Je crois qu'il faut aimer le théâtre de Novarina avant d'essayer de le comprendre.
On ne lit pas Novarina on le regarde, on est emporté par la joie des acteurs, c'est jubilatoire!
Après, quand on revient dans la vrai vie (mais est bien vrai?) on peut essayer de comprendre ce que l'auteur a voulu nous dire, mais le sait-il lui même?? Pas toujours sans doute, il nous transmet des sentiments, il nous livre quelque chose, le public aime ou pas...
Moi j'ai eu un choc en voyant cette pièce la première fois et je ne peux l'oublier.
J'adore ce théâtre!
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Voici une pièce de théâtre qui sent bon la folie lémanique – et Valère n'en est pas à sa première monture. On l'a déjà vu maintes fois s'amuser à contrefaire les vieux mécanismes théâtraux en pétant le quatrième mur, en soulevant le masque des acteurs, en mettant en abîme la parole théâtrale, en la réduisant à quelques maigres mots portés sur des pancartes, et en rappelant sans cesse l'existence du dramaturge comme on chuchoterait le nom du démiurge sur l'autre scène (celle de la vie).
Même dans la démolition des traditions et des valeurs classiques, une certaine forme de routine finit par se mettre en place. Après quelques pièces de Novarina, la surprise s'épuise. On peut certes continuer de spéculer sur le fond théorique de ces actes antithéâtraux mais n'est-ce pas aller à l'encontre de sa démarche de destitution de l'idole du Nom ? Valère, c'est un peu comme de la psychanalyse lacanienne mise en scène. Dévoilement de la façade symbolique des mots, des gestes et des identités pour révéler notre néant ontologique.
Je me souviens de l'intense réjouissance qui accompagna mes premières lectures de Novarina. Un peu de lassitude à présent. Pour la défense de Novarina, je n'ai pas vu ses pièces jouées sur scène. Je ne suis qu'une critique incomplète qui brasse de l'air dans le petit univers clos de son imaginaire. Bye.
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Il faut aimer le théâtre, il faut aimer l'absurde.. Sinon, passez votre chemin !
Il faut également aimer les mots et aimer le désordre, et ne pas chercher à toujours tout comprendre, aimer laisser planer le mystère et la poésie du chaos. C'est une pièce complètement dingue, mais aussi géniale quand on s'y plonge.
Découverte grâce à l'option théâtre de mon lycée, jamais regrettée.
Une dynamique incroyable, peut être plus à voir qu'à lire cependant.. (Mais les deux dans mon cas !)
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Un temps deux temps et la moitié d’un temps :
Nous entendons dans l’espace déployé,
Les nombres
Chanter en catastrophe le verbe compter.
Beaux enfants, sortant de l’ombre
Regardez l’espace venir résoudre
Faire voler d’joie
Au fond de nous
La vie en poudre !
Sauver la pensée en l’écartelant.
Je m’appelle Caïn du Tube, j’ai balassommé mon frère, saignu ma mère, je mange mon père célesto-terrestre, tous les jours je bute sur la vie, je vais me pendre moi-même à une corde destinée à moi-même… Allez, descendez-moi quelque chose des cintres que je m’y pende !
Je suis la parole qui porte une planche
Que reste-t-il de l’homme une fois que nous l’avons prononcé ? Un soupir sur sa bouche.
Chacun d’entre nous sait que nous sommes de la famille de la bête de ceux qui sont. A force de parler nous avons inventé le langage. Un trio nous réunit ; deux tuyaux nous étranglent ; trois tuyaux nous abusent. Nous naissons par strangulation. Nous mourons d’étouffement. Nous aimons porter tort aux gens des autres ; nous habillons nos chiens de vulvureum. Nous sommes émus par les bêtes que nous sommes. Nous versons des larmes sur nos morts puis nous les foutons en poussière.
Lecture par André Marcon, Dominique Reymond & l'auteur
Musique : Anssi Karttunen (violoncelle)
Pour cette carte blanche, Valère Novarina a choisi de faire entendre des extraits de trois textes. La clef des langues paru cette année aux éditions POL : « roman nominaire » et large estuaire où se croisent les quatre fleuves de noms, de verbes, d'actions et de dessins. Dominique Reymond puisera dedans pour faire entendre la liste des définitions de Dieu.
Valère Novarina lira lui-même des extraits de Pour Louis de Funès, essai sur l'acteur qui pourrait être aussi un « Pour André Marcon » puisqu'il est né de l'observation quotidienne et presque chirurgicale du travail d'André Marcon dans le passage impensable du plateau à la salle lors de la création du Monologue d'Adramélech au théâtre de la Bastille en 1984.
Monologue d'Adramélech qui aura été préalablement lu ce soir par André Marcon accompagné de Anssi Karttunen au violoncelle.
À lire – L'oeuvre de Valère Novarina est éditée chez P.O.L.
Son : Lenny Szpira
Lumière : Patrick Clitus
Direction technique : Guillaume Parra
Captation : Claire Jarlan
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