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EAN : 9782357660847
123 pages
Editions Les Echappés (29/01/2015)
3.49/5   40 notes
Résumé :
Dans cette lettre adressée à un paysan âgé de 90 ans, l'auteur retrace l'évolution du monde agricole.
Il dresse un état des lieux de la situation actuelle, s'interroge sur la validité des choix passés et propose des solutions pour l'avenir afin de retrouver une agriculture plus simple et plus saine.
Que lire après Lettre à un paysan sur le vaste merdier qu'est devenue l'agricultureVoir plus
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Suite de mes lectures sur l'agriculture industrielle. le nouvel essai de Fabrice Nicolino se présente sous la forme d'une lettre écrite à un paysan fictif, appelé Raymond. Il tombe à pic après ces manifs d'agriculteurs qui ont eu lieu un peu partout.

Nicolino rappelle brièvement les débuts de l'agriculture industrielle, les premiers tracteurs, les pesticides, le rôle pas innocent de l'INRA (je ne me remets pas du coup des vaches à hublot !!), le pouvoir grandissant de la FNSEA, et puis surtout, les technocrates se mettent à décider, à calculer et contrôler le monde paysan. Ce dernier fait figure de dinosaure face à l'agriculture américaine, qui sert de modèle. Progrès, rentabilité deviennent une obsession au détriment des bêtes et des gens. Remembrement, attaques répétés contre le bocage (adieu biodiversité...), premiers élevages intensifs. Et le désastre perdure jusqu'à aujourd'hui. Les grandes multinationales, le pouvoir politique et la FNSEA ont achevé leur mission : la campagne s'est vidée, les petits paysans sont devenus des esclaves, les végétaux sont utilisés à d'autres fins que de nourrir (les agrocarburants, entre autres) et partout dans le monde, les terres agricoles sont convoitées, achetées, transformées dans les pays les plus pauvres.

L'agriculture s'est déshumanisée, les bêtes sont devenus des outils-machines, et tout cela a pu se produire car une immense majorité d'agriculteurs a accepté ce système, et souhaite le maintenir tel quel. Seuls les paysans qui se sont convertis au bio s'en sortent. Humainement et financièrement. Et à mes yeux, seuls ceux-là méritent d'être aidés.

L'essai de Nicolino a le mérite de rappeler l'essentiel et d'inciter à la réflexion. Si tous les gens réduisaient leur consommation de viande et faisaient l'effort d'acheter local et bio, l'agriculture industrielle serait obligée de plier, et notre vie en serait transformée…
Lien : https://labibliothequedefolf..
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Tel est le rêve, qui tournera finalement au cauchemar
Avec brio et sous forme d'une lettre à Raymond, Fabrice Nicolino revient sur l'histoire accablante de la l'agriculture construite par les pouvoirs publics depuis le début du vingtième siècle et particulièrement depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Car il s'agit bien de la construction d'un « vaste merdier »…

L'auteur montre que sous le plan Marshall, il y avait bien « un plan ». Il présente l'inondation des « marchés européens d'aides matérielles sous la forme de belles productions américaines », le rôle de l'industrie cinématographique, « un pulpeux imaginaire », dans la construction du « seul avenir désirable ». Et avec le plan, le rôle de la chimie de synthèse, du DDT…

Pouvoirs publics, INRA, CNJA et FNSEA, « révolution définitive de l'agriculture », pesticides, maïs industriel, herbicide (l'acide 2,4-dichlorophénoxyacétique… plus connu sous le nom d'agent orange, massivement déversé sur le Vietnam par l'aviation étasunienne). Changer de nom, habiller d'un nouveau nom une « modernité » frelatée et toxique, parler de « phytopharmacie »… La « France consommerait des pesticides par centaines de milliers de tonnes, qui pourriraient les sols, les rivières, les nappes phréatiques, les fruits, les légumes, l'air, l'eau de pluie et la rosée du matin », pour le intérêts bien compris de Rhône-Poulenc, Monsanto, Bayer, Syngenta, BASF, etc.

