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EAN : 9781020901379
Les liens qui libèrent (03/09/2014)
4.04/5   23 notes
Résumé :
Une enquête redoutable sur l’invasion effrayante des produits chimiques dans notre quotidien et notre environnement.

C’est un livre sans précédent. Jamais on n’avait essayé de réunir tous les points pour faire enfin apparaître le dessin complet. Comment en est-on arrivé là ? Comment et pourquoi l’industrie chimique a pu libérer dans l’eau, dans l’air, dans le sol, dans les aliments, et jusque dans le sang des nouveau-nés plus de 70 millions de molécul... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Combien de maux, combien d'années de vie en bonne santé perdues, combien de mort-e-s, combien de silence ?
Le livre commence comme un conte. L'auteur nous parle des mondes oniriques, du temps très long, d'anaconda, de crêpe Suzette, de matière gazeuse, de milliards de collision, d'allumette, de curiosité…

Puis ce sera le temps des alchimistes, de la transmutation, Al-kîmiyâ, Bolos, Thomas d'Aquin, Paracelse, « Toutes les choses sont poison, et rien n'est poison ; seule la dose détermine ce qui n'est pas poison », Lavoisier et d'autres…

Le conte se transforme en thriller, gris, noir, de plus en plus noir. Comme l'indique Fabrice Nicolino, la chrysalide devint industrie. La recherche devient inséparable de l'industrie de la mort.

Développement du capitalisme, développement de la chimie de synthèse. Les mondes s'ouvrent, au moins dans les cerveaux des scientifiques vers le Progrès, avec un grand P. Synthèse de l'urée, mauvéine, Irénée du Pont de Nemours, la poudre et la guerre de Sécession, DuPont, le TNT, « le grand massacre est un multiplicateur de profits »…

BASF, la fin de la garance, Bayer et la synthèse de l'aspirine, Dow Chemical et le brome, le prix Nobel de chimie, « Alors que l'Europe s'apprête à sombrer dans la boucherie des tranchées, la chimie est, avec d'autres disciplines scientifiques, la promesse totalitaire d'un monde où tous les problèmes seront réglés par l'action sur la matière. Tout le monde ou presque pense à cela. Tout le monde se trompe ».

Le capitalisme, la guerre, la chimie, un cocktail bouillonnant, l'ivresse dure encore…

Je ne saurai résumer toutes les présentations et les analyses détaillées de Fabrice Nicolino. Il faut lire ce livre, suivre pas à pas quelques-uns de ces scientifiques nobélisés ou non, leurs découvertes. Ils eurent probablement bonne conscience, certains furent des assassins en blouses blanches, des « criminels de labo », les mêmes ou d'autres représentent une « banalité du mal ».

La seconde partie de l'ouvrage est intitulée « le temps des assassins ».

Fritz Haber, la fixation de l'azote, l'ammoniac, BASF, la porosité entre industrie des colorants et celle des explosifs, le racisme revendiqué, les violations des conventions internationales de la Haye, le refus de certains, l'utilisation du chlore dans les tranchées, le gaz moutarde, des prix Nobel et des criminels de guerre, le Zyklon B (celui qui servira à gazer les juifs/juives, les tziganes, etc…)

IG Farben, « la fabrique de l'holocauste », chimistes, parti nazi et industriels, Zyklon B, tabun, sarin, soman… L'auteur souligne « les beaux succès criminels » des laboratoires. Presque tous les savants chimistes impliqués moururent dans leur lit, l'impunité fut organisée à tous les étages.

DuPont, le nylon, la dislocation de l'uranium, les petits oiseaux, la bombe, une autre histoire, la même histoire, l'impunité. Comme l'écrit l'auteur « Pas de procès de Nuremberg pour la chimie de synthèse ! ».

Mais si certains massacres sont (re)connus, qu'en est-il de Tambov (1921), du Rif (1921-1927), de l'Ethiopie (1935), de la Chine (1937…)… et plus récemment de la guerre Irak-Iran, de la guerre du Golfe, de la Tchétchénie, de la Syrie… Crimes de guerre, violation des traités internationaux, crimes contre l'humanité, utilisations massives de produits chimiques mais les industries chimiques ne seraient ni responsables, ni coupables, les Etats non plus, l'impunité encore et toujours. L'argent coulait à flots comme les empoisonnements. Il continuera à couler. Il faut bien sauvegarder les emplois et les profits !

Voici « le temps de la peste et du choléra ».

