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EAN : 9782266286381
384 pages
Pocket (01/11/2018)
4.44/5   5523 notes
Résumé :
Fuyant un régime sanguinaire et un pays en guerre, Adam a envoyé sa femme Nora et sa fille Maya à six mille kilomètres de là, dans un endroit où elles devraient l'attendre en sécurité. Il les rejoindra bientôt, et ils organiseront leur avenir. Mais arrivé là-bas, il ne les trouve pas. Ce qu'il découvre, en revanche, c'est un monde entre deux mondes pour damnés de la Terre entre deux vies. Dans cet univers sans loi, aucune police n'ose mettre les pieds. Un assassin v... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1000) Voir plus Ajouter une critique
4,44

sur 5523 notes
Cher Olivier Norek,
Nous ne nous connaissons pas. Du moins, pas encore, et surtout vous, car moi je vous connais un peu. Tout a commencé quand une collègue m'a mis entre les mains Code 93. Elle connaît mon addiction, je n'ai pas eu mon mot à dire. Janvier 2017, j'ai un léger retard sur vos publications, mais est-ce bien important ? Je découvre alors Victor Coste et j'adhère complètement. A l'histoire, bien sûr, mais aux personnages, surtout. Comme cela ne suffit pas, je lis le même mois Territoires. Pas mal du tout, je commence à comprendre que vous maîtrisez le sujet. Vous êtes flic, c'est la clé. Je parle au présent, je pense que cela vous fera plaisir. Février 2017, je dévore Surtensions, je m'enorgueillis d'avoir rattrapé mon retard, j'en sais désormais autant que vos fans – qui sont nombreux – et je me dis : « Ok. Il n'est pas là pour rigoler. » C'est horrible et c'est génial. Une fin de roman en apothéose. Alors, évidemment, quand j'apprends que vous sortez un nouveau roman, il devient évident qu'il me faudra le lire, avec ou sans retard, qu'importe. Mais voilà, la presse s'en mêle, les premiers échos arrivent. Impossible d'attendre plus longtemps. Je vois votre passage à La Grande Librairie, on a dû beaucoup vous en parler, l'évocation de votre grand-père, et votre humilité, et l'intervention de Joann Sfar, et ce silence. Il m'a fallu ce même silence, avant de poser mes doigts sur le clavier. C'est ce qui arrive, toujours, quand on ferme un grand roman. Je ne sais pas ce qui m'a touchée le plus dans l'histoire que vous nous avez offerte, car tout y est profond, mesuré et émouvant. Cet homme qui laisse partir des bouts de lui pour leur offrir une vie meilleure et qui les attend, qui ne peut envisager le pire, qui se noie dans l'espoir. Ces deux êtres voguant sur l'océan de leur destinée, qui ne maîtrisent rien, qui ne demandent qu'à se construire une vie meilleure, loin du sang et des souffrances. Et cet enfant, mon dieu, cet enfant, son histoire, son courage… Ces deux solitudes qui un jour se rencontrent dans la Jungle de Calais et unissent leurs forces avec tendresse et discrétion, sans s'avouer les choses, sans poser les mots, juste parce qu'ils sont deux êtres humains qui se battent pour vivre et pour qui tendre la main est une simple évidence. Et au milieu de tous ces personnages, ce flic qui s'interroge et tente de comprendre comment et pourquoi, tout aussi humain que les autres, avec ses failles et sa bienveillance. Il y a tant d'humanité dans votre roman, tant de mains tendues, que cela fait du bien, même si le coeur est lourd. Il n'y a surtout pas de parti pris, pas de manichéisme. Il n'est pas question de juger mais de poser des questions et d'ouvrir des pistes de réflexion. Il y a des scènes qui sont formidables, des moments d'une rare intensité, des instants suspendus, qui resteront certainement gravés très longtemps dans la mémoire de vos lecteurs. Et comme à chaque fois que je ferme un roman de cette trempe, la même question qui se pose : que vais-je lire, maintenant ?
Merci, Monsieur Norek.

Lien : http://aperto.libro.over-blo..
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Ce qu'il y a de formidable chez Olivier Norek, c'est qu'a chaque roman, on monte d'un cran, mais jusqu'où va-t-il nous emmener?

Celui-ci ne fait pas exception en mettant des noms et des visages sur des migrants les rendant attachants et profondément humains. L'horreur de leur situation nous saute aux yeux.

On a «l'habitude» en parlant des migrants d'entendre des chiffres et les désagréments que cela engendre. Norek nous met le nez dans nos propres contradictions, combien de temps encore allons-nous laisser faire...