N'oublions pas la transformation des animaux « vivants et sensibles en simples choses, en autant d'objets », de la barbaque sur pied… Je me souviens de cette infâme campagne « sauvez le boeuf ». Et déjà les sélections génétiques à outrance, les puretés de la race…

Les savoirs paysans confisqués par les experts, des « sachants » déniant les choix démocratiques. Il fallait nourrir mais surtout « conquérir les marchés extérieurs ». Une grandeur agroalimentaire comme la grandeur nucléaire…

Et après « le triomphe d'une vision industrielle de la forêt. Les pins sont aussi monotones que les épis de maïs de l'agriculture intensive », le remembrement des terres, « une révolution des paysages et un incroyable hold-up sur les terres »… « A l'arrivée, 17 millions d'hectares – 170 000 km2 ! – sur 29,5 millions d'hectares de surfaces agricole utile (SAU) ont été remembrés », des kilomètres de haies et de talus boisés arasés, entrainant l'augmentation du ruissellement, la disparition des animaux…

Ici l'INRA, au niveau mondial, la Food an Agriculture Organization (FAO) et plus que l'accompagnement de l'industrialisation de l'agriculture. Surabondance, malnutrition et famines, « le nombre d'affamés croît, dans un monde où l'obésité explose ».

Et aujourd'hui, les agrocarburants, les « nécrocarburants » comme les nomme l'auteur, « Changer une plante alimentaire en carburant automobile, dans un monde qui compte un milliard d'affamés, n'est-ce pas sans discussion possible un acte criminel ? ». Et aussi, les millions d'hectares de terres achetés par des Etats, des transnationales, les industriels français, un accaparement sous forme d'accumulation et d'expropriation, la redistribution de l'espace par « le carnet de chèques »…

Il faut raconter cette histoire et souligner les responsabilités et les culpabilités dans la construction de ce « vaste merdier ».
Lien : https://entreleslignesentrel..
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Achat après une flânerie parmi les livres à La librairie des Mots passants.

Le titre était drôle et intéressant. Ces temps derniers, j'ai lu et visionné pas mal de textes ou films sur le sujet de l'agro-écologie. Je tenais donc à me faire une idée sur les décisions, les actes et la démarche générale qui nous ont conduit, en quelques décennies, d'une société majoritairement paysanne à une société de consommation. L'auteur parle même d'une civilisation mercantile soumise à l'industrie agro-alimentaire.

Nicolino déplore la mort programmée du monde paysan depuis les années 50. Il dénonce l'exode rural qui désertifie les campagnes au profit de banlieues où prolifèrent le chômage, quand il ne s'agit pas de bidonvilles surpeuplés. Il s'insurge aussi contre le traitement infligé aux animaux dans ces usines à viande et je ne peux acquiescer.

Le seul souci de ce livre réside dans une dénonciation, je trouve, très ciblée, presque nominative, de responsables politiques et de plans économiques (Marshall en tête) précis dont la plupart des lecteurs (à moins d'être déjà des écologiste ou des professionnels de l'agriculture) ignorent la teneur. du coup, le curieux se perd. le curieux intrigué dont je me revendique ira jusqu'au bout, le simple curieux attiré par le titre et l'envie de se faire une idée globale (comme noté dans mon introduction) risque de laisser choir le livre dès les premières précisions de noms, de systèmes économiques, de politiques impliqués et c'est un peu dommage...