Les mots, « les fabricants ont essayé d'imposer leur vocabulaire », des mots plaisants euphémisant des réalités plus pesticidées. Il s'agit toujours de Guerre… Agent Orange, défoliant, la barbarie civilisationnelle étasunienne au Vietnam, DDT, etc… Les pesticides et la mort des abeilles, la contamination très large des animaux, « c'est que les pesticides pèsent très lourd dans la dégradation de la santé des organismes vivants, dont nous sommes. Comme dans les cancers, les malformations congénitales, les troubles et les maladies neurologiques, cognitifs, de la reproduction, les dysfonctionnements immunitaires, et bien d'autres encore ».

Il y aurait des surveillances, dont ces fameuses « Limites maximales de résidus » (LMR) dont l'auteur montre les réalités derrière la propagande.

Les micro billes de plastiques, « les larmes en plastique de nos pauvres sirènes », effroyable extension du domaine des polymères.

Theodora Colborn, les recherches, « de nombreux composés libérés dans l'environnement par des activités humaines sont capables de dérégler le système endocrinien des animaux, y compris l'homme ».

Encore une histoire de dose, l'exposition des foetus, « Car chez un foetus, bien davantage encore que chez l'homme achevé, une dose infime peut entraîner des conséquences en chaîne incalculables », les recherches égarées, la volonté de ne pas savoir, les organismes bureaucratiques…

La diffusion des poisons, « les intérêts coalisés – scientifiques, industriels, politiques, administratifs ». Fabrice Nicolino donnent des noms, montre la construction des silences, des mensonges, des protections de l'ordre industriel. Il analyse notamment la baisse du nombre des spermatozoïdes, la transformation de l'être humain en « décharge ambulante », la non qualité de l'eau, les euphémismes de la « malicieuse langue bureaucratique », les gaz toxiques, l'air pourri des intérieurs domestiques, sans oublier encore une fois l'histoire de l'amiante, l'Union Carbide et Bhopal, les déchets électroniques…

« Combien de maux, combien de morts, combien de silence ? ». Un des impensés radicaux de nos sociétés, une surdité organisée, le tout au nom de l'augmentation de l'espérance de vie… Mais outre le fait qu'il semble incongru de « deviner notre avenir commun en regardant notre passé et notre présent », l'espérance de vie en bonne santé diminue depuis… 2007. Il faut aussi prendre en compte que celles et ceux qui sont « vieux » aujourd'hui n'ont pas été exposé-e-s « dans le ventre de leur mère, ni à la maison quand ils étaient petits, ni à l'école, ni en mangeant, ni en respirant ». L'auteur parle de l'épigénétique, de l'extrême complexité de l'ADN qui « pris isolément n'est rien », de l'ignoble appel anti-écologiste de Paris, d'obésité, de diabète, de la maladie d'Alzheimer, de l'autisme, de l'asthme, de la fibromyalgie, etc… Mais les bonnes questions ne seront pas posées.

Dans la quatrième partie, « le temps des impuissances », Fabrice Nicolino analyse l'invention des normes, le DJA, « Grâce à ce grandiose anesthésiant social, les humains peuvent croire qu'ils sont protégés par une armée de valeureux savants désintéressés ». L'auteur poursuit sur les lobbyistes, les journalistes, l'OMS et les « effets non monotones », le programme Reach, la langue inconnue des rapports « qu'aucun citoyen réellement existant ne parle ni de comprend ». Les pages sur les perturbateurs endocriniens sont particulièrement intéressantes.

Les scientifiques, les industriels, les institutions fabriquent « le grand mensonge », des faux et des manipulations, (A noter que ces pratiques ne concernent pas seulement la chimie !). Il s'agit de bloquer les faibles avancées de Rio… L'auteur parle du « double jeu de l'Onu et du Pnue », de l'industrie, cause principale des désastres, qui « s'impose et s'imposera toujours plus comme la « solution » des problèmes qu'elle ne cesse de créer ».

Des millions de mort-e-s chaque année et l'industrie ne paiera pas, financera des actions philanthropique… et comme le souligne l'auteur « Sous la philanthropie, le crime ».

