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3,55

sur 92 notes
Huis clos oppressant durant lequel on assiste à la décrépitude du narrateur, l'écriture est saisissante de haine, aux dernières heures d'un sadique persécuteur familial. Autour de son lit de mort, un combat s'engage entre trois générations de femmes qui ont subi sa perversité et le monstre, fier de l'être.

La métaphore du sari est très poétique... Il est, à la fois, cette tenue qui symbolise la féminité, qui dessine avec pudeur les courbes sensuelles et ce tissu qui enserre, qui calfeutre, qui entrave la liberté. Cette ambivalence exacerbe la misogyne ordinaire du narrateur. Fasciné et craintif devant l'image d'une inaccessible perfection, il cherche à l'assujettir sous les coups, à étouffer toute forme de beauté, de libre expression.
C'est un être paralysé qui frappe. Paralysé par la peur. Agonisant d'incomplétude. La violence qu'il exerce sur autrui semble lui restituer une densité auparavant dérobée, une ivresse de puissance, l'illusion d'un pouvoir reconquis, une valeur à sa vie proportionnelle à sa capacité de nuire, "la violence est une grâce", argue-t-il.
Rejoindra-t-il victorieux le néant de la mort ? Les femmes de sa vie, libérées de la peur, ne semblent pas disposées à l'absoudre...

Ananda Devi a une plume unique, somptueuse, électrifiante et percutante. Elle ne laisse pas ses personnages conspirer contre elle-même mais leur dévoile un horizon cadenassé dont ils ne trouveront la clé qu'une fois atteint leurs derniers retranchements...
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Sur l'île Maurice, dans une maison de Cure-pipe, un vieux médecin à l'agonie dit "Dokter Dieu", auréolé d'une grande lumiére par ses patients, lui qui possédait toutes les réponses .....est veillé par sa fille Kitty et sa petite fille Malika. Elles le haïssent. .Pourquoi ?Entre lui et elles se tisse un dialogue d'une violence extrême, oú affleurent progressivement, souvenirs, éléments du passé, reproches et surtout, le destin et la figure mystérieuse de la mére de Kitty, disparue en des circonstances effrayantes, terribles. " Violence? ". "C'était finalement de l'amour dit le pére. Je ne le comprends pas moi- même". "Il y a beaucoup de noms pour ce qu'on appelle avec autant de facilité la violence. "Ils ne sont pas tous justes" " La violence est une grâce" dit- il encore.
Cet homme est un tyran domestique, il revendique sa haine des femmes qu'il insulte, méprise et maltraite...le passage terrifiant sur le destin d'enseignante de sa fille Malika est Particulièrement méprisant, abject, haineux envers les femmes et leur condition, " des chiennes " dit- il....
Il veut posséder son épouse corps et âme . Il l'humilie , la frappe, son besoin de pouvoir est inimaginable au sein de ce huit clos...il désire tout maîtriser , c'est le délire d'un homme seul en recherche de la toute puissance. Il utilise le besoin d'amour comme un chantage, use de la force et de la peur pour réduire à nêant les femmes qui lui font face..C'est un ouvrage sur les rapports de pouvoir et de domination, inséparables des mécanismes de soumission.....
Un roman trés fort, percutant , dérangeant, empathie? Répulsion? Incompréhension?, le narrateur est le "bourreau": misogyne, paranoïaque et pervers!
L'écriture au scalpel est claire, nette, sans déguisement, une incise lyrique, féroce, incroyablement féroce....Rien n'est épargné au lecteur....à la fois fasciné par la narration remarquable et révolté! Un roman trés noir dans sa violence verbale langagière , même si le lecteur est tenté parfois de ne pas aller jusqu'au bout tellement il est dérangé !
Dernière phrase : "il n'y a qu'un nom pour la violence, Pére, dit- elle : c'est la violence".
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Un vieil homme se meurt, veillé par sa fille et sa petite-fille. Les deux femmes voue une haine farouche à ce médecin qui s'est montré toute sa vie violent et autoritaire. La violence des mots va mettre à jour des histoires du passé notamment la disparition de la mère. Les deux femmes prendront leur revanche sans remords en tourmentant les derniers souffles du vieil homme. D'une écriture magistrale, Ananda Devi signe une charge au vitriol contre le patriarcat et les violences faites aux femmes. L'auteur Mauricienne dévoile avec une force incroyable comment le mal s'insinue au quotidien sans que personne vienne à y redire. Apre, dérangeant, elle nous livre un livre remarquable et salutaire.
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Un roman noir, très noir, sur la condition des femmes, qui dépasse le cadre de l'île Maurice, décors qui est plutôt invisible le long du récit.

Un homme, père, mari est le narrateur de ce récit et va nous déverser sa bile sur 300 pages. Des pages de haines contre les femmes, contre sa femme qui n'est pas à la hauteur. En gros "toutes des putes, sauf ma mère" (celle-ci s'est en effet sacrifié pour l'élever, les morts sont en paix).
Difficile de trouver son approbation en quoi que ce soit pour la jeune épouse de 15 ans. C'est pourquoi il la bat, et sa fille aussi d'ailleurs qui aura vite fait de le décevoir, terrorisée par cet homme tortionnaire, médecin véreux qui se prend pour Dieu.