Entre deux Mondes, effectivement d'un côté, un monde en paix, riche et apaiser de l'autre, la guerre, la fuite, la violence et l'horreur.

La «jungle» de Calais ici extrêmement bien décrite est le symbole de cet entre- deux...

C'est un roman qui a fini de m'ouvrir les yeux sur notre «impuissance», il y a tant à faire ici et dans les pays d'émigration, peut-être traité les réfugiés avec humanité serait déjà un premier pas...
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Un sacré roman que celui-ci… encore une fois Olivier Norek frappe fort.
Si j'ai moins été emballée par l'intrigue, j'ai été bluffée par sa maîtrise et sa façon de gérer la fameuse jungle de Calais.

Si je suis d'origine belge j'ai passé ma jeunesse (mon adolescence pour être plus précise) en France, et plus précisément dans le pas de Calais. J'ai souvent été pour des compétitions à Calais, une ville magnifique, avec ses bourgeois. Mais ça s'était bien avant la jungle.
J'ai gardé des contacts avec des gens qui habitent ou ont habité cette ville encore récemment.
Olivier Norek a admirablement retranscrit toutes les situations dans ce roman : le calaisien qui a perdu son travail et ne peut revendre sa maison depuis que la jungle s'est installée. du flic facho qui cherche a bastonner du migrant, du flic écoeuré par des ordres inhumains, mais des ordres quand même auquel il doit obéir car lui aussi a une famille. Au migrant qui subit la guerre chez lui, qui se retrouve dans une autre guerre celle de l'exploitation par d'autres migrants qui profitent ignoblement de la situation. Sans compter les enfants au milieu de tout ça, des enfants qui n'en sont plus depuis bien longtemps.
J'ai donc trouvé l'auteur très juste et très impartial dans ces descriptions. Chacun pourra d'ailleurs faire sa propre opinion.

L'auteur n'a rien laissé au hasard tout est très travaillé. Mais il faut reconnaître qu'Olivier Norek est maître dans la création des personnages écorchés vifs. Et nous écrire des romans dérangeants, non pas dans la forme mais dans le fond de son sujet.

Si j'ai eu peur de sauter le pas avec l'auteur, aujourd'hui je me rattrape volontiers…. Olivier Norek est très certainement une valeur sûre.
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♫Dans la jungle, terrible jungle
Le lion est mort ce soir
Et les hommes tranquilles s'endorment
Le lion est mort ce soir
A-wimboé, a-wimboé, a-wimboé, a-wimboé
A-wimboé, a-wimboé, a-wimboé
A-wimboé, a-wimboé, a-wimboé, a-wimboé
A-wimboé, a-wimboé, a-wimboé
Et les sages dans le village
Le lion est mort ce soir
Plus de rage plus de carnage
Le lion est mort ce soir♫
Pow-Wow-1992-

Le B-A-BA pour quitter l'Afrique
Une question de fric
Faut prendre une Barque.
Te faire muter, t'es Re-Calais si tu es flic
Manque de volontaires pour la BAC
Accord du Touquet = syndrome la Tourette
Calais, un vrai merdier
Zone tampon quand les anglais débarquent
Demandeurs d'Asile : "potentiels Réfugiés"
Statut bâtard, nul ne peut les interpeller!!!?
puisque non intégrés à une France réfractaire
on ne peut les faire rentrer dans le système judiciaire
Dans cette jungle terrible jungle
Ils sont 10.000 entassés,
Fantômes coincés entre la vie terrestre quand de l'autre coté céleste
Bloqués entre deux mondes, Espoir et Purgatoire
viser un pays qui s'est refermé voire contracté
fuir un pays réputé des plus violents
de l'Afrique et du Moyen-Orient
victime d'un obscurantisme assassin
Peut-on échapper à son triste destin !?
Les flics planquent dans un Qaschqaï véhicule
Un recruteur d'Al-Qaïda , étale ses tentacules
Les Afghans installent leur tente à culs
On abuse des enfants, des migrants on bouscule
Rester occupé pour ne pas laisser la place à l'ennui
graver la mémoire de ce qui pourrait un jour changer la vie
Incapable de n'être que témoin
oeil POUR oeil
Syrien né Fée
l'Adam l'a fait
la loi du Ta-LION... est mort ce soir

