À la recherche du bout du monde

C'est un roman d'aventure, que l'on pourrait même aller jusqu'à qualifier d'initiatique, que nous livre ici Michel Noël. En effet, l'auteur fera évoluer son personnage principal à travers les trois phases propres au roman d'aventure tout en utilisant la symbolique de l'initiation, qui se décline elle-aussi en trois temps . En premier lieu, le héros, Wapush, est présenté comme un être au triste destin à la fois différent (physique ingrat) et isolé des autres (il préfère la nature). C'est avec la rencontre d'un étranger, le Grand Homme (Mishta Napeo), que débutera son initiation. Ce dernier le choisira et lui enseignera le caractère sacré de la vie présente dans tout (animaux, arbres…), comme la grand-mère de Wapush, Kokum, l'avait fait avant lui. En second lieu, ce sera le début du grand voyage de Wapush. Ce dernier partira à la quête du bout du monde. Pour y arriver il devra partir, de la taïga à la toundra, à la conquête de grands espaces inhospitaliers qui lui sont encore inconnus. Il devra affronter la faim et le froid seul dans son petit abri. La symbolique de la vie intra-utérine, caractéristique de l'initiation, y est d'ailleurs utilisée par l'auteur. Puis face à l'attaque de l'ours polaire, ce sera la mort réelle qu'il aurait pu rencontrer si sa sauveuse, Amaraluik, n'était arrivée juste à temps avec ses chiens.
En dernier lieu, ce sera la renaissance, autre thème symbolique propre à l'initiation, que nous observerons chez le héros qui se relèvera tranquillement de ses nombreuses blessures. Cette renaissance fera apparaître Wapush sous un jour nouveau. Son physique ingrat qui, autrefois, l'isolait, sera maintenant apprécié et chéri par Amaraluik, son amoureuse. Celle-ci donnera à Wapush, avec son statut de chasseuse et de soeur du chef, une place au coeur de la communauté. Et celui-ci, par ses actions valeureuses, en deviendra un pivot. À travers ce roman d'apprentissage, c'est principalement l'évolution de Wapush, de l'enfance dans son clan algonquin à l'âge adulte parmi un peuple nordique nommé « Aouittukmiut », que nous suivons à travers sa quête. C'est à travers les épreuves et les rencontres qu'il se transformera. Michel Noël enseignera donc aux lecteurs à travers les apprentissages de son héros toute la sagesse et la spiritualité autochtones qui lui sont chères.
Les principaux thèmes et valeurs qui seront abordés dans ce roman sont d'ailleurs tous profondément ancrés dans la culture des premières nations Innus. Tout comme le respect de la nature et des traditions ancestrales, les croyances, les contes et les mythes sont aussi très présents tout au long du récit. Ils agiront comme guides dans les réflexions et les actions des personnages. Michel Noël désire enseigner à son lecteur, à travers la quête de Wapush, que le sacré est présent partout autour de nous dans la nature qui nous entoure et que la source de toute chose, ici appelée le bout du monde, est en fait à l'intérieur de nous. Autrement dit, la quête véritable de chaque être humain est bien de se trouver soi-même. Parce qu'il aborde un thème universel, parce qu'il propose une narration simple et dynamique entrecoupée de chapitres brefs et de phrases courtes, de descriptions inspirantes et poétiques, ce roman saura rejoindre et faire réfléchir les lecteurs jeunes et même les moins jeunes.
Bien que plusieurs moments du récit soient consacrés aux contes et aux mythes, l'auteur réussi à installer une certaine tension, à travers les diverses péripéties, pour garder son lecteur avec lui. de plus, l'intérêt pour cette lecture, qui se passe dans une époque passée indéfinie, y est décuplé par ce que nous y apprenons sur la culture autochtone traditionnelle. Les descriptions des pratiques et modes de vie des premières nations y sont toujours justes et complètes. Dans ce récit narré à la première personne, le jeune lecteur pourra s'identifier à ce héros-narrateur lui ressemblant parce qu'imparfait, parfois isolé mais persévérant, se questionnant en cherchant sa place et son rôle en ce monde. Wapush pourra même inspirer et guider les jeunes lecteurs de par les valeurs qui l'animent. La présentation physique du livre est réussie : photo de la toundra en noir et blanc avec personnage mystérieux vêtu de peaux à l'avant plan; titre dans une calligraphie craquelante de froid; résumé pertinent et intriguant; courte présentation de l'auteur qui a eu une vie inspirante; mention du prix TD 2013 de la littérature canadienne pour l'enfance et la jeunesse remporté par le livre. Tous les facteurs y sont réunis pour attirer le lectorat ciblé, les 12 ans et beaucoup plus.

J'avais déjà lu quelques romans de Michel Noël et je n'en gardais pas un souvenir mémorable. À la recherche du bout du monde m'a un peu réconcilié avec l'auteur. Bon, il ne s'agit pas d'une grande oeuvre mais il s'en dégage un petit quelque chose qui a réussi à m'accrocher.

Wapush, un jeune Algonquien peu choyé par la vie (il est bossu et a un bec-de-lièvre), est transformé par le passage d'un chaman dans sa petite communauté frappée par la famine. Il décide de partir à la recherche du bout du monde. Et aussi un peu à la recherche de lui-même. Après avoir erré un certain temps, il est recueilli par des Innus et pense y avoir trouvé sa place. En tous cas, il y a trouvé une femme et un enfant.

Le récit n'est pas particulièrement enlevant. La quête du personnage principal l'occupe mais il s'agit surtout d'un combat intérieur. L'essentiel du roman est constitué d'une succession de portraits et de paysages. Wapush affronte un ours polaire, les Innus vont à la chasse au caribou, puis aux phoques, ils vont à la pêche au saumon, tous participent à des cérémonies, etc. Chaque scène ou tableau constitue le thème principal d'un chapitre puis c'est fini, on passe au suivant. La quête de Wapush n'est pas suffisamment exploitée, selon moi, pour tenir le roman sur ses épaules et l'oeuvre s'en trouve diminuée.

Bien sur, ces tableaux, ces scènes de la vie des Innus sont très beaux et, en même temps, très réalistes. Elles permettent vraiment de se faire une idée des modes de vie algonquien et innu. Il s'agit de cultures vraiment riches et c'est bien de se le faire rappeler. Aussi, l'écriture de Michel Noël est poétique, il réussit à décrire les lieux majestueusement et à rendre des scènes quotidiennes presque féériques. Mais bon, parfois, trop c'est comme pas assez alors on se lasse que tout deviennent si exceptionnel.

Le livre, c'est vrai, est un peu long à démarrer. L'intrigue ne prend de l'ampleur qu'à la moitié du roman.
Mais il est extrêmement bien écrit, avec un coté poétique et simple à la fois.
Dépaysement garanti avec une immersion totale dans la culture inuit!

Le livre étais correct à lire, il se passait beaucoup de choses dans se roman. Je le recommande plus a eux qui aiment l'aventure dans le nord.