Nous sommes étions dans un conte, nous avons basculé dans un univers noir, nous sommes aujourd'hui dans l'horreur banalisée, la barbarie masquée et approuvée par les « agences de sécurité ». Encore une fois, Fabrice Nicolino cite de nombreux noms, mets en cause de nombreuses « personnalités »… Elles et ils nous construisent « Un futur sans avenir ». Disséminations de molécules, 20 millions de produits chimiques commercialisés et la chime à l'échelle nano…

Les nanoparticules qui franchissent toutes les barrières à l'intérieur des corps, le futur comme un fantasmatique mécano, la chimie verte comme bonne conscience et mensonge éhonté, des nouveaux marchés, des nouveaux accaparements, une « bio-économie ». Non décidément, « La vie n'est pas un jeu ».

Bienvenue dans le monde des chimistes, des entreprises et des organismes internationaux. Ils nous promettent un monde de progrès… Ils sèment le dérèglement, la mort… Notre avenir n'est pas technico-scientifique mais relève bien de la politique et de nos choix démocratiques. Les sciences sont des objets sociaux trop sérieux pour être laissés à la libre association des « scientifiques », des profits industriels et des bureaucraties institutionnelles.
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Effarant ...
Ouvrage indispensable si tant est que l'on s'intéresse à la question de l'avenir de l'humanité - parce que finalement, il est bien question de cela dans cet ouvrage de Fabrice Nicolino.
Alors oui, c'est compliqué, surtout quand on est désormais loin de ces jeunes années et des quelques connaissances acquises sur les bancs de l'école dans un bac qui s'appelait encore C à l'époque ...
Oui, l'ouvrage est pour le moins conséquent - plus de 400 pages chez Babel Essai - et peut parfois sembler être une mosaïque, un puzzle dans lequel on se perd ...
Oui, le style de Nicolino est parfois déroutant : des présentations de chapitre qui m'ont semblé superflues en mode "Tour du monde en 80 jours" de Jules Verne - à une époque où pour le coup le progrès scientifique et les innovations promettaient un avenir radieux pour l'humanité, des traits d'humour ou parfois plus vachards qui tranchent, du moins je l'imagine, avec le ton habituel de ce type de publication ...
Oui, le ton est offensif, le propos est engagé : Nicolino démontre, dénonce, démonte. Il appuie là où ça fait mal, même si j'ai parfois - souvent ? - regretté qu'il n'y ait pas de perspective proposée, de début de solutions avancé. On cogne, mais on s'arrête là ...
Et pourtant ... On ressort sonné et désarçonné de cette lecture, impuissant aussi à bien des égards ... et avec un vague sentiment de culpabilité puisque comme tout un chacun, à mon petit niveau, je contribue allègrement à cet empoisonnement universel ...
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Nicolino signe à nouveau un ouvrage majeur sur le thème des pollutions chimiques. Certes, ce n'est pas le premier à se pencher sur la question mais son livre est sans nul doute l'un des mieux documentés et l'un des plus complets.

Il débute comme un thriller historique qui donne des sueurs froides. Car bien sûr, toute l'histoire de l'humanité est inscrite dans le sang. Cela commence avec la première guerre mondiale qui marque véritablement l'essor de l'industrie chimique. Des armes de destructions massive aux produits destinés à améliorer le travail (et le rendement) des agriculteurs, il n'y a qu'un pas qu'ont allègrement franchi scientifiques et entreprises dans les années noires de l'avant-guerre. Que l'on ait fricoté avec les nazis n'empêche apparemment pas de recevoir des prix Nobel ou de faire partie des conseils d'administration de multiples et opulentes sociétés. Après cette première partie consacrée à retracer la naissance d'entreprises célèbres et toujours florissantes, dont Bayer, BASF, Dow Chemicals, du Pont, etc., on passe à une vérité tout aussi atroce : la présence d'un nombre incalculable de substances chimiques dans notre environnement, dans l'eau, dans notre sang… Aucun homme, aucun animal, aucune partie du globe, du désert de sable à la banquise, n'est épargné. Nous sommes tous contaminés.

Sont également décrites les manoeuvres de l'industrie chimique, les campagnes de lobbying, la complicité passive du pouvoir politique, les luttes de pouvoir d'individus dénués de scrupules, la désinformation qu'on distille sournoisement pour gagner du temps. C'est à pleurer de rage.