L'argument est bon et la cause est juste.
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J'ai lu ce livre chez ma soeur qui prépare une pièce de théâtre sur le monde paysan en Suisse. Heureusement la situation de l'agriculture y est un peu moins dramatique qu'en France.
En refermant ce livre, vraiment, je ne sais pas si on peut parler encore d'agriculture quand on voit comment elle est envahie par les produits chimiques, l'industrie et la technocratie ! Ce qui est aussi révoltant, c'est de voir comment, sous l'alibi du progrès, ce modèle américano-européen a été imposé à d'autres continents où il a détruit une agriculture traditionnelle au lieu de l'aider à se développer.
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Après cent ans d'industrialisation le monde paysan se meurt.
Les derniers "traditionnels" disparaissent un à un sous les coups répétés des nécro-semenciers et des planificateurs de tout poil.
Le monde rural disparaît laissant place aux banlieues surpeuplées et leur pesant de chômeurs gavés de pesticides .
La révolution verte nous avez promis l'éradication de la faim dans le monde et pourtant rien a changé sinon les profits engrangés par un poignée de profiteurs.
Certes, paysan moi-même, ce livre ne m'a rien appris, cela va sans dire... mais finalement, ça va mieux en le disant.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
En Inde, si vaste pays, peuplé de près de 1.3 milliards d'habitants, les nappes phréatiques baissent à un rythme tel qu'elles ne pourront plus, d'ici une génération, remplir les estomacs.
Les pesticides ont littéralement pourri la quasi-totalité des eaux de surface, avec des molécules interdites en Europe en raison de leur toxicité.
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Mon vieux Raymond, je sais bien que ces dingueries arrivent trop tard pour toi. Tu vas mourir, si ce n'est déjà fait.
La France, grand pays malade, a échangé une civilisation pleine de formes vivantes contre un monde de pacotille soudé aux écrans, ouvrant sur le vide.
On a su habiter le monde de mille manières différentes. Semer, récolter, bâtir, parler différemment selon qu'on vient de Nice ou de Brest. La diversité, Raymond, ce n'est pas seulement le tigre, l'éléphant et la baleine. C'est l'Homme aussi.
Ne me dis surtout pas que tu ne regrettes rien. Moi, si.
Une autre histoire était possible.
Un autre monde reste à construire.
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Le dimanche de Pâques, Bruno se levait et partait à pied avec son grand-père, passant d’un champ de patates à un carré de luzerne, suivant un chemin creux, poussant la porte d’une haie dense, qui ouvrait sur un nouveau petit pays. Le but du voyage était de ramener dans la casquette des œufs de merle ou de grive, pour préparer à la maison la grande omelette du jour de fête. Bruno : « Il y avait des nids partout, à profusion. Chaque parcelle abritait sa compagnie de perdrix grises ». Et question oiseaux, je répète qu’il sait de quoi il parle.

Ainsi disparut la Bretagne. Selon les estimations de Jean-Claude Lefeuvre, un universitaire de réputation mondiale, 280 000 kilomètres de haies et de talus boisés auraient été arasés dans cette région entre 1950 et 1985. 280 000 km. Soit 7 fois le tour de la Terre. Pour la seule Bretagne.
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L’histoire de ce colossal désastre technocratique reste à écrire, et ne le sera peut-être jamais. Où sont les sources ? Mortes sans laisser la moindre adresse à ceux de l’avenir. À l’arrivée, 17 millions d’hectares – 170 000 km2 ! – sur 29,5 millions d’hectares de Surface agricole utile (SAU) ont été remembrés. Sur les cartes les plus fines, celles au 1/25 000, le tracé des parcelles est méconnaissable. Bien sûr ! bien sûr, le remembrement a aussi, au passage, amélioré quantité de situations injustes, parfois infernales. Ce n’est pas le principe du mouvement qui est en cause, mais ses objectifs et son déroulement en Blitzkrieg. Prenons l’exemple affreux de Geffosses, dans la Manche. En octobre 1983 – car cela a duré et dure encore -, Georges Lebreuilly, petit paysan, apprend qu’un remembrement est prévu. Jusqu’ici père peinard, avec ses 25 vaches et ses 20 hectares de prairies naturelles, il va se transformer en activiste.
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Parmi les différences flagrantes, la vitesse. On marchait. Tu as toi-même fait plusieurs fois le tour de la Terre à pied, dans les limites de ton foutu canton. Sans beaucoup cesser de porter quelque chose sur le dos. Une bête. Des branches. Un outil. Tout était beaucoup plus lent, car le transport était assuré au rythme de l'âne, ou du cheval, ou du boeuf. Ce sont de sacrés costauds, mais avec eux jamais tu n'aurais remporté une course de vitesse. Et même quand le train a commencé à se répandre, on aurait parfois gagné sur lui en allant à pied par la lande, le bois de la Sauvagère ou le Vallon perché. Tu vois ce que je veux dire ? Même fin 1914, avant ta naissance, quand les wagons ramenaient au village les cercueils des premiers tués de la guerre, ils allaient au pas d'un cheval fourbu. Comme les autocars de la génération suivante, ils s'arrêtaient au milieu des champs, auprès du moindre hameau.
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Videos de Fabrice Nicolino (12) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Fabrice Nicolino
Quels enjeux et quelles urgences derrière le combat contre les pesticides? Fabrice Nicolino, journaliste et président du mouvement "Nous voulons des coquelicots", nous en parle aux côtés de Stéphane Foucart, journaliste au Monde.
La Grande table Idées d?Olivia Gesbert ? émission du 9 septembre 2019 À retrouver ici : https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-2eme-partie/saison-26-08-2019-29-06-2020
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