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EAN : 9782253146889
152 pages
Le Livre de Poche (07/11/2001)
3.44/5   1622 notes
Résumé :
Dans Attentat, la romancière nous propose deux personnages originaux. D’un côté Épiphane Otos, monstre de laideur mais esprit éclairé, fin et délicat. De l’autre Ethel, jeune comédienne astucieuse mais surtout d’une beauté incroyable. L’histoire est celle de l’Amour qu’Épiphane voue à Ethel. C’est également et surtout un prétexte pour disserter sur l’idée de norme.

Comme dans tous les livres d’Amélie Nothomb, les références littéraires (Notre-Dame de ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (125) Voir plus Ajouter une critique
3,44

sur 1622 notes
Un bien sympathique remake de la belle au bois dormant ou encore de Notre Dame de Paris. Notre Quasimodo est ici Epiphane Otos et notre Esméralda, Ethel. Deux êtres que tout oppose car si Ethel est d'une grande beauté, Epiphane est d'une laideur repoussante.
Amélie Nothomb s'attarde à merveille sur la complexité des codes esthétiques en fouillant avec panache et intelligence les talents insoupçonnés d'être laid, voire très laid.
Si « la beauté est fragile et ne dure pas, la hideur est solide et fiable ». Sans compter qu'être laid cela peut être utile pour sublimer la beauté. Une beauté ne sera que plus belle accrochée au bras d'un être hideux, c'est bien connu.
Qu'en est-il alors de l'amour ?
Les réponses sont tout à la fois surréalistes, allégoriques mais toujours terriblement d'actualité. J'ai d'ailleurs beaucoup aimé ce passage allégorique sur le fleuve Amour en Sibérie. Qui voudrait aller se les geler en Sibérie pour voir ce fleuve Amour et qui voudrait aimer un homme qui excelle en tous points à être l'homme le plus laid de la terre.
La beauté intérieure ne fait pas tout, c'est certain et Amélie signe un roman tout en nuance, en tendresse et en humour pour un thème universel et diablement intellectuel. Moi je dis, vive les laids, avec eux au moins, on ne s'ennuie jamais !
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Epiphane Otos est un Quasimodo du temps présent. Epouvantablement laid, à 29 ans, il n'a jamais connu l'amour, et rêve d'une belle Esmeralda qui passerait outre son apparence repoussante et ne verrait de lui que son éblouissante beauté intérieure.

Et voilà qu'un jour, le miracle semble se produire : Epiphane rencontre Ethel, une actrice divinement belle. Il en tombe aussitôt amoureux, tandis que la jeune femme ne semble pas s'apercevoir de sa laideur. Une amitié profonde naît entre les deux personnages, mais le drame s'amorce lorsque Ethel tombe amoureuse à son tour, non d'Epiphane, mais d'un stupide bellâtre (selon les termes du même Epiphane) qui ne s'intéresse qu'à la plastique de rêve de la jeune femme. Pendant ce temps, Epiphane se consume d'amour et de jalousie et se demande s'il doit déclarer sa flamme à Ethel, au risque de la perdre, mais avec l'espoir qu'elle l'aime en retour.