Comme en tant d'autres domaines, les rapports de scientifiques indépendants, les articles des lanceurs d'alerte sont soigneusement ignorés, tandis que les grands pollueurs de ce monde, sont de toutes les réunions, de tous les comités, participent à toutes les décisions. Pendant ce temps là, les gens et les bêtes continuent à crever du cancer, à souffrir du diabète, d'obésité, on découvre de « nouvelles » maladies que l'on ne saurait guérir, les malformations augmentent, le taux de personnes allergiques à tout et n'importe quoi aussi. L'Histoire est émaillée de nombreux scandales (au hasard, l'amiante…) et accidents majeurs (un seul exemple parmi tant d'autres, Bhopal) mais personne n'en a retenu les leçons. Ni ici, ni là-bas…

Réjouissant, non ?

Enfin, cerise sur le gâteau, on découvre que, oui, on vit plus vieux, mais pas en bonne santé. A quoi cela sert-il d'atteindre les 90 ans et de ressembler à un légume, je vous le demande ? Fabrice Nicolino nous offre donc un livre dense, clair et vraiment érudit. Courageux aussi.

Après tout ce que je viens d'écrire, il m'est impossible de mentir et de dire que le livre se termine sur un happy-end. Il n'y en aura pas. Et pourtant, ce n'est pas une raison pour baisser les bras. Limitons le plus possible les produits chimiques dans notre quotidien, quand cela est à notre portée.
Lien : http://labibliothequedefolfa..
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Comme un puzzle, Fabrice Nicolino rassemble les pièces éparses de la situation de la Chimie des origines à nos jours.

Des origines : la chimie est à la base de la formation de notre planète, de l'apparition de la vie. Nous devons la vie à un assemblage de molécules.

Le problème, c'est ce que les hommes en ont fait. Nicolino retrace l'histoire de la science, de la chimie en particulier. Les hommes tâtonnent, puis tout s'accélère au XIXe et surtout au début du XXe siècle grâce à la première guerre mondiale, véritable catalyseur pour la chimie. Sans états d'âme, les scientifiques créent les gaz de combats, accompagnés de différentes variantes. Certains servent toujours aujourd'hui, malgré l'interdiction par l'ONU. de l'ypérite au zyklon B des chambres à gaz, on retrouve les mêmes acteurs.

Et ce qui apparait dans ce livre, c'est la collusion à tous les étages. Etats, chercheurs et industries, en Allemagne, aux Etats-Unis ou en France, s'adorent. Sans oublier les instances internationales (ONU, PNUE, OMS), les think tank…A chaque niveau, les garants de la santé mondiale ont aussi des affinités particulières flagrantes avec les industriels. Les conflits d'intérêt sont dénoncés, et vite étouffés, au détriment de la faune, de la flore, de l'eau, de l'air, de la vie tout simplement. Les chiffres le montrent, l'avenir est hypothéqué, mais les recherches qui vont dans ce sens sont décriées et oubliées, et leurs scientifiques voient leurs travaux et leurs méthodes remis en cause.
Dans notre sang, notre organisme, dans nos intérieurs, nos lieux de travail, dans tout ce que nous achetons, l'empoisonnement est universel.
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Ce livre fait partie des essais majeurs de notre dernière décennie. Pourquoi un tel éloge dès la première phrase ? Car c'est un livre qui concourt à la santé et au bien-être de tous les êtres vivants de cette planète, ni plus, ni moins.


Mais je m'explique... il est devenu d'usage d'avoir entendu au moins une fois dans sa vie le terme de "perturbateurs endocriniens", ou autres joyeusetés. Ca, on sait y faire. Dans le pire des cas, on est quand même conscient que derrière ce terme un peu bizarre se dessine quelque chose de pas net, voire de carrément dangereux pour le vivant... voilà, en gros, le niveau d'information basique au sujet des perturbateurs endocriniens. Ce qui, à notre époque, est un moindre mal...


Bref, Fabrice Nicolino (aidé par d'autres personnes) nous prend par la main au début de l'ouvrage. J'étais un peu sceptique au début... pas sur le contenu de l'information, mais sur la manière de présenter les choses : c'est guilleret, simple comme tout (pas simpliste) et très vivant comme introduction à l'histoire de la chimie. J'ai vraiment cru que tout le reste serait de la même veine... or, l'auteur est un malin. En plus d'être un reporter opiniâtre, il manie bien ses lettres et fait évoluer petit à petit la teneur et le style de son récit vers quelque chose de plus sombre et de plus lourd.