Polar sans cibles, où même dans la sauvagerie extrême, pointe une part d'Humanité 😬
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Entre deux mondes.
Un titre particulièrement judicieux et effroyable pour décrire la Jungle de Calais, séparant les nombreux migrants encore en France de leur destination finale : l'Angleterre.
Pourquoi une telle attirance pour le Royaume-Uni ? Parce que la majorité des réfugiés a au moins des notions d'anglais, parce qu'ils ont parfois de la famille à rejoindre outre-Manche qui pourra aider à leur insertion, parce que la lutte contre le travail au noir ne serait pas une priorité pour le gouvernement anglais, ou encore parce que son taux de chômage est très faible.
Mais si la France a ouvert ses frontières avec l'Italie, par laquelle transitent une majorité de ces réfugiés, elle doit en revanche bloquer le passage vers la destination finale de ces demandeurs d'asile et ainsi interdire l'accès du tunnel sous la Manche ou du ferry Calais-Douvres. L'Angleterre ne fait pas partie de l'espace européen de Schengen et ses frontières sont fermées.
Calais est ici décrit comme le purgatoire séparant l'enfer des pays désertés et le paradis incarné par l'Angleterre.
"Les migrants fuient un pays en guerre vers lequel on ne peut décemment pas les renvoyer, mais de l'autre côté, on les empêche d'aller là où ils veulent. C'est une situation de blocage."

"Comme bloqués entre deux mondes."
Parce qu'en France, dans le Pas-de-Calais, à cent kilomètres à peine de chez moi, a ainsi vu naître le plus grand bidonville d'Europe, abritant près de dix mille étrangers issus principalement du Soudan, de l'Afghanistan, de la Syrie et de bien d'autres pays d'Afrique et du Moyen-Orient. Une zone de non-droit, dans laquelle il n'est pas possible d'intervenir. Où les règles sont différentes. Où la police laisse les crimes se produire en toute impunité.
"Logique, si on refuse de les intégrer à la France, ce n'est pas pour les faire rentrer dans le système judiciaire."
Si vous avez lu "Les larmes noires sur la terre" de Sandrine Collette, vous avez déjà un aperçu de la Jungle, de ses petits commerces et des pires exactions ( viols, meurtres ) pouvant y être perpétrées. Un microcosme de personnes entassées les unes sur les autres dans des tentes, souvent regroupées par ethnies. Les femmes sont heureusement séparées des hommes pour éviter davantage de drames.
"J'ai du mal à croire qu'on est en France."
Mais ici, c'est bien une réalité récente que nous dépeint Olivier Norek puisque le démantèlement de la Jungle n'a eu lieu qu'en octobre 2016, il y a tout juste un an.

Ce que j'ai particulièrement apprécié, c'est que l'auteur est parvenu à donner une vision d'ensemble, sans parti pris. Certains personnages sont plus attachants que d'autres, qu'il s'agisse du policier syrien Adam, infiltré dans une cellule rebelle de son pays avant de devoir partir rejoindre en urgence sa femme et sa fille en France ; du jeune black réfugié Kilani qui aurait tant de choses à raconter s'il n'était pas muet, ou encore du flic Bastien Miller récemment affecté à la brigade de sûreté urbaine de Calais, dont il découvre les particularités avec autant d'horreur que de naïveté.
La vision de l'auteur n'est pas manichéenne. Il dénonce certes la folie ambiante, celle des transports maritimes comme celle de cette Jungle ( "Il y en a beaucoup ici des fous. A cause de ce qu'ils ont vécu, de ce qu'ils ont vu, de ce qu'ils ont perdu." ), une monstruosité qui jamais n'aurait du voir le jour mais avec laquelle chacun va devoir composer : les Calaisiens, les réfugiés ou la police. Et chacun des points de vue va s'opposer parce que ce puzzle humain n'est pas fait pour s'imbriquer. Pour aucun n'existe de solution satisfaisante.
Et c'est pourquoi la violence se déchaîne.