Dans « Attentat », Amélie Nothomb flingue allègrement notre société schizophrénique qui, d'une part, voudrait nous convaincre qu'il ne faut pas s'arrêter à l'apparence physique, et d'autre part, ne cesse de nous matraquer à coup d'images de top-models photoshoppés, de conseils en maquillage et relooking, de coaching alimentaire et de contes de fée où le prince est toujours charmant. Elle pointe également le paradoxe de Quasimodo : « Il y a quelque chose de mal digéré à propos de Quasimodo : les lecteurs ne peuvent que l'aimer, le pauvre – il est si horrible, on a pitié de lui, c'est la victime née. Quand il s'éprend d'Esméralda, on a envie de crier à la belle : « Aime-le ! Il est désarmant ! Ne t'arrête pas à son aspect extérieur ! » Tout cela est bien joli, mais pourquoi attendrait- on plus de justice de la part d'Esméralda que de Quasimodo ? Qu'a-t-il fait d'autre, lui, que s'arrêter à l'aspect extérieur de la créature ? Il est censé nous montrer la supériorité de la beauté intérieure par rapport à la beauté visible. En ce cas, il devrait tomber amoureux d'une vieille édentée : c'est alors qu'il serait crédible. Or l'élue de son coeur est une superbe bohémienne dont il n'est que trop facile de s'éprendre. Et l'on voudrait nous persuader que ce bossu a l'âme pure ? »
A travers ce conte cruel et sarcastique, Amélie Nothomb pousse le lecteur à réfléchir aux mystères de l'amour, et à la tyrannie de la beauté et à sa subjectivité, et égratigne au passage les milieux de l'art, du cinéma et de la mode, rien que ça. Un roman court, mais intense, donc.
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Epiphane Otas est un être hideux, que tout le monde considère comme un monstre mais qui a pourtant un coeur, une raison et pourquoi, dans ce monde qui ne se fie qu'à l'apparence, n'aurait-il pas lui aussi droit d'aimer, d'être aimé en retour et tout simplement d'âtre heureux ? Tout simplement parce que nous vivons dans un monde qui se où le monde de l'image est roi. Combien d'adolescentes se comparent aux photos de mannequins que l'on trouve dans les magazines people et ne cessent de se dévaloriser en voulant toujours atteindre la perfection. Mais la perfection de quoi ? La perfection d'une image (qui d'ailleurs n'existe pas et n'est rien d'autre qu'une apparence, c'est-à-dire quelque chose de superficiel et d'éphémère). Alors c'est vrai que cela fait cliché que de dire que ce qui compte avant tout, c'est la beauté intérieure, celle de l'âme car, elle au moins, est éternelle, à condition qu'elle ne se fasse pas bouffer par le monde extérieur...

C'est un peu ce qui arrive à note héros ici, qui, à l'âge de 29 ans, n'a encore jamais connu l'amour jusqu'au jour où il s'éprend follement d'une jeune actrice d'art, Ethel, avec laquelle il liera une profonde amitié. Amitié qu'il croyait plus forte que tout et dont il se contentait dans un premier temps puisque cette dernière , croyait-il, l'appréciait pour ce qu'il était, en avait fait son confident-son meilleur ami-son frère...jusqu'à un certain soir de début d'année 1997 où il lui révèle son amour...

Un livre terriblement touchant il est vrai et qui n'a jamais été autant d'actualité, très bien écrit mais avec des scènes assez choquantes à mon goût que l'auteure aurait pu tourner d'une autre façon mais je ne peux pas le lui reprocher puisque c'est son style d'écriture et qu'elles ont leur place légitime dans cet ouvrage. Cela est seulement dû à mon extrême sensiblerie !
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Attentat est un livre à lire d'une traite afin de plonger corps et âme dans l'ambiance terriblement théâtrale de ce Quasimodo et de cette Esmeralda des temps modernes.

Or, moi, c'est laborieusement que j'ai lu cet ouvrage, page après page, accaparée par de multiples préoccupations extérieures aux lignes intelligentes de ce livre.

J'ai eu de la peine à me laisser attirer par ce conte cruel, par cette contemplation de la quête amoureuse, au coeur de la beauté et de la laideur.
Épiphane Otos, le personnage principal est laid, particulièrement laid. Et à travers lui, on visite les émotions d'un être qui subit le regard horrifié et la mine dégoûtée de tous les êtres qu'il rencontre, même des plus bienveillants, à longueur de journée.
Éthel est belle, particulièrement belle, aux yeux d'Épiphane mais aux nôtres aussi. C'est la reine de la Beauté. Pour elle, Éphiphane est prêt à se livrer en pâture aux assoiffés de la critique, des ragots, des mesquineries et de la méchanceté.
Plus Epiphane souffre, plus Éthel s'épanouit dans les bras d'un autre qui pourtant ne le lui rend pas bien.
C'est moche. C'est triste.

Ce texte est riche, bien plus riche qu'il n'y paraît au premier abord. Amélie Nothomb a la classe et le talent pour inviter chacun à jouer à cache cache avec les notions philosophiques et les matières à réflexion sérieuses qu'elle glisse dans les lignes de ce conte à l'aspect enfantin et simpliste.

Et la réflexion se poursuit alors même que l'histoire est achevée. Qu'est-ce que le Beau ? Qu'est-ce que l'Amour ?
Et pourquoi la laideur physique - si tant est qu'elle existe - vient-elle voiler à nos yeux la beauté intérieure lumineuse et magique de certains êtres ?