Pêle-même : on retrouve l'histoire de la chimie et le chemin qu'a parcouru l'humanité pour en arriver à ce niveau supposé de maîtrise de la matière ; des noms et des lieux pour raconter les premières horreurs de la chimie ; des noms et des lieux pour témoigner des horreurs contemporaines ; l'inefficacité des politiques publiques actuelles ; la collusion entre industriels et institutions politiques au niveau mondial ; la désinformation généralisée et le lobbying mené par les criminels de l'humanité (accessoirement industriels de la chimie) pour préserver leur gagne-pain - quand bien même ils font crever notre génération et les suivantes - ; les tentatives de résistances et de mobilisation de l'opinion publique.


On en ressort bouleversé, même si l'on fait partie des personnes qui se sont largement intéressées au sujet de la pollution chimique. le constat, ainsi dressé, est accablant. Les solutions paraissent dérisoires. En fait, on a presque envie d'aller flinguer les quelques milliers de personnes responsables de ce massacre de masse au nom du fric, pour que ça s'arrête.


Malheureusement, nous, nous avons une morale. C'est ce qui nous différencie de ces criminels de l'humanité, mais fait également qu'ils ont, pour l'heure, une sacré longueur d'avance. Leurs forfaits sont aujourd'hui presque tous impunis. Espérons que nos sociétés sauront se retrousser les manches et, s'il leur faut absolument des barreaux pour contenir les êtres dangereux, espérons qu'elles sauront y mettre les véritables assassins et les véritables voleurs, qui pour la plupart sont aux commandes de nos institutions publiques ou de grands groupes privés.
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Alors que l’Europe s’apprête à sombrer dans la boucherie des tranchées, la chimie est, avec d’autres disciplines scientifiques, la promesse totalitaire d’un monde où tous les problèmes seront réglés par l’action sur la matière. Tout le monde ou presque pense à cela. Tout le monde se trompe
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Où va la chimie ? Incapable par nature de faire le moindre bilan de ses cent cinquante années de développement sans contrôle, l'industrie ne pense qu'à avancer. Les politiques, englués dans l'idéologie de la croissance, ne bougent pas. Les ingénieurs d'Etat, qui forment l'ossature des grands ministères techniques, tiennent l'industrie pour le seul avenir concevable. Les autres ingénieurs se laissent bercer par des promesses de créations d'emplois. Beaucoup de scientifiques, à l'image d'un Jean-Marie Lehn, se voient en géants capables de changer le cours de la destinée humaine. L'avenir de la chimie industrielle est entre ces mains-là. Les nobles vapeurs de l'assemblage moléculaire pour eux, les vilaines vapeurs méphitiques pour nous.
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En 1856, à l’âge de 18 ans, Perkin essaie de synthétiser la quinine dans le but de soigner les soldats anglais vivant en Inde, décimés par le paludisme. Il commet d’abord erreur sur erreur, mais finit par obtenir une pâte noire dont l’un des composants va se révéler fabuleux. Car il colore ! Ce premier colorant de synthèse, qui sera appelé « mauve de Perkin », est rapidement un triomphe commercial et industriel. La reine Victoria d’Angleterre elle-même et l’impératrice Eugénie, femme de Napoléon III, s’empressent de porter en public des robes teintes à la mauvéine, et Perkin finit ses jours fort riche.
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les pesticides pèsent très lourd dans la dégradation de la santé des organismes vivants, dont nous sommes. Comme dans les cancers, les malformations congénitales, les troubles et les maladies neurologiques, cognitifs, de la reproduction, les dysfonctionnements immunitaires, et bien d’autres encore
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Les pesticides sont désormais partout. Dans l'eau de pluie des villes et même dans la rosée du matin. Chez les ours, les pumas, les dauphins et les baleines, les cormorans, les alligators. Dans le sang du cordon ombilical des nouveau-nés. Dans l'alimentation standardisée de presque tous les pays du globe. Au Gabon, en Bolivie, chez les Aborigènes d'Australie. Au fond du delta du Mississippi, derrière le barrage chinois des Trois-Gorges, dans les rivières et les ruisseaux qui descendent des collines et des montagnes de France et de Navarre. Dans le lait maternel et le vin des buveurs. Absolument partout.
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Vidéo de Fabrice Nicolino
Quels enjeux et quelles urgences derrière le combat contre les pesticides? Fabrice Nicolino, journaliste et président du mouvement "Nous voulons des coquelicots", nous en parle aux côtés de Stéphane Foucart, journaliste au Monde.
La Grande table Idées d?Olivia Gesbert ? émission du 9 septembre 2019 À retrouver ici : https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-2eme-partie/saison-26-08-2019-29-06-2020
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