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Critique de Folfaerie


Après avoir refermé l'ouvrage de Fabrice Nicolino, je me suis félicitée d'être végétarienne depuis une vingtaine d'années ! Je ne cacherai pas que cette lecture, bien que nécessaire et indispensable, est éprouvante. Parce qu'au-delà des problèmes liés à l'industrialisation de la production de viande (pollution de notre environnement, risques sanitaires, déforestation...) il s'agit aussi de parler d'êtres vivants transformés en machines, en produits, des animaux pour lesquels personne n'a de considération, de leur naissance à leur mort. Des misérables vies, des créatures condamnées à un univers carcéral pour finir par être... bouffées.

« Un Français mange en moyenne 92 kg de viande, 250 oeufs et une centaine de kg de produits laitiers par an ».

Il serait vain de vouloir résumer ce livre foisonnant et très bien documenté, je me contenterai donc de retracer brièvement quelques faits parmi les plus édifiants : L'auteur nous fait découvrir comment nous sommes passés des fermes à cette industrialisation des élevages, les standards imposés, les innovations copiées sur le modèle américain. Dans les années 1970, l'INRA expérimente les vaches à hublot ( !!) pour mieux comprendre le mécanisme de digestion et décider ensuite que les bovins ne devaient plus manger d'herbe et de fourrage mais plutôt des céréales. C'est l'ère du productivisme, des élevages hors-sol (surtout porcs, poulets). On teste, on sélectionne, bref on torture pour accroître les rendements et les animaux doivent grossir de plus en plus vite.

Dans cet univers concentrationnaire où les risques de maladies sont démultipliés pour les animaux, on comprend vite l'utilité des antibiotiques. Une manne financière pour l'industrie pharmaceutique et la nutrition animale. Car tandis qu'on « soigne » (imaginez, 30 000 volailles parquées à 25 par mètre carré…) on en profite aussi pour « améliorer » : injections d'hormones, élaboration de nouvelles nourritures, le soja transgénique, etc. On retrouve sans surprise quelques grands noms : Rhône-Poulenc, Adisseo. Que dire aussi de Nucleus ? le leader français de la génétique porcine. Les chercheurs en blouse blanche, à l'abri d'unités top secrètes, nous concoctent pour l'avenir de la viande issue d'animaux génétiquement manipulés et clonés.

Pensez-vous que tout risque sanitaire soit écarté pour autant ? Absolument pas. Même sans lire le livre de Fabrice, il suffit de remonter dans les archives de la presse pour se remémorer tous les scandales : la vache folle, les veaux aux hormones, le poulet à la dioxine, la grippe aviaire, la grippe porcine… Ces maladies sont liées aux conditions d'exploitation des animaux mais aussi à la nourriture qui leur est donnée. le pire n'est pas d'avoir remplacé l'herbe par des céréales mais d'avoir pensé aux fameuses farines animales, celles qui contiennent aussi les résidus de nos fosses septiques. Bon appétit !

Ces élevages industriels polluent aussi notre environnement, ce qu'on appelle la Nature, sols et eaux ne sont pas épargnés. Un seul exemple pour vous convaincre : la Bretagne. La production de viande est également responsable de la déforestation en Amérique du sud (pâturages et culture du soja), laquelle joue un rôle dans le réchauffement climatique. Sans compter que le besoin effréné de viande des pays occidentaux condamne à la famine les pays du Tiers-Monde…

La FAO y est même allée de son rapport, rappelant les volumes d'eau nécessaires pour produire de la viande. « L'élevage envoie 9% des émissions anthropiques de gaz carbonique (CO2) : fabrication et emploi de machines agricoles, quantités énormes d'énergie nécessaire à l'engraissement des animaux, transports, appauvrissement des sols, déforestation, - Il émet 37% du méthane ( produit par le système digestif des ruminants Une vache émet 100 kilogrammes de méthane par an ), qui a un pouvoir réchauffant global (PRG) 23 fois supérieur à celui du gaz carbonique CO2,

- Et 65% des émissions de protoxyde d'azote (émanant du fumier ou du lisier) qui a un PRG 296 fois plus élevé que le gaz carbonique ». L'élevage industriel représente 18% des gaz à effet de serre d'origine humaine, soit plus que le secteur transport (avions, trains, automobiles..) ».

Je ne parle même pas de la biodiversité des animaux de ferme, la plupart des races rustiques ont disparu.
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