Concernant les habitants de la côte d'Opale, la situation est devenue impossible. Leurs belles plages sont désertées, les touristes évitant Calais comme la peste. Les commerces doivent fermer les uns après les autres et l'immobilier a quant à lui perdu quarante pour cent de sa valeur.
"Calais n'était plus une de ces villes trésors de la Côte d'Opale, mais celle des migrants et du problème de leur accueil."
Les camions qui transportent des marchandises évitent de plus en plus cette zone dangereuse. Les entreprises de transport routier ou maritimes cherchent désormais d'autres voies par lesquelles passer.
"Les agressions de chauffeurs. Les agressions provoquées comme des attaques de diligence. Les barrages et les incendies sur l'autoroute, ça vous parle ?"
Une commune toute entière qui devient de plus en plus isolée, comme elle aussi coincée entre deux mondes.
Alors, devant tant de violence et d'injustice, on ne peut qu'assister à une montée de la xénophobie qui, si elle n'est pas excusable, demeure cependant liée à la colère, à un fait de société unique.
En revanche, de nombreux habitants s'investissent également dans des associations  ( Care 4 Calais, médecins sans frontières, nombreux bénévoles calaisiens ), sans oublier d'autres organisations humanitaires de l'autre côté de la Manche, apportant leur aide aux réfugiés qui veulent bien l'accepter et proposant à ceux qui le souhaitent des conditions de vie davantage acceptables dans de véritables refuges malgré la méfiance générale et, souvent, la barrière de la langue.

Concernant la police, Bastien est choqué tant par l'absence d'intervention dans la Jungle que par la brutalité dont ses collègues de la BAC ( brigade anti-criminalité ) peuvent faire preuve, à grand renfort de grenades lacrymogènes. Ou par la façon dont les forces de l'ordre parlent des migrants comme de zombis ou de gibier qu'il faut chasser. Mais là encore, la réalité est bien plus complexe. Les médias ont dénoncé les violences policières. Sans faire pour autant des saints de ses anciens collègues, Olivier Norek rappelle à juste titre qu'aucune demande de mutation n'étant souhaitée pour Calais, les policiers ne pouvaient donc pas quitter leurs postes, même s'ils étaient au bord de la rupture psychologique, sans oublier qu'ils étaient en effectif insuffisant.
Alors, quand les migrants lancent des attaques de grande envergure sur l'autoroute pour s'emparer de force de véhicules pour pouvoir forcer ce fameux passage interdit vers l'Eden anglais, quitte à laisser des routiers blessés sur le bord de la route, quels choix s'offraient réellement à cette police dénigrée ?
"Tu sais, ici, il y a près de dix mille personnes qui n'ont rien à faire de leur journée qu'attendre le milieu de la nuit pour tenter de monter dans un camion pour l'Angleterre."
Alors ils font leur boulot, aussi ingrat soit-il, dénaturant parfois l'aspect humain de cette horde, et déplorant les pertes humaines qui peuvent parfois découler de ces opérations.
Tous ne sont pas de bons flics, mais la majorité fait au mieux pour respecter les ordres alors que l'ampleur de ces évènements chaotiques les dépasse totalement.

Enfin, il ne faut pas penser à l'inverse que tous ces réfugiés sont des victimes qu'il faut à tout prix protéger. Les conditions de vie déplorables, l'attente, la frustration d'être ainsi bloqués à quatre-vingt kilomètres de leur destination finale après un long voyage peuvent transformer des individus qui voyaient leur onéreux voyage arriver à son terme.
"Toutes ces habitations suivaient la courbe des dunes et donnaient l'impression d'un océan agité de vagues et de détritus."
"Venant des pays les plus éloignés et les plus violents, ils échouaient ici comme l'écume des conflits de l'Afrique et du Moyen-Orient."
Avec les yeux d'Adam principalement, le lecteur découvrira que si la majorité des migrants cherche simplement un refuge, une vie digne de ce nom loin des conflits et des dangers de leurs pays respectifs, d'autres ont leur petit commerce lucratif, certains sont d'une violence inouïe, sans oublier que la Jungle est un endroit idéal pour les recruteurs de Daesh.
Alors doit-on réellement jouer les autruches et ignorer tout ce qui s'y passe ?

Dans ce monde à part, Olivier Norek créera également une intrigue policière, que je vous laisse découvrir. Elle tient en quelques chapitres mais ajoute encore à l'intérêt et aux réflexions du roman.