Il est misogyne, paranoïaque et pervers. Il faut vraiment être ce mélange pour dire que la violence qui le poussera à assassiner sa femme est de l'amour! Que frapper n'est pas violenter, et que sa fille n'est rien qui mérite la respect, moins qu'un chien. Pour prendre du plaisir à bousiller la vie de deux femmes. Seule sa petite fille le défie.
Le voir crever seul est un faible réconfort.

En tout cas l'auteure a réussi son pari: révulser le lecteur!
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Ce livre possède une réelle force prsychologique sur le lecteur. L'auteur a réussi à faire passer les pensées de cet homme Dokteur-Dieu et de faire réagir le lecteur, le faire ressentir les moindres pensées, émotions... Les pages se succèdent et nous entrons de plus en plus loin dans la réflexion du Dokter et comprenons la douleur des femmes qui l'ont cotoyé... Bravo! Un roman magnifique!
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Dans une maison, le docteur Bissam, père de Kitty et grand-père de Malika est alité. C'est ce vieillard aigri et rempli de haine qui raconte ses sentiments avec sa fille mais surtout sa violence passée envers sa jeune épouse à l'époque. Ce vieil homme raconte son passé, son présent avec sa fille et sa petite-fille qu'il traite avec mépris mais aussi son futur qui ne fait aucun doute...

Je ne pensais pas que j'aurai aimé autant ce roman après avoir de la peine à finir Indian Tango mais le sari vert m'a accroché dès les premières pages malgré la noirceur de la narrateur du docteur. Ananda Devi raconte magnifiquement cette histoire de trois générations, en arrivant à faire passer les émotions des personnages féminins à travers la cruauté du vieillard. Ce choix de ne jamais nommer la mère de Kitty par l'autre, la mère, la métaphorisant avec le sari vert qu'elle portait une fois est vraiment juste. Un livre à ne pas lire n'importe quand, à ne pas offrir à n'importe qui mais un roman très fort que je ne regrette pas d'avoir lu.
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A Port Saint Louis, sur l'ile Maurice un ancien docteur sur son potentiel lit de mort, se rappelle de sa vie et de ses rapports conflictuels avec sa femme. Il est est entouré de sa fille et sa petite fille qui entendent bien percer le mystère de certains secrets enfoui au plus profond de lui même.
C'est un quasi hui clos das lequel l'auteure réussit à installer une ambiance terriblement malsaine, choquante, cru. Comme un crachat à la figure le narrateur semble insulter un lecteur qui ne peut que se sentir partie prenante de cette histoire .
Une violence brut dans son expression la plus pur car essentiellement psychologique. Aucun second degré, rien à lire entre les lignes, pas une once d'humour ne viennent atténuer cette rage, ce coup de poing à la face du lecteur.
Disons le sans pudeur, c'est souvent assez éprouvant à lire, mais quel style !
Raffiné, dépouillé, sachant manier les différents degrés de langues. On en sort pas indemne car inévitablement à plus ou moindre degrés, cette histoire viendra faire écho à votre propre histoire familial et éclore les émotions.
Avoir un moral d'acier est un prérequis nécessaire avant d'aborder un tel ouvrage, pour publique averti.
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L'auteur nous prévient dans le prologue, il n'y aura pas de bons sentiments ...
Mais comment s'attendre à une telle violence verbale, à un tel besoin de destruction ?
Ce livre parle des violences conjugales et filiales du point de vu du tortionnaire ; de comment il se justifie de faire tant de mal ; de la destruction d'une famille ; de vies en miettes, piétinées.
Dérangeant !
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N°399– Février 2010.
LE SARI VERTAnanda DEVI – Gallimard.

Nous sommes dans l'île Maurice et un vieux médecin, le Docteur Bissam est à l'agonie. Il est veillé par sa fille, Kitty, et sa petite-fille, Malika. On imagine facilement qu'il aurait souhaité partir en paix, mais son existence entière a été faite de haine, de violences... le fait-elle exprès (avant qu'il ne soit trop tard?), mais sa fille va réveiller, dans le huis-clos de cette chambre mortuaire et dans l'esprit de ce pauvre nécromant, des images oubliées depuis longtemps. C'est qu'elle veut apprendre de sa bouche comment sa mère, l'épouse du docteur, est morte. Elle veut savoir ce que fut sa vie et elle ne va pas tarder à apprendre qu'elle a été placée sous le signe du mépris, des insultes, des coups... qui peuvent parfois conduire au crime. Même si le récit est fait principalement à la première personne, par ce « Dokter-Dieu », on n'imagine pas, pour une foule de bonnes raisons, qu'il ait pu être aussi un tyran familial. Pourtant, avec la voix qu'on imagine chevrotante d'un mourant, il va justifier son attitude, celle de toute une vie. Pour un plat brûlé, il frappe pour la première fois son épouse et évoque le sourire que lui faisait sa lèvre fendue. «  La violence est une grâce » finit-il par déclarer!

