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Critique de Armony22


"...Coincés entre la vie terrestre et la vie céleste. Comme bloqués entre deux mondes. Ils me font penser à eux, oui. Des âmes, entre deux mondes."

Ca fait des jours que j'essaie de faire un retour sur ce livre et je n'y arrive pas. Trop de choses se bousculent encore dans ma tête. Je n'ai pas encore pu lire depuis vendredi où j'ai fini cette lecture, tellement cette histoire résonne encore en moi. Je vous pose donc tout ça là, un peu en vrac.

Le petit encart sur la page de garde "Face à la violence de la réalité, je n'ai pas osé inventer. Seule l'enquête de police, basée sur des faits rééls, a été romancée." et le premier chapitre donne le ton et vous mettent directement dans l'ambiance. Je me préparais à une lecture éprouvante, mais pas à ce point.

Difficile de qualifier ce livre, un policier, un roman noir, un documentaire. Je dirais un peu de tout ça, mais surtout un livre qui vous prend aux tripes et dont on ne ressort pas indemne. Il se lit en apnée du début à la fin. Avec rage parfois, une boule au ventre, la gorge serrée et des larmes aux yeux. Il y avait longtemps qu'un livre ne m'avait autant bousculée. C'est dur, violent, bouleversant. Parfois j'ai eu envie de crier, je me suis sentie mal et j'ai eu honte aussi. Depuis la fin de ma lecture, des scènes et des passages tournent en boucle dans ma tête. Je ne pense pas que j'oublierai ce roman un jour.

On connait tous la jungle de Calais comme on en a entendu parlé au journal télévisé que l'on écoute parfois d'une oreille distraite. On ressent de la compassion pour ces migrants qui ont tout quitté pour fuir la guerre et les horreurs de leur pays, mais ça reste flou, presque abstrait. Olivier Norek met un nom sur ces personnes et les silhouettes floues prennent vie, elles ont un coeur, un visage, une histoire, elles sont humaines. Elles s'appellent Adam, Nora, Maya, Kilani, Ousmane. Il nous force à regarder ce que souvent on ne veut pas voir et que l'on préfère ignorer.

Le travail de recherche et l'investissement de l'auteur pour ce livre sont remarquables. Ca rend le roman humain et terriblement réaliste. C'est un peu la patte d'Olivier Norek. J'ai déjà ressenti cela en lisant Code 93. C'est la force de ce livre.

On apprend un tas de choses sur le travail de la police qui va souvent à l'encontre de leur envie mais qu'ils doivent faire, sur les habitants de Calais et le regard qu'ils portent sur l'arrivée des migrants et l'effet sur leur ville, et surtout sur la vie dans le camp. Malgré tout, il nous est impossible , avec tout le confort et la sécurité dont nous bénéficions, de bien se rendre compte de ce qu'ont vécu ces pauvres gens et ce qu'ils vivent encore, ailleurs. Il en ressort un sentiment d'impuissance et une grande frustration.

Les personnages sont marquants et attachants, que se soit dans le camp ou du côté des policiers. J'ai beaucoup aimé Adam, sa force, ses espoirs, sa droiture et son envie de ne jamais abandonner. Son histoire m'a beaucoup émue. Mais mon coeur de maman a été mis à rude éreuve par Kilani et les atrocités qu'il a déjà vécu dans sa courte vie. Ca m'a beaucoup touchée, j'ai été dégoutée, révoltée, en colère. Son histoire va rester gravée en moi.

L'auteur ne prend pas de gants, il nous raconte la violence, la misère, l'impuissance, l'inacceptable, mais aussi l'espoir, l'amour, la générosité et la bienveillance. Il nous force à réfléchir et prendre conscience de la chance que nous avons de vivre dans des pays en paix. Nous pousse à relativiser quand nous nous plaignons pour des broutilles.
Un voyage entre le bien et le mal, un voyage entre deux mondes que je ne suis pas prête d'oublier.

Un immense coup de coeur! Ce livre fait partie des plus beaux et plus forts que j'ai lu. Il va être difficile à détrôner.
Que vous soyez amateur de polars, de thrillers ou tout autre genre, je vous conseille ce roman. A lire à tout prix !

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