Mais ce n'est pas un polar à proprement parler, même si on sent peut-être encore davantage cette fois le flic derrière l'écrivain qu'avec les livres consacré au capitaine Coste. Ainsi bien sûr que l'homme qui a exercé des missions humanitaires en ex-Yougoslavie.
C'est un roman de société qui nous met devant un fait accompli, avéré. Un témoignage impartial d'évènements tellement proches de nous, que ce soit en temps ou en distance. Auxquels je n'avais assisté que de loin par le biais de médias dont les propos étaient souvent incomplets, voire erronés.
Même si un tel rassemblement de réfugiés n'aurait jamais du se produire au sein de nos frontières, la Jungle de Calais a bel et bien existé, et s'est fait l'écho de bien des drames qu'Olivier Norek fait ici longtemps résonner, qu'ils soient réels ou légèrement romancés.
Chaque point de vue et chaque enjeu est expliqué.
Ce n'est donc pas une simple histoire avec des gentils et des méchants, c'est L Histoire avec un grand H qui raconte en jugeant le moins possible comment des hommes de tous pays ont conflué vers un même point de notre Hexagone, fuyant la guerre et la misère pour y trouver au final une autre forme de violence, de pauvreté et de rejet.
Un texte qui évite de stigmatiser la police ou les populations et qui se contente d'évoquer le choc des cultures, les raisons de tant d'incompréhension, et tous les débordements qui ont pu en découler.

J'avais apprécié les premiers romans d'Olivier Norek, sans comprendre toutefois pourquoi ils avaient bénéficié d'une telle notoriété.
En faisant la fine bouche, je pourrais avouer ne pas avoir été totalement convaincu par le final de cet Entre deux mondes, avoir parfois été un peu perdu par tous ces enjeux, tous ces conflits internes et mondiaux, probablement pas assez familier des crises géopolitiques internationales. J'avoue également ne pas avoir été totalement séduit par l'écriture à laquelle il manque encore un pur style "Norek", reconnaissable entre mille.

Mais ce roman va me marquer.
C'est vraiment le genre d'oeuvre dont on ressort enrichi, parce qu'on réalise que toutes ces images de guerres quotidiennes qui se déroulent si loin de nous sont en réalité à nos portes.
Parce qu'on ressent énormément d'émotions et d'empathie pour la majorité de ces personnages, qui cherchent à s'impliquer. Quelques rares joies mais des envies de révolte principalement : Des envies qui font réfléchir, des injustices qui font froid dans le dos.
On se sent nous aussi dépassé par les évènements, sans savoir ce que nous aurions fait, si nous aurions eu le courage de réagir.
Parce qu'on comprend à quel point le monde est gris et complexe, et que parfois faire de son mieux est insuffisant.
Et parce qu'on n'en ressort pas indemne tout simplement.
Ce qui est toujours à mon sens synonyme d'un grand roman.