La violence (à la lumière du dernier mot de cet ouvrage étonnant à plus d'un titre) est donc au coeur de ce roman, celle d'un homme qui bat son épouse et plus tard sa fille, parce qu'il n'aime guère les femmes, mais aussi la violence verbale du monologue de cet homme qui revoit le cours d'une vie où il n'a pu se dispenser de rendre malheureux son entourage. Sous sa plume, à la fois cruelle misogyne et lucide, le narrateur entraîne son lecteur dans la monstruosité ordinaire d'un homme mesquin, une sorte de « Père-Dieu » qui a d'autant plus facilement humilié cette épouse, morte jeune, qu'il en était profondément épris, qu'il désirait ardemment la posséder, la dominer, mais cette femme choisit, comme acte de résistance, de se réfugier dans le silence. Il étend son pouvoir sur elle puis sur sa fille, mais on sent bien que sa petite fille lui échappe. le lecteur comprend bien aussi que ces deux femmes ne le laisseront pas en paix tant qu'il ne leur sera pas révélé les circonstances de la mort prématurée de cette épouse, même s'il cherche à louvoyer avec la vérité et ses peurs, celles de la nuit et celles du passé.

C'est peut-être difficile à dire, mais il m'a semblé que ce livre était une sorte de dernier cri poussé avant la mort même si « l'honnêteté de penser est désormais un crime », on sent qu'il a envie de tout braver et de libérer enfin sa conscience, même si ces mots sont pleins de méchanceté, de haine et de volonté de se disculper. C'est que la mort est à chaque ligne, celle de son épouse mais aussi celle de leur fils qui n'a pas vécu, celle du mari de Kitty, de tous ceux qu'il a soignés et qui n'ont pas résisté, de la sienne à venir...Certes, ce qu'il dit dérange, mais j'ai eu l'impression d'une libération par les mots, un besoin de justifications, une catharsis... même si le monologue se transforme, petit à petit en dialogue, certes difficile et même délétère entre « ses » femmes et lui.

A la fin, cet homme finit par mourir et la parole est rendue aux femmes qui lui assènent leur vérité afin que l'équilibre des choses soit en quelque sorte rétabli. Il l'est, d'une certaine façon à la fin, quasi-fictivement, puisqu'elles se retrouvent devant le corps du docteur, désormais privé de vie, et célèbrent en une sorte de fête macabre, une manière de libération, le point final de leurs blessures

Le sari, vêtement de femme de l'île Maurice qui évoque tout à la fois la grâce, la féminité, la légèreté, va devenir sous la main de Bissam, un véritable carcan et même un linceul. Il apparaît au début dans un rêve, une sorte de fantôme que le narrateur poursuit, allégorie de la vie passée avec son épouse, puis de la mort.

Le livre refermé, je retire une impression dérangeante, malsaine. Cette histoire de vie et de mort, de culpabilité et de pardon, de honte et de faute, d'amour et de haine, d'ange et de démon, de solitude et de compassion, de grandeur et de déchéance, de tendresse et de lâcheté, de poésie et de vulgarité, d'émotions et de dégoûts résonne comme les deux pans opposé d'un discours d'où la pertinence et la lucidité ne sont pourtant pas absentes.

Le style est envoûtant jusqu'à la fin et j'ai un peu de mal à admettre que tous ces mots aient pu naître sous la plume d'une femme.



©Hervé GAUTIER – Février 2010.http://hervegautier.e-monsite.com
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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Dans une maison de Curepipe, sur l'île Maurice, Kitty, une femme d'âge mûr et Malika, une jeune fille, veillent sur un très vieil homme, le docteur Bissam, un médecin hindou surnommé Dokter-Dieu, qui vit ses derniers instants dans une grande souffrance morale. Entre eux trois, plane l'ombre de la mère de Kitty, morte dans des circonstances troubles, à l'age de vingt ans et peu de temps après qu'elle ait mis au monde un fils mort quelques jours après sa naissance. Bien que les deux femmes aient hâte que leur père et grand-père meure pour enfin toucher l'héritage, elles veulent néanmoins qu'il leur révèle auparavant toute la vérité sur ce drame familial. le discours du mourant va être aussi surprenant que violent...
Quel supplice que la lecture de ce bouquin ! Sur son lit de mort, ce toubib si dévoué envers ses patients se révèle avoir été un détestable mari, un médiocre père et un abominable grand-père. Quels trésors de haine recuite n'a-t-il pas accumulé contre sa famille : sa femme qu'il battait et insultait parce qu'elle n'était pas une bonne cuisinière, sa fille qui tomba amoureuse d'un minable bibliothécaire alors qu'il voulait un beau mariage et surtout sa petite-fille qu'il prend pour une débile mentale parce qu'elle a perdu sa place d'institutrice et parce qu'homosexuelle, elle fait l'amour avec une grosse matrone d'origine africaine. Ce livre n'est qu'une longue diatribe assez indigeste contre les femmes, non dépourvue d'une certaine mauvaise foi et de longs développements plus ou moins philosophiques. Jamais rien lu de plus nihiliste ni de plus hargneux écrit par une femme sur ses consoeurs dans un style un peu lourd et qui s'autorise parfois quelques menues privautés avec la ponctuation...
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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