et carnassiers, dans cette grande savane sous cloche qu’on nomme l’édition. Certains savaient les dompter, d’autres se faisaient dévorer ; Judith préférait, depuis le confort d’un affût, contempler le carnage.
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Après Aurore, Judith reste mon unique aventure sentimentale. Toutes ses «successeuses» n’ont été que des amours d’un soir, de jolies sucettes glacées, dépiautées et avalées avec ma gloutonnerie de gastronome tripier.
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Vidéo de Nicolas d' Estienne d'Orves
Les passionnés de cinéma ont en mémoire le visage et la gouaille d'Arletty avec sa célèbre réplique : « Atmosphère, atmosphère, est-ce que j'ai une gueule d'atmosphère ??? »… Se mettant dans la peau de Garance, l'héroïne des « Enfants du Paradis », Nicolas d'Estienne d'Orves nous raconte Arletty, dans l'ombre et dans la lumière.Coup de coeur Web TV Culture !
Retrouvez l'émission intégrale sur https://www.web-tv-culture.com/
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