Coco Chanel l'a pourtant dit : "La beauté commence au moment où vous décidez d'être vous-mêmes."
Je peux alors vous l'avouer : Épiphane Otos était le plus beau ! Et de loin !
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J'ai encore en réserve quelque Nothomb.... car, tel le petit morceau préféré qu'on laisse au creux de l'assiette pour le déguster en dernier... j'en mets un peu de côté que je grignote en guise de récréation quand bon me semble.....
Ainsi ai-je sacrifié aujourd'hui celui-ci non sans l'angoisse qu'il soit moins bon que le morceau précédemment ou trop succulent et avalé trop vite....
Aie. péniblement arrivée à la moitié, hélas, je me demande à chaque seconde pourquoi je continue cette lecture pour laquelle j'en ai délaissé une en cours autrement plus passionnante ….. c'est qu'avec Nothomb, habituellement je m'amuse, je me détends, parfois même je jubile. Alors continuons
Hélas, ça ne s'améliore guère, arrivée aux 2/3, stop ! Extrait.
Remplaçons film par livre, spectateur par lectrice, et touti quanti, et tout s'éclaircit, voilà qu'Amélie réussit ici la prouesse d'anticiper mon sentiment de lassitude :

""— Combien de temps dure le film ? lui susurrai- je à l'oreille.
— Deux heures quarante-cinq.
« Horreur », pensai-je. Au cours de ma vie de spectateur, je me suis farci nombre de navets rien que pour voir une actrice qui me plaisait. Si mauvais que puisse être un scénario, je ne m'ennuie jamais quand je vois une belle fille. Je me concentre sur elle, je ne regarde rien d'autre. ...
— Ne lui en veux pas. le film est assommant, ce n'est pas sa faute.
— C'est vrai, le film est assommant, répéta-t- elle avec une grimace.
Il l'était, en effet. le scénario était une absence de scénario, et l'auteur avait tenté de le dissimuler derrière des scènes absconses et une esbroufe narrative, de manière à ce que le spectateur naïf se sentît stupide de ne pas comprendre la subtilité de l'intrigue.
Les dialogues étaient rares et c'était heureux, car ils étaient d'une nullité qui n'avait d'égale que leur prétention.
…  Le tropisme évanescent se donnait un genre dragueur qui annulait les dernières possibilités d'estime que l'on eût pu concevoir à son endroit.
Enfin, le plus grave, c'étaient les images. Qu'un cinéaste ne veuille pas faire joli, je le comprends. Qu'il veuille faire répugnant, ou vulgaire, ou excessif, ou terne, je le comprends aussi. Qu'il veuille faire « rien » – atypique, sans qualité, sans style, degré zéro –, je le comprends encore. Qu'il ne veuille rien faire, je ne le comprends pas. N'est-il pas plus logique, s'il ne veut rien faire, de ne pas tourner de film ?
… Et puis, pourquoi ces ombres peintes, ces décors alambiqués, ces quatre-vingts prises pour chaque plan, ces moyens faramineux, si c'était pour en arriver à des images aussi insignifiantes ? »"

Certes j'ai bien jusqu'ici glané ici et là quelques remarques savoureuses ou drôles... mais lumineuse Amélie a tout prévu :

« Ces instants de grâce furent foudroyants. Mis bout à bout, cela ne faisait jamais que quelques secondes, mais à mes yeux le navet entier s'en trouvait justifié. Cent soixante-cinq minutes creuses et moches pour dix secondes de splendeur, cela correspondait aux proportions de l'existence humaine : soixante-dix années de vie pour une semaine d'extase. »

Mais aussi tout gâché, car un peu plus loin encore, la projection terminée.... :

« Autour de nous, les gens se levaient, fatigués. le film avait déteint sur eux, ils étaient vides et laids. J'essayai d'analyser leurs réactions ; je m'aperçus que leur air blasé dissimulait une angoisse sans nom : ils ne savaient pas s'ils étaient tenus d'aimer ou de ne pas aimer ce qu'ils venaient de voir car ce réalisateur avait la cote chez les cinéphiles. Ils crevaient de peur de se tromper, d'afficher une opinion opposée à celle qu'ils auraient dû avoir. L'essentiel était de ne pas proférer une phrase irrécupérable. Ainsi, quand quelques semaines plus tard la critique se serait prononcée, ils ne se seraient pas compromis. »

Amélie, je vous ai aperçue début novembre, à la foire de Brive, vous étiez ce jour là, curieusement, mal mise à mon goût, un peu comme ce bouquin, mais ce n'est pas grave car avec vous, si l'étonnement n'est pas toujours au rendez-vous, c'est toujours une belle ballade.

