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EAN : 9782070748006
154 pages
Gallimard (23/01/1997)
3.56/5   44 notes
Résumé :
Dans un de ses rêves familiers, François Sanders se voit pour fendre le vide avec une épée, mais le sang qui apparaît sur la lame est le sien : c'est un symbole où il reconnaît sa tendance à frapper des coups qui " le blesseront lui-même". Ce romantique appétit de souffrance lui est venu dès quinze ans lorsque, coeur d'homme dans un corps d'enfant, il s'irritait de l'attente imposée aux adolescents avant de pouvoir vivre une existence qu'il veut toute de grâce insol... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Nimier aimait distribuer ses coups, le chef de file des « hussards », dandys provocs de la droite littéraire de l'immédiate après-guerre, ne manquait jamais d'impertinence, les stars du théâtre de boulevard ont été victimes de ses manchettes acerbes dans la presse critique de l'époque.

« J'aime assez le bavardage, parce qu'il ne change rien à l'ordre des choses. » Que vaut cet écrivain très droitier, défenseur de Louis-Ferdinand Céline, qui connut, à trente-six ans, une fin similaire à l'idole de la gauche Albert Camus, qu'il a toujours raillé ?

« Les Epées », son premier roman, déroute. Sur la forme, impression d'un manuscrit inachevé, parfois indigeste, le flou s'empare de la narration et la grignote de tous bord, le lecteur se prend à marcher sur son fil décousu et fragile, trébuchant fréquemment.
Mais, ce qui constitue sa limite en fait aussi l'attrait, outre un vocabulaire et un langage plaisant qui nous ramène aux années quarante et cinquante, quand on écrivait « fleurt » ou « Rita Hèhouorse » en phonétique ; il y a tout un jeu avec la langue, avec la façon d'écrire, de ponctuer, de dérouler l'intrigue qui relève de l'artisanat de l'écrivain. Cette esthétique quasi-excessive, surfaite, cette façon de bomber le torse, certains critiques en parlaient comme d'un « style au carré » et de petits drapeaux plantés devant chaque phrase pour dire « j'ai du style ».

« La démocratie ne valait pas les chiottes pour la noyer ». Sur le fond c'est une provocation attendue et continue, malaisante, violente et parfois révoltante. Les occasions de détester François Sanders, le personnage principal, dont l'égocentrisme est presque un principe politique, sont nombreuses.
« Je ne suis pas dans un jour à m'en vouloir de grand-chose ». Tout cela est nuancé par le nihilisme un peu blasé, très grinçant d'un narrateur qui traverse les évènements de sa propre vie, comme extérieur à eux, sans grandes convictions, sans nécessairement croire en lui-même. Un résistant qui devient milicien, qui critique la bien-pensance, a l'injure facile, et entretient des rapports amoureux malsains, tout en restant dans le flou quant à ses propres convictions passe mieux qu'une ferveur dégénérée.

« les hommes ne savent que précipiter ou retarder des situations qu'ils n'ont pas créées. Chacun de leur geste se répercute si loin qu'ils en ignorent le sens. Ils font leur destin, mais ils ne le sauront jamais – ce qui revient à ne rien faire. »

« Ainsi la vie est elle douce à tous ceux qui ignorent le vertige ». Alors que rien pourtant ne lui manque, le narrateur est blessé, dans sa psychologie, à l'âme et au coeur, c'est peut-être ses moments de sincérité, d'introspection qui sont les plus empathiques du livre.
Est-ce que l'auteur partageait les poses de son narrateur, les « guerres civiles » de son moi, fragile à l'intérieur, arrogant à l'extérieur ? François Mauriac le pensait, en constatant que Roger Nimier saigne sans que l'on voie d'où vient la blessure.

Qu'en pensez-vous ?
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Roger Nimier (1925-1962) est maintenant complètement oublié. Pourtant, il a a été autrefois reconnu comme chef de file littéraire des "hussards". Très éloigné de la gauche bien-pensante, il s'est signalé par son audace et son ton politiquement incorrect.
"Les épées" me semble être un roman confus, où les formules brillantes et vides de sens abondent. le héros, qui est manifestement un alter ego de l'auteur, se donne l'air d'un homme blasé, anticonformiste et intelligent; son comportement et ses sentiments pour sa soeur sont troubles. Pendant la seconde guerre mondiale, il s'engage dans la Milice, une troupe para-militaire fasciste aux ordres de Vichy; il s'y ennuie et se démarque de ses compagnons d'armes, qu'il méprise. Accessoirement, on apprendra qu'il a participé à des exactions.
L'expérience vécue d'un milicien aurait dû être un bon sujet de roman. Mais, en fait, ce livre semble presque incompréhensible et a très mal vieilli. Mauvaise pioche pour moi…
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Nimier Roger
Les épées
C'est son premier roman et il était fort connu, malheureusement, il est mort tragiquement à 36 ans
Je pense que cet auteur aurait vraiment connu une grande renommée s'il avait eu la chance de vivre.
Ici c'est un peu le rêve de l'adolescent, avec l'amour pour sa soeur, il fait des rêve où lui est souvent le perdant.
Pourtant la guerre arrive et lui s'inscrit dans la milice, mais analyse les choses et en même temps un peu comme un agent double aide la résistance.
C'est un brillant exemple de l'adolescent torturé, tourmenté, qui se demande pourquoi il n'est pas encore adulte et ne peut faire ce que eux font.