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critiques presse (3)
Actualitte
12 décembre 2017
Ce livre est une épreuve mais son abandon est impossible. Violent, cruel, dérangeant, sans complaisance avec quiconque, il implique intimement chacun d’entre nous, trouble notre regard, perturbe nos opinions et nos certitudes, menace notre intégrité.
Lire la critique sur le site : Actualitte
LePoint
27 novembre 2017
Olivier Norek nous entraîne dans le quotidien des migrants, des embarcations de fortune à la « jungle » de Calais, aux frontières de l'inacceptable.
Lire la critique sur le site : LePoint
LeMonde
10 novembre 2017
Lieutenant de police, Olivier Norek a séjourné à Calais et mené l’enquête, pour écrire un très bon polar tressant plusieurs odyssées.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (396) Voir plus Ajouter une citation
Le flux des migrants ne s’est pas arrêté avec la fermeture du camp de Sangatte en 2003. Il s’est évidemment poursuivi, sans plus nulle part où les accueillir, et avec toujours la même volonté de passer en Angleterre. Et donc, de rester pas loin des ports pour traverser la Manche. Résultat, ils se sont mis à squatter chaque maison vide, chaque immeuble abandonné, les jardins, les parcs, les ponts et c’est vite devenu invivable. Alors il a fallu trouver un endroit pour les parquer. Le long de la côte, à l’écart du centre-ville, entre une forêt et les dunes, il y avait un ancien cimetière qui jouxtait une décharge. L’État a fait place nette à coups de bulldozer et on a invité les migrants à s’y installer il y a un an de ça. Au début, ils sont arrivés discrètement, une petite centaine de curieux tout au plus, puis l’info a traversé la planète et ils sont venus par milliers. La Jungle était née.
– C’est légèrement inapproprié. Qui a trouvé le nom ?
– N’y voyez pas de racisme, ce sont les migrants iraniens eux-mêmes. Quand ils sont arrivés sur place, ils ont vu un morceau de forêt, alors ils ont appelé l’endroit «la Forêt». En langue perse, jangal. Ici, on a entendu «jungle», prononcé à l’anglaise. Un simple quiproquo. Ensuite, ils y ont été consciencieusement oubliés. Mais pas par tout le monde. Les médias se sont emparés du sujet et bientôt, Calais n’était plus une des villes trésors de la côte d’Opale, mais celle des migrants et du problème de leur accueil. Le tourisme s’est cassé la gueule en un temps record, même les Anglais hésitent à venir depuis que leurs tabloïds parlent de guerre civile. L’immobilier a perdu près de quarante pour cent et les magasins se sont mis à fermer. Notre plus grosse économie et notre vivier d’emplois ici, c’est notre port. Dix millions de passagers par an traversent la Manche via Calais et c’est aussi le premier port d’Europe pour le trafic roulier.
– Ce sont des bateaux cargos qui chargent les camions vers l’Angleterre, précisa Erika à l’attention de Bastien qui n’avait rien d’un marin.
– Mais les chauffeurs routiers sont morts de trouille et les sociétés de transport cherchent d’autres ports pour éviter Calais.
– Juste à cause des migrants ? s’étonna Bastien.
Lizion lui adressa un regard de biais, comme s’il avait mal évalué l’ampleur de ses lacunes. Sa voix se fit presque condescendante.
– Vous savez comment ils essaient de monter dans les camions tout de même ? Les assauts sur les poids lourds. Les agressions de chauffeurs. Les accidents provoqués comme des attaques de diligence. Les barrages et les incendies sur l’autoroute. Ça vous parle ?
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- […] Les migrants fuient un pays en guerre vers lequel on ne peut décemment pas les renvoyer, mais de l’autre côté, on les empêche d’aller là où ils veulent. C’est une situation de blocage, on va dire. […] Vous croyez aux fantômes, Passaro ?
- Je ne me suis jamais posé la question. Vous parlez des esprits qui hantent les maisons ?
- Exact. Coincés entre la vie terrestre et la vie céleste. Comme bloqués entre deux mondes. Ils me font penser à eux, oui. Des âmes, entre deux mondes…
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Recruter des candidats au djihad n'était pas le plus compliqué. Le choix pouvait se faire parmi les esprits trop religieux pour accepter un monde moderne, trop formatés pour accepter d'autres lois que celles de Dieu, mais aussi parmi les esprits révoltés, blessés, ou simplement détraqués. Le choix se faisait dans les cités défavorisées, les pays en guerre et même les hôpitaux psychiatriques. Mais là où l'expérience devenait nécessaire, c'était pour repérer celui qui n'hésiterait pas. A faire sauter un stade, une salle de concert, à tirer sur les clients d'un bar en terrasse, à rouler sur la foule d'un 14 juillet et, s'il le fallait, à se faire abattre, les armes à la main.
O. savait lire en eux. Il décelait le faux courageux, celui dont l'engouement ne dépasse pas les mots, celui qui fait demi-tour ou qui tremble tellement qu'il n'arrive pas à appuyer sur la détonation de sa veste explosive. Chacun de ceux qu'il avait recrutés était allé jusqu'au bout de sa mission. Et là, selon les croyances, le djihadiste devenait un martyr entouré de vierges, ou juste un cadavre dans un trou, victime d'un obscurantisme assassin.
(p. 268-269)
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-Ouais. Les migrants fuient un pays en guerre vers lequel on ne peut décemment pas les renvoyer, mais de l’autre côté, on les empêche d’aller là où ils veulent. C’est une situation de blocage, on va dire.
Pour la deuxième fois de la journée, Bastien entendait cette expression et le sentiment diffus provoqué la première fois se précisa.
-Vous croyez aux fantômes, Passaro ?
- Je ne me suis jamais posé la question. Vous parlez des esprits qui hantent les maisons ?
-Exact. Coincés entre la vie terrestre et la vie céleste. Comme bloqués entre deux mondes. Ils me font penser à eux, oui. Des âmes, entre deux mondes.
Passaro s’était déjà fait une remarque voisine, sans vraiment trouver les bons mots. Ceux de Bastien le déstabilisèrent.
-Réfléchissez pas trop, lieutenant. C’est pas une bonne idée. Ce job, il se fait en apnée. Tentez pas de respirer sous l’eau.
P130
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- J'ai l'impression que le camp de réfugiés est au centre de beaucoup de tensions. Cette Jungle, vous y allez souvent ?
- Aux abords, tous les jours. À l'entrée, quand il le faut. Mais, dedans, rarement. C'est à la fois une zone de non-droit et un bidonville.
- Et votre job consiste en quoi ?
(…)
- J'aurais presque honte de le décrire. Faut le vivre. Mais personne ne veut le vivre. Nous, on y arrive à peine.
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