Aussi, sans rancune, je vous laisse le droit de réponse à ce billet que fine mouche vous m'avez pas manqué de prévoir :

« Dans le doute, il a toujours été plus dangereux d'admirer un artiste que d'avoir des réserves à son sujet. Ce n'est pas seulement une question de courage : il faut en soi beaucoup de substance pour être capable d'estimer un créateur, a fortiori pour déterminer sans « l'aide » de quiconque s'il est estimable. Or la plupart des gens ne contiennent pas ou peu de substance. C'est pourquoi il y a tant de fans et si peu d'admirateurs, tant de contempteurs et si peu d'interlocuteurs."
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Citations et extraits (142) Voir plus Ajouter une citation
[ Incipit ]

La première fois que je me vis dans un miroir, je ris : je ne croyais pas que c'était moi. A présent, quand je regarde mon reflet, je ris : je sais que c'est moi. Et tant de hideur a quelque chose de drôle. Mon surnom arriva très vite. Je devais avoir six ans quand un gosse me cria, dans la cour : «Quasimodo !» Fous de joie, les enfants reprirent en chœur : «Quasimodo ! Quasimodo !»
Pourtant, aucun d'entre eux n'avait jamais entendu parler de Victor Hugo. Mais le nom de Quasimodo était si bien trouvé qu'il suffisait de l'entendre pour comprendre.
On ne m'appelera plus autrement.

Personne ne devrait être autorisé à parler de la beauté, à l'exception des horreurs. Je suis l'être le plus laid que j'aie rencontré : je considère donc que j'ai ce droit. C'est un tel privilège que je ne regrette pas mon sort.
Et puis, il y a une volupté à être hideux. Par exemple, nul n'a autant de plaisir que moi à se balader dans la rue : je scrute les visages des passants, à la recherche de cet instant sacré où j'entrerai dans leur champ de vision - j'adore leurs réactions, j'adore la terreur de l'un, la moue révulsée de l'autre, j'adore celui qui détourne le regard tant il est gêné, j'adore la fascination enfantine de ceux qui ne peuvent me lâcher des yeux.
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Il y a quelque chose de mal digéré à propos de Quasimodo : les lecteurs ne peuvent que l’aimer, le pauvre – il est si horrible, on a pitié de lui, c’est la victime née.

Quand il s’éprend d’Esméralda, on a envie de crier à la belle : « Aime-le ! Il est désarmant ! Ne t’arrête pas à son aspect extérieur ! »

Tout cela est bien joli, mais pourquoi attendrait- on plus de justice de la part d’Esméralda que de Quasimodo ? Qu’a-t-il fait d’autre, lui, que s’arrêter à l’aspect extérieur de la créature ? Il est censé nous montrer la supériorité de la beauté intérieure par rapport à la beauté visible. En ce cas, il devrait tomber amoureux d’une vieille édentée : c’est alors qu’il serait crédible.

Or l’élue de son cœur est une superbe bohémienne dont il n’est que trop facile de s’éprendre. Et l’on voudrait nous persuader que ce bossu a l’âme pure ?
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L'esprit humain souffre d'une carence intellectuelle fondamentale : pour qu'il comprenne la valeur d'une chose, il faut le priver de cette chose.
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Je suis maigre, ce qui peut être beau chez un homme ; mais ma maigreur est vilaine.
Le Christ sur la croix a une certaine allure avec son ventre creusé et ses côtes lisibles. La plupart des hommes décharnés ressemblent à des vélos, ce qui est joli.
Moi, je ferai plutôt penser à un pneu crevé. A l'exemple des chiens sharpeïs, j'ai trop de peau. Mon ossature débile et ma pauvre chair flottent à l'intérieur de cet accoutrement qui, mal rempli, ne peut que pendouiller.
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Ma chambre est formidable. Surtout la salle de bains qui est hermétique comme un poème de Mallarmé. Quand on s'assied sur le cabinet, la lunette tiédit ; quand on tire la chasse, on reçoit un jet d'eau dans le rectum. La baignoire est si vaste que je pourrais y inviter mes amis, si j'en avais. Il y a au moins quarante interrupteurs sous-titrés d'idéogrammes : je voudrais les allumer pour comprendre à quoi ils servent et pourtant je n'ose pas et pourtant je n'ose pas, de peur que ce soit le siège éjectable ou le hara-kiri automatique.
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