Je me suis ennuyé un tantinet à la lecture de ce recueil de nouvelles. L'Irlande est un pays qui peut susciter la passion, la fureur mais aussi la compassion ou la tendresse pour ces destins brisés ou misérables, broyés par des conditions de vie difficiles ou la pesanteur de tabous religieux liés à des traditions ancestrales. le fatalisme qui ce dégage de ce recueil noie toute envie de rebellion et pousserait volontiers au suicide si celui-ci n'était pas la voie directe pour l'enfer aux yeux des catholiques fervents que sont les Irlandais. J'ai effectué un voyage en Irlande et le souvenir que j'en ai, en dehors de la pluie, se trouve dans les pubs, dans cette musique festive ou mélancolique, convivialité sincère que l'on trouve dans tout le pays.
Ici, c'est triste à mourir.
Désolé mais non, je n'ai pas accroché.
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"Dans ces onze textes, dont dix ont pour décor l'Irlande, Edna O'Brien met en scène, des êtres que la vie a sinon brisés, en tout cas rabaissés, déçus.
Edna O'Brien évoque la nature comme personne, les jardins en friche et «les tourbières qui s'étendaient jusqu'à l'horizon, ce brun grisâtre, avec des coussins de mousse et de spagunam, et la tourbe coupée en petites moyettes, en igloos, et le vent qui sifflait à travers et les séchait.»"
"Ces textes tout de passion, de beauté et de chagrin contenus laissent filtrer la sourde émotion que distillent la maîtrise et la sophistication de l'écriture."
Excellent moment de lecture !
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Onze nouvelles qui évoquent des images, des ambiances, des racines irlandaises à travers le destin de personnages solitaires, de vies malmenées par l'alcool, la tragédie, des amours blessées, des liens indéfectibles, des blessures inguérissables. Ces êtres fragiles, bousculés touchent et émeuvent.
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Lyrique, poétique, cette littérature rare, qui a besoin de peu de mots pour toucher au cœur, saisit les êtres et les paysages d'Irlande dans leur beauté comme dans leur rudesse. Un enchantement.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
L'auteur dresse le portrait de l'Irlande à travers des récits virtuoses, faussement naturalistes, qui frôlent le fait divers picaresque, frisent la comédie de mœurs ou le roman noir.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Elle était une vraie mère, une mère archétypique. Ses doigts et ses ongles sentaient la nourriture - le repas des poules et des poulets, le gruau des veaux et le pain pour nous - tandis que son corps sentait une myriade de choses, selon qu’elle était heureuse ou malheureuse...
Notre maison avait son lot de querelles, querelles au sujet de l'argent, de la boisson, de l'insouciance, mais au-delà des craintes bien réelles il lui fallait aussi s'armer de courage face à l'inconnu et au surnaturel. Un soir une grenouille sauta dans le feu et elle crut que cela augurait de la mort soudaine et accidentelle d'un voisin. De même, un carreau de verre coloré, au-dessus d'une porte du vestibule, se cassait sans cesse, et elle soutenait mordicus que ce n'était pas le vent ni la tempête mais un message de l'au-delà. Un soir, assise dans la cuisine en proie à quelque crainte, elle se mit dans la tête qu'un homme, un inconnu, était venu et s'était posté devant la fenêtre, se préparant à nous tirer dessus. On s'est placées à côté de la fenêtre, assises sur deux chaises de cuisine, respirant à peine, attendant notre bourreau. On est restées là jusqu'au matin, lorsque son mari, qui avait découché depuis des jours, reparut, encore à moitié ivre et contrarié de devoir retourner vers nous. Elle et moi, nous étions des mendiantes toutes les deux, cuisinant, faisant les lits, pliant les draps et accomplissant toutes les choses ordinaires dans les temps dits normaux, et dans les temps contraires recroquevillées dehors, sous les arbres, claquant des dents sous l'effet d'un frisson musical délirant. Nous étions inséparables.
Je ne sais pourquoi, mais je pensais qu'un jardin était le prélude au bonheur.
Edna O'Brien, guerrière de l’écriture