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Critique de geybuss


Impossible de sortir indemne de ce roman qui est un électrochoc, qui est presque un match de boxe, avec un lecteur très vite proche du K.O mais qui résiste par respect pour les personnages. Et parce que ce roman, très réaliste, est extrêmement bien ficelé et rédigé.

La 4ème de couv d'origine du roman en dit très peu... Aussi, on entre dans ce livre sans savoir où l'on met les pieds. On le découvre bien vite... Et là, je me suis demandé si j'avais vraiment envie de lire "ça" "maintenant", si j'étais taillée pour le match... En fait, on ne l'est jamais. Mais comment se dire humaine, empathique, concernée et révoltée par le sort du monde si l'on ne sait pas ne serait-ce qu'être malmenée par un roman.

Dans ce thriller, il n'y a pas d'enquête à proprement parler... et pourtant, la tension est on ne peut plus palpable. Olivier Norek nous emmène entre deux mondes... Là où les hommes ne sont pas encore en Angleterre, et ne sont plus en Syrie, au Soudan, en Afghanistan... Et on pourrait même ajouter qu'ils ne sont pas vraiment en France non plus... Ils survivent dans cette Jungle de Calais, et administrativement, ils ne sont rien ni personne. Norek nous emmène donc en immersion dans cette Jungle et dans ces environs... Et pour être vrai et au plus proche de la réalité, Olivier Norek a fait ce "voyage". Il est allé dans cette jungle, il y a rencontré les migrants et les policiers. Et c'est juste intenable, quel que soit le côté où l'on se trouve. Les migrants usés, les policiers désabusés et à bouts de nerfs... le tout dans une équation inextricable sur une poudrière. En fait, cette histoire est comme un documentaire, plutôt comme dix documentaires réunis... Puisqu'ici Norek couvre l'entièreté du sujet "migrants"... Leur vie dans leur pays d'origine et ce qui les poussent à émigrer... le grand voyage, la traversée, les passeurs... le quotidien des migrants dans la Jungle dans des conditions de vie et d'hygiène innommables... Les barrages enflammés et l'assaut des poids lourds de nuits pour y grimper en espérer passer ainsi douanes et frontières. Les échanges musclés avec la police. La police qui n'en peut plus, tous les soirs, la même chose, aucune solution ni politique ni sociale ni sanitaire, la police où se multiplient les arrêts pour dépression et les tentatives de suicide, à qui on refuse même les mutations faute de remplaçants volontaire pour venir à Calais... le roman évoque aussi la position des calaisiens, qui voient leur ville désertée par les touristes, leurs magasins fermer, leurs biens saccagés ou volés... Et enfin, les bénévoles humanitaires qui contre vents et marées essaient d'apporter chaque jour le sourire dans cette Jungle, en plus d'un repas et des biens de première nécessité. Comme un documentaire donc, sauf qu'il y a une histoire, des personnages qui se rencontrent et auxquels on s'attache profondément, des personnages dont Norek nous livre le plus profond de l'âme, de leur coeur, de leurs espoirs, de leur désespérance, de leur bonté... et même de leur grandeur ! "Même si l'on ne parvient à en sauver qu'un, ça vaut la peine"... Pour rester humain, fidèle à soi-même, à ses idéaux. Ca ne change pas le monde mais ça permet de se regarder dans une glace.

Au niveau polar pur et suspense, l'action tournera autour d'un grand recruteur de Daesh que la DGSI veut choper (et oui, la Jungle est hélas un lieu idéal de recrutement pour L E.S), et le sauvetage d'un gamin soudanais qu'Adam veut sauver des griffes des Afghans et prend sous son aile, mais qui court un grand danger. Il faut donc absolument le faire passer en Angleterre.

Rhaa, je suis encore une fois longue et pourtant, j'ai l'impression de n'avoir pas dit grand- chose, en tout cas pas l'essentiel... mais je pense que cet essentiel est indicible. Même s'il est humainement très dur à supporter, ce roman est à lire et à mettre dans de nombreuses mains pour le témoignage très éloquents sur la vie des migrants et l'impuissance générale, qu'elle soit individuelle, collective ou politique et géopolitique. Ce roman nous rappelle bien la chance d'être né au bon endroit pour notre époque.

Effectivement, le problème des migrants qui tentent de traverser la mer pour rejoindre le Royaume Unis semble insoluble... Et pourtant, pendant ma lecture, le journal télévisé a annoncé un nouvel accord entre la France et l'Angleterre pour lutter contre ces traversées : augmenter le nombre de navires patrouilles de surveillance. Hum hum ? "Une solution" qui laisse vraiment un goût amer...
Lien : http://lescoupsdecoeurdegera..
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