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lu et relu ce roman insolent et provocateur sur l'occupation allemande.
C'est l'histoire d'un jeune homme solitaire amoureux de sa soeur qui passe de la Résistance à la Milice et mène une guerre personnelle contre lui-même pour se délivrer de ses obsessions.
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
« comme si l’on avait besoin d’amour pour être jaloux »
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On voit bien que vous n'avez aucune expérience de la justice. On ne juge qu'un personnage de papier et le sort de ce personnage dépend de l'arrangement de certains mots. La timidité d'un conditionnel peut le sauver quand un impératif le tue. Je ne vais pas me mettre en peine pour mon avenir quand cet avenir dépend de la grammaire.
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« Comme il est doux de se rouler dans son plus grand défaut, d’avoir honte et surtout de ne pas prendre de bonne résolution. »
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L'officier que nous tuerons n'aura aucune importance. Ce qui comptera, ce seront les cinquante otages fusillés, cinquante familles de vengeurs...Les Français sont avares et peureux, plutôt par habitude que par nature. Dès qu'ils ont perdu quelque chose, ils acceptent de tout perdre. En tuant leurs parents, on leur ouvre l'imagination, on leur inspire la vraie colère qui produit de nouveaux meurtres. Ce ne sont pas quelques milliers de résistants - dont la moitié sont de mauvais républicains - qui sauveront la France. Ce seront les massacres.
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- Voilà un point sur lequel nous nous entendrons. Nous débordons de lucidité. Mais l'énergie nous manque un peu.
- Non. Pas l'énergie : l'espérance, les bonnes grosses joues de l'espérance.
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Videos de Roger Nimier (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Roger Nimier
Yannick Haenel et son invitée, Linda Tuloup, lecture par Emmanuel Noblet.
Depuis plus de deux décennies, Yannick Haenel éclaire le paysage littéraire français de ses romans singuliers, où se concentrent les désirs multiples et où nous côtoyons, souvent avec jubilation, l'univers de personnages en quête d'absolu. Au cours de ce grand entretien, un format qui lui sied particulièrement, l'écrivain reviendra sur ses passions. La peinture d'abord (il a écrit sur le Caravage un essai inoubliable), mais aussi le théâtre (son Jan Karski a été adapté sur scène par Arthur Nauzyciel), la photographie (Linda Tuloup sera à ses côtés), l'histoire… On parlera aussi de littérature, de celle qui l'aide à vivre depuis toujours, d'écriture et de ce qu'en disait Marguerite Duras dont l'oeuvre l'intéresse de plus en plus, et de cinéma, vaste territoire fictionnel dont il s'est emparé dans Tiens ferme ta couronne, où son narrateur se met en tête d'adapter pour l'écran la vie de Hermann Melville, croisant tout à la fois Isabelle Huppert et Michaël Cimino…
Écrivain engagé, il a couvert pour Charlie Hebdo le procès des attentats de janvier 2015, en a fait un album avec les dessins de François Boucq, et continue de tenir des chroniques dans l'hebdomadaire. Son dernier roman, le Trésorier-payeur, nous entraîne à Béthune dans une succursale de la Banque de France, sur les traces d'un certain Georges Bataille, philosophe de formation et désormais banquier de son état, à la fois sage et complètement fou, qui revisite la notion de dépense et veut effacer la dette des plus démunis. Mais comment être anarchiste et travailler dans une banque ? Seuls l'amour et ses pulsions, le débordement et le transport des sens peuvent encore échapper à l'économie capitaliste et productiviste…
Une heure et demie en compagnie d'un écrivain passionnant, érudit et curieux de tout, pour voyager dans son oeuvre et découvrir les mondes invisibles qui la façonnent.
À lire (bibliographie sélective) — « le Trésorier-payeur », Gallimard, 2022. — Yannick Haenel, avec des illustrations de François Boucq, « Janvier 2015. le Procès », Les Échappés, 2021. — « Tiens ferme ta couronne, Gallimard, 2017 (prix Médicis 2017). — « Les Renards pâles, Gallimard, 2013. — « Jan Karski, Gallimard, 2009 (prix du roman Fnac 2009 et prix Interallié 2009) — « Cercle, Gallimard, 2007 (prix Décembre 2007 et prix Roger-Nimier 2008). — Linda Tuloup, avec un texte de Yannick Haenel, « Vénus. Où nous mènent les étreintes », Bergger, 2019.
Un grand entretien animé par Olivia Gesbert, avec des lectures par Emmanuel Noblet, et enregistré en public le 28 mai 2023 au conservatoire Pierre Barbizet, à Marseille, lors de la 7e édition du festival Oh les beaux jours !
Podcasts & replay sur http://ohlesbeauxjours.fr #OhLesBeauxJours #OLBJ2023
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