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Critique de BazaR


Quelque part dans son lexique, Justine Niogret déclare avec autodérision : « des fois aussi, on est malheureux mais je ne vous apprends rien, déjà vous avez lu ce livre, c'est franchement pas de chance ».
Eh bien je suis tenté de la prendre au mot.

Non, lire ce bouquin c'était vraiment pas de chance. Rarement j'ai bu une potion aussi concentrée d'ennui parfumé de lassitude.

Je veux bien qu'on m'explique que l'auteure veut avant tout instaurer une atmosphère d'un Moyen-âge filmé par Sergio Leone – pour les gros plans sur les détails comme le flocon de neige fondant sur le sourcil d'un bonhomme – Quentin Tarantino pour la violence stylisée et Shakespeare pour les tirades. Que l'action, que l'histoire même doivent ici s'effacer devant l'ambiance. Je veux bien qu'on appelle un Jean-Philippe Jaworski à la rescousse dans la postface pour qu'il nous explique à quel point le bouquin qu'on tient dans les mains est énorme. Je respecte ce point de vue car il y a visiblement des gens que j'apprécie qui ont adoré.

Mais fallait-il vraiment sacrifier pratiquement toute velléité de construire une histoire apte à intéresser le quidam ? Chien du Heaume était fondu dans le même moule mais il s'y passait quelque chose. Il y avait de véritables pourritures que j'étais heureux de voir découpées par Chien. Justine Niogret aurait pu rester à ce niveau 1 de l'épique et je l'aurais accepté. Mais non. Elle prend un temps dingue à sculpter des personnages supposés frustes mais qui sont capables de déclamer des thèses sur leur propre inutilité dans ce monde ; des personnages de pièce de théâtre, puissants et vivants, et elle se contente de les faire se promener sur les routes, faire du shopping en ville, manger des gâteaux et faire du feu en déclamant. Parfois ils racontent un bout de leur histoire mais cela n'aide guère à faire avancer un récit qui est perdu dans un labyrinthe et ne sait pas quelle direction prendre. Parce qu'il n'y a pas de récit, pas de direction, seulement des tableaux.

Certes certains de ces tableaux sont percutants, comme la fosse aux enfants. Certes on saisit un peu plus qui est Chien et qu'en se laissant aller on lui attribuerait bien un peu de sang de ces Berserkir des sagas scandinaves. Certes Bréhyr m'a fait penser à une Arya du Trône de Fer, vieillie et qui atteindrait enfin la fin de sa liste de personnes à tuer. Mais qu'est-ce que le chemin est long et monotone pour aller d'un tableau à l'autre, au point que j'ai pris souvent des raccourcis.

Combien de fois j'ai cru que ça allait décoller et que le soufflé retombait aussi sec ! le pire, je crois, c'est quand le voyage vers le Sud commence et qu'on se dirige grosso modo à la suite d'une de ces Croisades de l'Histoire, probablement la première. Mes papilles frétillaient à l'idée de rencontrer l'exotisme de l'Orient sous la plume Justine… et je n'ai même pas eu droit aux effluves salés de la mer Méditerranée. Frustrant !

Au milieu de cet ennui, de rares moment de joie : un coup de hache de Chien sur les guibolles d'un soldat, une citation du « chant des séries » récemment découvert dans le tome 2 des Compagnons du Crépuscule de Bourgeon, une autre citation liée à Ragnar Lodbrock (dont je suis fan depuis la série Viking), le retour si attendu de la Salamandre
et le lexique bien sûr, le lexique suffit.
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