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Citations sur La généalogie de la morale (141)

Au fur et à mesure qu’une communauté s’accroît, elle accorde moins d’importance aux fautes de l’individu, parce que celles-ci ne peuvent plus lui apparaître subversives et dangereuses pour le maintien de l’ensemble dans la même mesure qu’auparavant : le malfaiteur n’est plus « privé de paix » et proscrit, la colère générale ne peut plus dorénavant se déchaîner contre lui avec autant d’acharnement, - au contraire le malfaiteur est maintenant scrupuleusement défendu par l’ensemble social et sous sa protection contre cette colère, en particulier contre celle de sa victime immédiate. .... La justice, qui a commencé par poser : « tout peut se régler, tout doit se régler », finit par fermer les yeux et par laisser courir l’individu insolvable, - elle finit comme toutes les bonnes choses sur cette terre : elle s’abolit.
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Nous sommes pour nous des inconnus, nous en personne pour nous en personne: il y a à cela une bonne raison. Nous ne sommes jamais partis à la recherche de nous-mêmes, – comment pourrait-il se faire qu’un beau jour nous nous trouvions? C’est à juste titre que l’on a dit: « Là où se trouve votre trésor, se trouve aussi votre coeur »; notre coeur se trouve là où sont les ruches de notre connaissance. Nous sommes toujours en route vers elles, nous qui sommes nés ailés et collecteurs de miel de l’esprit, nous n’avons vraiment qu’une seule et unique chose à coeur – rapporter quelque chose « chez nous ». Quant à la vie, pour le reste, aux soi-disant « expériences vécues », – qui d’entre nous a seulement assez de sérieux pour cela? Ou assez de temps? Pour ce qui est de ces sujets, nous n’avons, je le crains, jamais été vraiment « captivés par le sujet »: notre coeur n’y est justement pas – et même pas notre oreille! Tout au contraire, tel un être en proie à une distraction divine et immergé en lui-même, à l’oreille de qui la cloche vient de sonner ses douze coups de midi à toute volée, qui se réveille en sursaut et se demande: « Qu’est-ce qui vient de sonner au juste? », nous aussi, il nous arrive de nous frotter les oreilles après coup et de nous demander, totalement stupéfaits, totalement déconcertés: « Qu’avons-nous vécu là au juste? », plus encore: « Qui sommes-nous au juste? » (...). Nous demeurons justement étrangers à nous-mêmes, de toute nécessité, nous ne nous comprenons pas, il faut que nous nous méprenions sur notre compte, le principe: « Chacun est pour lui-même le plus lointain » s’applique à nous à tout jamais, – à notre égard, nous ne sommes pas des « hommes de connaissance »…
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Telle est bien la fatalité de l’Europe – cessant de craindre l’homme, nous avons aussi perdu notre amour pour lui, notre vénération pour lui, l’espoir en lui et même la volonté qu’il advienne. La vision de l’homme n’est plus que fatigue – qu’est aujourd’hui le nihilisme, sinon cela?... Nous sommes fatigués de l’homme....
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Voir souffrir fait du bien, faire souffrir plus de bien encore – c’est une dure vérité, mais une vieille, puissante, capitale vérité humaine – trop humaine.
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Sans doute le mieux est-il de séparer l'artiste de son oeuvre assez radicalement pour ne pas le prendre au sérieux autant que son oeuvre. Il n'est après tout que la condition de son oeuvre, le sein maternel, la terre, parfois l'engrais et le fumier sur lequel, hors duquel l'oeuvre pousse [...] C'est aux physiologues et aux vivisecteurs de l'esprit de scruter l'origine d'une oeuvre, jamais aux hommes de l'esthétique, jamais aux artistes !
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Le philosophe se reconnaît à ce qu'il évite trois choses qui brillent et font du bruit : la gloire, les princes et les femmes : ce qui ne veut pas dire qu'elles ne viennent pas à lui.
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Alors que toute morale aristocratique naît d'un oui triomphant adressé à soi-même, de prime abord la morale des esclaves dit non à un "dehors", à un "autre", à un "différent-de-soi-même", et ce non est son acte créateur.
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Seul ce qui ne cesse de faire mal est conservé par la mémoire.
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Les prêtres, comme on sait, sont les ennemis les plus méchants - et pourquoi donc ? Parce qu'ils sont les plus impuissants. L'impuissance fait naître en eux une haine féroce, monstrueuse, la haine la plus intellectuelle et la plus venimeuse qui soit. Les plus grands haineux de l'histoire ont toujours été des prêtres, de même qu'il n'y a pas de haineux plus intelligents qu'eux.
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Le vrai remords est extrêmement rare, surtout parmi les forçats et les criminels ; les prisons, les bagnes ne sont pas le milieu propice à la prolifération de cette espèce de ver rongeur [...] Dans l'ensemble, le châtiment endurcit et refroidit ; il concentre ; il aiguise le sentiment d'être étranger ; il augmente la force de résistance. S'il lui arrive de briser l'énergie et de conduire à la prostration et à l'avilissement, c'est là un résultat certainement encore moins réjouissant que l'effet courant du châtiment qui se caractérise par une gravité froide et sombre. Mais à considérer ces millénaires antérieurs à l'histoire de l'homme, on peut affirmer sans hésiter que c'est le châtiment qui a le plus fortement entravé le développement du sentiment de culpabilité, du moins chez les victimes de la force qui punissait.
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