Il me semble intéressant de lire cet ouvrage dans la mesure où
Fabrice Nicolino est déjà l'auteur de livres de très grande qualité qui ont contribué à ouvrir les yeux non seulement du grand public mais aussi des écologistes (je pense notamment à celui sur les biocarburants) et puis parce qu'il est lui-même militant écologiste et que son analyse sur les quatre plus grosses ONG françaises peut permettre un salutaire changement au sein du mouvement associatif et de la pensée écolo.
J'ai moi-même été adhérente, bénévole ou militante (depuis mon adolescence) pour un certain nombre de structures . de ces années-là, j'en suis revenue désabusée et attristée. Car si j'y ai rencontré des militants passionnés, des gens de valeur sincèrement attachés à la nature, j'ai également assisté à la transformation de certaines ONG se calquant sur le mode de fonctionnement d'une petite entreprise, aux luttes de pouvoirs, à la poursuite d'objectifs incertains ou douteux, au manque de cohésion et de solidarité (la palme revient certainement au dossier chasse !). J'ai rencontré des responsables à l'égo surdimensionné, des frileux, des jaloux, des aigris... Pire, les dissensions sont apparues : la défense des animaux domestiques d'un côté, celle des animaux sauvages de l'autre, les assos défendant une chasse "responsable", les anti-nucléaires et pro-charbons ou vice-versa, les anti énergies renouvelables... et les dérives encore sur le soja "durable", l'huile de palme certifiée bio, le label PEFC, etc. Et que dire du Grenelle de l'Environnement ou du Grenelle des animaux ? Peu à peu le mot environnement a pris la place de nature, on s'est mis à "gérer" des espaces naturels et des animaux plutôt que les protéger, à hiérarchiser les espèces, à chercher des alliances, à faire des compromis, à céder... le tout au nom de la raison et du développement durable.
Et aujourd'hui, on voit le résultat. Réflexion faite, tout le monde ne le voit pas. Une bonne raison pour lire l'ouvrage de
Fabrice Nicolino, non ?